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988. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Il aimait à parler de ce temps-là, des circonstances qui précédèrent et suivirent la bataille. […] Pour toute réponse, un d’eux (Berthollet) fait apporter un filtre, y passe la liqueur, et n’hésite pas à en boire : tous les autres suivent son exemple, « Comment, lui dit Robespierre, osez-vous boire de ces eaux empoisonnées ?  […] Biot, je la diviserais en quatre ou même en cinq périodes : la première, comprenant toute sa jeunesse, ses études d’École polytechnique, et les années qui suivirent, jusqu’à son entrée à l’Académie des Sciences en 1803 ; — la seconde, depuis 1803 jusqu’en 1822, époque où Fourier fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie à la place de Delambre (je dirai pourquoi cette nomination de Fourier fait époque dans la vie de Biot) ; — la troisième, durant les dernières années de la Restauration et jusqu’à l’avènement d’Arago au secrétariat perpétuel, en remplacement de Fourier ; — la quatrième, sous ce règne et cette dictature d’Arago ; — la cinquième, dans sa vieillesse heureuse et délivrée.

989. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

… » Lui qui, dans le dernier chant de Childe Harold tout entier consacré à la glorification de l’Italie, appellera Rome une « mère sans enfants, la Niobé des nations », il avait fait auparavant, de la Grèce morte, cette admirable et divine comparaison avec une femme dont la beauté se conserve encore, dans une indéfinissable nuance de calme, de douceur et de majesté, pendant les premières heures du moins qui suivent le dernier soupir : « Tel est l’aspect de ce rivage, s’écrie-t-il ; c’est la Grèce encore, mais non plus la Grèce vivante. […] Sa beauté à elle, c’est la beauté dans la mort, qui ne s’en va pas toute avec le dernier souffle envolé, beauté à l’effrayante fleur, avec cette teinte qui la suit jusque dans la tombe, dernier rayon d’expression qui se retire, cercle d’or qui voltige autour de la ruine, rayon d’adieu du sentiment évanoui, étincelle de cette flamme, peut-être d’origine céleste, qui éclaire encore, mais ne réchauffe plus une argile chérie. » Il faudrait tout relire de ce Childe Harold. […] — Non, je suis avec des amis qui suivent la grand’route.

990. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

L’avantage d’une telle éducation, pour ceux qui ne se destinent pas à desservir en lévites fidèles les autels de l’Antiquité, c’est qu’elle laisse de la liberté aux aptitudes, qu’elle ne prolonge pas sans raison les années scolaires, qu’elle donne pourtant le moyen de suivre plus tard, si le besoin s’en fait sentir, telle ou telle branche d’érudition confinant à l’Antiquité, et que, vers seize ou dix-sept ans, le jeune homme peut s’appliquer sans retard à ce qui va être l’emploi principal de toute sa vie. […] Vous savez si je pouvais me permettre de toucher au sol vénéré que je devais protéger ; les deux sanctuaires consacrés à Neptune et à Minerve sont sous un même toit, etc. » Suivent les raisons solides, de haute convenance et d’art, subtilement déduites. […] Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.

991. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

On croirait qu’il a pensé au poème du Tasse, s’il n’ajoutait expressément que cette épopée, qui réunirait tant d’avantages et qui atteindrait à la perfection, serait en prose : « car l’épopée, dit-il, peut aussi bien s’écrire en prose qu’en vers. » Cervantes, par la bouche de son chanoine, a proposé là l’idée d’une sorte de Télémaque de la chevalerie, et on a quelque raison de croire qu’en composant son dernier ouvrage posthume, celui qui suivit Don Quichotte, son Persilès et Sigismonde, il s’était flatté de réaliser en grande partie cet idéal. […] Le personnage de Don Quichotte n’est complet qu’à sa seconde sortie et lorsqu’il est suivi de Sancho : ce n’est qu’au moyen de cette antithèse perpétuelle et de cette alliance boiteuse que l’action a tout son sens désormais, qu’elle a sa prise et sa portée en toute direction. […] » Tout traducteur est admis, je le sais, à faire valoir les bons côtés de son auteur ; mais il y a lieu de s’étonner que l’écrivain français n’ait pas mieux ressenti l’insulte que ce continuateur pseudonyme faisait, dès les premières lignes, à celui dont il allait suivre si pesamment et dont il eût dû baiser les traces, insulte malheureuse qui est la seule chose de lui qui restera pour qualifier son procédé et dénoncer son âme à défaut de son nom.

992. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Je ne saurais me flatter de le suivre partout, de l’étudier avec méthode et de l’embrasser, comme on dit, tout entier. […] Quelques-uns de ces petits tableaux ont fort réussi : je ne saurais oublier, entre autres, la Bibliothèque en vacances, gaie et légère satire littéraire où nous sommes tous : je la sépare expressément des chapitres qui suivent, et où l’auteur s’est donné le plaisir trop facile de railler des hommes utiles et des savants respectables. […] Bien rarement il fait un feuilleton suivi, appliqué, consciencieux, à la manière de Sarcey : il échappe le plus qu’il peut, il fuit, il fait l’article à côté : mais ces articles à côté sont souvent de petites créations d’une extrême finesse : Lettre de Valérie à Mlle Bernardine , artiste dramatique, au théâtre des Célestins, à Lyon (voir l’Étendard du 17 septembre 1866) ; — un feuilleton sur Rossini (même journal, 2 décembre 1867) ; — sur Octave Feuillet, « le romancier des femmes » (même journal, 14 janvier 1867) ; — mais surtout sur George Sand et les Don Juan de village, une légère et adorable critique, du meilleur goût (13 août 1866).

993. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

J’entends… Ma fin prochaine en sera moins amère ; Mes amis, il suffit : je suivrai vos conseils, Et je mourrai du moins dans les bras de ma mère. […] Et tout ce qui suit. […] Edmond Biré ne s’en est pas toujours préservé, et il serait aisé de le lui montrer, si ce n’était l’imiter que de l’y suivre.

994. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Pendant les dix ou quinze années de révolution qui suivirent, le parti philosophique était le maître à l’Institut, dans les diverses sections ; je ne sais s’il y fut aussi intolérant qu’on l’a dit quelquefois ; les autres, en petit nombre, s’y montraient certainement assez hargneux. […] De retour à Paris, il put suivre les cours de l’école, alors libre, qui menait aux ponts et chaussées, aux mines, aux armes savantes, et il y rencontrait, comme camarade, celui qui fut le général Bernard, et dont l’éloge l’a ramené à ce touchant souvenir. […] » S’il est en effet, au milieu des luttes et des travaux de a vie active, tel jour méritoire où l’homme se sent le plus lui-même, il est aussi, pour quelques-uns, dans l’honorable loisir qui suit le combat et dans l’arrière-saison éclairée, tel jour de retour où la vie retrouve toute sa grâce.

995. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Il n’a point suivi, on le voit bien, les restes de l’orateur illustre, dans cette soirée tristement solennelle, sous des torrents de pluie, à la lueur des flambeaux. […] L’ensemble de son talent et de ses ouvrages n’a cessé de le mériter : en ce temps d’inégalités, de revirements et de cascades sans nombre, la conscience poétique suivie, la continuité du bien et de l’effort vers le mieux marquent un trait de force et d’originalité aussi. […] Mais, en se tournant de bonne heure vers le théâtre, l’auteur des Vêpres siciliennes et des Comédiens s’est fait une route qui est bientôt devenue pour lui la principale, une carrière où, invité plutôt qu’entraîné par beaucoup des qualités et des habitudes littéraires de son esprit, il a su constamment les combiner, les diriger à bien sans jamais faire un faux pas ; où il a suivi d’assez près, bien qu’à distance convenable, les exigences variées du public, et n’a cessé de lui plaire, sans jamais forcer la mesure de la concession.

996. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Toutefois Du Bellay n’avait pas l’étoffe d’un chef d’école : il avait trop de délicatesse, trop de facilité à suivre tous ses goûts ; pas assez d’orgueil, de force et, si j’ose dire, de volume. […] Ronsard, malheureusement, ne subordonne pas son érudition à son tempérament : il la préférerait plutôt : tout au moins, il suit indifféremment l’une et l’autre, comme sources également fécondes et légitimes d’inspiration. […] Mais comme le monde n’a souci d’éruditions et suit son plaisir, il ne remonte point aux temps antérieurs ; une tradition mondaine, en fait de jugements littéraires, ne commence à se former que dans les dernières années de Malherbe, et c’est à partir du xviie  siècle seulement que se constitue et s’enrichit peu à peu dans l’opinion de la société polie le dépôt des chefs-d’œuvre de notre littérature classique.

997. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Il définit auteurs classiques ceux « qui sont devenus modèles dans une langue quelconque » ; et, dans tous les articles qui suivent, ces expressions de modèles, de règles établies pour la composition et le style, de règles strictes de l’art auxquelles on doit se conformer, reviennent continuellement. […] Et, malgré tout, ces demi-dieux une fois honorés, ne voyez-vous point là-bas une foule nombreuse et familière d’esprits excellents qui va suivre de préférence les Cervantès, les Molière toujours, les peintres pratiques de la vie, ces amis indulgents et qui sont encore les premiers des bienfaiteurs, qui prennent l’homme entier avec le rire, lui versent l’expérience dans la gaieté, et savent les moyens puissants d’une joie sensée cordiale et légitime ? […] ………………………………………………… J’ai vécu plus que toi : mes vers dureront moins ; Mais, au bord du tombeau, je mettrai tous mes soins À suivre les leçons de ta philosophie, À mépriser la mort en savourant la vie, À lire tes écrits pleins de grâce et de sens, Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens.

998. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Elle n’a donc qu’un parti à prendre : dans les moments où il faut se décider absolument à choisir un drapeau, adopter celui qui lui paraît le plus ressembler au drapeau de la cause qu’elle croit juste ; puis, le reste du temps, revenir à elle-même, rentrer dans ses propres voies moins militaires et moins stratégiques, et suivre sur la lisière les sentiers où de tout temps ont aimé à se rencontrer la méditation, la fantaisie, l’étude ; en un mot, tantôt gracieuse ou tantôt sévère, quelqu’une des Muses. […] Janin a imité l’idylle avec bonheur, et, pour que ce passage de son roman soit plus remarqué, il ne lui manque que d’être moins mêlé aux autres imitations mythologiques et de fantaisie qui précèdent et qui suivent. […] Tu n’as suivi que mes mauvais exemples, tu n’as marché que dans le sentier de mes égarements.

999. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Elles avaient l’honneur de la suivre au Cours ; au retour de la promenade, on soupait chez Monsieur ; après le souper, tous les hommes de la Cour s’y rendaient, et on passait le soir parmi les plaisirs de la comédie, du jeu et des violons ; enfin on s’y divertissait avec tout l’agrément imaginable, et sans aucun mélange de chagrin. […] C’était dans le milieu de l’été : Madame s’allait baigner tous les jours ; elle partait en carrosse à cause de la chaleur, et revenait à cheval, suivie de toutes les dames, habillées galamment, avec mille plumes sur leur tête, accompagnées du roi et de la jeunesse de la Cour. […] Comme Bossuet achevait de parler ou pendant même qu’il parlait encore, la première femme de chambre de Madame s’approcha d’elle pour lui donner quelque chose dont elle avait besoin ; profitant de l’occasion, Madame lui dit en anglais, afin que Bossuet ne l’entendît pas, conservant ainsi jusqu’à la mort toute la délicatesse de son procédé et la politesse de son esprit : « Donnez à M. de Condom, lorsque je serai morte, l’émeraude que j’avais fait faire pour lui. » — C’est ce dont Bossuet s’est souvenu jusque dans l’Oraison funèbre : « Cet art de donner agréablement qu’elle avait si bien pratiqué durant sa vie, l’a suivie, je le sais, jusqu’entre les bras de la mort. » Madame fut-elle empoisonnée ?

1000. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

La vocation de Ducis fut longue à se dégager ; pour suivre ma comparaison, il était comme ces arbres forts et à l’écorce rude dont les jardiniers disent qu’ils se décident lentement. […] Aux tragédies de Ducis, il ne faut demander ni plan, ni style suivi, mais des mots et quelques scènes. […] Ducis était de cette race de philosophes, d’amis de la retraite et de la Muse, qui n’entendent rien à la politique ni à la pratique des affaires, et qui ont droit de résumer toute leur charte en ces mots : « Quand un homme libre pourrait démêler dans les querelles des rois (rois ou chefs politiques de tout genre) le parti le plus juste, croyez-vous que ce serait à le suivre que consiste la plus grande gloire ? 

1001. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

De nos jours et parmi nous, les plus illustres savants ont continué à suivre cette tradition, soit dans quelques parties de leurs œuvres, soit dans des traités spéciaux. […] Si l’hypothèse précède l’observation, celle-ci risque d’être fausse et infidèle ; si elle ne la suit pas, elle est stérile. […] Celui-ci avait dit que l’hypothèse dans les sciences joue de plus en plus un rôle subalterne ; on lui répondit avec raison que « l’hypothèse est toujours le premier pas qu’il faut faire pour procéder à chaque nouvelle coordination des faits », qu’à la vérité « l’hypothèse ne précède pas l’observation, car la perception desfaits est elle-même une condition indispensable de la production des hypothèses », mais qu’elle la suit, et qu’elle-même précède le raisonnement sur les faits, «  car on ne peut raisonner sur les faits observés qu’au moyen d’une idée préalablement adoptée : on ne cherche à démontrer que les théorèmes qu’on s’est posés 24. » On trouvera dans la même leçon beaucoup d’autres idées très-dignes d’être méditées, et, dans cette lutte curieuse entre l’Église et l’hérésie, nous croyons que c’est l’Église qui avait raison.

1002. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Il a des profondeurs et des replis où il est difficile de le suivre. […] Au reste, notre objet, dans les pages qui suivent, n’est pas tant de faire connaître historiquement et analytiquement la philosophie de Biran que d’en exposer librement la pensée principale dans ce qu’elle a d’essentiel et de caractéristique. […] Quoi qu’il en soit, il suit évidemment de ce qui précède qu’il est de l’essence d’une chose extérieure de n’être connue que par les phénomènes qui la manifestent, et par conséquent de n’être atteinte que par induction, soit immédiate et directe, soit médiate et discursive.

