Cette Traduction, à laquelle il a, dit-on, la principale part, lui a attiré les anathêmes du Patriarche que les Lettres & la Philosophie viennent de perdre : M. de Voltaire, offensé de ce qu’on n’a pas parlé de ses Tragédies dans le Discours qui précede celles du Poëte Anglois, ne put retenir son ressentiment, comme il est aisé d’en juger par plusieurs de ses Lettres, & entre autres, par celle qui est imprimée dans la seconde édition du Bureau d’Esprit, où il traite M.
Fort jeune, il remporta presque un triomphe avec sa tragédie d’Agamemnon : la dernière des belles tragédies dans le goût antique, disait-on. […] Le langage de tragédie employé par Shakespeare est d’ordinaire solennel et noble jusqu’à l’emphase. […] C’est peut-être à cause de cette loi que Shakespeare introduit des scènes comiques dans ses tragédies. […] Un Italien, son ami, traitait la tragédie française de simple élégie. […] La tragédie de La Fosse est médiocre, et le drame boursouflé d’Otway ne vaut guère mieux.
Que reste-t-il de la tragédie française ? […] Tragédie et comédie faites pour s’entendre. » Quel critique de profession penserait et dirait mieux ? […] Le Livre, c’est une invention de l’esprit humain, une date et une histoire, comme Shakespeare et comme la tragédie. […] L’idée didactique et abstraite de la tragédie a été le pire cauchemar de Corneille et de Racine. […] D’abord elle a confondu les lois avec les règles, elle a cru que la critique pouvait nous apprendre à fabriquer des épopées et des tragédies.
On passera légérement sur quelques négligences de style, en rendant justice à l’adresse avec laquelle cette Tragédie est conduite, & au grand effet qu’elle produit.
On ne s'est dégoûté ni de l'un ni de l'autre, mais bien des Tragédies de Pradon, qu'elle protégeoit ; ce qui prouve combien les séductions de Société sont excessives, & principalement dans l'esprit des femmes.
Car enfin, seroit-on autorisé à se dégoûter de la Poésie, pour avoir lu les Vers de Chapelain, ou à proscrire la Tragédie d’après celles de MM.
Larue se développa bien davantage dans des Tragédies Latines & Françoises.
Je dois le dire à tous ; les études littéraires qui vont nous occuper ne ressembleront point à ces traités de rhétorique, à ces cours de littérature où l’art d’écrire est formulé en règles et en préceptes : je ne vous dirai point comment se font les poèmes et les tragédies, mais je vous ferai connaître les chefs-d’œuvre de la poésie épique et du drame tragique. […] Lecture d’une tragédie Dans un riant château, dont je dois à vos yeux Cacher discrètement le nom mystérieux, Par un beau soir d’été se trouvait réunie Ce qu’on nomme, je crois, la bonne compagnie. […] Une dame, qui veut échapper au danger, S’approche du poète et regarde le titre Du manuscrit, déjà placé sur le pupitre : « — C’est une tragédie ? […] dit le vieux soldat, « Lire une tragédie !
La tragédie est plus tôt négligée et plus vite oubliée que la comédie. On parle des auteurs de comédies comme d’agréables esprits qui ont fait passer de bons moments à leurs contemporains ; on parle des auteurs de tragédies comme d’esprits fourvoyés qui ont eu le travers de viser au génie. L’oubli pour une tragédie a presque l’air d’une punition. […] Il est telle tragédie contemporaine, au tour et au vers cornéliens, telle comédie étincelante d’esprit, de caprice et de style, qui témoigne, avec éclat, de la fécondité de la tradition chez des poètes bien doués, qui ont lu les modèles pour s’éclairer sur leur propre fonds, et pour apprendre d’eux à faire bien sans faire comme eux.
