La convention de Berne du 14 octobre 1890 a réglé tout ce qui touche aux transports internationaux avec un office central, Tribunal arbitral chargé de prononcer des sentences sur les litiges entre les chemins de fer.
Cette poésie avait dû prendre bien d’autres caractères, toucher bien d’autres sujets, probablement sous cette forme lyrique ou gnomique, mais toujours concise, qui, ce semble, était le mieux assortie à l’esprit sévère et occupé de Sparte.
À cette troisième manière du voyage, il a fait toucher successivement sa beauté et ses limites. […] Ils nous font toucher la nature primitive de laquelle et contre laquelle Flaubert l’a construit. […] Au temps de Montaigne, le poids de la souveraineté ne touchait pas un gentilhomme deux fois dans sa vie, et le poids de la grammaire ne touchait pas beaucoup un écrivain. […] (Elles ont peu touché les pays scandinaves.) […] Le génie n’a pas touché à la critique sans y avoir laissé ses traces d’or, sans lui avoir formé son épaule d’ivoire.
Aussitôt qu’elle l’eût senti lui toucher la main, elle lui dit : « Bénie soit votre venue ! […] Ariel, dit encore le critique que nous avons cité tout à l’heure, Ariel est un ministre de vengeance qui est touché de pitié pour ceux qu’il punit ; Puck est un esprit étourdi, plein de légèreté et de malice, qui rit de ceux qu’il égare : « Que ces mortels sont fous ! […] Bertrand touché reçut Gillette pour son épouse. […] Un critique moderne ne voit qu’une froide vertu dans la conduite de cette jeune novice : il l’eût préférée plus touchée du sort de son frère, et prête à faire le sacrifice d’elle-même. […] Selon lui, l’art de Shakspeare ne se montre nulle part avec plus d’adresse ; le sujet était trop délicat pour être mis sur la scène sans voile ; il était trop récent, et touchait la reine de trop près pour que le poëte pût hasarder des allusions autrement que dans la forme d’un compliment.
Il ne s’informe guère de ce qui occupe la société ; les petits événements le touchent peu ; il ne prend garde à rien, à personne, pas même à lui. […] Du commerce des anciens il ne rapporta jamais ce sentiment de l’expression magnifique et comme religieuse, ce voile de Minerve, où chaque point, touché par l’aiguille des Muses, a sa raison sacrée. […] Au printemps, la campagne presque nue n’est encore couverte de rien ; les bois n’offrent point d’ombre, la verdure ne fait que poindre, et le cœur est touché à son aspect.
Cependant, nous ne pouvons ouvrir tout d’abord ces écrits des XIIe et XIIIe siècles, ces vigoureuses ébauches marquées d’une touche déjà puissante, sans nous être posé auparavant plus d’une question, sans nous demander d’où elles sortent, elles et la langue qui nous y semble parfois si heureusement balbutiée […] On prévoit aujourd’hui le moment où la connaissance de cette vieille langue, et de la littérature qu’elle porte avec elle, sera pleinement constituée ; où les grands faits seront mis en lumière, et où il n’y aura plus que des détails à ajouter dans des cadres fixes et selon des directions tracées ; on prévoit, dis-je, ce moment, on y touche. […] Guessard, contradicteur net, armé, incisif, excellent redresseur du faux, et guide sur tous les points auxquels il a touché.
La plus magnifique étude sur le mouvement, point par lequel la matière touche à sa cause, Dieu, est le texte de la Physique d’Aristote ; c’est la dynamique divine. Ici il touche à Platon ou plutôt à Socrate. […] La peine qui frappe le coupable peut le détruire, mais elle ne le touche pas ; elle l’effraye sans le corriger.
(Il touchait en 1829, quand il mourut par accident, à l’âge de quatre-vingt-trois ans, douze mille francs d’intérêt.) […] « Mon père, en revenant du mariage de Laurence (il avait été célébré à Paris), a eu dans sa voiture l’œil gauche déchiré par le fouet de Louis, triste présage… Le fouet de Louis toucher à cette belle vieillesse, notre joie et notre orgueil à tous ! […] Je fus peu touché.