1003. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

L’homme a non seulement à porter le joug de son être matériel ; il a aussi à suivre les mouvements qui lui sont imprimés par le tout dont il fait partie. […] On peut suivre les progrès des idées morales chez les païens, en comparant la nécromancie d’Homère dans l’Odyssée, le Tartare et l’Élysée de Virgile, le Songe de Scipion, et enfin l’Enfer de Plutarque, dans son traité des Délais de la Justice divine. […] Ainsi elle croyait n’obéir qu’à un sentiment d’humanité, et elle suivait un conseil de la Providence.

1004. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Le vers étant une sorte particulière de musique doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil, quoiqu’en puissent prétendre les auteurs des traités de versification exigeant que, « pour la satisfaction de l’œil, les consonnes muettes qui suivent la voyelle rimante soient identiques (ou prétendues équivalentes) dans les deux mots à la rime3. » Or, considérons que les exigences de la rime dite correcte, proviennent d’une époque où les consonnes finales n’étaient pas encore devenues muettes. […] De ce qui précède, on peut donc inférer qu’à l’origine la loi de la succession des rimes a été dictée par la musique, et ce qui porte à croire cette assertion, c’est la phrase de Joachim du Bellay : « Il y en a qui fort superstitieusement entremeslent les vers masculins avec les vers féminins… afin que plus facilement on les peust chanter sans varier la musique pour la diversité des mesures qui se trouveroient en la fin des vers. » Ronsard, qu’on ne peut jamais trop consulter, s’exprime ainsi sur la rime dans son Art poétique : « La Ryme n’est autre chose qu’une consonance et cadance de syllabes, tombantes sur la fin des vers, laquelle je veulx que tu observes tant aux masculins qu’aux féminins, de deux entières et parfaictes syllabes, ou pour le moins d’une aux masculins pourveu qu’elle soit résonante et d’un son entier et parfaict. » Mais nulle part, il ne promulgue une règle à suivre sur l’alternance des rimes. […] Il y en a de douces aussi parmi les rimes masculines, celles, par exemple, qui sont suivies d’une consonne qui se prononce, comme amour, sœur ; dans le cas contraire, les rimes masculines sont énergiques.

1005. (1887) La banqueroute du naturalisme

Au moyen des journaux, des faits divers et des comptes rendus de cours d’assises, au moyen des commentaires dont le « chroniqueur judiciaire » ne manque jamais à les faire suivre, — pour opposer, comme l’on sait, la dépravation cynique des campagnes à l’honnête, l’élégante et l’inoffensive corruption du boulevard, — M.  […] qu’il a fait de mal à ceux qui ne l’ont pas compris, mais qui ne l’ont pas moins prétendu suivre, le maître qui a dit autrefois : « Si Shakespeare avait fait une psychologie, il aurait dit, avec Esquirol : L’homme est une machine nerveuse gouvernée par un tempérament, disposée aux hallucinations, emportée par des passions sans frein… » Et que doit-il penser, s’il le lit, de se voir ainsi travesti par M.  […] Zola, — car, pour le dire en passant, ce n’en est jamais une d’avoir suivi, comme l’on dit, son tempérament, et le mieux, en tout cas, est toujours de commencer par y résister, — c’est qu’on l’a poussé de toutes parts dans la voie de ses pires défauts.

1006. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Dans les Lettres sacrées, Fontaine suivait Saci, et le bon Camus M. de Genève. […] Quant au paragraphe qui suit ces trois portraits, et où vous auriez, m’a-t-on dit, trouvé quelque trait offensant, une lecture un peu moins prévenue vous aurait fait voir qu’il ne s’agissait plus des trois portraits précédents, mais de traits nouveaux s’adressant à d’autres caractères qui ne sont qu’à peine indiqués, et auxquels on ne pourrait, à moins d’être bien devin, rattacher aucun nom propre.

1007. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Élève de Jean-Jacques pour l’impulsion première et le style, comme madame de Staël et M. de Chateaubriand, mais, comme eux, élève original et transformé, quoique demeuré plus fidèle, l’auteur des Rêveries, alors qu’il composait Oberman, ignorait que des collatéraux si brillants, et si marqués par la gloire, lui fussent déjà suscités ; il n’avait lu ni l’Influence des Passions sur le Bonheur, ni René ; il suivait sa ligne intérieure ; il s’absorbait dans ses pensées d’amertume, de désappointement aride, de destinée manquée et brisée, de petitesse et de stupeur en présence de la nature infinie.  […] Ils suivaient les cours à Paris durant l’hiver ; puis l’été les dispersait aux champs, et ils s’écrivaient.

1008. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

1833 Dans les dernières années de la Restauration, quelques jeunes hommes, attachés à ce régime par leur naissance, leur éducation et leurs premières doctrines, mais aussi empreints, à un certain degré, de l’esprit du siècle, ou du moins comprenant et appréciant cet esprit avec une impartialité remarquable, fondèrent, sous le titre de Correspondant, un journal qui, avec moins d’éclat et d’influence, suivit, dans l’école religieuse et royaliste, une ligne assez analogue à celle du Globe dans l’école libérale et philosophique. […] Enfin, si elle cite toujours avec orgueil et louange le beau nom de M. de Chateaubriand, elle a trop de circonspection, de sagesse et d’amour du vrai en lui-même pour suivre dans ses déportements d’éloquence et d’imagination cet aventureux génie89.

1009. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

L’élégiaque Gallus avait suivi de préférence Euphorion, comme Properce suivait Callimaque et Philétas ; de sorte qu’Euphorion a eu le malheur de périr deux fois : par lui-même et avec Gallus.

1010. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Dans un voyage qu’il fit à travers la Bourgogne et les provinces du Midi, il est touchant de le voir « rôder par les champs et dénicher les habitants dans leurs chaumières, regarder dans leur pot-au-feu, manger leur pain, se coucher sur leurs lits sous prétexte de se reposer, mais, dans le fait, pour s’assurer s’ils sont assez doux. » De retour en Amérique, après des adieux bien vifs à la France, pour laquelle il garda toujours une prédilection vraiment tendre, Jefferson suivit jusqu’au bout les vicissitudes et les progrès de ce grand et bon peuple, qu’il considérait comme l’initiateur du vieux monde. […] Les principes que suit Jefferson, lors de sa présidence, au sujet des destitutions nécessaires, sont comme une réponse, admirable de mesure et de scrupules, à tout ce qu’on a débité ici de grossièrement servile ou de mystiquement sentencieux sur ce sujet.

1011. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Notre juste et droit sens a, en outre, quelque peine à le suivre dans sa logique brisée, saccadée, qu’interceptent à chaque pas les fusées de la métaphore. […] Heine dans cette revue politique qu’il écrit d’entraînement ; mais si l’on cherche en vain dans ses pages un système politique suivi, l’impression patriotique française, l’impression populaire n’y fait jamais faute.

1012. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Ces gens-là ne savent pas suivre leur idée : un détail en amène un autre, qui traîne après lui une série. […] Une autre fois, voulant réfuter l’objection que les astres ne changent pas, parce que de mémoire d’homme on ne les a vus changer, Fontenelle proposait l’analogie que voici : Si les roses qui ne durent qu’un jour faisaient des histoires et se laissaient des mémoires les unes aux autres, les premières auraient fait le portrait de leur jardinier d’une certaine façon, et de plus de quinze mille âges de roses, les autres qui l’auraient encore laissé à celles qui les devaient suivre, n’y auraient rien changé.

1013. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Ignoroit-il que ses comtemporains donnoient tous les jours, quoiqu’abusivement, le nom de carmen à des vers qui ne se chantoient pas, dont la déclamation étoit arbitraire, et dont les anciens appelloient la recitation une lecture, parce que celui qui les lisoit, n’étoit astreint qu’à suivre la quantité, et qu’il étoit le maître de faire en les récitant telles inflexions de voix qu’il jugeoit à propos. […] Les critiques modernes ont donc entendu cantus comme s’il signifioit toujours un chant musical, quoique dans plusieurs endroits il veuille dire seulement un chant en general, une recitation assujetie à suivre une melodie écrite en notes : ils ont entendu canere comme s’il signifioit toujours ce que nous appellons proprement chanter.

1014. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Mais l’art des représentations théatrales où nos jeunes gens avoient pris un grand goût se perfectionna avant peu : d’abord on récitoit des vers faits sur le champ, mais bien-tôt on apprit, continuë Tite-Live, à faire des pieces suivies, et du temps du poëte Andronicus la récitation de quelques-unes de ces pieces se trouvoit déja être mesurée, et l’on en écrivoit déja la note pour la commodité des joüeurs de flutes. […] L’exercice et l’habitude qui suit l’exercice, sont par rapport à la voix, ce que l’archet et la main du joüeur d’instrument sont par rapport au violon.

1015. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Il consiste à reprendre d’une main tout doucettement ce qu’il a donné de l’autre avec un grand geste, et ce qui suit va le faire comprendre : Agrégé à la Faculté des lettres, sorti de l’Université pour entrer à l’Académie dont il a voulu le prix qu’il n’a pas manqué, ayant par conséquent des terreurs respectueuses fort naturelles pour le progrès, et non moins naturellement des affections intellectuelles pour l’Église, M.  […] Impossible de suivre dans un seul chapitre d’un livre comme celui-ci, le détail infini d’un travail exposé à grand’peine en deux volumes, mais ce qui résulte de ce travail, c’est l’inutilité démontrée de la peine qu’on a prise au point de vue des acquêts et des accroissements de la philosophie.

1016. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

Voyons, et si nous n’en trouvons pas de meilleurs, vous savez bien que je ne m’écarterai pas de ceux que j’ai toujours suivis ; non, quand tout un peuple me présenterait comme des spectres menaçants la pauvreté, les chaînes et la mort. » Alors il discute la question, et il examine s’il est permis de désobéir aux lois pour éviter la mort. […] Nous suivons Socrate de l’œil ; nous ne perdons pas un de ses mouvements, pas un de ses discours ; nous le voyons quand on lui amène ses deux enfants, quand il donne ses derniers ordres pour sa maison, quand il fait éloigner les femmes ; quand ses amis mesurent avec effroi la course du soleil, qui bientôt va se cacher derrière les montagnes, et quand la coupe fatale arrive, et lorsqu’avant de la prendre, il fait sa prière au ciel pour demander un heureux voyage, et l’instant où il boit, et les cris de ses amis dans ce moment, et la douceur tranquille avec laquelle il leur reproche leur faiblesse, et sa promenade en attendant la mort, et le moment où il se couche sur son lit dès qu’il sent ses jambes s’appesantir, et la mort qui monte et le glace par degrés, et l’esclave qui lui touche les pieds que déjà il ne sent plus, et sa dernière parole, et son dernier, et son éternel silence au milieu de ses amis qui restent seuls.

1017. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

Tant il est peu raisonnable de dire que le droit naturel, tel qu’il est expliqué par Grotius, Selden et Pufendorf, a été suivi dans tous les temps, chez toutes les nations ! […] La règle qu’on y suit, c’est la vérité des faits.

1018. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Les fantaisies des romantiques ont donné le branle, et il a fallu suivre. […] Il suit de là qu’on se coupe. […] Madame Bovary suit le torrent. […] Le mépris de la nature humaine, dont nous avons suivi le progrès de M.  […] Il suit alors son humeur aussi loin qu’elle veut le mener.

1019. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Fidèle à la méthode que j’ai suivie à l’occasion de Baudelaire, de M.  […] Il suit de là que, si l’écrivain entreprend de reproduire la société par les idées, il sera aussi vrai que celui qui entreprend de la peindre par les mœurs. […] Il suit de là que des états définis du cœur sont enveloppés dans des états correspondants de l’intelligence, et que toute doctrine philosophique suppose un cortège d’émotions qui raccompagne. […] C’est une Antigone que la Marianne de Terres vierges qui suit Nedjanof si simplement, si noble ment. […] Nous suivrions ensemble du doigt la courbe de mes agitations.

1020. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Tissot suivit de près M.  […] Cependant je n’ai pas l’intuition immédiate de votre durée, et je n’ai pas davantage l’intuition immédiate de la durée qui a précédé la mienne, ni de celle qui la suivra. […] La gêne vient bientôt frapper à sa porte, en annonçant l’indigence qui la suit de près. […] Le comte de Maistre suit avec une anxiété visible, du haut de son observatoire philosophique, tous les symptômes précurseurs de ces événements. […] Un peu plus tard, il suivit les cours de l’Institut patriotique, fondé à Péronne par M. 

1021. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Aussitôt la Dame apparaît, entourée de nymphes, bientôt suivie de Protée que porte un énorme dauphin. […] « Certaines gens croient y trouver des becfigues, des ortolans tout plumés, d’excellents vins, de bons lits, et à cause de cela, ils suivent les moines, marchent derrière eux. […] J’entends que vous suiviez mes idées comme il les a suivies, et je vous commande un poëme en prose. […] Comme Homère et les grands narrateurs, il ne rencontre que des images suivies et nobles, presque classiques, si voisines des idées que l’esprit y entre de lui-même et sans s’en apercevoir. […] Ceux-ci n’ont pas l’esprit d’analyse qui est l’art de suivre pas à pas l’ordre naturel des idées, ni l’esprit de conversation qui est le talent de ne jamais ennuyer ou choquer autrui.

1022. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Suivez, par le monde, l’histoire des idées et des mœurs. […] Et les vieillards moroses disent que, depuis qu’on ne suit plus cet usage, les arbres fruitiers sont mangés par les chenilles. […] N’osant lui parler, je me retirai dans l’antichambre où il me suivit des yeux. […] Injuriosus la suivit de près dans la mort. […] Et notre mystère suivrait pas à pas les chroniques.

1023. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il présente une rédaction complète et suivie. […] Mais il importe de suivre ce mouvement qui commence ; il faut le suivre avec sollicitude, et dans celle humeur bienveillante qui nous pénétrait au moment d’écrire ces lignes. […] Charles Yriarte, et par endroits je dois le dire, ces notes suivent le texte de très près. […] Il se faisait aimer, il se faisait suivre. […] On dit qu’il va, par le pays latin, suivi de cinquante poètes, ses disciples.

