J’essayerai de dire là-dessus ma pensée, en prenant pour division la division même de l’œuvre de Fromentin, puisqu’il a touché à trois genres littéraires : le récit de voyage, le roman, la critique d’art, exemple assurément d’une belle variété d’aptitudes et aussi d’une certaine inquiétude d’esprit. […] Les expositions de tout genre, la multiplication des livres illustrés et des affiches, la fréquentation du théâtre, les voyages économiques répandent jusque dans la foule la science des formes et des couleurs. […] Élargissez le champ d’observation, placez-y une scène de la vie primitive, et vous aurez les plus belles pages de Un été dans le Sahara ou de Une année dans le Sahel, la rencontre de la tribu en voyage, ou la danse des nègres près de Mustapha d’Alger, cette espèce de symphonie en rouge qui annonce, vingt ans à l’avance, l’écrivain définitif des Maîtres d’autrefois. […] En somme, ce qu’on peut dire des deux volumes de voyages de Fromentin, c’est qu’ils sont d’une exacte vision ; modernes par le procédé de style ; qu’ils renferment quelques belles pages, mais aussi beaucoup de passages et de chapitres même où la distinction de la forme cache mal l’absence de mouvement, de vie et de large humanité. […] Il a des expressions nettes, tranchantes, d’un réalisme vif ; des insistances qu’il n’a point eues ailleurs ; des jugements d’une sûreté, d’une sévérité, d’un absolutisme que le roman ou le voyage ne lui ont nulle part inspirés.
Avec l’influence des Arabes, et à la suite des voyages de Gerbert, de Pierre le Vénérable, etc., la science s’introduit ; les mathématiques, la physique, sous le nom de météorologie, la médecine, sous le nom de physique, se propagent dans l’Occident : il serait précieux de découvrir quelques-unes des anciennes traductions faites par des chrétiens ou des juifs, qui allaient en Espagne ; on pourrait, parmi ces traductions de l’arabe, retrouver quelques ouvrages inédits que les Arabes eux-mêmes auraient traduits des Grecs. […] Y a-t-il d’anciens voyages inédits appartenant au xvie siècle, et surtout aux siècles précédents ? […] Vous mettrez une égale importance à tous manuscrits étendus en vers, quel qu’en soit le titre ; aux voyages, aux écrits satiriques désignés sous le nom de Bibles ; à ceux qui s’intitulent Bestiaires, Volucraires, Lapidaires, ou qui s’offriraient sous des titres latins ; aux espèces de compilations scientifiques, comme l’Image du monde ; aux grands ouvrages allégoriques du genre du Roman de la Rose ; aux grands apologues, aux branches nouvelles qu’on pourrait retrouver du célèbre Roman de Renart, par exemple.
je ne blâme pas ces voyages entrepris dans un but de renseignement historique. […] C’est là ce qui explique tout dans la vie de cet incroyable roi, que Catherine, en belle mauvaise humeur, comparait spirituellement à « un comédien en voyage », et justement c’est ce qui explique ses ribambelles de voyages qui n’étaient que de la coquetterie étouffant dans cette toute petite Suède, et qui voulait déborder sur le monde et y régner sur tous les cœurs !
Inversement le Voyage d’Italie contient des lettres de voyage redemandées à Joubert. […] Son voyage d’Amérique, sinon son voyage d’Orient, a suffi pour annexer un nouveau monde aux lettres. […] Le voyage d’Italie de Mme de Staël produit son livre en 1807, comme le voyage d’Allemagne produit le sien en 1810. […] Petite-fille de Brandebourgeois elle voyage en Italie pour s’instruire, « profiter » ; française de culture, elle y voyage pour en parler, et pour y parler. […] En 1838, Hugo fait son premier voyage en Allemagne.
