Et que lui fait alors la Vie ? […] Comme je comprends cette expression de si mélancolique pitié à l’égard de « ceux que la vie intéresse » ! […] Goûtant chaque jour la saveur amère de sa conscience stérile, la vie n’est pour lui qu’une ironie funèbre, affolante et cruelle. […] Il faut avant tout se pénétrer du rythme véritable de la vie. […] Harmoniser la vie intérieure et la vie extérieure, pénétrer les rapports de l’ensemble et du « soi », tel doit être notre devoir, si nous voulons parvenir à un état vraiment digne d’être vécu.
On croirait en effet que la vie a pour but de renoncer à la vie. […] La dernière scène de la vie de J. […] Les scélérats ne savent-ils pas aussi mépriser la vie ? […] Robeck a tort d’exalter autant le mépris de la vie. […] à celle d’un homme qui lui prête son courage pour sortir ainsi de la vie !
L’amour de la vie, caractère dominant de son génie. […] Rabelais aime la vie, non par système et abstraitement, mais d’instinct, par tous ses sens et toute son âme, non une idée de la vie, non certaines formes de la vie, mais la vie concrète et sensible, la vie des vivants, la vie de la chair et la vie de l’esprit, toutes les formes, belles ou laides, tous les actes, nobles ou vulgaires, où s’exprime la vie. […] L’action est la mesure de la vie. […] Et je le croirais : il a regardé la vie en mouvement, en travail. […] Ici il élimine à peu près tout de la nature, là il ne supprime rien de la vie : et partout il donne la sensation de toute la nature et de toute la vie.
Les directions divergentes de l’évolution de la vie. […] Ainsi pour l’évolution de la vie. […] Schéma de la vie animale. […] De la vie végétale et de la vie animale, nous avons vu comment elles se complètent et comment elles s’opposent. […] Serre-t-elle ainsi de plus près la vie ?
Donc le milieu doit être tel que la sensation qu’y reçoit l’artiste ait, elle déjà, une apparence théâtrale : nécessairement, milieu de vie publique, de vie extérieure, de vie qui n’est complète qu’avec entourage et galerie. […] Or, en face de cette vie exubérante, le théâtre eut sa place naturelle. […] Tout d’un coup, et pour un siècle, brille une vie nouvelle : la vie de cour, la vie de représentation. […] La convention de l’art exprime le convenu de la vie. […] La vie montait sur ce théâtre.
Donc le milieu doit être tel que la sensation qu’y reçoit l’artiste ait, elle déjà, une apparence théâtrale : nécessairement, milieu de vie publique, de vie extérieure, de vie qui n’est complète qu’avec entourage et galerie. […] Tout d’un coup, et pour un siècle, brille une vie nouvelle : la vie de cour, la vie de représentation. […] La convention de l’art exprime le convenu de la vie. […] La vie montait sur ce théâtre. […] Tant que dure la vie, reste l’espoir.
C’est toujours la même vie. […] La vie veut vivre. […] Pourquoi la Vie ? […] Elle veut l’homme intégral et beau dans la Vie, tourné vers la Vie, selon la Vie, heureux de la Vie et ses méthodes l’assurent de la Vérité et de la Justice. […] La Vie.
D’ailleurs, la vie actuelle est le théâtre de cette vie parfaite que le christianisme reléguait par-delà. […] Mais c’est ici-bas et non dans un ciel fantastique que se réalisera cette vie de l’esprit. […] Voilà ce qu’il y a d’injuste dans l’anathème jeté par le christianisme sur la vie présente. […] Si cette vie est bonne, pourquoi ne la désireraient-ils pas ? […] Le Moyen Âge, qui assurément entendait moins bien que nous la vie réelle, comprenait mieux à quelques égards la vie suprasensible.