1024. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Vous le voyez, Eschine, la fortune brillante qui vous a constamment suivi, vous donne le droit de mépriser la mienne. […] Mais il est aperçu par Ulysse et son compagnon, qui le suivirent. […] Un Crétois, nommé Polyclète, le suivait de près. […] Diderot écrit à Rousseau qu’il croit devoir lui donner un bon conseil, même en pensant qu’il ne le suivra pas. […] Dieu vous parle : que ne suivez-vous ?

1025. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Suivez le fil de celle-ci et tirez toutes les conséquences qu’elle renferme. […] Là, plus que partout ailleurs, apparaissent, dans la méthode suivie par l’auteur, le triomphe et les excès de la synthèse. […] Un poète qui a suivi les cours de l’École de médecine et qui a trop lu Stendhal. […] Raison de plus pour l’y suivre et pour écouter attentivement ce qu’il dit. […] Son horreur des chemins battus le jeta en des lieux où l’on a quelque répugnance à le suivre.

1026. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 408

Notre Histoire lui a de grandes obligations, non pour l'avoir écrite en Latin, mais pour avoir su bien débrouiller le chaos de la Chronologie, & surtout pour avoir publié une excellente Notice des Gaules, dont les Historiens, qui l'ont suivi, ont tiré de grandes lumieres.

1027. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Vous voyez ici les habitudes régulières d’une famille honorable et aisée, la discipline d’une éducation suivie et solide, le goût des études classiques et complètes. […] De telles circonstances enseignent l’art d’écrire clairement et solidement, le discours méthodique et suivi, le style exact et fort, la plaisanterie et la réfutation, l’éloquence et la satire ; car ces dons sont nécessaires pour se faire écouter ou se faire croire, et l’esprit entre de force dans une voie, quand cette voie est la seule qui le conduise à son but. […] Ainsi, pervers de volonté, impuissant d’action, —  il suivait les factions, qui ne le suivaient pas770. […] —  Ma jeunesse imprudente a volé parmi les vains désirs ; —  mon âge viril, longtemps égaré par des feux vagabonds, —  a suivi des lueurs fausses, et quand leur éclair a disparu, —  mon orgueil a fait jaillir de lui-même d’aussi trompeuses étincelles. —  Tel j’étais, tel par nature je suis encore. —  À toi la gloire, à moi la honte. —  Que toute ma tâche maintenant soit de bien vivre ! […] Since that time it is grown into a custom, and their actors speak by the hour-glass, like our parsons… I deny not this may suit well enough with the French ; for as we, who are a more sullen people, come to be diverted at our plays ; so they, who are of an aery and gay temper, come hither to make themselves more serious.

1028. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Quiconque monte ou descend, le suit ; les rébellions mêmes ou les désertions sont une conséquence de son incessante victoire. […] Son cœur d’enfant, comme une mouche, s’était pris dans cette toile d’araignée en or, et le fils, du gendarme suivit les vagabonds que le père eût peut-être arrêtés ! […] Nul réveil ne suivait les existences brèves. […] Humide, transparent comme la porcelaine ; Et son regard vous suit, placide, doux et lent. […] Cosette, c’était la chienne de Glatigny qui le suivait dans tous ses voyages.

1029. (1891) Esquisses contemporaines

Et là même on ne trouverait rien de tout à fait semblable, car la pensée suit d’autres voies. […] Taine, suivi de M.  […] L’auteur voudra-t-il suivre l’exemple du prêtre ? […] Le cours eut lieu du 21 février au 7 juin 1830, et fut très suivi. […] C’est un mouvement ascendant qui l’emporte, c’est un mouvement inverse que suit Scherer.

1030. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérard, André = Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

André Gérard semble vouloir suivre la trace du bon poète Gabriel Vicaire.

1031. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Préface »

Il sera suivi, si Dieu me prête vie, de deux autres.

1032. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Après avoir jeté mes joujoux par la fenêtre, j’allais les suivre, si, heureusement ou malheureusement, on ne m’avait retenu par ma jaquette. […] On voit bien à nos œuvres que nous n’avons pas suivi ce plan d’études si sage. […] C’est pour cela qu’ils sont si complets  Nul ne saurait suivre absolument la vie d’un autre ; en pareil cas, il y a des motifs qui restent obscurs, des détails inconnus, des actions dont on perd la trace. […] Il suivait les représentations du vieux Will, dont Hay-Market reprenait quelques drames à propos de l’Exposition universelle. […] Cette idée nous serrait le cœur et nous osions à peine songer à l’affreux désespoir qui suivrait une telle séparation.

1033. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Promenade de trois femmes de la société suivies d’un serviteur au bord de la Soumida. […] Suit une danse comique, très gymnastiquement mouvementée. […] Dans les années qui suivent 1800, ce sont deux séries de petites bandes, au nombre d’une vingtaine, contenant des sujets variés. […] Deux femmes passant devant un temple suivies d’un serviteur portant un enfant. […] A la fin de l’édition en noir l’éditeur annonçait la publication de trois volumes qui devaient suivre et qui n’ont pas paru.

1034. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Point d’où la fourmi a été suivie par l’observateur. […] On peut suivre sur la figure la route approximative de cette fiévreuse ouvrière. […] Tout se suit, s’enchaîne, se précède et se succède dans la nature. […] Elles donnent à qui les suit en rêvant la sensation d’être le maître d’un merveilleux domaine. […] C’est peut-être que son conseil ne fut pas suivi à la lettre.

1035. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Où l’entraîne son plaisir, il suit. […] Que l’occasion se présente, le passage à l’action suit incontinent. […] « Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef !  […] Toute la critique suivit, moutonnière comme à son habitude. […] Il ne peut les suivre ; il est vite essoufflé.

1036. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Le drame auquel nous assistons se joue réellement dans ces deux âmes, et la nôtre en suit les péripéties avec une sympathie douloureuse. […] On voit ainsi que le rythme scénique suit dans tous ses mouvements le rythme esthétique, et que les déplacements des personnages ne sont pas arbitraires. […] Dans l’art, on ne peut suivre pas à pas les progrès d’une évolution, mais on peut périodiquement mesurer le chemin parcouru. […] En cela, l’esthétique théâtrale devra suivre l’esthétique dramatique. […] Soudain, deux ou trois cavaliers débouchent du fond, suivis d’une meute de vrais chiens : immédiatement la forêt devient un joujou.

1037. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

suivez-le dans son Berry, une fine et longue pipe aux lèvres ! […] Aussi je doute qu’il ait suivi Lefèvre si celui-ci avait vécu. […] En cela, ne fait-il pas que suivre l’exemple d’illustres prédécesseurs qui contribuèrent à donner une vogue littéraire aux bords du lac Leman ? […] Cet ouvrage sera suivi de Marceline Desbordes-Valmore, sa vie et son secret, Plon, 1926. […] Le Manifeste du surréalisme, suivi de Poisson soluble, a paru aux éditions du Sagittaire, chez Simon Kra, en octobre 1924.

1038. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Allez donc leur dire, au milieu de ces ténèbres : levez-vous et suivez-moi ! […] Exemple à suivre, afin que chacun suive sa voie et ne demande à l’art qu’il exerce, que la chose même que son art peut rapporter. […] D’où il suit que si vous avez beaucoup ri à cette comédie, c’est que ma foi ! […] Mais ne vous attendez pas que je le suive en cette lente agonie. […] Donc, suivons notre chemin, et suivons-le joyeusement.

1039. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Elles étaient chose de mode, et il était homme à suivre la mode, comme tous ceux qui n’ont pas une forte originalité. […] Très naturellement, quand on lit Le Sage, c’est plutôt à ce qui précède qu’on songe, qu’à ce qui suit. […] Et il n’y a personne qui ressemble moins au premier que le second, d’où suit dans l’ouvrage commun quelque incohérence. […] Il doit suivre avec sûreté le travail insaisissable d’un sentiment à peine formé au fond d’un cœur, et le rendre très visible au public, sans qu’il le soit aux personnages. […] Montesquieu n’a pas inventé ce qui suit.

1040. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

D’où il suit que Vinet n’est pour rien dans la légende qui a couru touchant la lettre du jeune Constant. […] (Suit le texte qui se trouve dans l’article que nous publions. […] La lettre qui suit est datée du 7 octobre, mais le millésime fait défaut. […] Tout à son affection, Amaury oublie les premiers engagements qu’il a formés et suit à Paris M. et Mme de Couaën. […] Nous répugnons beaucoup à dire ce qui suit ; mais nous avons commencé, il faut achever.

1041. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 202

Il seroit à souhaiter que la politique fût appuyée sur des principes invariables ; ce seroit le vrai moyen d’obliger les Princes à suivre les loix de la justice & de l’équité.

1042. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 325

On estime pourtant celui qui a pour titre : Dissertation sur la Recherche de la Vérité, suivi d’un examen particulier des sentimens de Descartes.

1043. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Une femme le suit, presque folle, étouffant Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise. […] Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre, Elle suit son chemin, distraite, et sans entendre Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.

1044. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Les peuples se suivent, se ruent les uns sur les autres, sans rime ni raison, sans que l’on puisse expliquer toute cette agitation. […] Comme nous nous proposons de suivre le cours, nous reprendrons en détail toutes les opinions philosophiques ; aujourd’hui, nous nous contenterons de faire quelques observations générales.

1045. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Le gouvernement monarchique et l’étendue des empires modernes ont détaché la plupart des hommes de l’intérêt des affaires publiques : ils se sont concentrés dans leurs familles, et le bonheur n’y a pas perdu ; mais tout excitait les anciens à suivre la carrière politique, et leur morale avait pour premier objet de les y encourager. […] Les historiens grecs marchent avec les événements ; ils en suivent l’impulsion, mais ne s’arrêtent point pour les considérer.

1046. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

. — À clé, suivi de Monseigneur Gaston de Phébus (1839). — Une année à Florence (1840) […] — Aventures de John Davy (1840). — Le Capitaine Pamphile (1840). — Maître Adam le Calabrais (1840). — Othon l’Archer (1840). — Un mariage sons Louis XV, cinq actes, en collaboration (1841). — Excursions sur les bords du Rhin (1841). — Praxédès, suivi de Dom Martin de Freytas et de Pierre le Cruel (1841). — Le Speronare (voyage en Sicile) (1842). — Lorenzino, pièce en cinq actes et en prose (1842). — Aventures de Lydéric (1842)

1047. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Je pose la question seulement et n’ai garde de la trancher, ni de suivre de près cette ligne légère, sensible pourtant, qui, chez les illustres les plus sûrs d’eux-mêmes, sépare déjà le mort du vif. […] Il n’a pas pu le suivre !

1048. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

» Ce mouvement inverse, ce reflux, pour ainsi dire, que nous avons à constater fut par la suite une cause d’incertitude et de confusion : quand il devint difficile de démêler dans le répertoire italien ce qui avait précédé Molière ou ce qui l’avait suivi, on méconnut souvent les dettes réelles qu’il avait contractées pour lui attribuer des emprunts où il était, non plus débiteur, mais créancier. […] Sa mort fut suivie d’une révolution dans les théâtres de Paris.

1049. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Ici, selon la formule d’un juriste100, « le droit ne domine plus les mœurs : il les suit ». […] Cruet, ne domine pas les mœurs : il les suit. » Mais les mœurs sont elles-mêmes une contrainte sociale, aussi tyrannique et parfois plus tyrannique pour l’individu que le droit lui-même.

1050. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

On y suit pas à pas l’évolution des esprits. […] Bons décadents qui, ce jour de janvier, Suiviez, unis à la Fleur du Symbole, Notre cher Maître à son logis dernier, Au cimetière, au fond des Batignolles ; Doux névrosés qu’à Rome, V. 

1051. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Selon une femme de génie, qui, la première, a prononcé le mot de littérature romantique en France, cette division se rapporte aux deux grandes ères du monde, celle qui a précédé l’établissement du christianisme et celle qui l’a suivi. […] On a rassemblé ci-dessus quelques exemples pareils entre eux de ce faux goût, empruntés à la fois aux écrivains les plus opposés, à ceux que les scholastiques appellent classiques et à ceux qu’ils qualifient de romantiques ; on espère par là faire voir que si Calderon a pu pécher par excès d’ignorance, Boileau a pu faillir aussi par excès de science ; et que si, lorsqu’on étudie les écrits de ce dernier, on doit suivre religieusement les règles imposées au langage par le critique, il faut en même temps se garder scrupuleusement d’adopter les fausses couleurs employées quelquefois par le poëte.

1052. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Il fit ses Humanités au Collège de Clermont ; et comme il eut l’avantage de suivre feu Monsieur le Prince de Conti dans toutes ces Classes, la vivacité d’esprit qui le distinguait de tous les autres, lui fit acquérir l’estime et les bonnes grâces de ce Prince, qui l’a toujours honoré de sa bienveillance et de sa protection. […] Les commencements de cet établissement ont été heureux, et les suites très avantageuses ; les Comédiens compagnons de Monsieur de Molière ayant suivi les maximes de leur fameux Fondateur, et soutenu sa réputation d’une manière si satisfaisante pour le Public, qu’enfin il a plu au Roi d’y joindre tous les Acteurs et Actrices des autres Troupes de Comédiens qui étaient dans Paris, pour n’en faire qu’une seule Compagnie.

1053. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Il ne s’agira plus que d’étudier des monuments positifs, ou de suivre des vestiges certains. […] M. de Maistre et M. de Bonald, qui ont suivi la même route dans les errements de la société ancienne, paraissent avoir méconnu les faits nouveaux de l’esprit humain.

1054. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet31 I Nous ne parlerons encore que des deux premiers volumes du Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet 32, mais ces deux volumes donnent parfaitement l’idée de ceux qui vont suivre. […] Ce qui suit la superbe influence des Jésuites en Chine au xviie  siècle n’est plus guères qu’un coucher de soleil qui dure encore et dont nos missionnaires actuels sont les derniers rayons.

1055. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Hatin suit les destinées de la Gazette de Renaudot jusqu’à l’époque de la Révolution française. […] Que les volumes qui vont suivre, et dans lesquels le sujet à traiter sera moins grêle que dans celui-ci, nous dédommagent d’une compilation qui devrait être un livre littéraire, du moins, s’il n’est pas un livre politique comme il le faudrait.

