Soupez peu, ouvrez vos fenêtres, promenez-vous en carrosse, et appréciez les choses et les gens. […] J’ai été conduit à vous ouvrir mon cœur par les marques d’amitié et de bonté dont toutes vos lettres sont remplies.
Cet état de langueur a bien des charmes, et ce mélange de verdure et de débris, de fleurs qui s’ouvrent sur des fleurs tombées, d’oiseaux qui chantent et de petits torrents qui coulent, cet air d’orage et cet air de mai font quelque chose de chiffonné, de triste, de riant, que j’aime… » Ne reconnaissez-vous pas le paysagiste d’instinct, qui se joue et qui s’essaye, sans maître, et auquel il faudrait bien peu de chose, — seulement un cadre, plus grand, — pour devenir, un maître en son genre, et lutter peut-être avec notre grand paysagiste du Berry ? […] Quand elle l’attend, quand elle l’espère au Cayla après cinq années d’absence, elle lui prépare des fleurs dans un gobelet : « J’en ai longtemps regardé deux, dit-elle, dont l’une penchait sur l’autre qui lui ouvrait son calice.
I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide ! […] C’est la vraie retraite d’un sauvage ; vous pourrez aller cacher là vos vertus, comme un malfaiteur y cacherait ses crimes. » C’était près de la source de la rivière des Gobelins, dans le voisinage de larges étangs, au bord d’un vallon tortueux « qui se plonge dans un site lugubre pour s’ouvrir ensuite sous un horizon assez étendu et très agréable. » Cela s’appelait du joli nom de Dame-Marie-les-Lis.
C’est par ce jeu prudent et serré, et par l’habileté de ses manœuvres, qu’il parvint à couvrir Arras, cette capitale de l’Artois, sur laquelle l’ennemi avait d’abord jeté ses vues et qui lui aurait ouvert l’entrée dans l’intérieur du royaume. […] Cependant le prince Eugène, n’ayant pu déterminer le duc d’Ormond à un engagement général, se résolut à faire un siège ; il assiégea d’abord Le Quesnoi qui se rendit le 3 juillet après douze jours de tranchée ouverte et d’une défense jugée insuffisante ; puis il porta ses vues sur Landrecies qu’il investit avec le gros de ses forces, et dont la prise lui eût ouvert le Soissonnais : il se passait ainsi d’Arras et de Cambrai, et forçait par une autre clef le cœur de la France.
Louvois voulait acquérir Casai du duc de Mantoue et y mettre une garnison française pour s’ouvrir une porte sur le Milanais. […] Voici le portrait confidentiel que traçait de lui celle que Saint-Réal avait appelée la meilleure et la plus heureuse des mères : « Pour faire connaître à M. de Louvois, écrivait-elle, la confiance entière que j’ai en lui et en sa discrétion, je vais lui dépeindre l’humeur de Son Altesse Royale, dont il ne rendra compte qu’au roi comme mon protecteur, à qui je me confie très respectueusement, et auquel j’ouvre le plus secret de mon cœur, avec la liberté qu’il m’a permise.
Le Conseil se réunit au sortir de là ; il venait de s’ouvrir lorsqu’un officier de service entra, s’approcha du roi et lui parla à voix basse : le roi, appelé par la reine, sortit, et en rentrant il ajourna la délibération, disant qu’elle serait reprise à Versailles. […] J’ai dit aux poissardes d’aller répéter tout ce que nous venions de nous dire… » Trois jours après, le 10, elle écrivait plus à cœur ouvert : « Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, monsieur, votre lettre du mardi 6.
C’est toujours un tapis éblouissant, d’une seule nuance, jusqu’à la fin de juin qu’il s’émaille de toutes les teintes, qu’il brille de tous les éclats, que chaque fleur s’ouvre, s’étale et parfume pour son compte. […] Derrière la grille, on soupçonne une salle immense et noire… Après un moment d’attente, on entend crier les verrous : une porte doit s’ouvrir à l’extrémité de la salle, on ne la voit pas, tout est plein de ténèbres ; seulement un souffle glacé frappe nos visages et deux formes blanches s’approchent à pas lents.
On a parlé, et Talleyrand lui-même s’est targué de son patriotisme pour le peu d’approbation qu’il donna aux gigantesques projets auxquels la paix de Tilsitt et l’alliance étroite avec la Russie ouvraient toute carrière. […] Cette tragédie, si je ne me trompe, est au cinquième acte : le dénouement va paraître. » Il ne se serait point ouvert à lui, comme à un confident, sur le misérable caractère de cette royale famille espagnole, de ce brave homme ou benêt de roi, du prince des Asturies, de la reine, de ce méprisable et inséparable prince de la Paix qui, disait-il, avait l’air d’un taureau : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant, très-ennemi de la France… La reine a son cœur et son histoire sur sa physionomie, c’est vous en dire assez. » Il ne lui eût pas confié ces princes en personne et ne les lui eût pas donnés tout d’abord pour hôtes à Valençay pour « les bien traiter et leur faire passer agréablement le temps », tout en lui recommandant de les isoler et « de faire surveiller autour d’eux. » Notez bien que cette année 1808, celle de la fourberie de Bayonne, ne fut point du tout une année de disgrâce pour Talleyrand.
L’ouvrage s’ouvre par une introduction majestueuse sur le xiiie siècle, apogée du développement catholique : avant d’en venir à étudier et à démontrer la chapelle et la châsse de la sainte, le pèlerin croyant s’arrête devant l’Église tout entière pour la contempler. […] Étonné de la voir ainsi ployant sous le poids de son fardeau, il lui dit : « Voyons ce que vous portez ; » et, en même temps, ouvrit, malgré elle, le manteau qu’elle serrait, tout effrayée, contre sa poitrine ; mais il n’y avait plus que des roses blanches et rouges, les plus belles qu’il eût vues de sa vie ; cela le surprit d’autant plus que ce n’était plus la saison des fleurs.
remy, qui, jeune, ne trouva pas à ouvrir sa voie dans les tentatives d’alors, et qui dissipa ses premiers efforts dans les conceptions les plus hasardées, fit preuve, à un certain moment, d’une volonté forte et d’un bien rare courage : il rompit brusquement avec cette imagination qui ne lui répondait pas, avec ce passé qu’il avait fini par réprouver ; il aborda les études sévères, les hautes sources du savoir et du goût, et il en sortit après plusieurs années comme régénéré. […] C’est un présent que j’offre surtout à mes amis, mais tous les initiés ont part commune à cette gracieuse couronne des Muses. » Chénier avait lu d’abord cette pièce attrayante qui ouvre le recueil de Brunck, et qui est comme l’enseigne du jardin des Hespérides ; il semble s’être dit : Et moi aussi, pourquoi donc ne ressaisirais-je pas quelque chose de tout cela ?
La passion ingénue, coquette parfois, sans cesse attrayante, d’Athénaïs et d’Eugène, se détache sur un fond inquiétant de mystère : même quand elle s’épanouit le long de ces terrasses du jardin ou dans la galerie vitrée, par une matinée de soleil, on craint M. de Rieux quelque part absent, on entrevoit cette figure mélancolique et sévère du père d’Eugène ; et si l’on rentre au salon, cette tendresse des deux amants s’en vient retomber comme une guirlande incertaine autour du fauteuil aimable à la fois et redoutable de la vieille maréchale qui raille et sourit, et pose des questions sur le bonheur, un La Bruyère ouvert à ses côtés. […] Un ami qui l’interrogeait, en 1814, sur l’état réel de la France jugée autrement que par les journaux, reçut cette réponse : que l’état de la France ressemblait à un livre ouvert par le milieu, que les ultras y lisaient de droite à gauche au rebours pour tâcher de remonter au commencement, que les libéraux couraient de gauche à droite se hâtant vers la fin, mais que personne ne lisait à la page où l’on était.
Il essaya d’en sortir, et de s’ouvrir la grande route d’Orient par la Syrie. […] Napoléon, au Caire, avait lu le Coran ; une fois en Palestine, il ouvre la Bible : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix, sous la tente du général en chef.
M. de Chateaubriand est seulement le premier écrivain d’imagination qui ouvre le xixe siècle ; à ce titre, il reste jusqu’ici le plus original de tous ceux qui ont suivi, et, je le crois, le plus grand. C’est de lui que viennent comme de leur source les beautés et les défauts que nous retrouvons partout autour de nous, et chez ceux même que nous admirons le plus : il a ouvert la double porte par où sont entrés en foule les bons et les mauvais songes.
Or, j’ouvre les Mémoires de Chateaubriand à l’endroit de son retour de Palestine, et je cherche vainement un détail, une révélation tendre, fût-elle un peu en désaccord avec l’Itinéraire, enfin de ces choses qui peignent au vrai un homme et un cœur dans ses contradictions, dans ses secrètes faiblesses. […] Un poison inconnu se mêlait à tous mes sentiments… Je suppose, Céluta, que le cœur de René s’ouvre maintenant devant toi : vois-tu le monde extraordinaire qu’il renferme ?
Pour juger de sa manière, il suffit de l’ouvrir à toute page indifféremment et de l’écouter discourant sur n’importe quel sujet ; il n’en est aucun qu’il n’égaie et qu’il ne féconde. […] Son livre est un trésor d’observations morales et d’expérience ; à quelque page qu’on l’ouvre et dans quelque disposition d’esprit, on est assuré d’y trouver quelque pensée sage exprimée d’une manière vive et durable, qui se détache aussitôt et se grave, un beau sens dans un mot plein et frappant, dans une seule ligne forte, familière ou grande.
Elle était le point de mire de toutes les demandes, de toutes les sollicitations : elle éludait tant qu’elle pouvait ; elle se disait nulle, petite, sans crédit, une Agnès en politique ; on ne la croyait pas, et les importunités arrivaient de toutes parts, la saisissaient au passage, malgré le soin qu’elle avait de se rendre rare et comme inaccessible : « En vérité, la tête est quelquefois prête à me tourner, disait-elle au moment où elle n’y tenait plus, et je crois que, si l’on ouvrait mon corps après ma mort, on trouverait mon cœur sec et tors comme celui de M. de Louvois. » Ne soyons donc pas trop sévère en jugeant son pauvre cœur, qu’elle nous étale à nu ainsi. […] Je n’ai pourtant fait qu’ouvrir la tranchée sur Mme de Maintenon.
Elle a le front large et ouvert, le nez presque aquilin ; sa bouche est fraîche et embellie par ses dents ; son menton un peu grand et se doublant un peu, sans qu’elle soit grasse. […] La dernière fois qu’il est allé voir Jean-Jacques, celui-ci l’a reçu en grondant et s’est tenu tout le temps sur la défensive : Je sonne, il m’ouvre : — « Que venez-vous faire ici ?
Elle n’avait pas moins de cinquante-neuf ans (1704) quand cette carrière s’ouvrit pour elle. […] L’esprit de Mme des Ursins est un esprit sérieux, positif, un peu sec au fond, mais ouvert, délibéré et hardi.
Or Thiers ne lui a pas permis d’ouvrir la bouche, et tout le temps, c’est le président de la République qui a raconté au chargé d’affaires, ses négociations avec Bismarck. […] Je l’ouvre et je lis que, sur la proposition de mon cher confrère Charles Blanc, le ministre de l’Instruction Publique vient d’acquérir, au compte de la direction des beaux-arts, 125 exemplaires, au prix de 8 francs l’un, de Gavarni, l’homme et l’œuvre.
En mil six cens quarante-trois Toricelli mécanicien du grand duc Ferdinand II remarqua en essaïant de faire des expériences, que lorsqu’un tuïau fermé par l’orifice supérieur et ouvert par l’orifice inferieur, étoit tenu debout plongé dans un vase plein de vif-argent, le vif-argent demeuroit suspendu à une certaine hauteur dans ce tuïau, et que le vif-argent suspendu tomboit tout entier dans le vase, si l’on ouvroit le tuïau par son orifice superieur. […] Peut-on nier que la circulation du sang n’ait ouvert les yeux à Monsieur Perrault le médecin sur la circulation de la séve dans les arbres et dans les plantes ?