Le premier essai est un récit fort agréable, une espèce de journal d’un Voyage à Plombières, que fit Mlle Newton, âgée alors de dix-huit ans, en compagnie de Mme de Coigny, celle dont le général Sébastiani avait épousé la fille29. […] » Le matin, au balcon, Mlle Newton lisait de l’anglais, Le Lay du dernier ménestrel de Walter Scott, alors sous sa première forme de poète et avant le roman ; Le Voyage du pèlerin de Bunyan, « ce livre que ma mère m’a donné, et qu’elle aimait tant, qui présente une ingénieuse allégorie des progrès que peut faire un pèlerin chrétien à travers les misères humaines ; et plus on le relit, mieux on le comprend. » Elle lisait et relisait Shakespeare, c’était son livre de chaise de poste : « Bientôt je le saurai tout entier par cœur. […] Est-il rien de plus riant, de plus frais, comme page et vignette d’histoire naturelle, que ce joli nid de mésange : Ce matin, en faisant une promenade sur les bords de l’étang (il s’agit de l’étang de Paray, et ceci n’est plus du voyage de Plombières), j’ai joui d’un spectacle qui m’a confondue d’admiration, et que je vais tâcher de raconter. — Je m’étais appuyée contre un saule pour me reposer un instant, lorsque tout à coup un charmant petit oiseau sembla jaillir de l’écorce même de l’arbre ; je voulus me rendre compte de ce phénomène, et voici ce que je vis en y regardant de très près. […] Elle en était venue à dire, elle que nous avons vue si légère et toute propre au cortège de la reine des fées dans ce voyage de Plombières : Il n’y a point d’autre jeunesse que la parfaite santé et la vigueur d’esprit : quand on possède ces avantages, on est toujours jeune, lors même qu’on aurait cent ans. […] On y mettrait le Voyage de Plombières, et tout aussitôt les Pensées, datées de Paray trente ans après : la jeunesse, et l’« âge d’argent » ; le mot mérite de rester34.
Après le collége, vers 1809, Lamartine vécut à Lyon, et fit, je crois, dès ce temps, un premier voyage et séjour en Italie. […] En 1813, sa santé s’étant altérée, il revit l’Italie ; un certain nombre de vers des Méditations et beaucoup de souvenirs dont le poëte a fait usage par la suite datent de ce voyage : le Premier Regretdes Harmonies s’y rapporte probablement. […] Nous nous bornerons à remarquer qu’Elvire n’a point fait avec son poëte le voyage d’Italie, et que le lac célébré n’est autre que celui du Bourget. […] C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poëte, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami durant le voyage ! […] Oui, même avant la corde ajoutée à ta lyre, Avant le Crucifix, le Lac, avant Elvire, Lorsqu’à regret rompant les voyages chéris, Retombé de Pæstum aux étés de Paris, Passant avec Jussieu tout un jour à Vincennes À tailler en sifflets l’aubier des jeunes chênes ; De Talma, les matins, pour Saül, accueilli ; Puis retournant cacher tes hivers à Milly, Tu condamnais le sort, — oui, dans ce temps-là même (Si tu ne l’avais dit, ce serait un blasphème), Dans ce temps, plus d’amour enflait ce noble sein, Plus de pleurs grossissaient la source sans bassin, Plus de germes errants pleuvaient de ta colline, Et tu ressemblais mieux à notre Lamartine !
Eynard s’étonne trop, selon nous, du goût de la curieuse étrangère pour les Voyages du jeune Anacharsis et pour leur aimable auteur. […] Ce voyage à Paris, qu’elle désire de toute son âme et qu’elle vient de provoquer, elle le présente comme une obligation sérieuse et plutôt pénible ; peu s’en faut qu’elle n’en parle presque déjà comme d’une mission sacrée : « Je regarderais comme une lâcheté, écrit-elle à Mme Armand, de ne pas produire un ouvrage qui peut âtre utile (son roman), et voilà comme mon voyage à Paris devient un devoir, tandis que mon cœur, mon imagination, tout m’entraîne au bord de votre lac où je brûle d’aller, dégoûtée du séjour de Paris, blasée sur ses succès, n’aimant que le repos et les affections douces. » En produisant de telles lettres, M. […] La duchesse de Duras, qu’il a l’air de ranger parmi les adhérents, était de ce nombre. — Dans le récit que j’ai fait du voyage de Mme de Krüdner en Champagne, pour la grande revue de la plaine de Vertus, M. […] Volney, Voyage en Egypte et en Syrie, tome II, chap. vii.
. — Mais ce qu’il y a de curieux, c’est que pendant cette chute il me sembla que je faisais un voyage qui dura plusieurs jours. Et ce n’est point ici une impression vague et générale de déplacement, mais une succession de détails très précis et tout aussi nets que ceux d’un voyage réel, sauf certaines lacunes d’idées par suite desquelles mes souvenirs passent d’une situation à l’autre sans avoir conscience de la transition.
