Avant la fièvre, je charmais les douleurs de mon bras en chantant vos charmants airs ; je me suis bien affligée dans ce moment de la médiocrité de ma voix ; j’aurais voulu pouvoir rendre toute la mélodie de cette délicieuse musique : mais elle est si parfaite que, malgré le défaut de mon expression, tout le monde en était charmé ; je la quittais pour vous lire.
Guizot alors ministre et qui le connaissait si bien, de débiter de vive voix ou de lire par cahiers ce qu’il hésitait à considérer comme définitivement écrit et comme digne d’être imprimé en corps d’ouvrage.
Elle ouvrirait Molière, elle lirait, et sans autre commentaire du texte que l’émotion de sa voix, elle en ferait sentir la beauté à cette âme simple.
Les empereurs et les savants l’ont appelé la source de la doctrine, la manifestation des enseignements du sage, la révélation de la loi du Ciel, la mer sans fond de justice et de vérité, le livre des souverains, l’art de gouverner les peuples, la voix des ancêtres, la règle de tous les siècles.
Il lui faut des acteurs dont le geste expressif et la voix mordante relèvent les mots qui se traînent, dont le jeu mette la gaieté où il n’a songé qu’à mettre la farce.
Richard Pohl le Waldweben et la voix de l’oiseau, se servant d’une esquisse au crayon (Musik. — Wochenblatt, 1883, 537). — Cependant, le 28 juin 1857, Wagner écrit à Liszt qu’il a définitivement abandonné son projet de continuer et de finir le Ring. « J’ai conduit mon jeune Siegfried dans la solitude de la forêt ; je l’ai laissé là sous le tilleul… peut-être ce sommeil lui fera-t-il du bien ; quant à son réveil je ne puis rien prévoir… tout dépend de dispositions d’esprit indépendantes de ma volonté.
Il me semble que l’explication de cette anomalie est dans la grandeur même des génies qui la montrent : Le génie le plus haut, dit Edgar Poe dans ses Marginalia le génie que tous les hommes reconnaissent à l’instant, qui s’impose aux individus et aux niasses par une sorte de magnétisme incompréhensible mais irrésistible et irrésisté, le génie qui se révèle par le geste le plus simple, par rien, qui parle sans voix, qui brille dans les yeux avant qu’ils ne regardent, résulte d’une puissance mentale également répartie, disposée en un état de proportion absolue, de façon qu’aucune faculté n’ait de prédominance illégitime.
Ils sont souples et gracieux comme des palmes, nuancés en d’infinies harmonies L’auteur d’Yvelaine aime les soirs d’enchantement, les palais de songe, les sources maléfiques envoûteuses des fleurs, les mystères des nuits d’orage où crient les voix sous les gibets, les souvenirs qui dorment au fond des mémoires et qui font frissonner les enfants.
Tout de même, n’est-ce point déjà pour l’esprit une victoire magnifique et quasi inespérée que cette liberté nouvelle, ce sursaut de l’imagination qui triomphe du réel, du relatif, brise les barreaux de sa cage raisonnable et, oiseau docile à la voix du vent, déjà s’éloigne de terre pour voler plus haut, plus loin.
Un mot d’une langue étrangère, prononcé à mon oreille, peut me faire penser à cette langue en général ou à une voix qui le prononçait autrefois d’une certaine manière.
À mesure que cette vieille religion s’affaiblit, la voix du sang parla plus haut, et la parenté par la naissance fut reconnue en droit. […] L’homme qui allait disposer de la religion et de la fortune de la cité devait être révélé par la voix divine.
Elle est telle que les mâles peuvent féconder leurs femelles par leur souffle ou même par l’air qu’ils remuent en planant au-dessus d’elles, ou encore en leur faisant seulement entendre leur voix. […] Jésus, le messie des chrétiens, devait venir sur les nuées enflammées de l’Orient, avec une grande puissance et une grande majesté, et il devait y avoir des anges jouant de la trompette, dit le bon saint Luc, et d’autres qui, d’une voix éclatante, auraient rassemblé les élus des quatre vents de la terre, depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre extrémité. […] Eusapia le faisait reculer et revenir au simple commandement de sa voix, puis monter en l’air et décrire des courbes.