L’éclat de nos armes rajeuni ; la bonne foi de nos négociations attestée par nos juges les plus prévenus ; la France replacée, parmi les autres nations, au rang qui lui appartient ; le trône à jamais raffermi sur un sol qu’aucune secousse n’ébranlera plus ; et le crédit public s’élevant à un degré de prospérité inouï parmi nous : voilà des faits réels, constants, irrécusables, qui ont ouvert bien des yeux et changé bien des cœurs. […] Tantôt guidés par d’illustres devanciers, tantôt dirigés par un heureux instinct, nos grands écrivains ont, en chaque genre, ouvert ou suivi le chemin qui conduit à la perfection ; marcher sur leurs traces, ce serait affronter, sans gloire, le danger de ne pas les atteindre : on croit y échapper, en essayant de se frayer des routes nouvelles : louable ambition, si elle pouvait être couronnée du succès ; témérité malheureuse, lorsqu’il n’y a qu’une bonne route, hors de laquelle tout est sentiers perdus ou précipices inévitables.
Ouvrez, en effet, ces deux volumes, qui certainement ne contiennent pas la moitié des travaux de Macaulay à la Revue d’Édimbourg, et vous trouverez sur onze articles, en totalité, que renferment ces deux volumes, cinq essais entièrement historiques : Les deux Walpole, William Pitt, Lord Clive, Hastings, et Frédéric. […] Né d’un père très riche, il débuta par le coup de tonnerre de son article sur Milton dans la Revue d’Édimbourg, qui ouvrit toutes les portes à son ambition éveillée.
Quand on les ouvrira un jour, ces œuvres, fermées aux plates et indignes préoccupations de ce temps, on s’apercevra avec étonnement de la hauteur d’un pareil socle, encore moins haut cependant pour les yeux que pour la pensée… Le livre de la Douleur que j’en détache aujourd’hui, — au moment où les folies — furieuses à froid — de Schopenhauer et de Hartmann, au lieu de rencontrer en France, dans le spirituel pays de Rabelais, le violent fouailleur, armé du fouet de toutes les Furies de la gaieté, qu’elles méritaient pour tout critique ont eu le bonheur d’y rencontrer ce vulgarisateur respectueux et d’un sérieux… de luxe, en cette occurrence, M. […] Elles ouvrent le traité de Saint-Bonnet sur la Douleur et elles sont grosses de tout le livre.
Sensualiste, mais le plus profond des sensualistes, et enragé de n’être que cela, l’auteur des Fleurs du mal va, dans la sensation, jusqu’à l’extrême limite, jusqu’à cette mystérieuse porte de l’Infini à laquelle il se heurte, mais qu’il ne sait pas ouvrir, et de rage il se replie sur la langue et passe ses fureurs sur elle. […] Comme l’impayable amateur de prunes, dans les Caractères de La Bruyère, il ouvre cette prune malade et empoisonnée, la partage, la flaire, et dit : « Quelle chair !
Il l’ouvre et voit une réfutation des condillaciens anglais. « Combien ce livre ? […] Cessez de compromettre l’immortalité de l’âme ; et quand vous ouvrez votre trousse, songez que vous allez trancher dans les croyances morales du genre humain. » Nous remontons en cabriolet, et nous arrivons chez M.
Voici la pierre angulaire du temple ; le premier maître du spiritualisme, le révélateur de la force libre, le plus grand métaphysicien de notre temps. » Il tourna et retourna les quatre volumes, les ouvrit, fronça les sourcils, gronda un peu, me prit par la main, et me poussant dans ma chambre, me pria de le laisser seul. […] Une fois la force constatée et comprise, la nature s’ouvre et les sciences entrent en révolution.
Ce roi brave, mais d’une valeur moins éclatante que son père protecteur des lettres, mais sans cette espèce de passion qui tient de l’enthousiasme, et le fait naître chez les autres ; avide de gloire, mais incapable de cette hauteur de génie qui s’ouvre de nouvelles routes pour y parvenir ; gouverné par des favoris qui dirigeaient à leur gré sa faiblesse ou sa force, et poussé en même temps par l’esprit de sa nation et de son siècle, qu’il trouva créé et auquel il n’ajouta rien, n’eut ni dans l’esprit, ni dans l’âme, cette espèce de ressort qui fait la grandeur. […] Enfin, lorsque la mort, parmi nous, ouvre les tombeaux où reposent les cendres de nos rois, la foule des citoyens qu’une curiosité inquiète et sombre précipite sous ces voûtes, pour y voir à la fois les monuments de la grandeur et de la faiblesse humaine, à la lueur des flambeaux et des torches funèbres qui éclairent ces lieux, semble ne demander, ne chercher que Henri IV.
Et je restai longtemps, longtemps sans la comprendre, Et longtemps à pleurer son secret sans l’apprendre, A pleurer de sa mort le mystère inconnu, Le portant tout scellé dans mon cœur ingénu… Et ce cœur, d’avance voué en proie à l’amour, où pas un chant mortel n’éveillait une joie, voilà comme elle nous le peint en son heure d’innocente et muette angoisse : On eût dit, à sentir ses faibles battements, Une montre cachée où s’arrêtait le temps ; On eût dit qu’à plaisir il se retînt de vivre ; Comme un enfant dormeur qui n’ouvre pas son livre, Je ne voulais rien lire à mon sort ; j’attendais, Et tous les jours levés sur moi, je les perdais.
Littérairement, et après le bouillonnement écumeux de sa première moitié, la Restauration peut être comparée à une espèce de lac artificiel, qui cessa du moment où les écluses s’ouvrirent, mais qui se prêta assez longtemps aux illusions et aux jeux de l’art, de la philosophie, de la poésie ; on y voguait à la rame, l’été ; on y patinait agréablement l’hiver.
Telle s’ouvrait la scène de la période nouvelle.
comme il aurait voulu vous ouvrir des espaces sereins où vous eussiez respiré plus librement !
Wawerley parut en 1814, et ouvrit la série des chefs-d’œuvre qui ont fait le charme et les délices de l’Europe durant ces quinze dernières années.
Toutes les clefs tourneront d’elles-mêmes, toutes les portes s’ouvriront.
Et c’était un gai couvent, largement ouvert aux bruits du monde, avec une salle de théâtre au bout de l’antique jardin à marronniers et à charmilles.
Continuez, éditeurs, à ouvrir les tombes.
Son calme jardin s’ouvre sur le ciel vaste.
Lucain se fit ouvrir les veines dans un bain chaud.
Les sujets qui sont encore intacts nous échappent, et nous lisons plusieurs fois l’histoire qui les raconte sans les remarquer, parce que le genie n’ouvre pas nos yeux ; mais ces sujets frapperoient d’abord le poëte qui auroit un genie propre à les traiter.
Depuis soixante ans que le théatre de l’opera est ouvert, on n’y a point vû d’homme exceller dans l’art de la déclamation propre pour accompagner une récitation ralentie par le chant, autant que Mademoiselle Rochoix.
(Francisque ouvre la porte… apparaît Finette en statue du commandeur, avec le masque de Regnard.)
Puisque nous sortons de Cabanis, qui a fait un livre de l’influence du physique sur le moral de l’homme ; puisque c’est la plus puissante inspiration du cerveau de ce temps qu’une bonne digestion stimulée ; puisque nous appliquons en grand la doctrine de Broussais, que l’homme tout entier n’est qu’un tube ouvert aux deux bouts, nous demandons le résultat cérébral du dîner et de la doctrine.
Quoi qu’il en soit, on ne peut disconvenir qu’Adam n’ait été souverain du monde, comme Robinson de son île, tant qu’il en fut le seul habitant ; et ce qu’il y avait de commode dans cet empire était que le monarque, assuré sur son trône, n’avait à craindre ni rébellions, ni guerre, ni conspirateurs. » Telle est la froide bouffonnerie qui ouvre le Contrat social.
De nouveaux yeux s’ouvraient sur une nouvelle terre.
Que dire alors de ceux qui ont ouvert à l’analyse psychologique des voies nouvelles, comme Rousseau ou Maine de Biran ?
Quoique, à parler nettement, il n’y ait pas d’exposition dans ce poème surnaturel, cependant la mort du vieil oncle ouvre bien le premier acte du drame. […] Le portrait du vieux Lester et de ses deux filles est un beau prologue et qui ouvre simplement la marche du récit. […] Il ouvre les biographies de Plutarque, et s’en contente sans pousser plus avant ses études. […] Le règne de François Ier s’ouvrit glorieusement par la bataille de Marignan. […] qui regarde le ciel, et qui n’aperçoit pas l’abîme ouvert sous ses pieds !
Chevalier ouvrait une oreille curieuse aux essais de Gustave. […] On va peut-être finir par ouvrir les yeux ! […] La magie nous ouvre ici un monde qui n’est pas celui de la psychologie, un monde subliminal qui n’est pas notre monde individuel. […] Flaubert n’a eu qu’à ouvrir les yeux pour connaître les Regimbart de la politique. […] Et cette vie, admirablement choisie par Flaubert, comme les grandes légendes ouvre d’infinies perspectives religieuses.
Il ne se passe point d’année, pas même de mois, que Bicêtre ne s’ouvre pour recevoir quelque marquis ou quelque comte formé par l’industrie. […] C’est alors qu’elles auroient brûlé le livre, en demandant pardon à Dieu de l’avoir ouvert. […] Leur visite est celle d’un zéphyr rafraîchissant, & leurs levres qui semblent distiller la plus suave rosée, ne s’ouvrent que pour ramener la sérénité. […] Il ne rencontre personne, qu’il n’ouvre son porte-feuille, & qu’il ne leur enleve une demi-heure de son temps. […] Il n’y a rien de plus excellent pour les peuples, que de leur ouvrir une voie facile pour exposer leurs besoins.
Dryden l’ouvre par ses autres œuvres, et les écrivains qui paraîtront sous la reine Anne lui donneront son achèvement, son autorité et son éclat. […] Son Mariage à la mode s’ouvre par ces vers que chante une dame mariée : « Pourquoi un sot vœu de mariage, fait il y a longtemps, nous lierait-il maintenant que notre passion est éteinte754 ? […] Dès lors une nouvelle carrière s’ouvre : l’homme a le monde entier à repenser ; le changement de sa pensée a changé tous les points de vue, et tous les objets vont prendre une nouvelle forme dans son esprit transformé. […] Ici Dryden a rassemblé en un vers un long raisonnement ; là une métaphore heureuse a ouvert sous l’idée principale une perspective nouvelle781 ; plus loin deux mots semblables collés l’un contre l’autre ont frappé l’esprit d’une preuve imprévue et victorieuse ; ailleurs une comparaison cachée a jeté une teinte de gloire ou de honte sur le personnage qui ne s’y attendait pas782. […] Les idées alors sont aussi petites que les haines sont fortes ; nulle doctrine générale n’ouvre au-dessus du tumulte de la bataille des perspectives poétiques : des textes, des traditions, une triste escorte de raisonnements rigides, voilà les armes ; les préjugés et les passions se valent dans les deux partis.
L’un explique du Cœsar à livre ouvert. […] Ils signalent le premier mouvement, encore incertain, puéril et rudimentaire, d’un esprit qui va s’ouvrir, regarder les choses, juger par lui-même. […] Il n’avait pas plus tôt ouvert la bouche que le décor s’évanouissait. […] L’ébauche de la maladie mentale apparaît néanmoins derrière la foi du premier à son démon, derrière la terreur du second devant l’abîme ouvert à côté de lui. […] Accusait-il le froid, elle faisait ouvrir les fenêtres.
Comment ne pas sourire au bienheureux orgueil du bourgeois qui a ouvert sa maison au sénateur ? […] Si l’image de Saluce, ne se plaçait entre eux, le lecteur sent bien que le cœur du poète s’ouvrirait à un nouvel amour. […] Si cette pensée avait besoin d’être démontrée, il nous suffirait d’ouvrir l’histoire littéraire de ces vingt dernières années. […] Il nous ouvre son âme tout entière, et sa franchise ne dégénère jamais en prolixité. […] Nous savons sur le bout du doigt l’histoire de toutes les monarchies, nous tenons une clé qui ouvre toutes les portes.
Pourquoi a-t-elle ouvert la main qui tenait la mienne ? […] Bulwer, serait tenté de les prendre pour des hommes supérieurs, et cependant, dès qu’ils ouvrent la bouche, leur nullité se révèle d’une façon irrécusable. […] Enfin elle rencontre sur sa route une dame charitable qui s’intéresse à elle, et qui lui ouvre sa maison. […] Une perspective indéfinie s’ouvre devant nous. […] Quant à Fontanes, il lui rendit un service encore plus important : il lui ouvrit les portes de la Sorbonne et le nomma professeur d’histoire moderne.