À chaque instant il s’incline, la gorge en bas, de manière à toucher presque l’objet sur lequel il se tient ; puis, étendant tout d’un coup son pied nerveux que seconde l’action de ses ailes concaves et à moitié tombantes, il se redresse et s’élance, en portant sa petite queue constamment retroussée. […] Après plusieurs essais, nous réussîmes à la lancer par-dessus la branche brisée de façon à ce que les deux bouts revinssent toucher la terre ; ensuite, m’étant armé d’un grand bambou, je grimpai sur l’arbre au moyen de cette sorte de câble et parvins sans accident jusqu’à la branche sur laquelle je m’assis. Mais tout cela fut peine perdue : je ne pus rien voir du tout dans l’intérieur de l’arbre, et ma gaule, d’au moins quinze pieds de long, avait beau s’y promener de droite et de gauche, elle ne touchait à rien qui pût me donner quelque renseignement.
Celui qui peut comprendre la prédication d’un Jocelyn de village et ces paraboles, Où le maître, abaissé jusqu’au sens des humains, Faisait toucher le ciel aux plus petites mains. […] J’avoue pourtant qu’elles me touchent infiniment moins que de voir l’immense majorité de l’humanité condamnée à l’ilotisme intellectuel, de voir des hommes semblables à moi, ayant peut-être des facultés intellectuelles et morales supérieures aux miennes, réduits à l’abrutissement, infortunés traversant la vie, naissant, vivant et mourant sans avoir un seul instant levé les yeux du servile instrument qui leur donne du pain, sans avoir un seul moment respiré Dieu. […] Il a touché de près les deniers de l’État ; il doit y avoir pris quelque chose ; car si j’y étais, moi, je sais bien que j’en serais tenté. » Ainsi parle la vulgaire envie.
Alors aussi commence à refleurir la poésie lyrique, liée jadis, comme son nom l’indique, au son de la lyre et qui de nos jours, où les poètes ne touchent plus la lyre que par métaphore sauf dans certaines gravures de l’époque lamartinienne, a prospéré de compagnie avec les sonates et les vastes symphonies des grands compositeurs modernes. […] Un peu plus tard, quand le goût de la campagne mêlé à une sensiblerie larmoyante s’est réveillé dans le cœur des citadins blasés, Greuze représente l’Accordée de village et d’autres scènes villageoises bien propres à toucher les âmes sensibles. […] Pour toucher à l’extrême limite où puisse, semble-t-il, atteindre l’invasion des procédés des peintres dans la littérature, il ne restait plus qu’à proclamer que les syllabes des mots ont leur couleur propre.
. — Parmi les changements qui ne touchent pas directement l’âme de Wotan, le plus important est celui-ci : que le fait matériel du vol de For devient tout à fait secondaire, puisque « celui seul qui maudira l’amour saura forger l’anneau magique ». […] Quant aux œuvres théâtrales, elles touchent toutes à cette époque, à partir de Tannhæuser. […] Toutefois, le livre entier ne touche qu’à un côté de Wagner ; de l’homme il n’est point question, ni de l’idée fondamentale de son art, et c’est aussi un grand défaut que le point de vue superficiel de l’analyse musicale : on ne rehausse vraiment pas Wagner aux yeux des artistes en parlant du « thème de l’épieu de Wotan », etc.
