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1197. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Didier d’une façon toute boccacienne (le mot y est, nous ne l’inventons pas), ce Décaméron (le mot y est encore) raconté en un tour de soleil, à huit mille pieds au-dessus de la mer. » Or, que veulent dire ces huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur lesquels, à plusieurs places de son volume, le nouveau Boccace de l’Italie au dix-neuvième siècle revient avec une véritable puérilité d’insistance ?

1198. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Champfleury n’est que le scandale, la botte de foin qui fait étendard, et que, pour cette raison, on ne consomme pas et qu’on respecte, tandis que la véritable idole et le vrai modèle que M. 

1199. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » ‌ Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique.

1200. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Des jurisconsultes comme Baudouin, Duaren et Hotman, commentateurs de ces lois romaines, si nécessaires à des peuples barbares qui commençaient à étudier des mots, et n’avaient point de lois ; d’Argentré, d’une des plus anciennes maisons de Bretagne, et auteur d’un excellent ouvrage sur la coutume de sa province ; Tiraqueau, qui eut près de trente enfants, et composa près de trente volumes ; Pierre Pithou, qui défendit contre Rome les libertés de l’église de France, qui devraient être celles de toutes les églises ; Bodin, auteur d’un livre que Montesquieu n’a pas fait oublier ; enfin, Cujas et Dumoulin, tous deux persécutés, et tous deux hommes de génie, dont l’un a saisi dans toute son étendue le véritable esprit des lois de Rome, et l’autre a trouvé un fil dans le labyrinthe immense de nos coutumes barbares.

1201. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Pour les anciens mêmes, c’était un symbole de l’antique poésie plutôt qu’un législateur véritable et un poëte.

1202. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Sans doute le contexte d’écriture des Dates et les Œuvres permet-il d’en éclairer le véritable l’enjeu. […] Elle a successivement donné à ses auditeurs des causeries sur la « la Femme et l’Enfant dans l’industrie » (Mme Aline Valette), « Interventionnistes et Economistes » (Eugène Fournière) », le véritable Jésus-Christ » (E. […] Mais à un an de là environ, nous avions le « procès des Trente » où pêle-mêle avec des anarchistes plus ou moins avérés, des Intellectuels véritables vinrent répondre d’ignorés agissements qui, paraît-il, nous mettaient en péril ! […] — C’est fort bien, mais on se fait une véritable fête de mettre votre nom sur le programme. […] Et ce ne sont que des mots dépourvus de sens véritable, quand Albert Mockel dit quand même : « Ses poèmes restent comme des statues dispersées qui marquent la place du grand édifice absent96. » !

1203. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Il y eut, vers le milieu du xive  siècle, par suite des affreux malheurs de la guerre de Cent-Ans, une interruption véritable, une demi-dissolution de la monarchie, de la société, et, par une inévitable conséquence, il se fit une lacune, il se produisit un oubli, une défaillance dans les choses de l’esprit, dans les règles de la langue. […] Quand la Renaissance, plus retardée chez nous qu’en Italie, vint donner un tout autre cours aux idées, aux études, et communiquer un véritable rajeunissement aux esprits, l’imprimerie, qui s’inventait et se perfectionnait dans le même temps, se mit au service des grandes résurrections d’abord, grecque et latine, et seulement, pour le langage vulgaire, des productions nouvelles ou de celles de la veille encore et qui allaient devenir surannées ; mais elle ne s’adressa point aux œuvres déjà vieilles de deux ou trois siècles, et depuis cent ans déjà sorties de la mémoire des hommes. […] Il n’eut pas le temps de le cacher, et Ménage, le classique érudit, et qui s’occupait pourtant des Origines de la langue, lui en fit une belle querelle21. — Au XVIIIe siècle, Galland, Caylus, l’abbé Le Beuf, l’abbé Sallier, un peu Duclos, Lèvesque de La Ravallière, des membres de l’Académie des Inscriptions, commencèrent à entrer petit à petit, par un point ou par un autre, dans étude de notre passé ; mais Sainte-Palaye surtout, Sainte-Palaye, initié par la lecture de Froissart à l’amour de notre vieille poésie fut possédé d’une véritable passion du moyen âge français ; il en eut l’enthousiasme, il eut comme une vision anticipée de tout ce qu’il renfermait de riche et de renouvelant.

1204. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Les lettres, qui renaissaient alors, étaient la véritable royauté des peuples. […] Ces princes, fiers de son amitié, lui donnèrent part à leur gouvernement ; ils formèrent avec lui un véritable triumvirat du bien public, qui faisait contraste avec la tyrannie de leurs prédécesseurs. […] Qui ne reconnaît dans ces symptômes les angoisses et les presciences du véritable attachement ?

