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1581. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il entendit pour la première fois prononcer le nom de Gœthe, et un volume de ses Poésies et Chansons lui tomba entre les mains. […] Qu’on parcoure l’admirable volume de ses poésies à lui, chansons, paraboles, élégies, épigrammes50, vaste prairie de fleurs et de verdure où, quelque part que le regard tombe, chaque point vit, reluit ou scintille de sa couleur propre, et l’on comprendra tout le sens de ce conseil. — « Il n’y a pas une seule ligne de mes poésies, disait-il, qui n’ait été vécue. » Nous avons tous plus ou moins, sur la foi des premiers témoins et visiteurs qui nous en ont parlé, cru Gœthe plus insensible qu’il ne l’était.

1582. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Et de plus, en ce qui est de la poésie du xvie  siècle en particulier, on voit assez par tout cela qu’on est sorti des lignes de l’histoire littéraire proprement dite, qui, à moins d’être une nécropole, doit se borner à donner la succession et le jeu des écoles et des groupes, les noms et la-physionomie des vrais chefs, à marquer les caractères et les degrés des principaux talents, le mérite des œuvres vraiment saillantes et dignes de mémoire : on est tombé dans le menu, dans la recherche à l’infini, dans la curiosité locale et arbitraire. […] Ce dernier vers, à lui seul, est toute une vie et toute une âme ; il mériterait d’être inscrit sur la tombe du poète.

1583. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

On les assomme, tant qu’ils peuvent se soutenir ; une fois tombés, c’est fini d’eux. […] La comtesse E… lui avait demandé de pouvoir assister à l’ébauche de son portrait ; lorsqu’elle le vit tomber sur la besogne comme un affamé sur du pain, elle resta toute stupéfaite.

1584. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Que ce soit à coups de trompette ou à coups de canon que les murs de Jéricho soient tombés, le résultat est le même pour eux. […] La nouvelle de la mort du duc d’Orléans arriva sur ces entrefaites (juillet 1842) ; elle tomba comme un coup de foudre, la veille d’un bal et d’une fête de cour que l’on contremanda.

1585. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Tous mes compagnons étaient plus mal montés encore : des chevaux accoutumés à porter le bât, de mauvaises bardes recouvertes de tapis qui tombaient en lambeaux, des licols dont la corde était passée dans la bouche de l’animal pour tenir lieu de bride, tel était le noble appareil avec lequel la Sublime-Porte me faisait voyager. […] Si quelque chose pouvait me consoler de ce désastre, c’est (que) dans un combat aussi sanglant, et tel que l’histoire de la marine n’(en) offre nul exemple, le représentant Jean-Bon Saint-André, tantôt à mes côtés, tantôt dans les batteries, encourageant et excitant l’ardeur des canonniers et des équipages, et voyant tomber à ses pieds nombre de ces malheureux, en a été quitte pour une légère égratignure à la main droite.

1586. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

La dauphine, depuis deux jours, ne mangeait pas : « C’est la grande fatigue qui en est cause, écrit le maréchal, et j’ai dit au roi que, si on ne lui procurait pas du repos, elle tomberait malade. […] Sept ou huit places ou forts tombèrent successivement en peu de mois : ce fut la première partie de la campagne ; et, pour la seconde, on s’attendait de nouveau à une affaire générale, mais elle dépendait des mouvements du duc de Cumberland.

1587. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Les églises que nous avons parcourues étaient pleines de femmes à longues failles sur la tête, et qui tombent jusqu’à leurs pieds. […] — Mais si je me remets à regarder la terre, les transes me reprennent et, à la lettre, je crois tomber, et je glisse à genoux contre une porte ou contre la fenêtre.

1588. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

De bonne heure orphelin de père et de mère, tombé sous la tutelle d’un frère aîné, il eut assez de peine à percer, et ne reçut qu’assez tard les marques de la protection du cardinal, qui avait été le patron de Rabelais. […] Au lieu de cela, faute d’un grand poète comme Homère ou comme le puissant rhapsode qui de loin nous donne l’idée d’un Homère, faute d’un poète supérieur qui pût, sinon fixer la langue, du moins la montrer et l’attester à jamais par une œuvre vivante, et solenniser ce noble et simple genre en l’attachant dans la mémoire des hommes avec des clous d’airain et de diamant, on alla à la dérive, selon le cours des temps et la dégénérescence des choses ; on en vint par degrés au dégoût et au mépris pour un genre usé qui tombait dans un romanesque affadissant ; puis l’oubli arriva.