1056. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Je vais tâcher d’en donner une idée ; mais il faut se souvenir que ce n’est ici qu’un extrait, c’est-à-dire, une copie faible et par lambeaux, dans une langue qui n’a ni la richesse et l’harmonie de la langue grecque, ni la mélodie des accents, ni l’heureuse composition des mots, ni cette foule de liaisons qui enchaînent les idées, ni cette liberté des inversions qui met tant de variété dans la marche, et qui permet à la langue de suivre avec souplesse, et de dessiner, pour ainsi dire, tous les mouvements de l’âme et des passions. […] Son caractère ardent voulut donner à ses concitoyens un mouvement qu’ils n’étaient pas en état de suivre : leurs âmes, qui avaient perdu l’habitude des grandes choses, n’avaient plus que de l’imagination pour les sentir.

1057. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

En Angleterre, en Italie, en France, en Espagne, en Russie, à la Chine, tous ces hommes, sans se connaître et sans s’être vus, animés du même esprit, suivent le même plan. […] Cet exemple donné par un Milanais, fut suivi dans presque toutes les villes d’Italie, et de là en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, en Flandre et dans tous les Pays-Bas77.

1058. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

La jurisprudence romaine, qui dans les temps héroïques n’avait eu pour base que la loi des douze tables, commença dès le temps de Cicéron108, à suivre dans la pratique l’édit du préteur. […] Il était impossible que l’enfance de l’humanité suivît une marche différente ; on a remarqué dans un axiome que les enfants ont au plus haut degré la faculté d’imiter le vrai dans les choses qui ne sont point au-dessus de leur portée ; c’est en quoi consiste la poésie, laquelle n’est qu’imitation.

1059. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manivet, Paul (1856-1930) »

Manivet l’honneur d’une préface, où il dit : « C’est de grand cœur que je salue en vous, non pas un élève qui aspire à me suivre comme vous prétendez l’être, mais un émule que son talent place ex æquo à mon côté, dans le petit coin lumineux dont mes contemporains veulent bien me permettre la jouissance… » [Anthologie des poètes français du xixe  siècle (1887-1888).]

1060. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — [Introduction] » p. 251

Mais Platon prétend au contraire qu’Homère posséda la sagesse réfléchie (riposta) des âges civilisés  ; et il a été suivi dans cette opinion par tous les philosophes, spécialement par Plutarque, qui a consacré à ce sujet un livre tout entier.

1061. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 450

Sa Traduction de Virgile, assez bonne dans son temps, a été surpassée par la plupart de celles qui l’ont suivie.

1062. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 388

Dans le cours de l’Ouvrage, on suit avec plaisir un Traducteur habile, qui, sans être l’esclave de son Original, en offre le véritable sens, embelli par les graces d’un esprit aussi élégant qu’éclairé.

1063. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Moitte »

Duhamel à qui Maupertuis disait : convenez qu’excepté vous, tous les physiciens de l’académie ne sont que des sots, et qui répondait ingénuement à Maupertuis : je sais bien, monsieur, que la politesse excepte toujours celui à qui l’on parle. ce Duhamel a inventé une infinité de machines qui ne servent à rien, écrit et traduit une infinité de livres sur l’agriculture qu’on ne connaît plus ; fait toute sa vie des expériences dont on attend encore quelque résultat utile ; c’est un chien qui suit à vue le gibier que les chiens qui ont du nez font lever, qui le fait abandonner aux autres et qui ne le prend jamais.

1064. (1929) Dialogues critiques

Suivez-vous les élections à l’Académie ? […] La foule aime aussi qu’on ait raison et ne pourrait non plus suivre un raisonnement. […] Elle doit suivre l’actualité. […] Pierre Quant aux simples amateurs, n’ont-ils pas le droit de suivre bonnement leur plaisir ? […] Mais il ne s’en suit pas que Taine ni Curel soient des sous-Huret.

1065. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Au nom du sentiment libre et spontané du comique et du beau, Dorante combat et réfute la méthode dogmatique suivie en critique par Lysidas. […] Pour ceux qui suivent la nature, cette intimité a la plus salutaire influence morale. Suivre la nature, en matière de goût, c’est obéir au mouvement instinctif par lequel elle nous attire vers ce qui est beau, et nous éloigne de ce qui est laid. […] Entre ces deux limites tracées par la raison, Uranie suit la nature, et lorsqu’elle admire, elle sait qu’elle peut se laisser aller avec confiance à son émotion ; car c’est le signe de la présence du beau. […] Car « la trame de nos sensations est si compliquée, qu’à grand-peine l’analyse la plus subtile en peut-elle saisir un fil bien séparé et le suivre à travers tous ceux qui le croisent.

1066. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

il n’est ni sentiers si escarpés, ni retraites si sauvages que l’amour ne m’y suive, conversant avec mon âme et mon âme avec lui !  […] Ce lieu était assez éloigné pour que la présence et le nom de Laure ne l’y poursuivissent pas, assez rapproché pour qu’il pût la revoir quelquefois et suivre des yeux de l’âme sa seule étoile ici-bas : c’était Vaucluse. […] Pétrarque suivit cette maxime ; pressé d’aller se parer de son laurier aux regards de Laure, il repartit pour Avignon. […] On le sent partout dans les sonnets de Pétrarque qui suivirent la mort de Laure ; on trouve le poète et l’amant dans les premiers, on trouve l’adoration et la piété dans les derniers : ils sont, pour les cœurs tendres, le manuel de la douleur et de l’espérance. […] « Afin que, semblable à toutes mes pensées qui volent sur ses traces derrière elle, ainsi mon âme affranchie de son poids, libre et joyeuse, la suive, et que je sorte enfin de l’angoisse où je vis.

1067. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Les années qui ont suivi immédiatement la révolution de 1848 ont été particulièrement onéreuses et pour ainsi dire obligatoires. […] Il fit construire en son honneur, et non loin de son tombeau, une de ces salles qui portent par distinction le nom de Miao, parce qu’elles sont destinées à honorer les ancêtres : Afin, dit-il, que tous les amateurs de la sagesse présents et à venir puissent s’y rendre en temps réglés, pour faire les cérémonies respectueuses à celui qui leur a frayé la route qu’ils suivent et sur le modèle duquel ils doivent se former. […] Depuis plus de deux mille ans, les lettrés suivent constamment cet usage, et, comme il n’est pas possible que tous fassent annuellement le voyage de Kiu-fou-hien, pour la commodité de ceux qui sont répandus dans les différentes provinces de l’empire, on a élevé dans chaque ville un monument où ils vont faire les mêmes cérémonies qu’ils feraient à son tombeau, s’il leur était facile de s’y rendre. […] Cette qualité de chef de la littérature les met dans le cas de connaître par eux-mêmes les plus savants hommes de l’empire, de suivre tout ce qui a rapport aux sciences, de faire accueil aux grands ouvrages et aux grands écrivains, et de les affectionner. […] « Dès que je fus sur le trône, je me fis un devoir de suivre l’exemple de mon père.

1068. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Je marchais, sans suivre de sentier, à travers la pelouse courte, broutée par les moutons, qui tapissait les mamelons autour du village çà et là sur ma route ; j’apercevais, disséminés aux flancs ou au fond des vallées, des chalets à peu près semblables à ceux de Lucerne ou de Berne ; seulement ils étaient fondés sur des murailles de pierre noire, et le bois enfumé de l’étage supérieur attestait la pauvreté ou la négligence des habitants. […] Son dessin suivit la transformation de sa palette ; il oublia le vulgaire et ne chercha plus que l’idéal. […] Puis-je l’accuser d’avoir contemplé avec trop de complaisance la fille innocente du brigand des Abruzzes, moi qui ai suivi, sur les vagues de la même mer, la fille du pêcheur de Procida ? […] C’est d’abord, assis sur le même banc de rocher, à côté du poète, un jeune lazzarone de seize ans, qui se destine sans doute à la même profession, qui suit son maître comme l’ombre le corps, qui paraît fier de l’approcher de plus près que les autres, qui tourne sa tête de son côté, qui semble boire des yeux les vers et les sons, et qui contemple avec une admiration étonnée les merveilleuses inspirations du poète et du chanteur. […] Ces trois tableaux sous les yeux ou dans la mémoire, suivez un moment son pinceau ; ce pinceau, c’est la vie.

1069. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Que sont en effet les prescriptions sans la loi, et quelle différence y a-t-il, en matière de morale, entre l’enseignement philosophique et l’enseignement religieux, si l’auditeur n’y voit que des conseils qu’il est libre de négliger ou de suivre ? […] Il ne prend pas plus de liberté avec le Christ, malgré les invitations de l’Homme-Dieu à venir à lui, à le suivre, à le toucher. […] Bossuet les a vus et suivis dans leur passage à travers cette vie ; il n’a pu les fréquenter sans faire amitié avec eux. […] Cette incertitude du premier dessein se fait sentir dans l’exécution ; souvent les idées s’y pressent plutôt qu’elles ne se suivent. […] Par ses devanciers on se sent conduit ; et si par moments on leur résiste, si l’on cherche à se dégager de la main impérieuse d’un guide qui vous entraîne, cela même est encore excellent ; car, soit qu’on suive, soit qu’on refuse de marcher, on sait ce qu’on fait, et l’on reçoit un avertissement qui ne s’oublie pas.

1070. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

L’amour a fiancé leurs cœurs, Au souffle des zéphyrs vainqueurs. (90) Alors adieu Walhall, délices infinies, Adieu vous tous, héros, tombés dans les combats, Adieu vierges du ciel, divines Valkyries, Auprès des Dieux, je ne te suivrai pas ! […] Wilder ait pu, avec son système, suivre le texte de Wagner autant qu’il l’a fait ; ce sont de véritables tours de force qu’il exécute. […] Toute la suite du drame découle de ce moment, de cette action ; c’est elle qui entraîne toutes les catastrophes qui vont suivre, et c’est l’Amour qui en est l’irrésistible principe : ou voit l’importance de la rentrée du thème musical dans la voix. […] Décomposé, sa première partie a caractérise l’expiation de Kundry, la plainte du sauveur, la marche au calvaire, la croix : c’est-à-dire la volonté du sacrifice ; la seconde B, c’est surtout la raison du sacrifice, la pitié, la blessure, la lance qui blesse et guérit, et par suite la grâce du sacrifice, la Cène, et le jour de la plus grande grâce, le vendredi-saint ; le troisième motif élémentaire C, qui suit le plus souvent B, la nécessité de ce sacrifice rendue manifeste, et D, l’aspiration vers le salut par le sacrifice, soit chez Kundry, soit dans le Gral, soit dans la nature ; elle se matérialise dans la lance qui doit guérir, et qu’il faut pour cela d’abord racheter elle-même ; et enfin E, c’est l’apaisement dans le sacrifice et le rachat. […] C’est comme un affolement de désir et d’espoir (p. 173) suivi d’une chute terrible et irrémissible.

1071. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Ces organismes élémentaires sont sollicités à agir par un besoin, et un besoin est une peine plus ou moins notable, tout au moins un malaise ; la satisfaction du besoin est suivie de plaisir. […] Suspendez votre respiration, vous accroîtrez le malaise et, par contraste, l’aise qui suit : vous rétablirez une opposition plus tranchée qui, pour être diminuée, subsiste cependant dans le rythme de la respiration normale. […] D’où il suit que la sensibilité inférieure est plutôt disposée pour la souffrance que pour la jouissance. […] On se rappelle la fable de Platon sur le plaisir et la douleur sensibles, liés l’un à l’autre par Jupiter, si bien que l’un ne peut arriver sans être suivi de son compagnon. […] D’où il suit que, chez l’être vivant, la douleur n’est pas, comme l’ont cru certains pessimistes, le principe même de l’action intérieure et du vouloir, mais seulement celui de la réaction sur le monde extérieur.

1072. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Emmanuel Delbousquet n’a pas suivi la coutume des jeunes provinciaux qui viennent gâcher à Paris leur talent naturel, en écrivant des études de grande ville pour lesquelles l’expérience fait défaut, M.  […] L’exemple fut suivi : le roman poétique nous est revenu, avec Pour l’amour du laurier de M.  […] On l’a suivie. […] Voici comment Toby-Chien voit sa maîtresse : « Elle s’assied dans le mouillé, regarde en avant d’elle comme si elle dormait ; ou bien se couche à plat ventre, siffle, et suit une fourmi dans l’herbe ; ou arrache une poignée de serpolet et la respire ; ou appelle les mésanges et les geais, qui ne viennent jamais d’ailleurs. […] Malheur à qui n’a pas le courage de suivre le conseil de la Gisèle de Paul Adam et qui ne sait faire deux parts de sa vie, une pour le rêve, et l’autre pour les autres !

1073. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Il y fit cette harangue célèbre si adroite, si brusque, si militaire, et qui réussit tant auprès de ceux qui l’entendirent, sans avoir d’ailleurs d’autre effet : Je ne vous ai point appelés comme faisaient mes prédécesseurs, pour vous faire approuver mes volontés : je vous ai fait assembler pour recevoir vos conseils, pour les croire, pour les suivre ; bref, pour me mettre en tutelle entre vos mains : envie qui ne prend guère aux rois, aux barbes grises et aux victorieux. […] Les premières années qui suivirent l’entrée de Henri IV dans sa capitale ne furent pas aussi sereines qu’on se le figure. […] Mes chères amours, il faut dire vrai, nous nous aimons bien : certes, pour femme, il n’en est point de pareille à vous ; pour homme, nul ne m’égale à savoir bien aimer… Il est dommage qu’on puisse écrire de ces charmantes choses à plus d’une personne en si peu de temps : car les lettres à la marquise de Verneuil suivirent de près celles que j’indique, et leur ressemblent.