Le musicien, tombé dans la rue d’une atteinte de convulsions, est laissé là par le disciple, son compagnon de voyage, qui feint de ne pas le connaître. […] Son voyage à Fribourg avec une jeune servante de madame de Warens, qu’il reconduit dans sa famille, est une autre scène de ce genre naïf comme une pastorale d’Helvétie. […] Dans un voyage à Genève, il passe avec Thérèse à Chambéry comme on repasse sur les traces de sa jeunesse dans un jardin couvert de ronces ; il y trouve madame de Warens dans l’abandon et dans la misère ; sa pitié est froide comme un passé refroidi. […] Le premier de ces ridicules, c’est d’écrire, pour l’éducation universelle d’un peuple qui ne vit que de travail et de pauvreté, un livre qui suppose dans la famille et dans l’enfant qu’on élève une opulence de Sybarite ou des délicatesses de Lucullus, des palais, des jardins, des serviteurs de toutes sortes, des gouverneurs mercenaires attachés par des salaires sans mesure aux pas de chaque enfant, des voyages lointains à grands frais avec le luxe d’un fils de prince, voyages d’Alcibiade avec un Socrate à droite et un Platon à gauche de l’élève. […] Rousseau, y a-t-il dans tout cela la moindre condition de ce noviciat de raison, de vertu, de science, de voyages à travers le monde, d’études spéciales des institutions sociales, de pratique des choses et des hommes, de nature à former un législateur ?
Ces voyages se sont résumés en volumes. […] Il nous a bien amusés avec le récit de son voyage en Autriche. […] Cinq ans plus tard, nous fîmes ensemble le voyage d’Italie. […] à toutes les relations de voyages imaginables. […] C’est un admirable spectacle, fait pour enthousiasmer un peintre. » Ensuite il ajoute, en parlant de son projet de voyage dans la Haute-Égypte : « C’est un beau voyage que celui de la Haute-Égypte, facile à faire avec agrément.
Neuf ou dix années se passèrent pour lui en études spéciales, en voyages : il parcourut en tous sens, et le crayon à la main, la France, l’Espagne, l’Italie ; il séjourna au moins une année à Rome. […] Au retour de ses voyages, M. […] Entré à la Sainte-Chapelle en qualité d’inspecteur vers 1840, il dut se mettre à étudier particulièrement l’architecture gothique ; il recommença, en ce sens, des voyages ; il refit des comparaisons sans nombre, et plus attentives, en France, en Allemagne, en Italie encore, et bientôt sa vocation dans ce genre fut déterminée et constatée. […] Vitet, déjà prêt par ses voyages antérieurs, devenu inspecteur général des monuments historiques après Juillet 1830, homme de verve et de science, donnait à ce genre d’études une impulsion nouvelle, en l’éclairant d’une vue plus générale et en traçant, le premier, avec vérité et largeur le cadre des époques : il a eu l’initiative.
Elles furent dès l’abord reconnues des étrangers et hautement témoignées par eux durant ses voyages. […] 69 Celui-ci paraît l’avoir adorée fidèlement et sans qu’on puisse apercevoir ombre de distraction ou de faiblesse, durant ses années de voyage ou de guerre. […] On sait que « le total des voyages de M. de Gisors coûta à M. de Belle-Isle entre 90 et 100,000 francs ». […] Rousset a retrouvé une partie de son Journal de voyage.
Ainsi, voyages et aventures, c’est l’épopée d’un pareil Scapin, décrit par Gogol comme un type de Russe immortel, — qui ne peut pas mourir, — et qu’on retrouvera toujours, c’est cette épopée qui compose le livre des Ames mortes. […] Il voulait faire de son voyage à Jérusalem quelque chose comme un bouclier contre le ressentiment des popes, car à Saint-Pétersbourg, dans cette société mi-partie de mode et de religiosité mystique, un homme qui revient de Jérusalem a un charme… Le charme n’agit point sur la mort : frais de voyage, de précaution, de coquetterie religieuse, tout fut inutile.
Berryer et consorts, qui s’empresseront de rapetisser leur voyage et d’en faire un acte de courtoisie et de fidélité toute privée. […] Je vous avais dit à la date du 3 décembre : « mettez 400 pèlerins en tout et vous aurez le chiffre » ; depuis, ce chiffre a grossi ; quelques retardataires se sont émus et, comme on est badaud dans tous les temps, on s’est mis à vouloir faire le voyage de Londres puisque d’autres l’avaient fait.
j’ai observé, dit Chardin dans mes voyages… etc. . […] On les engageoit sans peine d’aller chercher la guerre à mille lieuës de leur patrie au mépris des fatigues de plusieurs mois de voyage qui paroissent les travaux d’Hercule à leur postérité amollie.
Son seul voyage sur mer fut d’aller en Eubée. […] Ce voyage en Eubée est très vraisemblable. […] Le rôle de Virgile est joué, dans le voyage de Mahomet, par Gabriel qui se présente à lui sur ordre de Dieu, et dans le voyage d’Abulala, par Jaitaor, le plus grand des Génies. […] Il avait dans ses papiers la matière d’un nouveau récit de voyage. […] Ce fut sur les instances de Villers qu’elle décida son voyage d’Allemagne.