Les impressions du jeune Marseillais dans ce monde nouveau qui s’ouvrait à lui furent bientôt d’un tout autre ordre. […] » Il nous ouvrit alors une porte qui, de cette cour, nous jeta sur une terrasse. « Tenez, ajouta-t-il, vous venez au bon moment ; regardez et taisez-vous. » Je regardai en effet et de longtemps je n’ouvris la bouche. […] Tous les matins, on a ainsi des nouvelles du coup d’État ; c’est un coup de cloche perpétuel, assourdissant ; c’est le cauchemar du ministère, c’est l’abîme qu’on lui montre toujours ouvert sous ses pas.
Qu’on les ouvre. […] Ouvre la châsse que je puisse voir mon saint ! […] Je te fendrai La bouche jusqu’aux oreilles, et je t’ouvrirai le nez Comme celui d’un rouget cru. — Ne me tente pas. […] » Elle commande aux valets de parler haut ; elle fait ouvrir les portes toutes grandes à ses amis.
Ouvrez le premier venu, Parnell ou Philips, Addison ou Prior, Gay ou Tickell, vous trouvez un certain tour d’esprit, de versification, de langage. […] Walsh1101, « l’encourageait en lui disant qu’il y avait encore un chemin ouvert pour exceller ; car si les Anglais avaient plusieurs grands poëtes, ils n’avaient jamais eu de grand poëte qui fût correct ; et il l’engageait à faire de la correction son étude et son but. » Il suivait ce conseil, s’exerçait la main par des traductions d’Ovide et de Stace, et par des remaniements du vieux Chaucer. […] Je la relis et je m’ennuie ; cela est inconvenant ; mais, en dépit de moi-même je bâille, et j’ouvre les lettres originales d’Héloïse pour chercher la cause de mon ennui. […] J’ouvre au hasard, et je tombe sur le début du second livre ; un orateur, un écrivain de l’école de Buffon serait ravi d’admiration en voyant tant de trésors littéraires amassés dans un si petit espace.
Il écrivit à sa sœur une lettre que nous possédons aussi, du 14 novembre 1587, pour sonder le dernier cœur qui lui restait ouvert dans le monde, et pour lui annoncer son prochain départ pour Sorrente. […] « Le gazouillement des oiseaux qui saluent l’aurore, le fleuve qui murmure, le zéphyr qui se joue avec les ondes et soupire à travers les feuillages, la réveillent aux premiers rayons du jour : elle ouvre des yeux languissants et promène ses regards sur les asiles solitaires des bergers ; elle croit entendre une voix qui la rappelle à la douleur et aux larmes. […] Elle semblait dire : Le ciel s’ouvre et je m’en vais en paix. […] Né d’une race à la fois chevaleresque et poétique, élevé par une mère d’élite et par un père déjà glorieux, recueilli dans la fleur de son adolescence par un prince qui lui ouvrit pour ainsi dire sa propre famille, protégé, aimé peut-être par la sœur charmante de ce prince, qui fut pour lui, sinon une amante, du moins une autre sœur, et qui lui pardonna tout, même ses négligences et ses distractions de sentiment que tant d’autres femmes ne pardonnent jamais, illustre avant l’âge de la gloire par des poèmes que la religion et la nation popularisaient à mesure qu’ils tombaient de sa plume ; disputé comme un joyau de gloire entre la maison d’Este, la maison de Médicis, la maison de Gonzague, la maison de la Rovère, ces grands patrons des lettres en Italie ; misérable et errant par sa propre insanité, mais non par la persécution de ses ennemis ; comblé d’enthousiasme et de soins par la jeune princesse Léonora de Médicis ; chéri à Turin, désiré à Florence, appelé à Rome ; retrouvant à Naples, toutes les fois qu’il voulait s’y réfugier, la patrie, l’amitié, la paix d’esprit, l’admiration d’une foule de disciples fiers d’être ses compatriotes ; enfin rappelé pour le triomphe à Rome par un neveu du souverain de la chrétienté, fanatique de son génie et providence de sa fortune ; mourant dans ses bras avec la couronne du poète en perspective et le triomphe pour tombeau : on ne voit rien dans une telle vie qui soit de nature à accuser l’ingratitude humaine, excepté quelques années de cruelle séquestration dans un hospice de fous, qui n’accusent pas, mais qui dégradent un peu son protecteur devenu son geôlier ; mais cette infortune n’est-elle pas souvent, dans l’économie d’une grande destinée, l’ombre qui fait mieux ressortir la note pathétique, qui attendrit le cœur de la postérité, et qui donne à la gloire quelque chose d’une compassion enthousiaste du monde ?
J’avais passé quelques mois avec lui, et, quoique je ne me fusse pas ouvert complètement à lui, je vis qu’il m’aimait comme homme et comme poète. […] Et vos enfants au loin épars sur la pelouse, Et votre époux absent et sorti pour rêver, J’entre pourtant ; et Vous, belle et sans vous lever, Me dites de m’asseoir ; nous causons ; je commence À vous ouvrir mon cœur, ma nuit, mon vide immense, Ma jeunesse déjà dévorée à moitié, Et vous me répondez par des mots d’amitié ; Puis revenant à vous, Vous si noble et si pure, Vous que, dès le berceau, l’amoureuse nature Dans ses secrets desseins avait formée exprès Plus fraîche que la vigne au bord d’un antre frais, Douce comme un parfum et comme une harmonie ; Fleur qui deviez fleurir sous les pas du génie ; Nous parlons de vous-même, et du bonheur humain, Comme une ombre, d’en haut, couvrant votre chemin De vos enfants bénis que la joie environne, De l’époux votre orgueil, votre illustre couronne ; Et quand vous avez bien de vos félicités Épuisé le récit, alors vous ajoutez Triste, et tournant au ciel votre noire prunelle : « Hélas ! […] — Et pourtant aujourd’hui qu’un radieux soleil Vient d’ouvrir le matin à l’Orient vermeil ; Quand tout est calme encor, que le bruit de la ville S’éveille à peine autour de mon paisible asile ; À l’instant où le cœur aime à se souvenir, Où l’on pense aux absents, aux morts, à l’avenir, Votre parole, ami, me revient et j’y pense ; Et consacrant pour moi le beau jour qui commence, Je vous renvoie à vous ce mot que je vous dois, À vous, sous votre vigne, au milieu des grands bois. […] Tes feux intérieurs sont calmés, tu reposes ; Mais ton cœur reste ouvert au vif esprit des choses.
Souvent, avant l’apparition de la lumière, je suis éveillé, j’ouvre ma fenêtre ; je rassasie mes yeux de la splendeur des trois planètes qui sont dans ce moment au-dessus de l’horizon ; je me rafraîchis en voyant l’éclat grandissant de l’aurore. — Presque toute la journée je reste en plein air, j’ai des conversations muettes avec les pampres et les vignes ; elles me donnent de bonnes idées, et je pourrais vous en raconter des choses étranges. […] Frédéric venait d’ouvrir une grande caisse qui arrivait de Paris. […] Au dessert, Goethe ouvrit un des paquets. […] Son fidèle serviteur Frédéric m’ouvrit la chambre où il avait été déposé.
Il fut des premiers, voilà huit ou dix ans, à discerner que le naturalisme touchait à son déclin, et il eut l’idée de s’en ouvrir à M. […] L’orbe lumineux de son guignol fut un œil-de-bœuf ouvert sur l’invisible. […] De même que la fantaisie de Cyrano de Bergerac répercute tout le pédantisme fleuri du temps de Louis XIII, de même qu’un grand nombre des facéties de Duvert et de Labiche supposent le romantisme : ainsi les écritures bizarres d’Alphonse Allais, par leurs tics, clichés et allusions, par le tour indéfinissable de leur rhétorique et de leur « maboulisme », impliquent toute l’anarchie littéraire de ces quinze dernières années… (Laissez-moi ouvrir ici une parenthèse. […] Voici les principaux motifs de l’« image d’Épinal » qu’on lui pourrait consacrer : À dix-sept ans, engagé volontaire, il a son premier duel avec un prévôt d’armes, et le tue Sous-lieutenant, il parie de sauter à cheval dans la Saône du haut d’un pont, et gagne le pari En Crimée, il traverse les lignes russes pour rejoindre une dame qui l’attend de l’autre côté Au Mexique, une grenade lui ouvre le ventre.
puis j’arrive au vers : Regrettez-vous le temps où nos vieilles romances Ouvraient leurs ailes d’or vers un monde enchanté ? […] Arrivé au ruisseau après une longue course, l’animal voit comme par derrière une série idéale d’impressions de plus en plus affaiblies, indistinctes et incomplètes, répondant à sa course ; la perception du ruisseau est en pleine actualité et complète ; d’autre part, une seconde série idéale s’ouvre en avant, dont le premier terme, l’appétit de boire, monte en intensité au lieu de décroître. […] Pour percevoir l’étendue, l’enfant et l’animal n’ont qu’à ouvrir les yeux : c’est un spectacle actuel et intense, tandis que, pour le temps, c’est un « songe effacé ». […] Nous étendons la main, et l’espace s’ouvre devant nous, l’espace que des yeux immobiles ne pourraient saisir avec la succession de ses plans et la multiplicité de ses dimensions.
La conversation va au Japon, aux impressions, aux images obscènes qu’il m’affirme ne plus venir en Europe, parce que, au moment où le pays a été ouvert aux étrangers, ils ont acheté ces images avec des moqueries et des mépris publics pour la salauderie des Japonais, et que le gouvernement a été blessé, a fait rechercher ces images, et les a fait brûler. […] Il est aussi un effet terrible pour les assistants, c’est que le petit jour levé dehors, n’éclaire point encore l’intérieur de la prison, et quand on marche dans ces demi-ténèbres derrière le condamné, et qu’au moment, où s’il avait les mains libres, il pourrait toucher la porte, les battants s’ouvrent dans un coup de théâtre, et vous laissent voir soudainement, dans la clarté froide du matin, les deux montants de la guillotine, et les yeux grands ouverts de toutes ces têtes de regardeurs, le spectacle a quelque chose d’inexprimable. […] Sa mère, une janséniste, était tellement respectée, que pendant la Terreur, tous les dimanches, elle faisait ouvrir la grande pièce de réception de la maison, où il y avait un christ accroché au mur, et un livre de messe à la main, elle lisait tout haut la messe aux paysans agenouillés. […] Vendredi 19 septembre À propos de l’historique des jetons de l’Académie, et de je ne sais quel académicien qui les toucha tous, le jour de l’exécution de Louis XVI, quelqu’un raconte qu’aux journées de Juin, Villemain qui habitait l’Institut, dans la persuasion d’être tout seul à toucher, avait ouvert et clos la séance, quand Cousin qui venait de traverser les barricades et d’affronter la mort, apparut dans la salle, en s’écriant : « Part à deux !
Il sentait bien que ses amis de Versailles ne l’y laisseraient pas éternellement ; il avait l’espérance vague, mais certaine, d’un futur retour : « Ma plus grande peine n’est donc que d’aspirer à être utile, d’en ouvrir modestement les voies, et d’être toujours renvoyé à l’inaction et à l’inutilité : voilà pour le moral. » Au physique, sa santé s’altérait faute d’exercice ; son embonpoint augmentait, la goutte se portait aux genoux. […] Je le verrais encore plus souvent s’il n’avait pas un si bon cuisinier… Bernis, lorsque Mme de Pompadour s’ouvrit à lui pour la première fois de cette pensée d’alliance nouvelle si contraire à la politique établie, commença par des objections.
J’insiste sur ces jours intérieurs qu’il nous ouvre, parce que l’histoire secrète de Roederer fut celle alors de beaucoup d’autres, parce qu’il ne fut pas le seul à avoir ce qu’on peut appeler sa période de Rousseau, et pour qu’on voie aussi à quel degré primitif de chaleur mûrirent tant de qualités solides et fortes que plus tard on apprécia en lui. […] (Voir notamment le Journal de Paris du 14 novembre 1792.) — Tout au contraire, à mesure que le procès marche, il appuie et favorise les propositions qui ouvraient la voie à une solution d’humanité (Journal de Paris du 6 janvier 1793). — Il soulève et indique les objections contre les votes irréguliers qui condamnent (12 janvier).
Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle.