Dans le roman où se dessine cette héroïne d’une si chaude vie, on peut suivre le même travail minutieux de représentation par un grand nombre d’incidents sur tous les personnages de premier plan ; toute une période de leur vie nous est donnée en d’innombrables instants pour Wronsky l’homme moderne du bel air, élégant, un peu lourd d’esprit ; mais noble, constant, délicat, digne d’être aimé, et se haussant parfois à de grandes idées humaines étrangères à sa caste, comme pour Lévine plus fruste, plus simple et plus profond et dépeint de ses occupations de gentilhomme campagnard à ses angoissantes préoccupations sur le but et le sens de la vie. […] Ce sont là les lois abstraites et froides dont émane, comme une moisson du sombre sol, la merveilleuse floraison d’âmes et de vie qu’est l’œuvre de Tolstoï. […] Il semble que Tolstoï se déprenne du spectacle de la vie, s’y rattache et l’abandonne en lents rythmes d’intérêt, de découragements et d’oubli. […] Pour tout homme réfléchi, la pensée de sa propre mort et de celle de ses proches est la suprême épreuve du système de croyances sur lequel il a construit sa vie. […] Il semblera inutile, après cette analyse, que nous discutions la valeur de la solution apportée par Tolstoï au problème de la vie et de la mort.
De là ce sacrifice de l’art à la vie, ce primat de la vie traditionnelle et saine qui est un des motifs de Dominique. […] La vie des enfants ne répare point la vie manquée des pères, elle est de la vie même, manquée à son tour dans une certaine mesure, comme toute vie humaine. […] Une vie, la vie de Dominique, se groupe comme une année, comme une succession alternée et enchaînée de saisons. […] Cette pensée désintéressée, cette pensée de la pensée, cette vie de la vie, cela est contre nature. La nature veut l’intérêt, elle emploie la pensée à l’action, elle utilise la vie pour la vie.
L’apostat de la Nature et de la vie leva la tête. […] Quelle que soit sa valeur individuelle, elle a pour bases, la vie du sexe, la vie de la conscience, la vie de la raison. […] Tel est le débat : supériorité dans le normal ou supériorité dans l’anormal, plénitude au sein de l’existence ou plénitude en dehors de l’existence, vie dans la vie ou vie hors la vie. […] Pendant toute leur vie, elle les maintient dans une servitude étroite. […] Comment ceux qui ignorent tout de la vie, dirigeraient-ils ceux qui vivent ?
De quelle manière la vie à ses différents degrés se trouve-t-elle coordonnée et transformée dans l’homme, depuis la végétation obscure des ongles et des cheveux, jusqu’à la pensée la plus rationnelle ? Comment se fait au sein du fœtus le passage de la vie purement nutritive à la vie sentimentale proprement dite ? Quelle est la limite de l’une à l’autre, et pourquoi dans certains cas de désordre la confusion des deux vies apparaît-elle par les signes les plus étranges ? […] Nous, nous disons : Il n’y a qu’une cause que nous connaissons directement, c’est celle que nous sentons penser et agir, comprendre et pouvoir en nous, sentir, aimer, vivre en un mot ; vivre de la vie complète, profonde et intime, non-seulement de la vie nette et claire de la conscience réfléchie et de l’acte voulu, mais de la vie multiple et convergente qui nous afflue de tous les points de notre être ; que nous sentons parfois de la sensation la plus irrécusable, couler dans notre sang, frissonner dans notre moelle, frémir dans notre chair, se dresser dans nos cheveux, gémir en nos entrailles, sourdre et murmurer au sein des tissus ; de la vie une, insécable, qui dans sa réalité physiologique embrasse en nous depuis le mouvement le plus obscur jusqu’à la volonté la mieux déclarée, qui tient tout l’homme et l’étreint, fonctions et organes, dans le réseau d’une irradiation sympathique ; qui, dans les organes les plus élémentaires et les plus simples, ne peut se concevoir sans esprit, pas plus que, dans les fonctions les plus hautes et les plus perfectionnées, elle ne peut se concevoir sans matière ; de la vie qui ne conçoit et ne connaît qu’elle, mais qui ne se contient pas en elle et qui aspire sans cesse, et par la connaissance et par l’action, par l’amour en un mot ou le désir, à se lier à la vie du non-moi, à la vie de l’humanité et de la nature, et en définitive, à la vie universelle, à Dieu, dont elle se sent faire partie ; car à ce point de vue elle ne conçoit Dieu que comme elle-même élevée aux proportions de l’infini ; elle ne se sent elle-même que comme Dieu fini et localisé en l’homme, et elle tend perpétuellement sous le triple aspect de l’intelligence, de l’activité et de l’amour, à s’éclairer, à produire, à grandir en Dieu par un côté ou par un autre, et à monter du fini à l’infini dans un progrès infatigable et éternel. […] Ce n’est certes pas à dire qu’il s’agisse de ramener les appétits grossiers et rétrogrades, d’exagérer la vie nutritive au détriment de la vie méditative ; mais nos besoins physiques, selon la mesure de l’harmonie, sont réintégrés dans la plénitude de leur satisfaction légitime ; le conseil de diminuer ces besoins est remplacé par celui d’augmenter nos moyens ; le précepte d’amortir nos désirs en nous se tait devant le devoir d’étendre notre puissance au dehors.
