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308. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbusse, Henri (1873-1935) »

Et c’est le lointain au-delà du lointain… » Et sûrement l’on goûtera, dans les quelques pièces que nous donnons dans les Poètes d’aujourd’hui, les beautés tristes, voilées et presque muettes qu’à tout instant elles montrent.

309. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boschot, Adolphe (1871-1955) »

Boschot s’y révèle poète philosophe, et l’on voit bien, d’abord, qu’il a beaucoup lu Sully Prudhomme et Alfred de Vigny, ensuite et surtout qu’il est capable par lui-même d’une pensée forte, pénétrante et triste… Mais ce n’en est pas moins un poète cher au cœur et d’une singulière puissance d’émotion.

310. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Margueritte, Victor (1866-1942) »

Henri de Régnier ; et si les allées rectilignes en leur sévère majesté en imposent d’abord par leur charme un peu triste, la lumière des aubes et des crépuscules s’y joue à souhait et dans le même décor fait alterner de changeantes images qui sont toute la vie et l’âme du poète, projetée hors de lui et lui apparaissant par un mirage dont il n’est pas dupe sous les formes multiples de son rêve.

311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Fernand Gregh L’Aube juvénile est le titre de la dernière pièce, qui est aussi la plus longue : dialogue symbolique entre l’Enfant en robe grise, représentant la jeunesse rêveuse et triste du poète, et l’Enfant en robe de pourpre, qui incarne son invincible espoir.

312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

Ses Vers ne sont point surchargés de ces mots inutiles, de ces épithetes oiseuses, tristes enfans de la stérilité, nés pour être les esclaves de la mesure & de la rime ; mais ils sont froids & monotones, quoique plus remplis de pensées que ceux de ses prédécesseurs & de ses contemporains.

313. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Triste vie et précaire, comme devant une bête de proie ; les Frisons, dans leurs lois antiques, parlent déjà de la ligue qu’ils ont fait ensemble contre « le féroce Océan. » Même pendant le calme, cette mer reste inclémente. « Devant les yeux s’étale le grand désert des eaux ; au-dessus voguent les nuées, ces grises et informes filles de l’air, qui de la mer avec leurs seaux de brouillards, puisent l’eau, la traînent à grand’peine, et la laissent retomber dans la mer, besogne triste, inutile et fastidieuse10. » « À plat ventre étendu, l’informe vent du nord, comme un vieillard grognon, babille d’une voix gémissante et mystérieuse, et raconte de folles histoires. » Pluie, vent et houle, il n’y a de place ici que pour les pensées sinistres ou mélancoliques. […] Triste aspect, médiocre terre15. […] » Si peu nombreux que soient les chants qui nous restent, ils reviennent sur ce sujet : l’homme exilé pense en rêve à son seigneur47 ; « il lui semble dans son esprit — qu’il le baise et l’embrasse,  — et qu’il pose sur ses genoux — ses mains et sa tête,  — comme jadis parfois,  — dans les anciens jours,  — lorsqu’il jouissait de ses dons. —  Alors il se réveille,  — le mortel sans amis. —  Il voit devant lui — les routes désertes,  — les oiseaux de la mer qui se baignent,  — étendant leurs ailes,  — le givre et la neige qui descendent, mêlés de grêle. —  Alors sont plus pesantes — les blessures de son cœur. »  — « Bien souvent, dit un autre, nous étions convenus tous deux — que rien ne nous séparerait,  — sauf la mort seule. —  Maintenant ceci est changé,  — et notre amitié est — comme si elle n’avait jamais été. —  Il faut que j’habite ici — bien loin de mon ami bien-aimé,  — que j’endure des inimitiés. —  On me contraint à demeurer — sous les feuillages de la forêt,  — sous le chêne, dans cette caverne souterraine. —  Froide est cette maison de terre. —  J’en suis tout lassé. —  Obscurs sont les vallons — et hautes les collines,  — triste enceinte de rameaux — couverte de ronces,  — séjour sans joie… —  Mes amis sont dans la terre. —  Ceux que j’aimais dans leur, vie,  — le tombeau les garde. —  Et moi ici avant l’aube,  — je marche seul — sous le chêne,  — parmi ces caves souterraines… —  Bien souvent ici le départ de mon seigneur — m’a accablé d’une lourde peine. » Parmi les mœurs périlleuses et le perpétuel recours aux armes, il n’y a pas ici de sentiment plus vif que l’amitié, ni de vertu plus efficace que la loyauté.Ainsi appuyée sur l’affection puissante et sur la foi gardée, toute société est saine. […] « Il n’y avait encore — rien qui fût,  — sauf l’obscurité,  — comme d’une caverne ; — mais le vaste abîme — s’ouvrait profond et obscur,  — étranger à son Seigneur,  — sans forme encore et sans usage. —  Sur lui le roi sévère — tourna les yeux,  — et contempla le gouffre triste. —  Il vit les noirs nuages — se presser sans repos,  — noirs, sous le ciel — sombre et désert. —  Il fit d’abord, l’éternel Seigneur !  […] Parmi ses bois, ses boues et ses neiges, sous son ciel inclément et triste, dans sa longue barbarie, les instincts rudes ont pris l’empire ; le Germain n’a point acquis l’humeur joyeuse, la facilité expansive, le sentiment de la beauté harmonieuse ; son grand corps flegmatique est resté farouche et roide, vorace et brutal ; son esprit inculte et tout d’une pièce est demeuré enclin à la sauvagerie et rétif à la culture.

314. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

10 janvier … Sainte-Beuve est bien triste. […] * * * — Tous les observateurs sont tristes et doivent l’être. […] Et cette idée me rend triste. […] * * * — Qui devient triste, de moi ou des endroits publics ? […] Je le vois devenir tout triste à cette proposition, triste comme un enfant en vacances à qui on parle du collège.

315. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

Amédée Pommier, un talent très distinct et très particulier entre tous, dans cette époque qui ne sait pas rire et où les plus grands poètes, Victor Hugo, de Vigny, Lamartine, Auguste Barbier, sont si tristes ou du moins si graves, qu’ils semblent avoir changé le génie français.

316. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 13-15

Le cœur gros de soupirs, les yeux noyés de larmes, Plus triste que la Mort dont je sens les larmes, Jusque dans le tombeau je vous suis, cher époux ; Comme je vous aimai d’une ardeur sans seconde, Comme je vous louai d’un langage assez doux, Pour ne plus rien aimer, ni rien louer au monde, J’ensevelis mon cœur & ma plume avec vous.

317. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 301-304

L’approche de sa derniere heure lui fit comprendre que le triste honneur de mourir dans l’impiété, ne valoit pas le sacrifice de ses lumieres & de ses sentimens.

318. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

Ceux qui s’y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s’est lentement amassée là, au fond d’une âme.

319. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

Renoncer à sa morale tendre et triste, ce serait renoncer au seul moyen nouveau d’éloquence que les anciens nous aient laissé.

320. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Ils allèrent tout d’abord par le pays pour dîner ; puis, s’étant approchés du bord du marais, la grenouille entraîna le rat au fond, faisant clapoter l’eau, et coassant brekekex, coax, coax. »158 Ce détail amusant et vrai est une escapade pour le triste compilateur des vieilles fables grecques. […] Ces tristes fables d’Esope, qui se sont jouées dans l’imagination grecque pendant tant de siècles, n’ont pas rencontré dans leur nation un poëte qui les abritât sous son génie. […] Didon n’est ni plus passionnée, ni plus triste. […] Adieu, j’ai dit ce que je pense. » Chose triste et plaisante ! […] « Notre triste destinée en voulant ainsi, et les dieux irrités contre nous à cause de nos fautes nous ayant abandonnés, la fortune alors vous fut si favorable que les superbes capitaines de Rome se rendirent maîtres de notre Germanie à force d’armes. » (Le maladroit imite les périodes cicéroniennes.)

321. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

» XVI La vraie philosophie, la philosophie virile, la philosophie expérimentale est donc celle qui, au lieu de correspondre à ces rêves, correspond à la réalité de notre triste condition humaine et mortelle ici-bas, c’est-à-dire la philosophie de la douleur ! […] Pendant que les bergeries de cette philosophie de la transfiguration de l’homme en dieu ici-bas font couler dans les idylles les ruisseaux de lait et de miel, l’homme continue à s’abreuver de ses pleurs, à gémir et à mourir aux chants faux de ces tristes épicuriens de la vallée de misère. […] On y respire je ne sais quel souffle à la fois saint, tendre et triste, qui semble avoir traversé plus récemment un Éden refermé sur l’homme. […] Mon chien lui-même parut attendri ; il ne flaira pas le sang, il ne remua pas du museau le cadavre, il se coucha triste à côté de moi. […] « Regarde ce monde comme un lieu de passage triste et court, et sers-moi uniquement ; le reste est néant !

322. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer Ce même enfant, toujours tout prêt à me percer. […] Je plains le triste sort d’un enfant tel que vous ! […] Autant que de Joad l’inflexible rudesse De leur superbe oreille offensait la mollesse, Autant je les charmais par ma dextérité, Dérobant à leurs yeux la triste vérité, Prêtant à leurs fureurs des couleurs favorables, Et prodigue surtout du sang des misérables. […]          Triste reste de nos rois, Chère et dernière fleur d’une tige si belle, Hélas ! […] Il ne s’occupa plus que d’idées tristes, et, quelque temps après, il fut attaqué d’une fièvre assez violente.

323. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Mais s’il est beau de fleurir, il est plus beau de mûrir, il est plus beau de transformer sa mâle adolescence en forte virilité ; il est plus beau de découvrir des horizons plus sévères, plus tristes, mais plus vrais, sans pâlir et sans se détourner en arrière à mesure qu’on avance dans la route ; il est plus beau de voir, sans reculer et sans pleurer, les roses de l’aurore pâlir et sécher aux feux, et à la sueur du milieu du jour ; il est plus beau d’avancer toujours courageusement en teignant du sang de ses pieds les rudes aspérités du chemin. […] Car rire du sérieux, rire du triste, rire des sentiments les plus délicats et les plus saints du cœur de l’homme, rire de soi-même, rire du bien, rire du beau, rire de l’amour, rire de la femme, rire de Dieu, ce n’est plus rire : c’est grimacer le blasphème, c’est grincer des dents en proférant le sacrilège, c’est profaner la poésie, c’est se griser à l’autel dans le calice de l’enthousiasme et des larmes. […] Quelques vers tristes, et pour ainsi dire rétrospectifs, d’Alfred de Musset, écrits sur le tombeau de cette incarnation de la mélodie quinze jours après sa mort, semblent révéler dans le poète un regret qui recèle presque un amour. « Que reste-t-il de toi aujourd’hui, dit le poète, de toi morte hier, de toi, pauvre Marie ! […] Charmante plaisanterie, triste symbole d’une foi absente qui ne donne aucune unité, aucune spiritualité, aucun but grandiose, aucune tendance même perceptible au génie ; ces mœurs délicieuses, mais toujours légères, sont des osselets avec lesquels un enfant joue sur les deux seuils de la vie. […] voilà, sous le vestibule de cette Morgue de l’âme, une statue du rire qui grimace la volupté en face de la mort et qui vous encourage du doigt à vous moquer des plus belles et des plus tristes choses de la vie !

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