1074. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Après l’entrée dans Paris, il ne le suit que peu ; on sent que lui-même est déjà retiré et cantonné dans ses provinces. […] Suit un discours de Mme l’Amirale (Charlotte de Laval), tenu au milieu de la nuit dans ce lit patriarcal des ancêtres, et tel que, la situation étant donnée, ne pourrait rien trouver de plus émouvant un Corneille ou mieux un Shakespeare64 : C’est à grand regret, monsieur, disait-elle, que je trouble votre repos par mes inquiétudes ; mais, étant les membres de Christ déchirés comme ils sont, et nous de ce corps, quelle partie peut demeurer insensible ? […] Le conseil fut suivi aussitôt, et, le rideau ouvert, voici les propos que ce prince entendit : Sire, disait d’Aubigné, est-il donc vrai que l’esprit de Dieu travaille et habile encore en vous ?

1075. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Ceci doit être dit pour la consolation des honnêtes gens et pour l’encouragement de la jeunesse à suivre le droit chemin. […] » Ce mot opéra sur-le-champ un profond silence, et fut suivi de preuves universelles de bonté. […] Son jugement sur les choses publiques en est affecté et va changer dès lors de point de vue : lui qui jusque-là considérait la Révolution comme une sorte de grand chemin uni où l’on n’avait qu’à marcher droit en se tenant, il croira, à dater de ce moment, à je ne sais quel moteur invisible et qu’il ne désigne pas ; il lui attribuera toutes les fausses nouvelles, les craintes, les défiances, ce qui corrompra et dénaturera désormais la liberté : « Pour avoir tissu et suivi ce plan abominable, il faut, disait-il, et un esprit profond et beaucoup d’argent.

1076. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

On ne doit jamais faire deux pas à la fois ; et il faut s’arrêter dès qu’on ne se voit pas suivi de la multitude. […] Elle n’ose jamais procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire : on voit toujours venir d’abord un nominatif substantif qui mène son adjectif comme par la main ; son verbe ne manque pas de marcher derrière, suivi d’un adverbe qui ne souffre rien entre deux ; et le régime appelle aussitôt un accusatif, qui ne peut jamais se déplacer. […] Ce sentier, non frayé jusque-là, consiste à se jeter tout à fait du côté des anciens, à suivre de près Pindare, Horace ; il met son orgueil à les reproduire, à se modeler sur eux.

1077. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ce fils probe et déjà poli, qui hérite et qui répand de l’éclat sur sa maison, était suivi d’un fils grave et digne encore, ou souvent aussi trop poli et déjà corrompu, de quelque brillant marquis, homme à la mode et qui se dissipait. […] Sa perspicacité ne devance point les temps, et, ce qui devient une qualité chez un témoin, il ne se presse point sur les événements, il suit toutes les vicissitudes et les fluctuations des choses, il passe lui-même par les états successifs de l’opinion et nous traduit au naturel l’inconséquence de beaucoup d’honnêtes gens. […] Je n’y puis entrer ici, et je me bornerai à dire que nulle part on ne suit mieux les variations successives et les altérations de l’esprit public durant ces premières années de la régence.

1078. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

La réaction pourtant, qui a suivi la mort de Béranger, a tout dépassé ; elle avait son principe dans bien des causes. […] Il avait mis les autres en train, c’était bien le moins qu’il les suivît, il fit donc comme le peuple et fit bien. […] Il ne faut ‘ point être catin ni bégueule. » Puis, ce sont d’autres, cas de conscience : il suivrait la route directement opposée à celle de ses devanciers ; il serait dans un esprit contraire à celui de la feuille même (une feuille ultra-royaliste alors) à laquelle il travaillerait ; « Pour moi, Voltaire serait un modèle, au moins souvent, et Chénier une autorité.

1079. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Suivez le parallèle. […] Il eut le mérite cependant de suivre un des mouvements de l’époque, et d’introduire pour sa part des commencements de littérature étrangère et comparée ; il apprécia et traduisit le Paradis perdu de Milton : quant à comprendre l’œuvre de Dante, il y échoua ; le contraire eût été trop fort pour son siècle et pour son esprit. […] Il éprouva, dans les années qui suivirent, un chagrin mortel.

1080. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Deleyre, né en 1726 et de quatorze ans plus jeune que lui, le suivait d’assez près en tout ; il n’était pas seulement le plus passionné de ses disciples, c’était en quelque sorte un Rousseau en second, un Rousseau affaibli, non affadi, nullement copiste, bien naturel, bien sincère, — j’allais dire, plus sincère quelquefois que l’autre. — Je repasse sur les traits de ressemblance. […] Tel qu’il apparaît jusque dans son incomplet, et tout mal servi qu’il était par l’instrument insuffisant de la langue poétique d’alors, par cette versification solennelle qui, dans le noble, excluait les trois quarts des mots, presque toutes les particularités de la vie et tous les accidents de l’existence réelle, ce poète en Ducis éclatait assez pour se donner à tout instant la joie de l’air libre et de la grande carrière, tandis que le pauvre Deleyre avec son expression hésitante, ses nuances exquises, suivies d’empêchement et de mutisme, n’était qu’un malade, un romantique venu avant l’heure et cherchant sa langue. […] Vous n’avez sûrement pas oublié nos châtaigniers sauvages, nos petits fonds riants et frais entourés de bois et cachés à tous les regards citadins ; notre l’Étang-la-Ville, si bien fait pour une fête de campagne ; notre La Celle, notre Bougival, avec son clocher qui paraît une borne, et tous ces environs qui sont pleins de variété, de charme et d’abondance : voilà les images qui doivent vous suivre. » Puis la réflexion morale toujours : « Mon Dieu !

1081. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Montesquieu l’a imité et suivi, mais de trop haut et comme un philosophe qui n’est pas assez médecin de son métier ni assez naturaliste. […] Il se mit donc, durant trois années, à pousser l’analyse mathématique (moins pourtant qu’il n’aurait voulu), et à suivre assidûment les cours de l’École de médecine, en y joignant ceux du Muséum17. […] Une grande et solide partie des jours ne s’est point passée pour eux, comme pour ceux des générations antérieures, dans les regrets stériles, dans les vagues désirs de l’attente, dans les mélancolies et les langueurs qui suivent le plaisir.

1082. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Chaque nom, dans le rapport, était suivi d’un signalement, d’une note marquant les avantages et les inconvénients. […] Son caractère moral en résulta et se forma en conséquence : l’observateur philosophe qui avait chevauché pendant tant d’années à ses côtés, en a démêlé et nous en fait suivre à merveille tous les tours, les déguisements et les replis : « Cet homme, toujours subjugué, était toujours tourmenté parla crainte de l’être ; cette disposition influa constamment sur la conduite qu’il eut avec ses ministres. […] Elle n’avait que l’âme douce, elle n’avait point un grand cœur ; elle avait des vertus, elle ne manquait même pas d’un certain agrément : mais cela n’allait pas jusqu’au charme ; elle en était loin, et l’empire qui ne suit pas toujours la royauté ne lui vint jamais.

1083. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Ce point donné, tous les autres suivent, pour peu qu’on soit logique et conséquent. […] Je ne suivrai pas M.  […] si la personne atteinte d’un mal lent et mortel lui est particulièrement chère, il suit la mort dans ses progrès, il la voit venir à coup sûr, fatale, irrémédiable ; il sait le néant des illusions, des espérances ; il ne manque cependant à aucun des soins, à aucune des sollicitudes, tout en sachant et en se prédisant presque à heure fixe, et montre en main, le terme funèbre que tous ses soins ne reculeront pas.

1084. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Combien, en face d’un tel jouteur, une ou deux défaites même, suivies de glorieuses revanches, l’eussent grandi ! […] En un mot, le comte Vitzthum ne laisse rien perdre de l’influence manifeste ou secrète du maréchal de Saxe ; mais certainement il exagère, au moins dans l’expression, lorsqu’il semble donner à entendre que Maurice, dans ces circonstances et dans les mois qui suivirent, parla en maître, que la paix et la guerre dépendaient de lui, qu’il gouvernait à cette heure la France, qu’il fit son coup d’État (les mots y sont). […] Sa vraie situation, au reste, est excellemment définie par les mots qui suivent : « Le roi, qui est sage et qui a plus de judiciaire qu’eux tous, voit ce qui en est et ne sait quel parti prendre, car nous avons de la gloire.

1085. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

L’ayant suivi dans ses phases précédentes, avec étonnement de bonne heure, avec admiration bien longtemps, et en y joignant sympathie plus tard, selon qu’il nous semblait se plus rapprocher, pour les illuminer, de certaines idées de notre sphère, nous avons été en ces moments jusqu’à dire qu’il y avait dans son entier développement une courbe aussi vaste que réelle et régulière. […] En attendant, il y avait émotion, et pour moi complicité irrésistible, je l’avoue, à suivre jusque dans ses infractions partielles ce Savonarole de nos jours, ainsi que l’a appelé M. d’Eckstein, à écouter ses menaces pleines de prières et ses invectives mêlées d’un zèle tendre. […] Le talent, ce don, cet instrument un peu particulier et qui ne suit pas nécessairement la loi de la vérité intérieure, a gagné chez M. de La Mennais en souplesse, en variété, en grâce et en coloris, sans perdre en force, à mesure que sa rigueur de foi a été davantage ébranlée.

1086. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

On sait que dans cette théorie, on explique toutes les propriétés des gaz par une hypothèse simple ; on suppose que toutes les molécules gazeuses se meuvent en tous sens avec de grandes vitesses et qu’elles suivent des trajectoires rectilignes qui ne sont troublées que quand une molécule passe très près des parois du vase ou d’une autre molécule. Les effets que nos sens grossiers nous permettent d’observer sont les effets moyens, et dans ces moyennes, les grands écarts se compensent, ou tout au moins il est très improbable qu’ils ne se compensent pas ; de sorte que les phénomènes observables suivent des lois simples, telles que celle de Mariotte ou de Gay-Lussac. […] Leurs molécules suivent des trajectoires rigides, dont elles ne s’écartent que sous l’influence de forces qui varient avec la distance suivant une loi parfaitement déterminée.

1087. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

C’est en 1864 que le traité de Vienne consacre sa maîtrise, bientôt suivi par la victoire de Sadowa (1866), premier coup de tonnerre de l’orage qui s’amasse à nos frontières et dont les esprits clairvoyants prennent un juste sujet d’alarmes. […] Dès lors s’ouvre une ère d’agitations, d’attentats, de procès dont nous pouvons relever comme suit les dates saillantes : 1879. — Fondation du Révolté de Kropotkine. […] Au surplus les considérations qui suivent ne s’appliquent guère qu’à une minuscule fraction de l’élite, dès parvenus et des intellectuels.

1088. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mais un autre poète, l’un de ceux qui ont suivi avec le plus d’attention et avec le plus de révérence la leçon de Mallarmé, M.  […] Paul Valéry, croyant suivre Mallarmé, se soit égaré dans son propre rêve et n’ait réussi qu’à se traduire lui-même, mais son cantique méritait d’être reproduit. […] C’est le caractère que présageait à ses débuts Gustave Kahn, lorsqu’il parlait : Des mardis soirs de Mallarmé suivis avec tant de recueillement qu’on eût dit vraiment, dans le bon sens du mot, une chapelle à son quatrième de la rue de Rome… Oui, on eût cru, à certains soirs, être dans une de ces églises, au cinquième ou au fond d’une cour, où la manne d’une religion nouvelle était communiquée à des adeptes.

1089. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Faut-il un exemple des effets littéraires dont peut être suivie une de ces convulsions de la nature que l’homme ne sait ni prévoir ni prévenir ? […] Tournée vers le couchant, elle semble suivre des yeux et du cœur le soleil qui plonge dans les abîmes de la mer et les vieilles choses qui s’enfoncent dans la nuit du passé. […] On peut suivre l’effet de ces excitations sur une femme claquemurée dans la banalité d’une petite ville de province, dans l’uniformité d’une vie casanière : Mme Bovary rêve de voitures qui l’emportent, au galop de quatre chevaux, vers de vagues pays à noms sonores. « Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. » Le rêve que raille le romancier, il le fait pour son propre compte, et il le réalisera en partie, quand il parcourra l’Egypte ou l’Espagne.

1090. (1886) De la littérature comparée

Marc Monnier a signalé — après les avoir résolues — les difficultés d’un enseignement aussi vaste que celui de la littérature comparée : « Mener toutes les littératures de front, a-t-il dit ; montrer à chaque pas l’action des unes sur les autres ; suivre ainsi, non plus seulement en deçà ou au-delà de telle frontière, mais partout à la fois, les mouvements de la pensée et de l’art, cela paraît ambitieux et difficile... » Il a pu ajouter : « On y arrive cependant, à force de vivre dans son sujet qui petit à petit se débrouille, s’allège, s’égaie... » Mais ce qu’il n’a pas dit, ce sont les rares qualités d’esprit qui lui ont permis d’accomplir un tel travail et de le perfectionner d’année en année : une érudition qui s’élargissait sans cesse ; un sens critique habile à choisir entre la masse des documents les plus propres à marquer la physionomie d’un homme ou d’une époque, ou à dégager les caractères essentiels d’une œuvre ; une intelligence si enjouée qu’elle a pu, pour conserver son expression, « égayer » cette grave étude de l’histoire littéraire, si alerte, que d’heureuses échappées dans tous les domaines, elle a su rapporter des œuvres également distinguées. […] il le compare à ses contemporains, à ceux sur lesquels il a exercé une action, à ceux qui s’y sont soustraits, à ceux qui ont suivi le même courant, à ceux qui l’ont remonté. […] Mais avec la méthode historique et psychologique, le problème est tout autre : il s’agit de rattacher le cours à quelque idée générale, de s’en servir pour arriver à la démonstration de quelqu’une de ces lois que la pensée moderne s’efforce de préciser, ou tout au moins pour suivre dans ses diverses phases un grand mouvement intellectuel.

1091. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Rien n’est plus largement présenté, plus clair, plus circonstancié que cette bataille de Froissart, mieux suivi dans les moindres épisodes en même temps que nettement posé dans l’ensemble, et couronné par une scène tout héroïque. On suit à la fois distinctement le plan général comme dans une relation moderne, et chaque duel singulier comme dans un combat de l’Iliade. […] C’est le côté le plus sérieux et le plus nouveau par où il a mérité d’être le bréviaire des hommes d’État qui ont suivi.