Peut-être ils nous diront que le Molière qui, dans ces pages ressuscitées, leur est offert, n’est plus celui qu’ils ont l’habitude d’entendre célébrer par la voix publique et par les juges compétents, d’accord avec elle, celui qu’eux-mêmes, pour leur compte, ont appris à connaître et à aimer, ou du moins qu’il en diffère notablement et s’en éloigne par certains traits et par l’ensemble ; que, sans être diminué, ils en conviendront sans peine, ni rabaissé, c’est là pourtant en somme, le Molière de J. […] Quelque chemin qu’aient fait nos idées, quelque loin qu’ait porté la voix de nos philosophes et de nos publicistes du xviie siècle, nos auteurs comiques sont parvenus plus loin ; j’ai lu, je ne sais où, que des voyageurs ont vu, sur les bords de la mer d’Aral, des comédiens tartares représenter une ébauche reconnaissable du Tartuffe, et, ici, je ne puis m’empêcher de me rappeler un souvenir de l’antiquité classique, le seul analogue que l’on trouve dans l’histoire des lettres, ces soldats de Crassus, prisonniers des Parthes, qui virent représenter, avec un appareil sauvage, au milieu des montagnes d’Arménie, une tragédie d’Euripide. […] Mais pour ces philosophes sans respect dont la voix indiscrète osait porter jusqu’à mon trône d’impertinents conseils ; pour ces discoureurs opiniâtres qui me troublaient à tout propos de je ne sais quels rêves sur l’ancienne liberté des Grecs et des Macédoniens et sur la dignité d’homme… CÉSAR Je sais, Alexandre, tu les mettais en cage.
Avant que la raison, s’expliquant par la voix, Eût instruit les humains, eût enseigné des lois. […] Ce que je souligne est ajoute par lui : « Toi aussi souviens-toi qu’hier tu étais plus jeune qu’aujourd’hui et que nous devenons vieux et ridés en moins de temps qu’il ne t’en faut pour cracher quand tu m’aperçois… Moi qui maintenant irais volontiers chercher pour loi les pommes d’or, moi qui pour toi irais trouver Cerbère, le gardien des âmes, alors, quand j’aurai cessé d’éprouver cet amour qui me fait tant souffrir, lu auras beau m’appeler, la voix ne me fera pas même venir sur la porte de la cour. » L’émulation de l’humaniste lui fait quelquefois trouver des choses heureuses ; mais plus souvent le jette dans deux défauts assez pénibles, qui sont le délayage et l’anachronisme. […] On dit : « Comme c’est ingénieux, comme c’est bien prendre la voix d’autrui ; ce néo-grec est plus grec que le grec lui-même. » Et c’est vrai ; du moins c’est à dire que les sensations rares et inattendues que le vrai grec nous donne seulement quelquefois, quand il est l’interprète de sentiments et de mœurs tout à fait et décidément différents des nôtres, celui-ci nous les donne continûment, avec insistance, ayant été particulièrement ému et séduit par celles-là. […] On ne contestera guère que le Victor Hugo pseudoclassique, le Victor Hugo à la Jean-Baptiste, ne soit celui des Odes, ni que le Victor Hugo romantique ne soit celui du théâtre, et aussi celui des recueils de 1830 à 1815, Feuilles d’automne, Rayons et Ombres, Chants du crépuscule, Voix intérieures.
Mais au souvenir de la vaisselle d’argent et des couteaux de nacre [du château de Vaubyessard] elle n’avait pas tressailli si fort qu’en se rappelant le rire de sa voix et la rangée de ses dents blanches. […] Dans ce ton, dans cet accent si timide, on distinguait une petite voix un peu gouailleuse qui disait : « Faut-il, Monsieur, que vous soyez ignorant pour savoir si pleinement tant de choses ! […] On était mauvais Français de ne pas changer de timbre de voix quand on arrivait à parler des colosses de notre Grande Révolution, et là aussi il y avait des majuscules. […] Si l’on avait plébiscité son élection à l’Académie, il aurait eu dix mille voix contre cinq millions accordées je ne dirai pas à qui. […] Il leva la tête, il la regarda en face, et avec un soupir de mourant qui veut la mort, retrouvant sa voix de divine bonté : « Comme tu t’animes !
Magistrat ou avocat, dans l’une comme dans l’autre occasion, chacun d’eux prêtait sa voix à des intérêts plus généraux que lui-même, et dont on peut dire que l’importance sociale se subordonnait, effaçait, absorbait la personnalité du défenseur ou du procureur général. […] De là encore, cette emphase habituelle, de là ces éclats de voix, cette mimique intempérante, et cette gesticulation exagérée par laquelle le corps parle au corps, pour procurer à l’auditoire la sensation d’une éloquence que le lecteur essaie vainement de retrouver. […] Le plaisir du théâtre est le résultat d’un certain nombre de conventions passées une fois pour toutes entre l’auteur et les spectateurs, et ces conventions, qu’elles consistent d’ailleurs à se mettre un masque pour augmenter le volume de la voix, ou dans la règle des trois unités, sont nées de l’impossibilité d’imiter ou de reproduire exactement la nature… Mais je ne veux pas inutilement compliquer la question, j’essaye plutôt de la réduire à ce qu’elle a d’essentiel, et j’admets que l’on n’ait jamais discuté sérieusement sur la question de savoir si l’art doit ou ne doit pas imiter la nature. […] un pauvre pécheur trop indigne, Ma voix hurlerait parmi le chœur des voix des justes : Ivre encore du vin amer de la terrestre vigne, Elle pourrait offenser des oreilles augustes.