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904. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Je veux, dit le dieu de la guerre… Cette idée de représenter tous les dieux, ou tous les génies, ou toutes les fées qui se réunissent pour doter un prince de toutes les qualités possibles, est une vieille flatterie, déjà usée dès le temps de La Fontaine. […] On dirait que La Fontaine, déjà vieux et attendri par le rapport qu’il a lui-même avec le vieillard de sa fable, se plaise à le rendre intéressant, et à lui prêter le charme de la douce philosophie, et des sentimens affectueux avec lesquels lui-même se consolait de sa propre vieillesse.

905. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Accablé par la méprisante clémence du duc d’Orléans, qu’il avait platement invoquée, souffert en France après son exil, il écrivit quatorze tragédies illisibles maintenant, et c’est de dessous ces quatorze blocs, roulés par lui sur sa mémoire, qu’il décocha, vieillard, çà et là, quelques flèches satiriques encore, qui n’atteignirent pas plus que le trait du vieux Priam épuisé… Il avait quatre-vingt-un ans quand il mourut. […] … Comme Philippe d’Orléans était un fanfaron de vices, La Grange-Chancel, qui n’avait ni l’honnêteté rigide du vieux Boileau, ni l’âme magnanime de d’Aubigné, ces grands satiriques, La Grange-Chancel n’était qu’un fanfaron de vertus.

906. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Par suite donc d’affaires, comme dit le vieux Turnpenny dans Walter Scott, nos réimpressions n’ont été jusqu’à ce jour que des réimpressions purement ou impurement mercantiles, s’adressant à l’esprit de parti et aux passions les moins littéraires du public. […] Pour cela, il eût fallu oser une biographie intellectuelle, et ne pas suspendre à la tête de son édition ce vieux morceau de tapisserie académique, ouvrage oublié du bonhomme Suard !

907. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

… À quel fond de choses réelles vont ces vieilles rubriques usées comme pantoufles par les sophistes du temps, et qui sont chez M.  […] Gervinus, il n’ose pas s’inscrire en faux contre cet Allemand qui lui impose comme tout Allemand, mais ailleurs, quand il a besoin de flétrir, je crois, les vieux catholiques intolérants, il oublie que Machiavel « est un grand cœur pur de citoyen », finement ironique seulement quand il est atroce, et il se permet une tournure hautaine.

908. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

— Les débris d’un miroir Que l’on retrouve un jour au fond d’un vieux tiroir ; La figure y grimace, et la glace brisée Nous y montre des traits dignes de la risée… Tombez, vieux chênes morts !

909. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

s’il n’y avait là qu’une histoire comme l’histoire de la conspiration de Catilina ou des Pazzi, l’auteur, avec son style nerveux, rapide, poignant par places, et qui ne s’amuserait pas aux archaïsmes enfantins du vieux Salluste, nous la raconterait à merveille, je n’en doute pas, et y verserait cette vie de l’action qui est la vraie vie de l’Histoire. […] Vieilles machines de guerre et de parti qui ratent toujours, et qui tuent ceux-là qui s’en servent !

910. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Ventidius, son confident (toujours le vieux moule !) […] Une vieille ratatinée et un vieux radoteur. […] Ils tiennent par une parenté trop évidente à la vieille tragédie. […] Cette vieille fille n’est pas ridicule, et M.  […] Oui, nous sommes, sous ce rapport, plus vieux que nos pères.

911. (1888) Portraits de maîtres

Dans cette partie de son œuvre élégiaque ou lyrique, Lamartine ne serait donc que le plus inspiré des poètes de la vieille école, un Jean-Baptiste sublime. […] Au fond cette théorie des « ciseleurs » n’est autre que la vieille doctrine classique. […] La vieille Égypte les contemple et les trouve aussi grands que ses souvenirs. […] Tristesse en mer, les Vieux de la vieille, le monde est méchant, les joujoux de la morte, le Château du Souvenir, sont autant de triomphes pour l’émotion discrète et pénétrante. […] Si, dans le vieux roman de la Table ronde, Viviane apparaît comme une perfide enchanteresse, l’héroïne du maître contemporain est tout autrement représentée.

912. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Autour d’eux, André Borde, John Bale, John Heywood, Skelton lui-même renouvellent la platitude de la vieille poésie et la rudesse de l’ancien style. […] » quel air résigné dans ces vieux arbres, ruisselants sous la pluie nocturne ! […] Sa pensée se déploie en vastes comparaisons redoublées, pareilles à celles du vieux conteur ionien. […] Voici pourtant que du vieux tronc défaillant sort un rejeton vivant et inattendu. […] Il a l’air du vieux Protée, hardi coureur, qui en une heure, sur son attelage d’hippopotames, fait le tour de l’Océan.

913. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

De durée éphémère, André Fontainas est probablement le seul à en posséder encore les quelques numéros, je n’en garde pas souvenir révolutionnaire  et pourtant, un matin triomphant, il exista : un quotidien notoire reproduisait et éreintait un sonnet truculent de Stuart Merrill, au nom du vieux goût et de la non moins vieille clarté ! […] Il eut une vieille presse et des caractères d’occasion, et mit le « Décadent » au service de la Poésie nouvelle. […] Mais dès lors il méditait quelque chose, et peut-être me parla-t-il à ce moment d’une reprise possible du titre si précieusement désuet du vieux « Mercure de France ». […] Je vous avouerai même que c’est toujours un plaisir nouveau pour moi, quand j’ouvre une de leurs revues, de m’y voir traité de vieux crétin ou de triple idiot. […] Le Symbole est vieux comme le monde, et de qui se réclament-ils ?

914. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Ou plutôt, je ne sais si cette absence même de toute étude, cette naïveté de l’expression, cette hésitation d’une parole qui semble douter de soi ne prêterait pas à tous ces vieux poèmes et ces vieux contes un charme de plus, le charme de toutes les choses qui commencent. […] Exclamations, inversions, répétitions, prosopopées, ils corrigent les vieux textes avec une licence souveraine. […] Tout ce que nous pouvons dire, c’est que Jean Pocquelin, père de Molière, était de bonne, vieille et riche bourgeoisie. […] car enfin, quelle est notre fureur de vouloir démontrer que Molière épousa la fille de sa vieille maîtresse ? […] C’est une vieille querelle, une querelle oiseuse vraisemblablement, et peut-être impossible à trancher.

915. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Cette bonne vieille critique à la façon de La Harpe et, ma foi, aussi de Voltaire, où cette chose un peu surannée et ancien régime, « le goût », a le principal rôle. […] La vieille distinction, artificielle, mais commode, de la forme et du fond m’y servira. […] Dans ce large flot traînent, assez souvent, de vieilles algues. […] Et, même humainement, ce vieux saint ne raisonne point si mal. […] Le poète devait pourtant être tenté de faire prédire la venue du Christ, Fils de Dieu, par le vieux sage du mont Carmel.

916. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Sardou et cette vogue à laquelle notre vieux monde ne suffit pas. […] Sur le vieux père de famille : « Ah ! […] Une cathédrale avec vieilles tapisseries et verrières anciennes. […] Jansoulet en est de ce Midi, et sa mère, la vieille paysanne active et économe. […] Les Vieux garçons, — Maison neuve.

917. (1924) Critiques et romanciers

un père, « adorable type de vieux naïf » ! […] Les vieux l’avaient oubliée : les gamins en gardaient la rancune. […] « Merci, mon vieux, merci, non ! […] Surtout, on était las de ses vieilles audaces et de son romantisme suranné. […] Elle habite un vieux château.

918. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Les vieux médecins l’appelaient natura medicatrix. […] Il la tenait lui-même d’un de ses professeurs de la vieille École Normale, M.  […] Il est descendu dans ces « coulisses de la vie » dont parle quelque part le vieux Lucrèce. […] On appelle de ce vieux nom — Dumbensis pagus — ce long plateau qui s’étend de Fourvières à Bourg. […] Vous grandîtes ainsi, dans un de ces coins de vieille bourgeoisie, où la culture était héréditaire comme la probité.

919. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Ce sont de vieilles armes abandonnées à la rouille ; il n’y a que la main d’un habile Artiste qui puisse les garantir de ce mépris.

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