1589. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

J’oserai affirmer, sans crainte de démenti, que, si les poésies fugitives de Ducis sont tombées aux mains de Lamartine, elles l’ont plus ému dans leur douce cordialité et plus animé à produire, que ne l’eussent fait les poésies d’André, quand elles auraient paru dix ans plus tôt. […] Cependant l’absence habituelle où Lamartine vécut loin de Paris et souvent hors de France, durant les dernières années de la Restauration, le silence prolongé qu’il garda après la publication de son Chant d’Harold, firent tomber les clameurs des critiques qui se rejetèrent sur d’autres poëtes plus présents : sa renommée acheva rapidement de mûrir.

1590. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

On conçoit cependant, je le répète, une Société de gens de lettres s’entendant de leur mieux pour s’assurer le plus grand salaire possible de leurs veilles, si leur force unie se contient dans des termes d’équité et ne va jamais jusqu’à la coaction envers les éditeurs : car il ne faudrait ]pas tomber ici dans rien qui rappelât les coalitions d’ouvriers ; on a bien crié contre la camaraderie, ceci est déjà du compagnonnage. […] Advisez donc si vous avez desir De rien prester : vous me ferez plaisir ; Car puis un peu, j’ai basti à Clément Là où j’ay fait un grand desboursement, Et à Marot qui est un peu plus loing : Tont tombera, qui n’en aura le soing.

1591. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Une corbeille de fleurs renversée offre l’emblème de la destinée de Millevoye, tombé de la veille. […] Cousin prononça sur sa tombe quelques paroles pleines de douleur, bien qu’un peu dramatiques, dans lesquelles il s’écriait : Noble esprit, âme tendre, jeune sage !

1592. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Ampère a très-bien rapproché les louanges sans mesure prodiguées par Ausone aux vers de saint Paulin, et les ridicules compliments que Balzac adresse au Père Josset : « Oserai-je, écrivait Balzac, hasarder une pensée qui vient de me tomber dans l’esprit ? […] Il est juste pourtant d’excepter le tout premier discours sur l’état des lettres dans les Gaules, avant le christianisme ; dom Rivet, dans ce tableau général, aussi complet que le permettait l’archéologie de son temps, a échappé à l’inconvénient où est tombé M.

1593. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

En face des érudits et des philosophes également ardents de nos jours et emportés à toutes sortes d’espérances, il est bon de ne pas laisser tout à fait tomber ce droit de rappel à l’homme qui semble relégué chez les défunts moralistes. […] La grande division qui séparerait naturellement cette histoire des journaux français en deux tomberait à 89 : histoire des journaux avant la révolution, et depuis.

1594. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Je voudrais bien entendre chaque érudit discuter à fond, ou mieux tirer de son poste à bout portant sur chacun des points du livre qui tombent sous sa portée. […] On pourrait citer d’autres passages plus imposants et plus énergiques, mais aucun assurément de plus gracieux : « Dans toutes les villes, les temples tombaient à la fois sous la spoliation et l’anathème ; il n’en était pas ainsi des campagnes.

1595. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

C’est d’ailleurs le caractère et la qualité de certains esprits que, tout en atteignant à la réputation méritée, ils ne tombent pas dans les grands chemins et sous les jugements courants de la foule ; ils échappent ainsi au lieu-commun de la louange ; ils demeurent des sujets choisis. […] Que le Charles XII d’alors se précipite fatalement par ses fautes, que Louis XI s’éteigne à petit feu dans ses hypocrites intrigues, l’historien saura faire entendre le jugement des peuples sur leur tombe.

1596. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

C’est ce rayon du génie et de l’amitié qui vient de tomber au front de M.  […] La plupart mettent leurs soins à écrire de telle sorte, qu’on les lise sans obstacle et sans difficulté, et qu’on ne puisse en aucune manière se souvenir de ce qu’ils ont dit ; leurs phrases amusent la voix, l’oreille, l’attention même, et ne laissent rien après elles ; elles flattent, elles passent comme un son qui sort d’un papier qu’on a feuilleté. » Ceci s’adresse en arrière à l’école de La Harpe, au Voltaire délayé, et, en général, le péril n’est pas aujourd’hui de tomber dans ce coulant.

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