Dès sa jeunesse, Élisabeth-Charlotte se distingua par un esprit vif et par un caractère ouvert, franc et vigoureux : Mlle de Quadt, dit-elle, a été ma première gouvernante et celle de mon frère ; elle était déjà vieille : elle voulut une fois me donner le fouet, car j’étais un peu volontaire dans mon enfance ; mais je me débattis si fort, et je lui donnai avec mes jeunes pieds tant de coups dans son vieux ventre, qu’elle tomba tout de son long avec moi et faillit se tuer. […] Si je n’avais eu la fièvre et de grandes vapeurs, madame, du triste emploi que j’ai eu avant-hier d’ouvrir les cassettes de Monsieur, toutes parfumées des plus violentes senteurs, vous auriez eu plus tôt de mes nouvelles, mais je ne puis me tenir de vous marquer à quel point je suis touchée des grâces que le roi a faites hier à mon fils, et de la manière qu’il en use pour lui et pour moi : comme ce sont des suites de vos bons conseils, madame, trouvez bon que je vous en marque ma sensibilité, et que je vous assure que je vous tiendrai très inviolablement l’amitié que je vous ai promise ; et je vous prie de me continuer vos conseils et avis, et de ne jamais douter de ma reconnaissance qui ne peut finir qu’avec ma vie.
À l’heure qu’il est, de guerre lasse, une sorte de Concordat a été signé entre les systèmes contraires, et les querelles théoriques semblent épuisées : l’avenir reste ouvert, et il l’est avec une étendue et une ampleur d’horizon qu’il n’avait certes pas en 1820, au moment où les critiques comme Beyle guerroyaient pour faire place nette et pour conquérir au talent toutes ses franchises. […] Ainsi, d’après cette vue, Sophocle, Euripide, Corneille et Racine, tous les grands écrivains, en leur temps, auraient été aussi romantiques que Shakespeare l’était à l’heure où il parut : ce n’est que depuis qu’on a prétendu régler sur leur patron les productions dramatiques nouvelles, qu’ils seraient devenus classiques, ou plutôt « ce sont les gens qui les copient au lieu d’ouvrir les yeux et d’imiter la nature, qui sont classiques en réalité ».
avec une force insinuante elle ouvre toutes les cellules où dormait la Mémoire. […] On a dit que, dans les dernières années, il croyait voir un abîme ouvert à ses côtés ; si cela est exact, c’était une pure sensation physique dont il n’était pas la dupe et qu’il repoussait.
S’il est vrai, ce que vous croyez, que j’aie montré le chemin à beaucoup de gens, comme j’avoue qu’ils y ont fait plus de progrès que moi, ils ne peuvent pas nier que je ne leur aie ouvert le passage en leur montrant le chemin. […] Rose, alors premier secrétaire du cardinal Mazarin, en ayant lu des passages à Son Éminence, Costar reçut, sans savoir à qui il était redevable de ce bon office, une gratification de cinq cents écus ; il faisait bon en ce temps-là de défendre la mémoire de Voiture, cet auteur chéri dont Sorbière disait : « On est forcé de louer Hobbes, Descartes, Balzac, mais on est bien aise de louer Voiture. » Coslar ne se tenait pas de joie ; une fois en veine, il ne crut pas devoir s’arrêter, il ouvrit et desserra tous ses lieux communs et publia en 1654, sous ce titre un peu prétentieux : Les Entretiens de M. de Voiture et de M.
Persuadé de l’amitié que vous avez pour moi, je vous ai ouvert mon cœur sur ce sujet, qui a été longtemps l’objet de mes réflexions. […] Mais la campagne de 1778 qui s’ouvrit à l’occasion de la succession de la Bavière remit le prince Henri en désaccord avec le roi, et se retrouvant sur le même terrain, celui de la politique à main armée et de la guerre, les différences de caractère et de vues qui avaient déjà paru entre eux précédemment se prononcèrent encore.
Je lui remis le paquet de lettres en entrant dans sa chambre, et, sans l’avoir ouvert, il me fit asseoir au-dessus de lui en un fauteuil égal au sien, ne me laissant pas la liberté de prendre un moindre siège et me faisant couvrir. […] Il ouvrit alors son paquet et parcourut ses lettres : « Elles sont, dit-il, un peu malaisées à lire ; il faudra les étudier à loisir. » — « J’espère, monseigneur, de votre bonté, lui dis-je, que vous l’honorerez d’une réponse, afin qu’elle voie que j’ai exécuté ses ordres et que je lui porte de vos nouvelles de vive voix et par écrit. » — « Je n’y manquerai pas, ajouta-t-il ; et encore il faut bien lui recommander la fermeté. » — « Elle en sait l’importance et la nécessité, lui dis-je, monseigneur, car elle ne peut se déplacer sans lettre de cachet, et elle ne veut pas si souvent faire parler d’elle… » Comme on était déjà venu avertir pour dîner, il se leva et m’invita à venir prendre place à sa table.
Ce qui la séduisit surtout dans cette union fut la certitude que sa petite sœur ne la quitterait pas, qu’elle resterait maîtresse de lui prodiguer ses soins et de lui servir de mère. » « On cita, parmi les seigneurs russes dont ce mariage avait frustré les vœux, un jeune homme auquel la naissance, la fortune et de rares qualités d’esprit ouvraient une grande destinée, le baron, depuis, comte Strogonof. […] Le salon de Mme Swetchine trouva donc, au milieu de ce grand naufrage social, une sorte d’à-propos et de champ plus librement ouvert au genre d’entretiens qu’on y affectionnait de préférence.
Vers l’automne de 1695, le roi voyant que le duc de Savoie le lanternait toujours et qu’or, ne concluait pas, voulut décidément être en mesure d’agir la campagne suivante ; et Tessé, qu’il fit interroger sur cet article et sur le point précis où gisait la difficulté, répondait avec sa finesse habituelle, et à la fois avec tout le respect qu’il devait et qu’il portait en effet à Catinat ; — c’est un dernier jour ouvert, et selon moi définitif, sur l’esprit et le moral du très brave, mais très prudent maréchal : « Je vais parler franchement, écrivait donc Tessé (16 septembre 1695), puisque le roi l’ordonne. […] À cette date, l’on ouvrit le cercueil pour enlever le plomb ; mais les gens du lieu, toujours pleins de vénération pour les restes illustres, les remirent religieusement dans la tombe.
Mirabeau, large et ouvert, l’avait au contraire distingué en raison de sa fermeté honnête et de sa réserve même. […] Que l’on mette aujourd’hui cette phrase mystérieuse et pleine de sous-entendus en regard de la page des Mémoires où éclate le Mirabeau véritable dans toute sa hideur et sa beauté91 : rien ne nous montre mieux combien l’histoire a de doubles fonds, et tout ce que la postérité a à faire avant d’arriver sur bien des points à savoir le dernier mot ; il y aura auparavant à lever bien des scellés et à ouvrir bien des serrures.
Il y eut dès lors comme un premier aperçu jeté en causant, une première idée vaguement esquissée du duc d’Orléans possible comme roi de France ; ce n’était qu’un en-cas : M. de Talleyrand se contenta de répondre « que la porte n’était pas ouverte encore, mais que si elle venait jamais à s’ouvrir, il ne voyait pas la nécessité de la fermer avec violence ». […] On dit qu’il ouvrit les conférences de Londres en ces termes : « Messieurs, je viens m’entretenir avec vous des moyens de conserver la paix à l’Europe… » Il y réussit, et remporta ce jour-là sa plus signalée victoire diplomatique.
Si cette lettre désirée arrive durant un dîner de famille, on ne peut s’empêcher de l’ouvrir aussitôt, devant tous ; on oublie qu’on n’est pas seule, les larmes coulent, et les bons parents de sourire, et la grand’mère de dire le mot de toutes les pensées : « Si tu avais un mari et des enfants, cette amitié disparaîtrait bientôt, et tu oublierais Mlle Cannet. » Et la jeune fille, racontant à ravir cette scène domestique, se révolte, comme bien l’on pense, à une telle idée : « Il me surprend de voir tant de gens regarder l’amitié comme un sentiment frivole ou chimérique. […] Deux jours après, prenant sa bonne sous le bras, elle s’achemine, elle entre dans l’allée du cordonnier et monte en tremblant, comme par les degrés d’un temple ; mais ce fut Thérèse qui ouvrit et qui répondit non à toutes les questions, en tenant toujours la main à la serrure.
Enfin, pour ouvrir une nouvelle source d’émotions théâtrales, il faudrait trouver un genre intermédiaire entre la nature de convention des poètes français et les défauts de goût des écrivains du Nord. […] Le célèbre métaphysicien allemand, Kant, en examinant la cause du plaisir que font éprouver l’éloquence, les beaux-arts, tous les chefs-d’œuvre de l’imagination, dit que ce plaisir tient au besoin de reculer les limites de la destinée humaine ; ces limites qui resserrent douloureusement notre cœur, une émotion vague, un sentiment élevé les fait oublier pendant quelques instants ; l’âme se complaît dans la sensation inexprimable que produit en elle ce qui est noble et beau ; et les bornes de la terre disparaissent quand la carrière immense du génie et de la vertu s’ouvre à nos yeux.
« Cet élément du culte, une fois développé, ouvrit la vaste carrière des superstitions humaines. […] Sous leurs pinceaux, les accidents de la nature se transformèrent en esprits célestes : la Dryade se joua dans le cristal des fontaines ; les Heures, au vol rapide, ouvrirent les portes du jour ; l’Aurore rougit ses doigts, et cueillit ses pleurs sur les feuilles de roses humectées de la fraîcheur du matin ; Apollon monta sur son char de flammes ; Zéphire, à son aspect, se réfugia dans les bois, Téthys rentra dans ses palais humides, et Vénus, qui cherche l’ombre et le mystère, enlaçant de sa ceinture le beau chasseur Adonis, se retira avec lui et les Grâces dans l’épaisseur des forêts.
IX Mais vous approchez des Alpes, les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament profond comme une mer, l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’Océan de l’espace infini ; les ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins, des chaumières isolées et suspendues à des promontoires, comme des nids d’aigles, fument du feu du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où sa femme et ses enfants l’attendent au seuil de sa maison, ses filets y sèchent sur la grève, un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés interrompent par moment le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les foyers brûlent çà et là à travers les vitraux des chaumières, on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames, le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce coin de terre, l’âme la quitte, elle se sent à la hauteur et à la proportion de s’approcher de son Créateur presque visible dans cette transparence du firmament nocturne, elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle, elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit, elle croit parce qu’elle voit, elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther, avec la divinité du spectacle. […] La Grèce s’ouvre devant mes pas ; l’islamisme recule, le Péloponèse redevient libre, l’Église de Corinthe refleurit, la voix de l’apôtre s’y fait encore entendre.
Sans vouloir rien préciser, je concevrais que, dans une organisation sérieuse de la science, on ouvrît ainsi des problèmes publics où chacun vînt apporter son contingent de faits. […] Un dépôt séparé serait ouvert pour les publications plus récentes.
La porte s’ouvre ; madame Séraphine apparaît coiffée d’un chapeau à la Marie Stuart, attifée d’une robe de velours rouge flambant neuf, conforme, des pieds à la tête, au signalement de la terrible facture. […] Le soir venu, il se réfugie dans le seul asile qui lui reste, il entre chez Thérèse, tombe sur un fauteuil, brisé, glacé, mortellement malade ; et, là, entre sa fille adoptive et celui qu’il appelle son fils, ouvre son cœur gonflé et en laisse sortir tout ce qu’il tient de fiel et de larmes.
Aux avances qu’elle lui fait, la dame à la capeline ne répond, d’abord, qu’avec une timidité évasive ; ce cœur fermé ne s’ouvre pas au premier appel. […] Pressée par ses instances, elle lui ouvre son cœur et lui raconte son histoire.