1092. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Si Duhamel invente un appareil pour le dessèchement des grains, et s’il place cet appareil dans une tour qu’il surmonte d’ailes toutes semblables à celles d’un moulin à vent, Vicq d’Azyr y verra « un monument élevé par le patriotisme, vraiment digne de décorer la maison d’un philosophe, et bien différent de ces tours antiques… » Suit une petite sortie contre les tours gothiques et féodales. […] La Révolution, qui le surprit quand il avait vingt ans, coupa sa carrière : il était élève en médecine, il devint soldat ; il redevint élève après la Terreur, et suivit à Paris les cours de toute espèce qui signalèrent la renaissance confuse de cette époque de l’an iii. […] Âgé de huit ans, on l’envoya sur une voiture de roulier à Nantes, chez un oncle perruquier ; il suivit les écoles primaires.

1093. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

M. de Lamartine suit dans cette Histoire la division par livres, et les livres sont divisés eux-mêmes, non par chapitres (ce mot est trop vulgaire), mais par chiffres, par nombres, par ces espèces de couplets épiques qui sont si à la mode aujourd’hui. […] Lainé : c’était lui, sous la Restauration, qu’il ambitionnait de suivre, au temps de cette politique noble encore, élevée, royaliste et assez indépendante, d’une inspiration généreuse et sentimentale. […] On s’étonne de le voir refaire le plan de campagne de Napoléon, lui en dicter un autre, regretter qu’il ne l’ait pas suivi, et rabaisser, autant qu’il est en lui, les miracles de cette fin glorieuse.

1094. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Sa cécité presque absolue le mettait dans l’impossibilité de lire et d’écrire : il n’en suivait pas moins tous les mouvements de l’assemblée, maintenait l’ordre avec fermeté, et, connaissant la place de chaque membre dont il distinguait merveilleusement le son de voix, il ne commettait jamais la moindre erreur en accordant ou refusant la parole. […] Occupé chaque fois d’une idée dominante, il offrait par places des entêtements invincibles et aussi durs que ses rochers d’Auvergne ou que les pierres de ses volcans ; il assemblait en lui les contraires et les faisait bruyamment s’entre-heurter, tandis que Portalis, son opposé naturel, est lucide, enchaîné, suivi, développé, accueillant et conciliant. […] Il échappa aux discussions pénibles qui suivirent bientôt et qui mirent si fatalement aux prises, dans un duel scandaleux, ce pouvoir impérial et cette puissance ecclésiastique qu’il avait tout fait pour concilier.

1095. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Est-ce là la méthode suivie par l’auteur ? […] Le fou est absolument incapable d’attention, il est subjugué par les idées qui l’occupent et par son imagination ; il ne peut changer les rapports de ces idées entre elles ; il ne peut suivre la trace d’une vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes-. […] Mais cela ne prouverait pas que le génie, c’est-à-dire l’usage normal des fonctions cérébrales, suit une maladie du cerveau.

1096. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Tolain qui, après avoir longtemps discuté la valeur du culte du Sacré-Cœur, et devant les explosions de colère que cette sacrilège dissection du viscère divin provoqua sur les bancs de la droite, ne put qu’ajouter : « S’il était permis, s’il était possible de caractériser d’un mot la ligne politique que vous suivez, — je dirais que c’est la ligne politique des Jésuites et de Loyola !  […] Par ce vote l’Assemblée engageait la nation dans la voix la plus néfaste qu’elle pût suivre. […] Il leur pardonnera leur ingratitude s’ils veulent encore le suivre, car il est la seule vérité et il veut leur bien.

1097. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 380

Les compilateurs de cette trempe ont moins travaillé pour le Public, que pour les Ecrivains destinés à les suivre, & à refondre, dans des Histoires plus élégantes & plus polies, les matériaux qu’ils ont péniblement recueillis.

1098. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

» Vous feuilletez les pages qui précèdent et qui suivent cette profession de foi. […] Il est permis de regretter que dans la Morte il n’ait pas suivi la même méthode, et cela, même à son point de vue. […] Il suit de là que l’évidence du lien entre les effets et les causes ne s’impose pas à nous. […] Il fut suivi d’un autre, non moins douloureux. […] Nul doute que Pascal n’eût suivi la même voie s’il eût nié la liberté.

1099. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Taine ne suivait pas logiquement sa méthode en ce point. […] Toute la maison suit le mouvement. […] Aussi ses livres, sans rien nous dire de sa vie, suivent sa vie. […] Les événements suivent leur cours, comme font les étudiants appliqués. […] France suive sa nature.

1100. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il n’y a à Athènes aucun plan suivi de gouvernement, aucune idée directrice, même fausse. […] En Grèce, avant Platon on avait toujours procédé ainsi qu’il suit. […] On peut se figurer Dieu ainsi qu’il suit. […] Cela me paraît s’en suivre nécessairement. […] D’où il suit que la voyez-vous, votre rhétorique ?

1101. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lautrec, Gabriel de (1867-1938) »

Il est un poète et un créateur de visions ; on a un charme infini à suivre ses romanesques fantaisies.

1102. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 481

Celui du Belier sur-tout est recommandable par des critiques pleines de finesse, & par un précepte donné, sans air de prétention, aux Gens de Lettres : Belier, mon ami, je t’en prie, commence par le commencement, On lui attribue les Mémoires du Comte de Grammont, qui sont très-bien écrits, & qu’on peut proposer comme un modèle à suivre dans ces sortes de Productions.

1103. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 519

Il a suivi la même méthode dans sa Traduction du Traité des vertus & des récompenses, publié par M. le Marquis Dragonetti, pour servir de suite au fameux Traité des délits & des peines de M. le Marquis de Beccaria.

1104. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface de « L’Homme qui rit » (1869) »

Un autre livre, qui suivra, pourra être intitulé la Monarchie.

1105. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Les plus indépendants, Descartes en tête, « seraient bien marris » d’être confondus avec ces spéculatifs chimériques qui, au lieu de suivre la grande route frayée par l’usage, se lancent à l’aveugle, en ligne droite, « à travers les montagnes et les précipices ». […] Parce que nous les acceptons de confiance, elles n’en sont pas moins saintes, et elles n’en deviennent que plus saintes lorsque, soumises à l’examen et suivies à travers l’histoire, elles se révèlent à nous comme la force secrète qui, d’un troupeau de brutes, a fait une société d’hommes  En général, plus un usage est universel et ancien, plus il est fondé sur des motifs profonds, motifs de physiologie, d’hygiène, de prévoyance sociale. […] Elle trouvait plus court et plus commode de suivre sa pente originelle, de fermer les yeux sur l’homme réel, de rentrer dans son magasin de notions courantes, d’en tirer la notion de l’homme en général, et de bâtir là-dessus dans les espaces  Par cet aveuglement naturel et définitif, elle cesse de voir les racines antiques et vivantes des institutions contemporaines ; ne les voyant plus, elle nie qu’il y en ait. […] Arrêtons-nous ici ; ce n’est pas la peine de suivre les enfants perdus du parti, Naigeon et Sylvain Maréchal, Mably et Morelly, les fanatiques qui érigent l’athéisme en dogme obligatoire et en devoir supérieur, les socialistes qui, pour supprimer l’égoïsme, proposent la communauté des biens et fondent une république où tout homme qui voudra rétablir « la détestable propriété » sera déclaré ennemi de l’humanité, traité « en fou furieux » et pour la vie renfermé dans un cachot. Il suffit d’avoir suivi les corps d’armée et les grands sièges. — Avec des engins différents et des tactiques contraires, les diverses attaques ont abouti au même effet.

1106. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Madame de Marcellus, extrêmement jeune encore, suivit son mari, plus grave et plus mûr, dans les cours d’Italie. […] On suit ce jeune homme d’île en île, d’écueil en écueil, de continent en continent, de surprise en surprise, Homère à la main, de Byzance en Égypte, d’Égypte en Syrie, de Syrie en Palestine, de Palestine à Jérusalem, de Jérusalem à la mer Morte, de Jéricho à Chypre, de Chypre à Scio et aux montagnes de l’Albanie. […] XXXV « Je suivis mon étrange guide dans l’intérieur du harem, c’est ainsi que lady Stanhope, s’identifiant avec le sexe dont elle empruntait les habits, appelait son appartement intime. […] Pitt avait eu à se plaindre gravement de sir Joseph Banks, et le prince-régent voulut un jour m’engager à le suivre chez le compagnon de Cook qu’il allait voir. — Jamais, répondis-je, Esther Stanhope ne verra sir Joseph Banks ; un homme qui trahit son ami est capable de trahir son roi. […] XXXVI « “Incertaine de sa mort, j’envoyai, continua-t-elle, un courrier monté sur un dromadaire, pour suivre ses traces et avoir de ses nouvelles.

1107. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

J’ai été comme ébloui ; j’ai cru sentir la voûte du ciel s’écrouler sur moi, le plancher manquer sous mes pieds, le soleil et la nuit se confondre et entrer pêle-mêle, comme sous un coup de marteau, dans ma tête ; je n’ai pas eu le temps de respirer, j’étais essoufflé, ou plutôt il m’a semblé que j’étais poussé par une main puissante à travers des espaces incommensurables, tantôt répugnants, tantôt délicieux, tantôt par force, tantôt par plaisir ; ici affreuse stérilité, là fécondité prodigieuse, hurlements affreux d’un côté, musique caressante de l’autre ; allant où je ne voulais pas aller, m’arrêtant où je ne voulais pas m’arrêter, mais allant toujours, comme si la poigne du Juif errant m’eût déraciné de terre pour me contraindre à le suivre jusqu’en enfer ; en un mot, Monsieur, ce livre m’a souvent révolté, toujours entraîné, et je suis arrivé au bout en maudissant la route ; mais, comme la roue précipitée sur une pente d’abîmes où il lui est impossible de s’arrêter, j’étais moulu quand j’ai été au fond. […] Elle n’y a gagné que l’horreur qui suit le massacre des prisonniers vaincus dans tous les temps, dans toutes les causes, dans toutes les nations du monde ! […] Mais les plus grands poètes et les plus éloquents écrivains des siècles qui suivront tes crimes en feront des vertus, et proclameront la sainteté du supplice infligé par toi à tes ennemis !  […] Je n’ai pas besoin de ces procédés vulgaires : je suis moi, j’ai mon talisman en main, j’ai mes ailes au talon, je vais où je veux ; qui m’aime me suive ! » XIII Et on le suit, car, si on n’est pas attaché, on est entraîné, on est étonné, on est ébloui.

1108. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ou retrouve les traces de cette aversion dans une lettre curieuse de Diane de Poitiers communiquée en autographe à l’historien de Marie-Stuart que nous suivons : « À madame ma bonne amie madame de Montaigu. […] Ne pouvant la suivre en Écosse à cause de ses charges, il voulut y être perpétuellement représenté par un jeune gentilhomme de sa maison, du Chatelard, afin d’être entretenu sans cesse par ce correspondant des moindres événements et, pour ainsi dire, de la respiration même de son idole ; du Chatelard, pour son malheur, était lui-même amoureux jusqu’au délire de celle auprès de qui il allait représenter un autre amour. […] Il y fut suivi. […] On avertit en vain Darnley du danger qu’il court en suivant la reine à Craig Millur, au milieu d’un congrès de ses ennemis ; il répond que le séjour lui paraît en effet étrange, mais qu’il suivra la reine qu’il adore jusqu’au trépas ; la reine le devance en attendant qu’il soit rétabli, prolonge avec lui les plus tendres adieux et lui passe au doigt un anneau précieux, gage de réconciliation et d’amour. […] Darnley la suit de près ; sous prétexte de ménager sa convalescence, on lui prépare un appartement solitaire dans une petite maison de plaisance, isolée, dans la campagne voisine d’Holyrood, nommée Kirts-Oldfield.

1109. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

On agit selon une règle, on exige des autres qu’ils suivent une règle tirée d’une morale différente. […] D’une génération à celle qui la suit, si certains grands principes subsistent, une foule d’applications, d’habitudes particulières, d’appréciations, changent au point de séparer parfois assez profondément les parents et les enfants. […] Dans le doute on peut s’en rapporter à un principe éprouvé déjà, au risque de le suivre hors de son domaine. […] Une vertu exagérée est un exemple à suivre de loin, d’autant plus efficace, peut-être, qu’il aura été excessif. Saint François, plus raisonnable, eût été moins suivi.

1110. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Que l’amant meure d’amour… plusieurs fois et envoie à son amante ces adieux éplorés : « Dites-lui que mon dernier soupir sera pour elle, qu’en expirant je prononcerai son nom, que son image adorée me suivra jusque dans la tombe. », ce qui n’est pas trop mal rédigé pour un berger : Que des torrents de larmes arrosent les prairies et gonflent les ruisseaux ; car, comme le dit un poète compatissant : Ainsi toujours les cœurs sensibles Sont nés pour être malheureux. […] Celui qui suit les conseils de la première écrit, écrit, écrit, compile, compile, compile ; il arrive ainsi à se faire bon an mal an une jolie rente, et il offre alors ce contraste paradoxal d’être souvent l’auteur de trente ou quarante ouvrages et d’être à peu près nul et non avenu pour l’histoire de la littérature. […] Ils allaient être suivis de bien d’autres. […] Quoique la condition matérielle des ouvriers de la pensée se soit certainement élevée du moyen âge à nos jours, et d’un mouvement presque constant, ces contrastes fréquents, ordinaires même, d’opulence et de gueuserie ne permettent guère de suivre avec précision les phases par où elle a passé. […] Le journaliste n’a que le choix entre deux partis : Ou bien obéir, courber la tête, suivre docilement ces variations, se résigner au rôle nourrissant et modeste de machine à écrire ; ou bien s’en aller chercher dans une autre feuille un gagne-pain qui sera aussi précaire, à moins qu’il ne se dégoûte pour jamais d’une profession où la pensée est sous le faix d’un pareil joug.