Je crois même que la remarque qui vous a frappée était faite à l’avantage du comte Alfieri8… Mais Schlegel a une manière si âpre et si dédaigneuse en même temps de parler et d’écrire, que bien souvent il blesse alors même qu’il voudrait louer. » Schlegel n’avait pourtant pas tort, quand il parlait de la tragédie d’Alfieri ; il peut sembler plus rigoureux dans ses sévérités pour celle de Racine. […] Ses tragédies n’ont d’autre but que de répandre la religion du très-saint amour… L’autre jour, je l’entendais qui dogmatisait avec un Allemand très-raisonnable, homme d’âge mûr, le baron de Voigt. « Vous savez ce que l’on aime dans sa maîtresse ? […] Il s’agit des confidents de tragédie : « On fait encore, dit Schlegel, un grand mérite à Alfieri d’avoir su se passer de confidents, et c’est en cela surtout qu’on trouve qu’il a perfectionné le système français ; peut-être ne pouvait-il pas mieux souffrir les chambellans et les dames d’honneur sur la scène que dans la réalité. » Il est difficile de ne pas voir là une allusion plus ou moins directe à la petite Cour de la comtesse d’Albany et de Charles-Édouard.
Dans une tragédie française, selon les conditions d’alors, il n’était pas si mauvais qu’on n’eût pas le temps de respirer. […] En France, dans la tragédie (je parle comme si l’on y était encore), on ne voit pas les choses si en réalité et en couleur ; on est plus ou moins de l’école de Descartes : Je pense, donc je suis. […] Certes, et quelque objection d’ailleurs qu’on y puisse faire, la forme de tragédie qui a amené Corneille à trouver une telle scène, de tels jets héroïques, est une bien belle et bien noble forme de l’esprit.
À moins de quinze ans d’intervalle, voici la tragédie et la comédie définitives. […] Le théâtre formulait la vie (non pas seulement parce que ses costumes, même dans la tragédie, restaient ceux de la cour, mais) par sa conception, par ses règles, par sa langue, par les allusions qui transparaissaient : on donnait d’autres noms à Alceste, à Cinna, à Aman. […] Plus de grandeur : plus de tragédie.
À moins de quinze ans d’intervalle, voici la tragédie et la comédie définitives. […] Le théâtre formulait la vie (non pas seulement parce que ses costumes, même dans la tragédie, restaient ceux de la cour), mais par sa conception, par ses règles, par sa langue, par les allusions qui transparaissaient : on donnait d’autres noms à Alceste, à Cinna, à Aman. […] Plus de grandeur : plus de tragédie.
On représentait là la tragédie de lord Buckhurst, Gorboduc ou Ferrex et Porrex, la mère Bombic, de Lily, où l’on entendait les moineaux crier phip phip, le Libertin, imitation du Convivado de Piedra qui faisait son tour d’Europe, Félix and Philiomena, comédie à la mode, jouée d’abord à Greenwich devant la « reine Bess », Promos et Cassandra, comédie dédiée par l’auteur George Whetstone à William Fletwood, — recorder de Londres, le Tamerlan et le Juif de Malte de Christophe Marlowe, des interludes et des pièces de Robert Greene, de George Peele, de Thomas Lodge et de Thomas Kid, enfin des comédies gothiques, car, de même que la France a l’Avocat Pathelin, l’Angleterre a l’Aiguille de ma commère Gurton. […] La deuxième partie de Henri VI est intitulée : « La Première partie de la guerre entre York et Lancastre. » La troisième partie est intitulée : « La Vraie tragédie de Richard, duc d’York. » Tout ceci fait comprendre pourquoi il est resté tant d’obscurité sur les époques où Shakespeare composa ses drames, et pourquoi il est difficile d’en fixer les dates avec précision. […] Dryden, catholique converti, avait deux fils huissiers de la chambre de Clément XI, il faisait des tragédies dignes d’être traduites en vers latins, comme le prouvent les hexamètres d’Atterbury, et il était le domestique de ce Jacques II qui, avant d’être roi pour son compte, avait demandé à Charles II son frère : Pourquoi ne faites-vous pas pendre Milton ?
Un jour, il y a trente-cinq ans, dans une discussion entre critiques et poètes sur les tragédies de Voltaire, l’auteur de ce livre jeta cette interruption : « Cette tragédie-là n’est point de la tragédie.
Mais cette composition tragique n’appartient au roman que par accident, elle est le principe de la tragédie. […] La disparition dans l’espace est interdite à la tragédie. […] Il est à lui seul le chœur de sa tragédie. […] Le roman d’aventures exclut l’amour comme la tragédie classique excluait le personnage d’un mari trompé. […] Et ce serait évidemment abuser des mots que de le comparer à l’ordre d’un sermon de Bossuet ou d’une tragédie de Racine.