Saint-Simon, au premier bruit de la rechute et de l’agonie, court donc chez la duchesse de Bourgogne, et y trouve tout Versailles rassemblé, les dames à demi habillées, les portes ouvertes, un pêle-mêle confus, et une des occasions les plus belles qu’il ait jamais rencontrées de lire à livre ouvert dans les physionomies des acteurs : « Ce spectacle, dit-il, attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme. » Et il se met à exercer sa faculté de dissection et d’analyse sur chaque visage en particulier, en commençant par les deux fils du moribond, par leurs épouses, et ainsi par degrés sur tous les intéressés : Tous les assistants, dit-il avec une jubilation de curieux qui ne se peut contenir, étaient des personnages vraiment expressifs ; il ne fallait qu’avoir des yeux, sans aucune connaissance de la Cour, pour distinguer les intérêts peints sur les visages, ou le néant de ceux qui n’étaient de rien ; ceux-ci tranquilles à eux-mêmes, les autres pénétrés de douleur, ou de gravité et d’attention sur eux-mêmes pour cacher leur élargissement et leur joie. […] Au bout de la galerie, dans un salon ouvert, sont les deux princes, fils du mort, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, ayant chacun sa princesse à ses côtés, assis sur un canapé, près d’une fenêtre ouverte, le dos à la galerie, « tout le monde épars, assis et debout, en confusion, et les dames les plus familières par terre à leurs pieds ».
Il a un ami qui n’a point d’autre fonction sur la terre que de le promettre longtemps à un certain monde, et de le présenter enfin dans les maisons comme homme rare et d’une exquise conversation : et là, ainsi que le musicien chante et que le joueur de luth touche son luth devant les personnes à qui il a été promis, Cydias, après avoir toussé, relevé sa manchette, étendu la main et ouvert les doigts, débite gravement ses pensées quintessenciées et ses raisonnements sophistiqués. […] Fontenelle, qui marque mieux que toute définition (comme l’a si bien dit Fontanes) la limite de l’esprit et du génie ; et Diderot, une espèce de génie extravasé et en ébullition, qui ne peut se contenir à une limite ; l’un qui ouvre discrètement le siècle, et qui retient dans sa main à demi fermée plus de vérités qu’il n’en laisse sortir, qui semble dire chut !
Il n’inventa rien, mais il rompit cette ennuyeuse lignée des tragédies antiques et mythologiques, et il eut l’air, comme de Belloy, d’ouvrir une veine et de créer un genre, le genre historique national. […] Il a quelque chose de court, de brisé, de pas assez ouvert et étendu dans le raisonnement comme dans la phrase.
On voulait lui donner quelque gratification, quelque faveur à ce sujet ; il demanda à M. de Montalivet, comme encouragement, qu’on lui ouvrît des sources pour l’Histoire qu’il avait entreprise, et que le gouvernement fît l’acquisition de certains manuscrits orientaux où l’on devait trouver les témoignages des historiens arabes sur les croisades. […] Plus tard, quand il se décida à ouvrir le feu contre M. de Villèle, en qui il n’appréciait pas assez le côté d’homme d’affaires, et qui le choquait par son manque d’attention et de soins pour l’esprit, il disait en souriant à quelques-uns de ses nouveaux alliés : « Nous autres, nous tirons par les fenêtres de la sacristie. » — Je ne donne pas cette guerre de Fronde pour de la haute et très prudente politique ; mais je la montre telle qu’elle était.
Lorsque son Testament politique parut en 1687, de bons juges y reconnurent le cachet du maître : Ouvrez son Testament politique, dit La Bruyère, digérez cet ouvrage : c’est la peinture de son esprit ; son âme tout entière s’y développe ; l’on y découvre le secret de sa conduite et de ses actions ; l’on y trouve la source et la vraisemblance de tant et de si grands événements qui ont paru sous son administration : l’on y voit sans peine qu’un homme qui pense si virilement et si juste a pu agir sûrement et avec succès, et que celui qui a achevé de si grandes choses, ou n’a jamais écrit, ou a dû écrire comme il a fait. […] Elle avait signé la paix de Loudun, que les princes révoltés lui avaient fait chèrement payer (3 mai 1616) ; mais ce qu’elle avait fait pour ces prétendus réformateurs et champions de l’intérêt public avait plutôt ouvert que rassasié leurs appétits insatiables.
En 1600, pendant que l’empereur Rodolphe faisait la guerre à son frère révolté et ouvrait les quatre veines à son fils, assassin d’une femme, il fit Comme il vous plaira, Henri IV, Henri V et Beaucoup de bruit pour rien. […] En 1602, pendant que, pour obéir au pape, le roi de France, qualifié renard de Béarn par le cardinal neveu Aldobrandini, récitait son chapelet tous les jours, les litanies le mercredi et le rosaire de la vierge Marie le samedi, pendant que quinze cardinaux, assistés des chefs d’ordre, ouvraient à Rome le débat sur le molinisme, et pendant que le Saint-Siège, à la demande de la couronne d’Espagne, « sauvait la chrétienté et le monde » par l’institution de la congrégation de Auxiliis, il fit Othello.
Il est donc ouvert à toutes les vérités, de quelque part qu’elles viennent, comme un peuple éclairé qui juge sagement dans ses comices les systèmes politiques qu’on lui propose, et qu’il n’eût pas trouvés tout seul. […] Locke, moins profond ou moins sublime que les cartésiens, a plus de bonhomie, et par là même plus de largeur ; il s’est plus rapproché de la pratique de la vie, ce qui ouvre toujours l’esprit et le rend moins intolérant.
De ce que la « recherche psychique » ne peut pas procéder comme la physique et la chimie, on conclut qu’elle n’est pas scientifique ; et comme le « phénomène psychique » n’a pas encore pris la forme simple et abstraite qui ouvre à un fait l’accès du laboratoire, volontiers on le déclarerait irréel. […] C’est dire que je considère comme très vaste, et même comme indéfini, le champ ouvert à la recherche psychique.
Il ouvre l’histoire, et la nouvelle immensité qu’il découvre l’accable encore sous le poids de la même question. […] Ici, comme ailleurs, il garde l’empreinte de ses deux natures : chrétien converti, philosophe tardif, conduit par une méthode sévère, appesanti par des souvenirs d’enfance, il s’est agité et il s’est meurtri ; la moitié de sa peine est demeurée stérile ; de ses mains inquiètes il a ouvert la science, et s’est assis blessé sur le seuil.
ne diffère pas d’accorder merci, si tu le peux ; car je vois déjà le ciel s’ouvrir, et les anges de Dieu venir dans ce bas monde pour emporter l’âme sainte. » On sait combien cette image de Béatrix occupa la pensée du Dante, et revient partout dans ses premiers vers, avant d’être divinisée dans son grand poëme. […] Cette fois, ce n’est plus le chant profane et travaillé des troubadours, cette poésie artificielle lors même qu’elle est passionnée, qui aura précédé le grand poëte, lui ouvrira la route, et, par cela même, pourra souvent égarer son mâle et fier génie : ce sera la religion même, par les voix les plus candides et les plus simples ; ce sera le spectacle de la piété populaire, au milieu de la belle nature de l’Italie, alors que, dans la tiède sérénité du soir, après un jour brûlant de Toscane, un humble religieux, frère Pacifique, faisait doucement retentir de simples paroles italiennes, répétées en chœur par le peuple agenouillé dans une vaste plaine des bords de l’Arno.
Sa lettre à Villemain sur la liberté de l’enseignement commence en ces termes : « Vous n’aurez point de vacances cette année, monsieur le ministre, ni votre successeur l’année prochaine, s’il plaît à Dieu, car les catholiques ne veulent plus interrompre la guerre qu’ils livrent à l’enseignement de l’État… » Au nom d’un article de la Charte, au nom des serments d’août 1830, voici en fait ce que les catholiques, par l’organe de Veuillot, réclament : 1° Liberté pour tout citoyen d’ouvrir école ; 2° Liberté pour tout citoyen de fréquenter telle école que bon lui semblera, et d’y envoyer ses enfants ; 3° Formation d’un jury d’examen pour le baccalauréat, réunissant aux garanties nécessaires de science et de sévérité, les garanties non moins indispensables de moralité et d’impartialité, afin que devant ce jury, tout citoyen, sous le seul patronage de sa capacité et de son honneur, puisse demander le diplôme, quelle que soit l’école qu’il ait fréquentée, et quand même il n’en aurait fréquenté aucune.
Avenel, « il y a dans l’affaire de Cinq-Mars deux choses fort distinctes : une intrigue et un crime ; une intrigue pour faire perdre au cardinal la confiance du roi, un crime dont le but était d’ouvrir la France aux ennemis.
Les Précepteurs, de Fabre d’Églantine, avaient ouvert la carrière que la censure a fermée.
. — On ouvre un cahier de musique, et, pendant que le regard suit les ronds blancs ou noirs dont la portée est semée, l’ouïe écoute intérieurement le chant dont ils sont la marque. — Un cri aigu d’un certain timbre part d’une chambre voisine, et l’on se figure un visage d’enfant qui pleure parce que sans doute il s’est fait mal. — La plupart de nos jugements ordinaires se composent de liaisons semblables.
Puis il s’occupe (le physique et d’agriculture, et ses travaux lui ouvrent l’Académie des sciences.
La première elle a senti ce qu’il y a de grandeur et de poésie dans sa simplicité, dans sa patience, dans sa communion avec la Terre ; elle a goûté les archaïsmes, les lenteurs, les images et la saveur du terroir de sa langue colorée ; elle a été frappée de la profondeur et de la ténacité tranquille de ses sentiments et de ses passions ; elle l’a montré amoureux du sol, âpre au travail et au gain, prudent, défiant, mais de sens droit, très épris de justice et ouvert au mystérieux… Ce que nous devons encore à George Sand, c’est presque un renouvellement (à force de sincérité) du sentiment de la nature.
Et, à mesure que son coeur s’amollit et que s’y ouvre la divine fontaine des larmes, il apprend aussi la pudeur.
Gustave Kahn a ouvert une voie et tracé un sillon vers des horizons de liberté ; plusieurs bons poètes le suivirent dans cette louable tentative.
Par les portes ouvertes, on voit des mains crisper furieusement les draps ; une toux obstinée claque dans un coin ; une porte s’ouvre ; un infirmier, les manches retroussées, passe dans un courant d’air, en sifflotant, et, par les hautes fenêtres, le soir tombe en pluie de cendres… Tout à coup, un charme, une grâce, un rayon.
Le décollé d’Hérodiade ouvrit l’ère des martyrs chrétiens ; il fut le premier témoin de la conscience nouvelle.
Nos villes offrent par-tout des asiles ouvert à tous les genres de miseres & d’infirmités.
Venu de l’arabe par l’italien ; peut-être de la ville de Tarifa, port que les Arabes d’Espagne avaient ouvert au commerce des chrétiens.
L’esprit de l’homme a trois clefs qui ouvrent tout : le chiffre, la lettre, la note.
L’ouvrage enfin eut du succès, & fit ouvrir les yeux à bien des gens, esclaves jusqu’alors de l’usage.
Elle avait commencé par nous montrer dans l’intelligence un effet local de l’évolution, une lueur, peut-être accidentelle, qui éclaire le va-et-vient des êtres vivants dans l’étroit passage ouvert à leur action : et voici que tout à coup, oubliant ce qu’elle vient de nous dire, elle fait de cette lanterne manœuvrée au fond d’un souterrain un Soleil qui illuminerait le monde.
Puis, lorsque se formèrent les démocraties, sorte de gouvernement dont le caractère est plus ouvert et plus généreux et dans lequel commande la multitude qui a l’instinct de l’équité naturelle, on vit paraître en même temps les langues et les lettres vulgaires, dont la multitude est, comme nous l’avons dit, souveraine absolue.
Enfin, en 1786, elles se font ouvrir les portes du Collège de France. […] On raisonne à tort et à travers de la politique, mais enfin on s’en occupe. » — Une fois que la conversation a saisi cet aliment, elle ne le lâche plus, et les salons s’ouvrent à la philosophie politique, par suite au Contrat social, à l’Encyclopédie, aux prédications de Rousseau, Mably, d’Holbach, Raynal et Diderot. […] Les ambitieux se réjouissaient de la large carrière qui allait s’ouvrir à leurs espérances.
N’y pensez pas : ce qu’il faut à la France et à la civilisation dans nos rapports avec l’Angleterre, c’est la paix, la paix difficile, la paix agitée, mais la paix méritoire, la paix utile au monde, mais la paix l’œil ouvert et la main armée. […] Au premier sacrifice qu’ils auraient fait en Occident ou en Orient pour acheter cette alliance, la France et l’Europe, qui se seraient senties trahies, auraient précipité le trône des Bourbons dans le gouffre ouvert sous les fondements de l’Europe. […] Monarque d’une si riche péninsule, chef courageux d’une si imposante armée, présent par l’ubiquité du nom de roi d’Italie dans mes cinq ou six capitales, maître de mille lieues de côtes couvertes de ports militaires sur la Méditerranée, pouvant à mon gré les ouvrir ou les fermer aux escadres ou aux débarquements de l’Angleterre, je veux faire compter l’Autriche et au besoin la France avec moi ; c’est un terrible poids à placer ou à déplacer dans la balance du continent que trente millions d’âmes, cinq cent mille hommes, l’alliance nécessaire de l’Angleterre et un drapeau qui sera, à mon gré, selon les circonstances, celui de la monarchie absolue, celui de la dictature soldatesque, ou celui de la révolution !