1111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

La seule maniere d’y répondre, sans descendre au niveau de ses adversaires, c’est lorsque l’Ecrivain attaqué, s’occupant moins de sa propre cause que de l’intérêt des vérités qu’il défend, cite au tribunal de la raison & de la décence les passions qui le combattent, les suit dans leurs détours, met en évidence leurs bassesses, leur perversité, tire de leurs travers & de leurs excès, de nouvelles lumieres, de nouvelles preuves, &, par un nouveau genre de sacrifice, immole à l’instruction publique les dégoûts de sa propre justification. […] Que ces Lettres mutilées, défigurées, & défrancisées (si l'on peut hasarder ce mot), par la malignité la plus coupable, font partie d'une Correspondance littéraire & suivie que j'ai eue avec un Seigneur de la Cour de Turin : 2°. […] Son nom l'auroit infailliblement suivi dans le tombeau, si mes Ennemis ne s'en étoient servis pour me persécuter. […] Si, dans les Sciences, le Grand Homme, est celui-là seul qui a un caractere décidé, des principes fixes, un systême suivi de raison ou d'idées ; qui osera soutenir que M. de Voltaire mérite ce titre ? […] Cette Lettre & celle qui suit ont été publiées dans l’Année Littéraire.

1112. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Si le son du tonnerre suit l’éclair, dépend-il de moi d’entendre le son avant l’éclair ? […] Si le caractère sensitif de la ressemblance est voilé, c’est précisément parce que le sentiment de la ressemblance présuppose deux différences antérieures neutralisées : sans se confondre avec cette neutralisation même, il se rapproche pourtant davantage d’un état neutre où la vie suit son cours monotone. […] Si je regarde un carré, il y a dans les impressions mêmes qu’il produit, dans les résidus de ces impressions au sein de ma conscience, dans l’intensité de ces impressions, dans la réaction motrice qui suit ces impressions, dans l’intensité et dans la durée de cette réaction, dans les résidus qu’elle laisse elle-même, enfin dans l’intérêt que peuvent offrir ces résidus et dans l’attention qui en résulte, il y a là, dis-je, tous les éléments nécessaires pour produire un sentiment d’égalité, de répétition symétrique. […] L’être chez qui des mouvements différents ne suivraient pas des représentations différentes, cet être, fût-il possible, disparaîtrait de la terre. […] Examinons maintenant la méthode générale que suit la pensée pour résoudre ce problème et les autres qui s’y rattachent.

1113. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Aussi me hâté-je de reconnaître le défaut de recul ainsi que maintes lacunes inévitables dans les réflexions qui vont suivre. […] À côté des tableaux dont nous sommes frappés, nous pouvons suivre dans ces romans une analyse compréhensive et serrée de l’âme et de l’esprit militaires. […] Bourget a voulu établir, d’après Bonald et d’après toute l’école traditionaliste, la nécessité des règles à suivre dans l’ascension sociale qui mène les classes inférieures jusqu’au sommet, ainsi que le danger des transferts de castes trop brusques, opérés sans maturité suffisante. […] Paul Bourget a lui-même caractérisé et résumé comme suit le sujet de ce dernier livre : « Une opposition radicale entre deux consciences d’époux est toujours pénible. […] Marcel Schwob s’exprimait comme suit : « Je disais tout à l’heure que je faisais aux romancières une place à part.

1114. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Suivons le progrès insensible par lequel il fait grandir ses pantins, les anime, et les amène à cet état d’indécision finale où, sans cesser d’être des pantins, ils sont pourtant devenus des hommes. […] Négligez cet arrangement, vous abandonnez le seul fil conducteur qui puisse vous guider dans le labyrinthe du comique, et la règle que vous aurez suivie, applicable peut-être à quelques cas convenablement choisis, reste exposée à la mauvaise rencontre du premier exemple venu qui l’anéantira. […] Mais suivre la méthode inverse, chercher directement la formule de l’esprit, c’est aller à un échec certain. […] Mais cette comparaison du spirituel et du comique nous indique en même temps la marche à suivre pour l’étude du comique de mots. […] Ainsi qu’il fallait s’y attendre, et comme on a pu voir par ce qui précède, le comique de mots suit de près le comique de situation et vient se perdre, avec ce dernier genre de comique lui-même, dans le comique de caractère.

1115. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Busquet, Alfred (1819-1883) »

Il n’a pas tenté de fondre en une seule nuance les couleurs des différents drapeaux ; il a toujours été lui-même, et étant tour à tour celui-ci et celui-là, il a suivi la fantaisie et obéi à l’inspiration du moment.

1116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 255

Quand on entreprend de suivre une carriere tracée par un Ecrivain justement célebre, on ne devroit pas ignorer qu’il faut, avant toutes choses, être doué du même discernement, & avoir de l’érudition, de la méthode, & du style.

1117. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 138

C’est à la faveur de cette Traduction que les Prédicateurs, qui l’ont suivi, se sont crus autorisés à puiser, dans cet Orateur, plusieurs beaux traits admirés ensuite dans leurs Discours.

1118. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 65

Ces imitations sont suivies de quelques Odes sur les événemens les plus célebres du regne de Louis XV, où, parmi des beautés sublimes, on rencontre des négligences & même des défauts que l'Auteur auroit évités, s'il eût consulté des amis éclairés & séveres.

1119. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

C’est en rendant compte de ces volumes précieux, recueillis avec la plus scrupuleuse piété d’une famille pour une vénérable mémoire, qu’il nous sera aisé de suivre et de faire sentir les lignes principales, les traits composants d’un caractère toujours divers, si simple qu’il soit et si uniforme qu’il paraisse. […] Sans prétendre suivre en détail La Fayette dans son personnage politique à dater de 89, j’aurai pourtant à parcourir ses Mémoires pour l’appréciation de quelques-uns de ses actes, pour le relevé de quelques-uns de ses portraits anecdotiques ou de ses jugements. […] Quant aux reproches en sens opposé, et pour avoir défendu la Constitution et la royauté de 91 contre les émeutes, ils ne s’adressent pas à la moralité de La Fayette, qui ne faisait que suivre entre la cour infidèle et les factions orageuses la ligne étroite de son serment. […] » La Fayette n’a pas de peine à faire ressortir les contradictions de conduite en sens divers de Mounier et des anglicans, de madame Roland et des girondins ; en général, toutes les contradictions et les inconséquences des divers personnages qui n’ont pas suivi sa ligne exacte sont parfaitement démêlées par lui, et rapprochées avec une modération de ton qui n’exclut pas le piquant. […] Il ne s’ouvrait qu’à ceux dont il se savait compris : dès qu’il s’était aperçu qu’on ne le suivait pas, qu’on ne l’entendait pas, il se refermait, et c’en était fait pour la vie.

1120. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Le naturalisme y coule à pleins bords, si cette conviction le remplit que tous les maux de l’humanité ne viennent que de ne pas suivre d’assez près, et assez fidèlement, la nature. […] Mais quand on commença de voir de quelle corruption générale des mœurs cet orgueilleux élan était suivi, quand on comprit que ce que la philosophie de la nature mettait en péril, c’était en un certain sens le fondement même de la société des hommes, il sembla que ce fût payer trop cher les miracles de l’art ; — et la Réforme éclata. […] Ils ont compris qu’il fallait choisir, devenir Allemands ou rester Latins, suivre dans ses voies l’humanisme ou donner le pas sur toutes les autres aux préoccupations morales ; et de ce conflit est résultée la différenciation des littératures du Nord et des littératures du Midi. […] Elles sont deux : l’italienne d’abord, qui, sous le long règne de la mère de trois rois, s’est étendue de la littérature à la langue, et de la langue aux mœurs ; et en second lieu l’espagnole, dont le progrès dans l’Europe entière a suivi les progrès de la politique ou des armes de Charles-Quint et de Philippe II. […] Voyons-la maintenant à l’œuvre et suivons-en le développement.

1121. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Aujourd’hui qu’on annonce ses œuvres complètes, on publie un premier volume qui ne donne pas un grand appétit pour ceux qui vont suivre. […] Mais j’examinerai encore Diderot comme métaphysicien, conteur, historien, romancier, auteur dramatique, critique d’art ou de moeurs ; bref, je le suivrai dans toutes les directions qu’il a données à sa pensée. […] L’opinion moderne, reconnaissante, probablement, de ce qu’il avait travaillé à la destruction de l’autorité religieuse et politique, l’accepta beaucoup trop sur le pied où il se donna d’un homme de génie, et la Critique, si basse souvent, suivit l’opinion, au lieu de la conduire. […] ne furent pas repris, si ce n’est le Père de famille, dont La Harpe a dit qu’il « n’y a pas de pièces aussi peu suivies », et qui fut, nonobstant, joué jusqu’en 1833, pour définitivement disparaître. […] Ses hautes prétentions de créateur avortèrent, et il data même l’ère des avortements qui suivirent les siens, car, au théâtre, le Romantisme, qui reprit plus ou moins les idées de Diderot, n’a pas été plus fécond que lui ni plus neuf.

1122. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 470-471

Cet Ouvrage, qui n’a fait aucune impression dans le Public, méritoit d’être mieux accueilli ; l’idée en est neuve, le plan bien suivi ; les pensées & les vûes sont pleines de philosophie.

1123. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Avant-propos »

Le second volume comprendra les essais relatifs à la méthode, avec une introduction qui indiquera les origines de cette méthode et la marche suivie dans les applications.

1124. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

L’Angleterre ne nous suivait que de loin. […] L’Écosse a suivi l’exemple du Danemark : à Édimbourg, Bennett ne conservera au semestre prochain que sa chaire d’anatomie, la physiologie formera un enseignement séparé. […] Cette nécessité sera comprise par tous ceux qui suivent dans sa marche quotidienne le développement de la physiologie. […] Le végétal comme l’animal absorbe de l’oxygène, exhale de l’acide carbonique et produit de la chaleur ; le fait n’est pas douteux lorsque l’on suit la germination des graines. […] Cette division nous servira de cadre dans les leçons qui vont suivre.

1125. (1929) La société des grands esprits

Calamités toujours provisoires, toujours suivies de renaissances, mais que de dégâts, d’angoisses et de retardements ! […] Le stupéfiant est que nos politiciens radicaux suivent de pareils docteurs. […] D’où il suit que, contrairement à l’opinion de Pater, le premier des arts n’est pas la musique, mais la poésie. […] Il n’en était rien, et l’édition de 1635, souvent suivie dans de nombreuses réimpressions, est encore plus altérée. […] Le régime moderne a voulu suivre les vues de ce grand homme, et les a réalisées au moins en partie.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Ses mémoires sont un peu vagues sur ce point et ne suivent pas les événements d’assez près. […] Les lettres qu’on a de Goethe, adressées à Kesfner pendant les mois qui suivent l’instant de la séparation, nous le prouvent aussi, tout en nous donnant assez bien la mesure de cette espèce de culte d’imagination et de tendresse idéale, mystique, pourtant domestique et familière, mêlée de détails du coin du feu. […] Pour revenir à la correspondance de Goethe avec les époux Kestner, dont le mariage se fit en avril 1773, on y suit assez bien les traces du projet et de la composition, jusqu’au moment où toute la pensée prend flamme. […] Une autre conclusion également imprévue qui s’y rattache, c’est que dans l’année qui suivit celle de la publication de Werther, Goethe devint l’ami du jeune duc de Saxe-Weimar, et bientôt son principal conseiller, son ministre.

1127. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Nous les suivons de l’œil, pendant quelque temps, sur cette mer où nous les avons embarqués dans le meilleur vaisseau possible : ce vaisseau disparaît à nos yeux, et nous les accompagnons de nos vœux, du fond de nos tristes retraites qu’ils oublient aisément. […] mon cher ami, reposons toujours notre tête fatiguée sur ce chevet d’une bonne conscience ; si nous l’arrosons de quelques larmes, ces larmes du moins n’auront rien d’amer. » Un des mérites de Ducis est d’avoir devancé sur bien des points l’école qui a suivi, et, en même temps que des paroles antiques, d’avoir eu des accents précurseurs. […] Mais ce n’est point une doctrine suivie et un trop exact raisonnement qu’on doit chercher dans la familiarité du vieux poète : ce sont des sentiments, un souffle moral élevé, des éclats d’imagination antique et jeune à la fois, de grandes paroles ; et elles ne font faute jusqu’à la fin sous sa plume et sur ses lèvres ; elles abondent de plus en plus avec les années, comme les flocons de neige dont parle Homère et auxquels il compare les paroles tombantes de Nestor. […] Pendant toutes les années qui suivent, Ducis ne pense plus qu’à cacher sa vie : Qui bene latuit, bene vixit, c’est sa devise ; il la traduit et la retraduit sur tous les tons.

1128. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace Vernet, de nature un peu taquine et frondeuse, fait ici une petite excursion politique où nous ne le suivrons pas. […] Aussitôt la razzia finie, le sous-gouverneur s’en revient au galop avec son butin et son cortège ; Horace, qui les guettait avec impatience, va nous les montrer comme si nous les voyions : « Nous avons vu venir de loin sur le sable des fantassins et quelques cavaliers suivis de troupeaux, de prisonniers et d’une arrière-garde. […] C’est donc avec un profond regret que j’ai vu encore cette année le Salon veuf de vos ouvrages… » Et le reproche est suivi d’une allocution chaleureuse. […] Un jeune peintre qu’il ne connaissait pas entre un jour dans son atelier : « Monsieur Vernet, je n’ai pas l’honneur de vous connaître… Je viens vous demander votre avis ; j’ai un cheval à faire dans un tableau qui est presque achevé ; je n’ai pas de cheval sous les yeux, je ne sais comment faire. » Horace le suit et va voir le tableau. — « Ce n’est pas mal, dit-il de l’ensemble ; mais en effet ce n’est pas là un cheval, ça ressemble à tout autre animal… Un avis !

1129. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Lucas-Montigny ne se soit grossi les inconvénients de certains détails nouveaux, et que ses idées sur la dignité du genre n’aient ajouté un peu trop de rigueur à sa louable morale « Nous pourrions, dit-il, donner une relation très-circonstanciée de l’emploi du temps passé follement aux Verrières, de la route suivie par les deux amants quand il se furent décidés à s’éloigner, de tous les accompagnements de cet acte de démence et de désespoir ; mais un tel récit serait mélangé d’incidents scandaleux que nous rejetterons toujours, parce qu’ils sont indignes de l’histoire, parce qu’ils la dégradent, parce que même ils la font mentir, puisqu’elle doit peindre les grands faits et non les passagers accidents de la vie des personnages dont elle s’occupe, les traits saillants de leur physionomie et non les difformités secrètes. » De telles maximes crûment énoncées par un biographe sont elles-mêmes la critique la plus sévère du procédé qu’il suit : nous ne nous arrêterons pas à les réfuter. […] Sans doute il ne suivit aucun plan général dans ses attaques, et ne les gouverna souvent qu’au gré de ses passions ou même de ses besoins ; et c’est en ce sens surtout qu’il est vrai de dire que sa mémoire publique, sa mémoire de grand citoyen a reçu d’irréparables atteintes ; mais il eut de rares et lumineuses inspirations sur l’état social profond et l’avenir où l’on se précipitait. […] D’après ce procédé trop absolu qu’il suit de sacrifier le moyen au grand, M.