1205. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

« Au second étage de notre maison, dit-il, il y avait une chambre dont les fenêtres étaient couvertes de plantes, afin de remplacer un véritable jardin que nous ne possédions pas. […] Méphistophélès, c’est un personnage que les jeunes écrivains et les poètes de ces derniers temps en France ont beaucoup trop fréquenté, et qui donne à leur prose trop ricaneuse ou à leurs vers lestes et ingambes des grâces de mauvais aloi, aussi éloignées de la véritable grâce que le dénigrement est loin de l’enthousiasme. […] Il y a assez à réfléchir et à admirer sur cette première moitié de l’œuvre du poète, qui, en créant Faust et Marguerite, a créé non plus la tragédie des cours, des dieux ou des rois, mais la véritable tragédie du cœur humain !

1206. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Lainé, ces trois hommes d’État les plus véritables patriotes du gouvernement de la Restauration. II Quant à la belle duchesse de Devonshire, véritable reine de Rome en ce moment, elle avait vieilli, mais elle régnait encore tant que vivait le cardinal Consalvi. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.

1207. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

C’est une véritable encyclopédie hellénique, sans prix pour les savants et pour les poètes. […] Jules Janin, cet homme qui a autant d’esprit que Voltaire, autant d’érudition littéraire que Fontenelle, autant de bon sens que Boileau, autant de cœur qu’une jeune fille quand elle verse ses premières larmes dans le sein de sa mère sur la mort de son serin…, Jules Janin, ce véritable homme de lettres, en action perpétuelle depuis trente ans, qui a tout vu, tout su, tout retenu, tout raconté, et dont le sentiment est éternellement jeune parce qu’il est sans cesse renouvelé par la verve aimable de ce cœur qui ne s’est jamais racorni sous la mauvaise humeur. […] que le véritable esprit est bon à tout, même à pleurer !

1208. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

« Ta lettre donc m’a donné une lueur de joie, je me trompe, un véritable bonheur, par les bonnes choses dont elle est remplie. […] En avançant dans la vie, on se place enfin comme il faut pour juger de ses affections et les connaître sous leur véritable point de vue. […] « C’était pour moi une véritable peine de m’en aller ; papa l’a su et m’a laissée.

1209. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

« L’amitié, disait Socrate, se glissant à travers tous les obstacles, va trouver les gens de bien et les unit. » De même l’amour véritable nous mène sur le chemin de la femme que nous devons aimer. […] Rousseau, quand il était sous le charme d’une amitié naissante, Hume disait des Confessions, alors en projet : « Je pense que Rousseau a sérieusement l’intention de faire de lui-même un portrait véritable ; mais je pense en même temps que personne ne se connaît moins que lui111. » Il en donne pour preuve ses imaginations sur sa santé. […] C’est une sorte de conscience d’apparat que se donnent tous ceux qui n’ont pas sujet d’être contents de leur véritable conscience.

1210. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Les religions semblent mises au ban de l’humanité ; elles n’arrivent que bien tard à obtenir leur véritable valeur, celle qu’elles méritent aux yeux de la critique, et le silence qu’on garde à leur égard peut faire illusion sur l’importance du rôle qu’elles ont joué dans le développement des idées. […] L’Orient n’a jamais compris la véritable grandeur philosophique, qui n’a pas besoin de miracles. […] Mais toujours ils ont avorté avant de constituer une véritable tradition religieuse.

1211. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Jullien ; il est bourré d’erreurs de détail, mais les jugements, quoique diamétralement opposés aux nôtres, sont toujours intéressants, ils contiennent toujours une large part de vérité et, surtout, ils démontrant une véritable appréciation de la valeur de ce grand homme que M.  […] Wagner a remis la question du drame lyrique sur son véritable terrain. « Je n’ai rien inventé, dit-il dans la conclusion d’Opéra et drame, j’ai seulement trouvé la liaison de ce que d’autres avaient compris avant moi. — Il est surprenant, a-t-il dit encore, qu’après les excellents services rendus par de grands maîtres, l’opéra se soit engagé dans une voie fausse. » Ces maîtres sont avant tout Gluck, son école, Mozart et Weber. […] Mais ce que vos lecteurs ne verront pas à Vienne, et ce qui fait le véritable intérêt du Musée Œsterlein, c’est la multitude de choses relatives à Wagner qui sont accumulées dans les armoires du Musée, d’ans la bibliothèque privée de M. 

1212. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

» * * * — Du moment que, cette fois-ci, deux poètes se présentaient à l’Académie : l’un qui s’appelait Autran, l’autre qui s’appelait Théophile Gautier, et que l’Académie a choisi Autran, ma conviction est qu’elle est composée de crétins, ou de véritables malhonnêtes gens. […] Dans ce moment elle ne se connaît plus, ne raisonne plus ; elle vous jetterait les meubles à la figure, et est prise d’un véritable désespoir, presque comique par sa bonne foi. […] » Au fond, une véritable désespérance.

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