Qu’est-ce donc qu’on dit aux pauvres quand on leur dit : Frappez et on vous ouvrira ? […] Il vole résolument son hôte ; il s’avance à pas de loup vers son lit, bien résolu de tuer le dormeur s’il ouvre les yeux au bruit ; il épie le réveil, il médite la mort, il regarde. […] non, Monsieur, je ne pardonnerai jamais cela à ce Valjean : cela dépasse l’homme, cela dépasse le tigre, car le tigre qui ouvre ses griffes sur l’homme ne sait pas que cet homme lui voulait du bien : il l’étrangle comme ennemi, mais non comme bienfaiteur !
« La mort d’Alfieri ouvre une période nouvelle dans la vie de Mme d’Albany. […] Quant à ces salons où la royale comtesse était si impatiente d’avoir sa cour et que la sauvagerie d’Alfieri tenait si obstinément fermés, ils vont enfin s’ouvrir : grands seigneurs et grandes dames, hommes de guerre et hommes d’État, écrivains et artistes, y affluent bientôt de toutes parts ; c’est le foyer littéraire de l’Italie du nord, c’est un des rendez-vous de la haute société européenne. […] Mes journées étaient toujours trop courtes, je lisais au moins sept ou huit heures, à présent je ne puis plus ouvrir un livre.
Ton amant est à tes pieds ; il vient ouvrir les portes de cette horrible prison. […] Quel accès ouvert à l’ascendant du pouvoir, aux transactions de la conscience, à tous les mobiles conseils des événements ! […] Et cependant, pour en revenir aux considérations qui ouvrent ce récit et qui doivent le clore : quelle est la plus grande de cette femme de bruit ou d’une femme de silence, voilant jusqu’à son âme de la chaste pudeur de son sexe, renfermée dans l’ombre de son pauvre foyer conjugal, entre un époux qu’elle aime, des enfants qu’elle élève, des vieillards qu’elle honore, des infirmes qu’elle soulage, des misères qu’elle nourrit, des talents même qu’elle sacrifie à d’humbles devoirs ?
Saint-Nicolas fut sous sa direction une maison tout ecclésiastique, peu nombreuse, n’ayant en vue que la cléricature, un séminaire par anticipation ouvert aux seuls sujets qui se destinaient à l’état ecclésiastique, et où le côté profane des études était tout à fait négligé. […] Le monde s’ouvrit pour moi. […] Du pauvre petit provincial le plus lourdement engagé dans sa gaine, il avait tiré un esprit ouvert et actif.
Il a compté sur le nom du marquis de Prestes pour lui ouvrir les portes du Luxembourg, et il voudrait le voir rentrer dans le bercail officiel de la royauté de Juillet, pour s’y glisser à sa suite. […] Landara, un pianiste incompris et idéologue qui fait de la musique philosophique et transcendantale, et qui, au besoin, vous traduirait, sur le piano, à livre ouvert, la Critique de la raison pure, de Kant, ou le système de Hegel. […] Alors, comme elle s’emporte et perd la tête à son tour et se lance dans des menaces d’infamie et de déshonneur, le vieillard exaspéré ouvre une boîte de pistolets qui se trouve là par hasard, et la tue, à bout portant, comme il tuerait une bête enragée.
Il ouvre devant elle un vaste champ inexploré et vierge encore ; il peut rendre au roman historique la vitalité et la fécondité, en y faisant pénétrer une psychologie jadis tout à fait négligée ou sacrifiée au décor. […] Henry Bordeaux, dans une série de récits attachants et de plus en plus remarqués, parmi lesquels nous citerons, principalement, le Pays natal, l’Honnête femme, la Peur de vivre, la Petite Mademoiselle, les Roquevillard et Les Yeux qui s’ouvrent, a montré comment un romancier sincère qui est aussi un artiste personnel peut, sans sacrifier rien de sa personnalité, s’inspirer heureusement du traditionalisme de M. […] Depuis le Pays natal jusqu’aux Yeux qui s’ouvrent, M.
La Presse qui n’avait pas accordé quatre lignes à un individu dada ouvrit ses colonnes à la nouvelle association. […] Le domaine dada s’ouvrit à ce moment. […] Enfin, comme aujourd’hui le problème d’ordre social se pose pour l’ensemble du monde, le problème d’ordre spirituel s’ouvre aussi pour ce total et c’est un afflux dans le piège dadaïste de tous les désemparés de la terre.
Cette femme-là, ils l’avaient très nettement et même très brillamment posée dès le début de leur roman, dans cette scène, originale et nouvelle, qui ouvre le livre, entré Renée Mauperin et son fiancé Reverchon, nageant en pleine rivière, aux rayons obliques d’un soleil à son déclin… comme deux garçons qui veulent gagner de l’appétit avant de dîner. […] L’écrivain de La Fille Élisa avait pu se repentir de cette bassesse d’inspiration et d’exécution, mais le livre, et surtout cette préface des Frères Zemganno, m’empêche de croire à ce repentir que je supposais… M. de Goncourt, à qui j’ai reproché souvent d’être involontairement le père de ce menu fretin littéraire sans talent, qui fait maintenant le gros poisson, et, comme le crocodile, ouvre des mâchoires comme s’il allait tout avaler ! […] Pour établir cette collaboration, il ouvre chez son éditeur Charpentier un petit bureau de bienfaisance et de confidences où il attendra patiemment les renseignements demandés, et, entre tous, il prend la peine de signaler ceux qui lui plairaient davantage, et ce sont les impressions des jeunes filles, et même des toutes petites filles, et « l’éveil simultané de leur intelligence et de leur coquetterie… ».
Et quand Sganarelle réussit à faire rentrer Pancrace et à l’enfermer à l’intérieur de la maison (j’allais dire au fond de la boîte), tout à coup la tête de Pancrace réapparaît par la fenêtre qui s’ouvre, comme si elle faisait sauter un couvercle. […] Il n’y a pas de jeu auquel un Champ plus vaste soit ouvert. […] Ouvrons maintenant un livre d’images pour enfants : nous allons voir ce dispositif s’acheminer déjà vers la forme d’une scène comique.
Avant de l’ouvrir, nous étions au parterre, à distance, placés comme il fallait pour admirer et admirer toujours. […] « Il dormait le plus souvent sur un tabouret, auprès de la porte, où je l’ai maintes fois vu ainsi attendre avec les courtisans que le roi vînt se coucher. » Bloin, le valet de chambre, ouvre les battants. […] Un jour madame de Montespan envoie à madame de Saint-Simon un brevet de dame d’honneur ; il ouvre la lettre, écrit « qu’à son âge il n’a pas pris une femme pour la cour, mais pour lui. — Ma mère y eut grand regret, mais il n’y parut jamais. » Je le crois ; on se taisait sous un pareil maître. — Il se faisait justice, impétueusement, impérieusement, lui-même, avec l’épée, comme sous Henri IV.
La philosophie, spéculant sur les résultats de l’expérience et de la science positive, et en formant telle ou telle de ces synthèses qu’on nomme des systèmes, a besoin de voir les choses de très-haut pour pouvoir en saisir les rapports généraux, et s’élever ainsi, selon le sujet de ses recherches, à l’unité de loi, de type, de cause ou de substance, Or, dans cette contemplation suprême, il est presque inévitable, ou bien que les caractères propres de la réalité échappent au philosophe placé à un tel point de vue d’observation, ou bien qu’ils s’effacent et tendent à disparaître dans le vaste horizon ouvert sous ses pieds à ses yeux éblouis. […] Qu’on ouvre au savant le monde des vérités de la conscience, voici qu’une lumière nouvelle se répand tout à coup sur le champ de ses recherches. […] C’est ce qu’a fait et fera le chrétien protestant, pour lequel les écritures ne sont qu’un texte toujours ouvert aux interprétations de la science et de la morale ; c’est ce que fait encore, quoique avec moins de liberté, le chrétien catholique soumis à l’autorité de l’Église.
» Ouvrons maintenant la Venise sauvée de Thomas Otway. […] Zola, c’est-à-dire d’ouvrir, et de consulter attentivement l’Histoire de la littérature anglaise de M. […] Balzac aura besoin, sans doute, au cours de son récit, de toutes les indications accumulées dans cette longue description par laquelle s’ouvre le livre. […] Elle était sur le seuil, elle alla chercher son ombrelle, elle l’ouvrit. […] Uniquement parce qu’il est prétentieux, c’est-à-dire uniquement parce qu’à chaque fois qu’il ouvre la bouche, il affirme la conscience entière qu’il a de sa supériorité.
Grâce à la démocratie des journaux, la politique a ouvert un débouché inattendu à ces forçats de l’imprimerie. […] Quel journal ouvrirons-nous sans y voir leur signature ? […] Le couvercle de l’échelle de l’entrepont s’ouvre, une voix effrayée appelle le capitaine. […] Les attaques pleuvent de toutes parts : on ne peut ouvrir un journal sans lire un article contre les de Goncourt. […] Quand on ouvre libre carrière à l’imagination, il est rare qu’elle s’impose des limites.
Cette loi, qui ouvre un champ fécond à l’imagination du peintre, domine l’art de la mise en scène. […] La fumée qui s’échappe de la soupière répond par la perfection d’imitation au jeu de scène qui ouvre le repas et sur lequel l’attention du spectateur est appelée et maintenue pendant un certain temps. […] Quand on s’efforce d’élever et de purifier le goût des jeunes gens, de leur ouvrir l’esprit, de leur faciliter l’accès des œuvres immortelles qui sont la gloire de l’esprit humain, on travaille en définitive (que n’en sont-ils persuadés !) […] Hippolyte paraît deux fois, son arc à la main, notamment dans la première scène, lorsqu’il ouvre la tragédie avec ce vers : Le dessein en est pris, je pars, cher Théramène. […] Le fond du théâtre devrait s’ouvrir derrière le trône où est placé Joas ; et le public devrait apercevoir, jusque dans les derniers plans du théâtre, les masses nombreuses des lévites armés.
Il ne s’agit que d’ouvrir les yeux. « J’ai vu, vous dira un témoin dont on conteste le récit ; me prenez-vous pour un halluciné ? […] Ils ouvrent à la page marquée. « Rome, Rome ? […] Le paganisme, qui savait tout et comprenait tout, ouvre à la pluie d’or d’en haut les cuisses vaincues de Danaé. […] Ouvrez les êtres. […] Nietzsche a ouvert la porte.
… » À la place de M. des Rieux, j’ouvrirais une enquête avant d’intenter un procès à l’Opéra pour abus de publicité. […] Ouvrez nos collections, assimilez-vous nos allures et nos tendances, mortifiez bien la chair de votre imagination. […] Amédée Achard, qui, en signant son courrier de l’Époque du nom de Grimm, nous a prouvé malheureusement qu’il n’avait pas ouvert l’illustre auteur de la Correspondance. […] À peine ouvert, le théâtre des Bouffes-Parisiens est déjà populaire, et voilà justement ce qui me donne raison. […] Ces deux noms n’existent pas dans la langue de Boileau ; il ouvre donc l’Art poétique et les baptise pour se conformer au style du maître : Ronsard et Chapelain.
D’autre part, les femmes s’en mêlent fort ; dans la nullité de galanterie et dans la froideur de la religion, il ouvre une carrière à l’imagination et aux rêves. […] J’ouvre au hasard ses trois grands ouvrages : Pendennis, la Foire aux vanités, les Newcomes. […] Quelle dignité donne à une vieille dame un compte ouvert chez son banquier ! […] Le roi ouvre cette galerie de portraits vengeurs. […] II Supposez qu’un heureux hasard écarte ces causes de faiblesse et ouvre ces sources de talent.