1130. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — Cela est tellement vrai, que si, contrariant la tendance naturelle des images à répéter l’ordre des sensations, je fais effort pour remonter la série à rebours, je puis, après des sensations postérieures, évoquer en moi les sensations antérieures, sitôt que je tombe sur le point de contact où elles touchent celles qui les ont suivies. […] J’ai causé, il y a six mois, avec telle personne ; je pouvais, en la quittant et même le lendemain, décrire sa figure et son costume, redire les principales idées de sa conversation ; mais, depuis, j’ai cessé de renouveler par l’expérience ou de répéter par la mémoire les images qui alors se réveillaient en moi intactes et suivies. […] « Dernièrement, comme je pensais au Ben Lomond, (montagne d’Écosse), cette idée fut suivie immédiatement par l’idée du système prussien d’éducation. […] Bientôt il ressentit une attaque d’apoplexie légère, suivie de la perte de la mémoire des mots, puis de la langue française.

1131. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

IX Le beau et doux Marius, qui a perdu son idéal à lui, l’idéal de son cœur, Cosette, depuis quelques jours, parce que le jaloux tuteur Valjean l’a enfouie dans la maison de la rue Plumet, et qui conspire aussi sans savoir pourquoi, parce que le temps lui dure, comme dit la romance ; le beau Marius rencontre la petite Éponine, une des deux filles des Thénardier, tombée de l’opprobre dans la misère, mais qui le guette, le suit et l’aime à son insu. […] Ce logis communiquait, par derrière, par une porte masquée et ouvrant à secret, avec un long couloir étroit, pavé, sinueux, à ciel ouvert, bordé de deux hautes murailles, lequel, caché avec un art prodigieux et comme perdu entre les clôtures des jardins et les cultures dont il suivait tous les angles et tous les détours, allait aboutir à une autre porte également à secret, qui s’ouvrait à un demi-quart de lieue de là, presque dans un autre quartier, à l’extrémité solitaire de la rue de Babylone. « M. le président s’introduisait par là, si bien que ceux-là même qui l’eussent épié et suivi et qui eussent observé que M. le président se rendait tous les jours mystérieusement quelque part, n’eussent pu se douter qu’aller rue de Babylone, c’était aller rue Blomet. […] Je vous suivais, moi.

1132. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

En vain vous me promettez de vives jouissances, si je consens à vous suivre ; tant que vous me faites illusion, je consens à tout ; mais je vous échappe dès que vous ne me trompez plus. […] Est-il vrai qu’en prenant une action dès son origine, pour la suivre de point en point dans tout son cours, on se dispense d’en exposer une partie en des scènes préliminaires souvent froides et traînantes ? […] Si vous n’osez suivre un si bel exemple, c’est que vous sentez qu’il y a des conventions dans les beaux-arts et qu’elles forment une partie essentielle de la théorie des grands artistes. […] lorsque Phidias, chez les Grecs, eut atteint la perfection de son art, conseilla-t-on à ses successeurs de ne pas suivre un si désespérant modèle, et d’imiter l’informe sculpture des Égyptiens ?

1133. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

« Mais, au-dessus de ces deux aiguilles, il s’en trouve une bien autrement agile et dont l’œil suit difficilement les bonds ; elle a vu soixante fois l’espace avant que la seconde y marche et que la troisième s’y traîne. […] Il a été dit au commencement de cet article que les évolutions d’art offrent un caractère cyclique extrêmement compliqué de divergences ; ainsi, pour suivre l’exacte filiation de la nouvelle école, il faudrait remonter jusques à certains poèmes d’Alfred de Vigny, jusques à Shakespeare, jusques aux mystiques, plus loin encore. […] Mais il est vrai aussi que son explication est difficile à suivre. […] Cet ingénieux paradoxe, je l’accepte, car il me sert ; il pourrait prouver une fois encore quelle vertigineuse décadence suivit notre langue depuis le quinzième siècle.

1134. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Von Hülsen, les théâtres de la cour suivaient le mouvement à distance honorable, comme il convient à des théâtres officiels. […] Menez ici son cheval, à fin qu’avec moi, il suive le Grand : car partager du Héros le très sacré honneur, est le désir de mon corps. […] Dans le feu luisant, là, gît ton Maître, Siegfried, mon bien heureux Héros : pour suivre l’Ami, hennis tu, joyeusement ? […] Or, le but avoué de Wagner a été de donner à son pays un art national, qui soit pour l’Allemagne ce que la tragédie a été pour la Grèce ; jugeant qu’un tel but ne pouvait être atteint avec les médiocres ressources que les théâtres existants lui offraient, il a construit le théâtre-modèle de Bayreuth, et toute la hauteur et la vraie nature de son ambition se révèle dans les paroles qui lui échappèrent dans l’ivresse du triomphe qui suivit à la fin de la première représentation de la tétralogie : jetzt, meine Herren, haet Ihr eine Kunst : — À présent, messieurs, vous avez un art ! 

1135. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

On possède tous ses manuscrits de cette époque de Saint-Sulpice ou des années qui suivirent, et l’on conçoit aisément que ses supérieurs, en parcourant de telles ébauches hardies, en aient pris quelque ombrage. […] Ses hautes facultés, appréciées de tous ceux qui l’avaient vu dès l’enfance, le firent attacher en qualité de chanoine (1775) à l’évêque de Tréguier, et il le suivit dans son diocèse. […] Je ne prétends pas dans ce court espace suivre Sieyès dans sa vie politique ; je m’attacherai seulement à noter les variations et les crises de ce grand esprit, sans répéter ce qu’on peut lire ailleurs. […] Les premières séances consultatives qui suivirent le 18 Brumaire firent évanouir cette illusion dernière de l’artiste plus encore que du philosophe.

1136. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Les généraux ne se font obéir par les soldats qu’ils commandent qu’en vertu de la mission qu’ils ont reçue de cette autorité : ils ne sont point chefs d’une troupe à eux, soldée par eux, et prête à les suivre sans qu’ils aient l’aveu d’aucun souverain. […] L’idée de composer trois pièces qui se suivent et forment un grand ensemble, est empruntée des Grecs, qui nommaient ce genre une trilogie. […] Les scènes se suivent sans que rien les enchaîne l’une à l’autre ; mais cette incohérence est naturelle ; c’est un tableau mouvant, où il n’y a ni passé, ni avenir. […] Les Français ont un besoin d’unité qui leur fait suivre une autre route.

1137. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Une grande inégalité se marqua dans le mouvement d’étude et de savoir qui suivit la conquête macédonienne, et qui fut la seule grandeur-morale laissée à l’homme déchu désormais de cette noble liberté, de cette souveraineté de soi-même, qu’avait tant aimée la Grèce. […] Toutefois, au milieu de ce déchet de la dignité humaine chez les Grecs, dans cet abaissement de la vertu civile qui suivit la conquête d’Alexandre et marqua la domination de ses indignes successeurs en Macédoine, en Égypte, en Syrie, il semble incontestable que, dans l’ordre moral, dans la forme et l’action du sentiment religieux, quelques clartés nouvelles avaient lui, quelques vérités de plus agissaient sur le monde. […] Admettons plutôt que, dès cette époque, et dans les siècles qui suivirent jusqu’à l’avènement du christianisme, à part la version des Septante, il dut se faire dans le monde grec oriental une infiltration constante des idées juives. […] Nul doute cependant que des écrits apocryphes et de médiocre valeur peut-être, mais justement reportés à cette date et fort accrédités, dans les temps qui suivirent, ne trahissent une visible empreinte de la croyance et de la poésie judaïques.

1138. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

« Ô toi », disait-il en beaux vers223 à l’évêque de Lombez, « heureuse et belle âme espérée dans les cieux, qui marches revêtue et non appesantie de notre humanité, pour que les chemins te soient plus faciles, servante fidèle et bien-aimée de Dieu, voici que ta barque, déjà détournée de ce monde aveugle vers un meilleur port, reçoit le souffle d’un vent occidental, qui, par cette sombre vallée où nous pleurons nos fautes et celles d’autrui, la conduira dégagée des écueils antiques à cet Orient où elle aspire. » Rien de plus animé que ces images, dans la langue du poëte ; rien de plus guerrier que son espérance et son appel : « Tout homme », s’écrie-t-il, « entre la Garonne et les monts, entre le Rhône, le Rhin et les flots de la mer, suit le drapeau chrétien. […] Tel qu’un feu embrase les forêts et sur leurs épaisses cimes a répandu sa flamme, tel, dans ta colère et tes foudres, tu les as suivis, et tu as couvert leur face de honte. » Cet aspect du Dieu des armées, ces images empruntées aux souvenirs bibliques, sont dignes de la verve du poëte. […] Il va, et ses heureuses brebis le suivent là où il les nourrit de roses immortelles et d’une fleur qui s’épanouit plus abondante, plus elle est cueillie ; il les conduit à la montagne du bien suprême ; il les baigne dans la source de l’immortelle joie ; il leur donne la pleine moisson, le pasteur et le pâturage, le seul parfait bonheur. […] La Fontaine eût-il mieux dit que ces vers du poête orgueilleux trébuché de si haut  : Quand le bœuf est, au soir, du labeur deslié, Il met près de son joug le travail oublié, Et dort sans aucun soin, jusqu’à tant que l’aurore Le réveille, au malin, pour travailler encore ; Mais nous, pauvres chétifs, soit de jour, soit de nuit, Tousjours quelque tristesse épineuse nous suit.

1139. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Anatole France, songe avant tout au charme des idées, observe leurs jeux capricieux comme un rêveur suit le vol des nuages et en compose de merveilleuses symphonies. […] Dans bien des cas, le point d’arrivée se trouve dans une direction diamétralement opposée à la ligne suivie au départ. […] Bourget, ceux dont il se plaisait à suivre l’influence sur la génération nouvelle, Baudelaire, Flaubert, Stendhal, M.  […] … Tolstoï crie aux égarés : « Suivez la ligne droite !  […] Mais tous ceux-là, consciemment ou inconsciemment, sans souci de ce qui les attend ou avec de soudaines visions des périls où ils courent, suivent le fleuve où il veut les conduire.

1140. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mathieu, Gustave (1808-1877) »

André Lemoyne Pour résumer en quelques mots l’impression sur les œuvres du poète, nous dirons que sa muse, très française et souvent gauloise, nous apparaît comme une svelte et riche meunière, dont le moulin commande un petit cours d’eau, frais, voisin de la mer ; la belle paysanne peut suivre de l’œil la grande courbe du goéland dans son vol et saluer de regards amis l’émeraude filante du martin-pêcheur sous les saules verts-cendrés.

1141. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 482-483

Ses Traductions ont été utiles dans leur temps, mais sont infiniment surpassées par celles qui les ont suivies.

1142. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 436-437

Il a pourtant suivi, de son mieux, le plan qui lui étoit tracé, mais il n'a pas eu, comme son Modele, l'art de fondre avec adresse ses recherches dans la narration.

1143. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Ces trois rimes féminines qui se suivent permettent d’exprimer tour à tour ce qu’il y a de sémillant et de vif dans les allures du lutin, d’éblouissant dans ses nuances, et de frémissant dans son murmure. […] Ajoutons quelques métaphores mal suivies, de l’impropriété dans les termes, trop d’ellipses dans la série des idées, des incidences prosaïques au milieu d’une éclatante poésie, et nous aurons terminé avec M. 

1144. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Cette révolution commença bientôt en effet ; mais elle se fit d’abord un peu à part, et hors de la voie commune de la société ; elle se prépara sur les hauteurs et ne descendit pas du premier jour dans la grande route que suivait cette société rajeunie. […] La mission, l’œuvre de l’art aujourd’hui, c’est vraiment l’épopée humaine ; c’est de traduire sous mille formes, et dans le drame, et dans l’ode, et dans le roman, et dans l’élégie, — oui, même dans l’élégie redevenue solennelle et primitive au milieu de ses propres et personnelles émotions, — c’est de réfléchir et de rayonner sans cesse en mille couleurs le sentiment de l’humanité progressive, de la retrouver telle déjà, dans sa lenteur, au fond des spectacles philosophiques du passé, de l’atteindre et de la suivre à travers les âges, de l’encadrer avec ses passions dans une nature harmonique et animée, de lui donner pour dôme un ciel souverain, vaste, intelligent, où la lumière s’aperçoive toujours dans les intervalles des ombres.

1145. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Il a voulu montrer, par l’exemple de l’Amérique, que les lois et surtout les mœurs peuvent permettre à un peuple démocratique de rester libre, mais il est très loin de croire que nous devions suivre de près ces exemples et nous asservir à ces moyens. […] Vous êtes du nombre de ceux que le public aime à voir devant lui, pour lui tracer la route d’opinion qu’il doit suivre.

1146. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Un éclat de rire universel sort des voitures qui suivaient la sienne ; le Suisse sur sa porte se tient les côtés, la foule des laquais rit aux larmes et fait cercle autour du malheureux. […] Un homme, dans la comédie ou dans la vie réelle, qui se fût avisé de suivre librement, et sans songer à rien, les élans d’une imagination folle, au lieu de faire rire la société de 1670, eût passé pour fou2.

1147. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Ces circonstances amenèrent la littérature du xviiie siècle à prendre une direction contraire à celle qu’avait suivie la littérature du xviie  siècle. […] On copie donc les chefs-d’œuvre du xviie siècle ; on en imite les procédés, on en suit les règles servilement, par préjugé ; le monde, qui a adopté cette littérature faite pour lui, ne permet pas qu’on change rien aux formes qu’elle présente.

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