La conception de l’art, comme toutes les autres, doit faire une part de plus en plus importante à la solidarité humaine, à la communication mutuelle des consciences, à la sympathie tout ensemble physique et mentale qui fait que la vie individuelle et la vie collective tendent à se foudre. […] Le but de l’art, au contraire, est la réalisation immédiate en pensée et en imagination, et immédiatement sentie, de tous nos rêves de vie idéale, de vie intense et expansive, de vie bonne, passionnée, heureuse, sans autre loi ou règle que l’intensité même et l’harmonie nécessaires pour nous donner l’actuel sentiment de la plénitude dans l’existence. […] L’art est donc vraiment une réalisation immédiate par la représentation même ; et cette réalisation doit être assez intense, dans le domaine de la représentation, pour nous donner le sentiment sérieux et profond d’une vie individuelle accrue par la relation sympathique où elle est entrée avec la vie d’autrui, avec la vie sociale, avec la vie universelle. […] Il y a, selon nous, une unité profonde entre tous ces termes : vie, moralité, société, art, religion. […] L’art, en un mot, c’est encore la vie, et l’art supérieur, c’est la vie supérieure ; toute œuvre d’art, comme tout organisme, porte donc en soi son germe de vie ou de mort.
La vie brahmanique offre le plus puissant modèle de la vie possédée exclusivement par la conception religieuse, ou pour mieux dire sérieuse, de l’existence. […] La vie brahmanique, d’ailleurs, a sur la vie cénobitique et érémitique cette supériorité qu’elle est en même temps la vie humaine, c’est-à-dire la vie de famille, et qu’elle s’allie aux soins de la vie positive, sans prêter à ceux-ci une valeur qu’ils n’ont pas ; l’ascète chrétien reçoit sa nourriture d’un corbeau céleste ; le brahmane va lui-même couper du bois à la forêt ; il doit posséder une hache et un panier pour recueillir les fruits sauvages. […] De là un système de vie pâle et médiocre. […] Le sage n’a pas besoin de prier à ses heures ; car toute sa vie est une prière. Si la religion devait avoir dans la vie une place distincte, elle devrait absorber la vie tout entière ; le plus rigoureux ascétisme serait seul conséquent.
Un simple sommeil paraît être la transition de la vie à la mort. […] Si je devais définir la vie d’un seul mot, je dirais : la vie, c’est la création. […] L’âme est pour lui le principe même de la vie. […] On a dès l’antiquité comparé la vie à un flambeau. […] De telles définitions, tout incomplètes qu’elles soient, auraient au moins le mérite d’exprimer un aspect de la vie : elles ne seraient point purement verbales, comme celle de l’Encyclopédie : « la vie est le contraire de la mort », ou encore celle de Béclard : « la vie est l’organisation en action », celle de Dugès : « la vie est l’activité spéciale des êtres organisés », ce qui revient à dire : la vie, c’est la vie.
Point de croyance humaine à laquelle ne corresponde une conception particulière de la vie ; point, de conception particulière de la vie à laquelle ne corresponde une forme particulière de l’art. […] bonne terre, prends-moi, toi qui es la mère commune, l’unique source de la vie ! […] La vie ne ment donc pas, et toute tout fiction, mensonge est une sorte de trouble passager apporté dans la vie, de mort partielle. […] La vie telle que nous la connaissons, en solidarité avec toutes les autres vies, en rapport direct ou indirect avec des maux sans nombre, exclut absolument le parfait et l’absolu. […] Il faut que notre vie se mêle à celle des choses, et celle des choses à la nôtre.