La langue Latine, dans laquelle ils se perfectionnèrent, jusqu’à la parler avec l’élégance & la pureté la plus grande, remplaça peu-à-peu l’idiome vulgaire, & leur ouvrit le chemin des honneurs & des dignités. […] Après plus de douze cens ans écoulés & perdus dans l’ignorance, on ouvrit enfin les yeux, & l’on sortit de la plus honteuse léthargie. […] L’amour qu’ils avoient inspiré pour l’étude des Anciens, demeura dans toute sa vigueur ; mais il étoit bien plus aisé de suivre & d’embellir la route qu’ils avoient tracée, que de l’ouvrir & de la frayer. […] Mais à mesure que la nature s’est corrompue, que l’innocence a cessé d’habiter la terre, que le séjour des Villes est devenu nécessaire à une société plus nombreuse, que le fer n’a plus été travaillé pour ouvrir seulement le sein de la terre & le rendre fertile, qu’on en a forgé des armes cruelles, & que des ruisseaux de sang ont coulé dans les campagnes ; les besoins alors ont fait naître l’industrie, les Arts ont dû leur découverte au hasard, le luxe les a multipliés, l’expérience d’âge en âge a perfectionné les connoissances, les sciences se sont formées & ont été le produit des méditations constantes de l’esprit humain, les peuples de proche en proche se les sont communiquées, & ceux chez lesquels elles ont jeté les plus profondes racines, ont été les plus favorisés de la nature. […] Ce grand homme, par lequel la nature vouloit terminer les prodiges du règne de Louis XIV, s’ouvrit une nouvelle route pour marcher à l’immortalité.
Samedi 30 janvier Pour être connu en littérature, pour être universellement connu, on ne sait pas combien il importe d’être homme de théâtre, car le théâtre, pensez-y bien, c’est toute la littérature de nombre de gens, et de gens supérieurs, mais si occupés qu’ils n’ouvrent jamais un volume, n’ayant pas trait à leur profession : l’unique littérature en un mot des savants, des avocats, des médecins. […] Forain raconte ses démêlés avec ses créanciers, parmi lesquels se rencontraient des créanciers roublards qui se faisaient ouvrir en chantonnant le refrain d’une chose en vogue, dans le moment, chez les artistes. […] Salles, le père de Mme Benedetti, à propos de Germinal me contait aujourd’hui, à Saint-Gratien, en sa qualité d’intéressé dans une houillère de Belgique, l’attachement des mineurs pour leurs mines, et me donnait ce détail, qu’une grève de huit jours étant accordée là, pour l’arrachement des pommes de terre, les femmes ont toutes les peines à décider leurs hommes, pour ce travail, à ciel ouvert. […] Dimanche 16 octobre Ce matin, je reçois par la poste, un gros paquet de lettres d’affaires, et que je rejette loin de moi, sans ouvrir l’enveloppe, en m’écriant : « Est-ce assez embêtant… encore un manuscrit, qu’un inconnu m’envoie pour le lire ! » Enfin j’ouvre le paquet.
L’être ouvre à son insu, de lui-même, le livre ; Sa conscience calme y marque avec le doigt Ce que l’ombre lui garde ou ce que Dieu lui doit. […] Toute faute qu’on fait est un cachot qu’on s’ouvre. […] Ils n’acceptent aucun des védas, comprenant Que le vrai livre s’ouvre au fond du ciel tonnant, Et que c’est dans l’azur plein d’astres que flamboie Le texte éblouissant d’épouvante ou de joie. […] Hennequin, prévenus contre le poète, persuadés d’avance qu’il doit divaguer des qu’il ouvre la bouche, ne veulent plus même essayer de comprendre ce qu’il dit de profond190. […] plaindre, c’est déjà comprendre La grande vérité sort de la grande excuse… Dès que, s’examinant soi-même, on se résout A chercher le coté pardonnable de tout, … Le réel se dévoile, on sent dans sa poitrine Un cœur nouveau qui s’ouvre et qui s’épanouit.
De là, ce royaume déchu ouvert à la tragédie, où tout est poésie et tendresse : ni l’aveugle destin des Grecs, ni l’infaillible malheur des passions à la française ; ni cet autre destin des passions, implacable également, qu’il a révélé lui-même dans ses terribles drames, ni la fatalité de la conscience comme dans Ibsen ; mais toutes ces tragédies en une seule qui se dépouille de l’odieuse nécessité dans un purgatoire d’amour. […] La musique est une mathématique qui chante, qui aime et qui ouvre les cœurs. […] Parfois, ils ne sont que poètes, comme Wlutman, et ne vont pas jusqu’à ouvrir la porte de méditation que scelle le « scire nefas ». […] Alfred Wolfensteinbl , le crâne ouvert à tout. […] Le tableau de Bordeaux en 1914 ouvre la deuxième partie (ibid.
La Franciade, en tant qu’épopée au sens étroit du mot, ouvre une série néfaste que nous retrouverons au xviie siècle ; en tant que poème, ses beautés sont lyriques. […] Sa tragédie, d’un calme apparent si classique, ouvre alors un monde en raccourci ; cette forme étroite ne l’a point gêné ; il était de ces génies qui, par un art merveilleux, entrent en toutes choses, et plient toutes formes à leur pensée ; qui sont forts sans violence, ardents sans rhétorique, profonds sans obscurité. […] Les artistes sont des sensitives ; un mot leur ouvre un horizon ; un froissement leur en ferme un autre. […] Ainsi qu’elle le fait pour toutes ses renaissances, la France s’ouvre aux idées étrangères ; elles lui viennent de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Italie ; la France les accepte d’abord pêle-mêle, comme au xvie siècle, puis elle fait un choix, elle se les assimile et leur donne enfin leur valeur universelle. […] On a dit, je le sais, que la France se ferme aux idées étrangères ; cela est exact, ou faux, selon les époques ; quand elle a tout donné, qu’elle paraît épuisée, elle s’ouvre à l’étranger ; puis elle semble s’isoler ; c’est que, mère toujours féconde, elle voue ses soins au fils qu’elle enverra, tel Yvain ou Lancelot, à travers la forêt magique des préjugés, à la recherche du vrai idéal. — L’exclusivisme est à de certains moments une nécessité de la concentration.
Donc, vous pouvez ouvrir les Souvenirs de M. […] Plus tard, on fit la dépense utile d’ouvrir tout à fait les fenêtres, et on les dégagea de la croix qui obstruait le jour. […] La porte s’ouvre, et M. […] À peine ouvert, le livre nouveau laissait échapper des rayons, des étoiles, des mondes, des fièvres. […] Ainsi il ouvrit sa boutique au beau milieu de ce tumulte ; et voyez la chance heureuse !
Toutes les portes s’ouvrirent au premier éclair de l’épée de Clorinde. […] Alors, voilà Suzanne, dans une noble et pudique colère, refusant à Raoul la petite clef d’or qui devait lui ouvrir à la fois la porte de sa chambre et les plus précieux trésors de son âme virginale. […] Michel-Ange n’a rien fécondé ; son œuvre, admirable en elle-même, a ouvert une voie désastreuse, etc., etc… » Quant au dix-septième siècle, M. […] Ces bonnes religieuses ont ouvert à M. […] Sa bouche ne s’ouvrait que pour faire entendre les naïvetés les plus aimables.
Ils reprochent au symbolisme de n’être pas assez humain, assez ouvert à la vie, à la vérité, — ce qui n’est pas juste ; — au vers-librisme ils reprochent de détruire l’harmonie poétique, — ce qui n’est pas juste non plus ; — et ils se fondent sur cette double erreur pour opérer un retour aux traditions. […] Mauvaises visions : « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. […] La prose y est mêlée aux vers, ou du moins chaque partie de l’ouvrage s’ouvre par un court poème, en prose, à la manière un peu des Illuminations de Rimbaud, et qui résume l’impression des poèmes suivants. […] Le lecteur d’aujourd’hui qui ouvre les Syrtes est, d’abord, très déconcerté, parce que tout le symbolisme qu’il y cherche, il ne l’aperçoit pas. […] Et c’est elle à présent, la gardienne, qui lui ouvrira le château de jadis, et qui lui tendra le miroir où s’interrogera son visage et, refermant derrière lui les portes hautes, lui révélera la vie de l’Ame suivant sa véridique destinée… Ailleurs, l’Ame apparaît avec ses compagnes familières, la Tristesse et la Solitude.
A l’époque brillante de la prouesse et des féeries, le règne du fameux Charlemagne, de ses vaillants pairs, et des Maures conquérants, ouvre une large carrière aux exploits fabuleux qu’il célèbre avec autant de chaleur que de gaîté. […] « Viens ; dans ce grand sujet, plus digne encor de toi, « Un théâtre plus vaste est ouvert devant moi. […] Il franchit les distances à volonté, et s’ouvre toutes les régions où peut pénétrer la pensée : l’univers est son théâtre, et la durée du temps dont il est maître n’a d’autre limite que celle de son choix. […] « — Je suis aveugle ; pars : ouvre-moi les chemins. […] On dirait qu’il n’ose franchir le seuil des enfers avec son Ulysse afin de laisser à Virgile, son émule, la gloire de les ouvrir le premier : il s’arrête à l’entrée des chemins du Cocyte, et se contente d’y faire évoquer les mânes par son héros.
C’est cette intelligence obsédée et distraite par la précipitation du jeu et du débit des acteurs qu’il convie à s’ouvrir au déluge de ses images toujours renaissantes et de ses pensées toujours si nouvelles qu’elles nous étonnent même lorsqu’elles nous sont connues depuis longtemps. […] Ces visions sont au nombre de trois : la première fait passer sous nos yeux le spectacle de la vie du monde, la seconde nous ouvre les régions souterraines de la mort, et la troisième nous fait promener à travers les demeures des damnés. […] Ouvrez en effet le premier dictionnaire anglais venu, et vous y verrez que le mot stern signifie sévère, austère, rigoureux. […] « Je tiens d’une autorité irrécusable, dit-il, que sa mère, qui avait ouvert une école, s’étant endettée par suite des extravagances d’une de ses filles, aurait pourri en prison, si les parents des écoliers n’avaient ouvert une souscription en sa faveur. […] J’ouvre ce dix-huitième chapitre, et j’y trouve ce détail, qui indique des relations d’une nature si étroite que j’avais toujours cru qu’il était une manière de compliment payé par le sentimental Sterne, dans un jour de regain de tendresse conjugale, à l’économie bien entendue de sa femme.
Si le poète est incapable d’étreindre le réel, il est aussi affranchi de sa servitude, et le monde du rêve infini s’ouvre devant son essor. […] Après avoir analysé avec M.Taine la psychologie du Jacobin, ouvrez Quatre-vingt-treize, et contemplez la figure de Cimourdain. […] Après avoir dénombré les circonstances de tristesse parmi lesquelles la grande romancière vieillissait, nous ouvrons le recueil de ses lettres. […] Ces basses misères de la quotidienne expérience s’évanouissent, et, le Sésame, ouvre-toi ! […] Décidément, mon imagination est comme les belles-de-nuit, elle s’ouvre à la lune.
Nulle part il ne voit converger plus de routes, s’ouvrir plus d’estuaires, s’insinuer de plus importants détroits. […] Des gommes s’accumulaient le long des écorces comme des apostumes par les fentes desquels coulaient les résines ; aux branches s’ouvraient des plaies pareilles à des bouches, à des flancs écrasés et spumants9. […] Une secouée de plumes se mêla à la palpitation des arbres ; des ailes s’ouvraient avec des claquements lents ; et tout d’une fois, ce fut un large courant de bruits qui domina le murmure du vent. […] On grandit dans les eaux, comme une fleur qui s’ouvre, On sent parmi la mer ses lèvres se dissoudre. […] Je l’ai goûté de mes lèvres Le fruit délicieux de vertige infini, Mon âme chante, mes yeux s’ouvrent Je suis égale à Dieu82 !
L’amitié plus terrestre et plus positive de son père et de sa sœur arrêtait les élans naïfs de Saint-Martin ; il se sentait comprimé en leur présence et n’osait s’ouvrir à eux de sa vocation et de ses pensées. […] Il me fit quelques questions auxquelles je répondis de mon mieux selon les faibles connaissances que j’avais ; il fut content néanmoins, et dans peu de jours on m’ouvrit toutes les portes que je pouvais désirer.