* * * — Les contours des visions, dans le rêve, ont un semblant de la ligne diffuse des dessins, trempant dans l’eau… Quel mystère que le rêve, cet état ressemblant à de la mort vivante… Et pourquoi dans le rêve, cette richesse des sensations de la peur, de l’épouvante, qu’on dirait touchée chez nous, par un bouton électrique correspondant à nos fibres intimes ? […] Elle n’a nul besoin d’impressionner, nul désir de toucher, nulle ambition d’occuper un homme. […] Une allée de haute futaie paraissant emplie d’une lumière électrique, vue à travers un globe dépoli, une lumière vaporeuse et diffuse, effaçant le vert des feuilles, et les baignant dans un fluide pâle et miroitant, semblable à l’eau d’un fleuve qui roule du gaz noyé. — Sur les grands arbres obscurs, çà et là, des bouquets de feuilles ayant, comme les frottis de rousse verdure, faits par le pinceau de Watteau, et dans les petits taillis, tout noirs, un rayon sautillant en maigres zigzagures, coulant sur le revers d’un fossé, s’enfouissant comme une luciole dans une touffe d’herbe. — Près de l’étang, des silhouettes d’arbres, qu’on semble entrevoir à travers la buée d’un carreau. — Comme bruit, rien que la course trotte-menue d’un lapin attardé dans la broussaille, et à toute minute, le bruit de la chute d’une feuille, détachée par l’automne, et qui touche la terre, avec quelque chose du frôlement du pas d’une ombre Un silence, mais un silence pourtant vivant par l’insensible friselis des feuilles au haut des arbres, par la sorte de respiration à l’haleine humide, des fourrés endormis. — Des allées sous bois, aux grands espaliers ténébreux, avec d’étroites zébrures de jour sur le chemin, et fermées par une arcade d’ombre, ayant tout au fond, une petite porte de lumière. — Au loin les prairies apparaissant avec le vert incolore, qu’y met la nuit, et tachées des grandes ombres couchées et sommeillantes des chênes de la lisière du bois. — La lune dans le ciel : un diamant dans un lait d’opale. — Une nature couleur de rêve… Le paysage élyséen d’un promenoir d’âmes… Puis, par instants, le ciel se voilant, et le bois devenant d’ébène sous un ciel d’étain… Assis sur un banc, nous avons passé une heure de pénétrante volupté, à jouir de cette nuitée du bois.
Dimanche 21 août Ce soir, à dix heures, au moment de me coucher, on m’annonce Geffroy, qui touché et peiné des éreintements de ma personne, à propos du « Manifeste des Cinq », me lit un article qu’il vient de faire, et qui nous dégage, moi et Daudet, de toute participation au Manifeste. […] Tout en disant : « Quand on n’est plus jeune, il faut se faire des occupations qui vous tiennent compagnie », elle se lève d’un petit bureau, qui est comme une jardinière de glaïeuls naturels, en dedans desquels se pressent et se tassent des sébiles et des soucoupes, pleines de couleurs, pleines de pétales artificiels non encore colorés ; elle se lève pour me montrer un imperceptible « Jugement de Pâris » ; un pastel de la Lecouvreur, qui a bien certainement la touche des pastels de Coypel, et pourrait bien être l’original ou une répétition de la peinture à l’huile ; un collier de perles, aux perles usées, qui viendrait de la femme du duc de La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes. […] Lui aussi, à l’apparence si forte, et si vivant, et si dépensier d’esprit, le voici touché par la maladie et condamné à manger un pain, qui semble à la cosse de bois d’un fruit d’Amérique.
Ainsi quelque profonde altération que Dickens et Dostoïewski fassent subir à ce qu’ils ont vu, ils sont réalistes, car ils sont attendris et indignés ; Tourguénef et Tolstoï qui mêlent dans leurs tableaux du monde des êtres supérieurs et heureux aux misérables et aux malheureux, touchent plutôt à l’idéalisme, mais touchent aussi à ce qui serait l’idéal de l’art, la fusion des deux ordres de représentation par embellissement et par dégradation, des deux ordres d’émotion l’exultation, la haine et la pitié. […] La vie de société, telle qu’on l’entend aujourd’hui, développe simultanément, à mesure quelle avance, ces deux conditions, unissant les hommes par leurs intérêts seuls et les risques qu’ils courent, les dispensant de s’unir de cœur, par suite même de la perfection actuelle des institutions légales, policières, de politesse, qui, permettant de vivre sans que l’on se heurte, empêchent aussi que l’on se touche.
Le ciel et la terre se touchaient et se confondaient, dans cette atmosphère de la théologie monastique et populaire, comme deux horizons dans la brume. […] Nous avons touché à l’arche, et la majesté du dieu nous frappe de mort. Voyons cependant si nous y avons touché sans le respect convenable.