Je retourne la phrase connue, et je dis que, dans ce recueil, l’image de César s’entretenant à cœur ouvert avec un héritier des Gracques brille par son absence. […] Ouvrez la brochure des Réactions politiques (1797), on y voit « une tendance de l’esprit humain à englober dans ses regrets tout ce qui entourait ce qu’il regrette » ; on y voit « un mouvement rétrograde qui, se prolongeant au-delà de ses bornes nécessaires, ne laisse enfin pour vestige du changement qu’on voulut opérer, que des débris, des larmes, de l’opprobre et du sang. » Depuis lors, la langue de Benjamin Constant se rompit et se brisa ; elle devint facile, et parut encore plus élégante qu’elle ne l’était.
Le cours de mes idées a changé avec autant de rapidité que si j’avais fermé un volume pour en ouvrir un autre. […] Voilà ce qui fait la force de la France ; c’est ce champ ouvert à toutes les capacités, pour tirer parti d’elles-mêmes à leur profit. » N’est-ce pas bien vu et bien pensé ?
Don Carlos, irrité de cette décision qui contrariait ses désirs, profita d’une absence de Philippe, alors en retraite à l’Escurial pour les fêtes de Noël ; il se fit ouvrir la salle du palais où les cortès étaient réunies et lança, à la stupéfaction de tous, l’allocution suivante : « Vous devez savoir que mon père a le dessein d’aller en Flandre et que j’entends de toute manière y aller avec lui. […] Philippe II, pour cette expédition nocturne, portait le casque en tête, une armure sous sa robe et une épée sous le bras.D’ordinaire, le prince s’enfermait, et la porte ne s’ouvrait que moyennant une mécanique dont il disposait de son lit.
» Un jour, un peintre, Louis Marvy, allant chez Delacroix, le trouva dessinant… devant un Gavarni : « Vous le voyez, dit Delacroix, j’étudie le dessin d’après Gavarni. » Mais quelque carrière qu’eût pu s’ouvrir et se frayer alors Gavarni dans une voie dite plus sévère, je ne pense pas qu’il faille, même au point de vue de l’art, rien regretter pour lui de ce qu’il a été, ni s’amuser à rêver ce qu’il aurait pu être. […] « Un soir que nous parlions à Gavarni de ses légendes, racontent MM. de Goncourt, et que nous lui demandions comment elles lui venaient : « Toutes seules, nous dit-il ; j’attaque ma pierre sans penser ‘a la légende, et ce sont mes personnages qui me la disent… Quelquefois ils me demandent du temps… En voilà qui ne m’ont pas encore parlé… » Et il nous montrait les retardataires, des pierres lithographiques adossées au mur, la tête en bas. » Ces mots décisifs, ces paroles stridentes qui ouvrent des jours soudains sur une action, sur un ordre habituel de sentiments, et qui sont comme des sillons de lumière à travers la nature humaine, font de Gavarni un littérateur, un observateur qui rentre, autrement encore que par le crayon, dans la famille des maîtres moralistes.
Mais, avant de revenir sur ce point qui mérite quelque discussion, je veux parler d’un travail important et neuf qui vient d’ouvrir à tous l’accès d’un Recueil souvent cité et très peu lu, l’Anthologie. […] Egger, son gendre, — a eu l’idée d’ouvrir tous ce parc réservé et, moyennant quelques précautions indispensables, de faire jouir tout le monde du parterre où jusqu’ici (selon une expression heureuse) « quelques-uns seulement allaient discrètement cueillir quelques charmants boutons. » Ah !
Il y en a un entre autres, qui est celui du lit, où l’on ouvre les rideaux lorsque l’époux et l’épouse ont été mis au lit nuptial, qui est terrible, car toute la Cour est dans la chambre ; et le roi me dit, pour rassurer Mme la dauphine, de me tenir auprès d’elle. […] On allait le matin les voir ; monsieur et madame n’étaient point levés ; on disait à la femme de chambre qu’on était attendu ; elle vous ouvrait la porte : on les voyait couchés, l’abbé, un gros livre dans les mains. — « Eh !
Un vaste champ de bataille semblait ouvert d’abord à ses talents : il n’aspirait qu’à les déployer au grand jour. […] » m’écriai-je aussitôt en me jetant au cou du général et lui remettant, sans l’ouvrir, une lettre de ma sœur (Mme la maréchale Suchet), dont j’avais reconnu l’écriture. — « Vous partez seul », me dit le général en me la rendant.
Barnave, après le retour de Varennes, ne tarda pas à s’ouvrir à Malouet comme avait fait autrefois Mirabeau : Malouet, par position comme par caractère, devenait naturellement le confesseur des repentis. […] Malouet a là-dessus un délicieux petit récit qui fait la dernière page de ses Mémoires, et qui est un jour ouvert sur ce monde le plus pur de l’émigration ; « MM. de La Tour du Pin et Gilbert de Voisins, nous dit-il, qui demandaient des passeports au ministère anglais, se virent renvoyés à l’évêque d’Arras.
Je n’ambitionne rien dans mon pays que l’honneur d’être appelé au jour du danger à commander son avant-garde, dussé-je même subir le sort du respectable général d’Erlachl62 » Ce dernier vœu assez inattendu, ce soudain souhait d’une mort patriotique et guerrière nous ouvre un jour sur l’âme de Jomini, sur sa plaie secrète, sur les ennuis dont il n’était pas venu à bout de triompher, et que nous révèle encore mieux une lettre intime écrite vers la même date. […] Quoi qu’il en soit, le Napoléon de 1815 n’a jamais rencontré de juge plus impartial, plus ouvert, plus disposé à faire la part des mérites comme celle des contretemps ou des défaillances.
En me remettant à la lecture de Du Bellay et en reprenant de lui ce premier écrit par lequel il a ouvert, pour ainsi dire, l’ère de la Renaissance française, je me suis senti saisi d’un regret, et j’ai comme embrassé d’un seul regard la période tout entière, le stade littéraire où il entrait en courant, le flambeau à la main, stade glorieux, et qui, coupé, continué, accidenté et finalement développé pendant près de deux siècles et s’y déroulant avec bien de la variété et de la grandeur, n’a été véritablement clos et fermé que de nos jours. […] Traduire en vers un poète de plus, c’était censé une conquête, c’était s’ouvrir à soi-même les portes de l’Académie.
Sa condition d’être commun et ouvert à tous l’a sans doute, à chaque époque, laissé en proie à tous les hasards des esprits. […] Le drame industriel a eu, à d’autres moments, d’autres théâtres encore, la Porte-Saint-Martin, l’Odéon, les Français même, qui, pour n’en pas subir les conditions ruineuses, ont dû bientôt l’éloigner ou ne s’y ouvrir qu’avec précaution.
En un mot, s’il m’est permis de reprendre une image déjà employée, une fois entré en lice avec le roman historique, et le tournoi ouvert aux yeux des juges, il fallait tenir la gageure et ne pas recourir aux armes défendues. […] Mais, en revanche, l’éclat du triomphe émancipa hautement la Suisse, la mit hors de page, elle aussi, et au rang des États ; et comme l’a très-bien dit un autre historien de ces contrées : « La bataille de Morat a changé l’Europe ; elle a dégagé la France, relevé l’Autriche, et ouvert à ces deux puissances le chemin de l’Italie, que la maison de Bourgogne était tout au moins en mesure de leur barrer.
Chacun ouvrait un avis et essayait un conseil. […] » Mme de Noyon, que frappait une nouvelle perspective, entrait dans cet avis avec une facilité et une satisfaction qui ne semblait en peine d’aucune conséquence ; et Mme de Pontivy elle-même, dans la franchise de son âme, ouvrait la bouche pour dire : « Eh bien !
Profitant de l’aigreur naissante qu’excitait contre les Anglais la politique toute prussienne et électorale de leur roi, usant avec adresse de l’accès qu’il s’était ouvert dans l’esprit du prince Potemkin, il parvint à signer, vers les premiers jours de l’année 1787, avec les ministres russes, un traité de commerce qui assurait à la France tous les avantages dont jusqu’alors les Anglais avaient exclusivement joui. […] Lorsque M. de Ségur rentra dans sa patrie après cinq années d’absence, la Révolution de 89 venait d’éclater : un autre ordre d’événements et de conjonctures s’ouvrait au milieu de bien des espérances déjà compromises et de bien des craintes déjà justifiées.
Eynard (qu’il y prenne garde) ouvre, sur l’intérieur de Mme de Krüdner, tout un jour profond qu’il suffit de prolonger désormais pour donner raison à plus d’un sceptique. […] Il donne à tout ce monde un tel attrait pour moi, un tel besoin de m’ouvrir leur cœur, de me demander conseil, de me confier toutes leurs peines, enfin un tel amour, qu’il n’est pas étonnant que les gouvernements qui ne connaissent pas l’immense puissance que le Seigneur accorde aux plus misérables créatures qui ne veulent que sa gloire et le bonheur de leurs frères, n’y comprennent rien.
Madame Élisabeth se hâta de se vêtir et d’ouvrir. […] Il ouvre les veines du corps social pour guérir le mal ; mais il en laisse couler la vie, pure ou impure, avec indifférence, sans se jeter entre les victimes et les bourreaux.
Si tu savais combien de pleurs tes erreurs ont fait répandre à notre respectable mère, combien elles paraissent déplorables à tout ce qui pense et fait profession non-seulement de piété, mais de raison ; si tu le savais, peut-être cela contribuerait-il à t’ouvrir les yeux, à te faire renoncer à écrire ; et si le ciel touché de nos vœux permettait notre réunion, tu trouverais au milieu de nous tout le bonheur qu’on peut goûter sur la terre ; tu nous donnerais ce bonheur, car il n’en est point pour nous, tandis que tu nous manques et que nous avons lieu d’être inquiets sur ton sort. » XIX Cette lettre l’attendrit ; il crut y entendre une voix du ciel. […] Sa démarche est légère, son abord ouvert et serein, il parle beaucoup et avec volubilité ; son langage est harmonieux et facile.
Il n’a pas les talents de son devancier : mais c’est un charmant esprit, franc, ouvert, primesautier, un esprit de la famille de La Fontaine et de Montaigne. […] Envoyé à Venise avec cinq autres barons pour traiter du passage des croisés, c’est lui qui, après la mort du comte Thibaut de Champagne, ouvre l’avis d’offrir le commandement de l’expédition à Boniface, marquis de Montferrat.
Ce fonds sérieux d’idées générales n’est jamais absent : souvent, à l’improviste, à propos de quelque observation particulière, il apparaît comme dans un éclair, et l’on voit tout à coup, derrière le souvenir ou l’impression notée en passant, s’ouvrir, par la vertu de quelques mots, des lointains qui troublent et qui font songer. […] car tu lui ouvris, avec tes deux bras, le monde infini des rêves… Hélas !
D’un visage égal, Mme Baju, dérangée de son pot-au-feu, ouvrait à tout le monde. […] « Les Cornues, Oméga blasphématoire, etc., où se délectèrent nos féaux, appartiennent dans l’éternité au bienheureux MITROPHANE CRAPOUSSIN dont la collaboration, à visage ouvert, nous est acquise désormais.
Expliquez donc par une décadence ce prodigieux développement de la littérature allemande, qui, à la fin du XVIIIe siècle, a ouvert pour l’Europe une vie nouvelle. […] Je pousse si loin le respect de l’individualité que je voudrais voir les femmes introduites pour une part dans le travail critique et scientifique, persuadé qu’elles y ouvriraient des aperçus nouveaux, que nous ne soupçonnons pas.
c’est pour cela que, quand il fait mouillé, nous nous tenons sur l’arbre, en attendant notre tour de venir à l’école. » Ce spectacle d’une terre avide de boire la rosée du bien, et qui s’ouvre au premier doux rayon de soleil, cette charmante inoculation du sens moral, par un mot, par un regard, en de pauvres êtres qui n’ont pas eu de mère, qui n’ont jamais vu un œil bienveillant leur sourire, rappellent les miracles qui remplissent la vie de tous les grands maîtres de la vertu. […] « Les larmes les plus amères que cette enfant verse secrètement dans le sein de Dieu, dit M. le curé de Château-l’Évêque, ne viennent pas de ce que nous avons dit mais de ce que nous ne pouvons dire sans blesser l’amour-propre, la discrétion, le mutisme de notre protégée… Malgré l’espèce de violation du domicile de l’amitié que nous avons dû commettre pour apprendre ce que nous vous écrivons, il restera beaucoup de choses dans l’oubli et dans le secret de la conscience. » Emmeline ne se plaint jamais et, si elle ouvre son cœur ulcéré, c’est seulement à la sœur de Saint-Vincent-de-Paul de Château-l’Évêque.