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22. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Il a donc dû être enlevé à cette terre avant moi, qui suis nonagénaire, avant le Vieux de la montagne. […] Elles sont composées identiquement des mêmes huit métaux terrestres analysés par Berzélius, fer, nickel, cobalt, manganèse, chrome, cuivre, arsenic, étain, et de cinq terres qu’on retrouve dans notre terre. […] Tant qu’une faible partie de la terre fut ouverte aux peuples de l’Occident, des vues exclusives dominèrent parmi eux. […] Il a fondé la terre sur sa propre solidité, en sorte qu’elle ne vacillât pas dans toute la durée des siècles. […] On est surpris, dans un poème lyrique aussi court, de voir le monde entier, la terre et le ciel, peints en quelques traits.

23. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

« Tu as étendu ta main, et la terre les a consumés. […] « Je connais tous les oiseaux du ciel ; et tout ce qui rampe sur la terre m’appartient. […] Elle a passé vite sur cette terre, parce qu’elle était du ciel et qu’elle avait hâte d’y revenir. […] « Toute la terre repose ; elle est tranquille, ou elle éclate en chants d’allégresse. […] Ils ne se relèveront pas ; ils n’auront pas la terre en héritage ; ils ne couvriront pas de villes la surface du monde.

24. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Le ciel, la terre, la nature tout entière, la folie, la maladie et la mort ne sont que des instruments pour lui. […] Si la terre ne se prête pas à cette transformation suprême, la terre sera broyée, purifiée par la flamme et le souffle de Dieu. […] Dans le désert de Judée, Satan lui avait proposé les royaumes de la terre. […] Le chrétien véritable est bien plus dégagé de toute chaîne ; il est ici-bas un exilé ; que lui importe le maître passager de cette terre, qui n’est pas sa patrie ? […] Le pouvoir de l’État a été borné aux choses de la terre ; l’esprit a été affranchi, ou du moins le faisceau terrible de l’omnipotence romaine a été brisé pour jamais.

25. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

L’homme placé en naissant sur la terre, dut être frappé du grand spectacle que déployait à ses yeux la nature. […] Alors il le cherche à travers ce monde solitaire ou il a été jeté ; il le demande aux cieux, à la terre, à tout ce qui l’environne ; il prête l’oreille pour l’entendre. […] Tout ce qui vit, tout ce qui rampe, tout ce qui existe de mortel sur la terre, nous naquîmes de toi, nous sommes de toi une faible image ; je t’adresserai donc mes hymnes, et je ne cesserai de te chanter. Cet univers suspendu sur nos têtes, et qui semble rouler autour de la terre, c’est à toi qu’il obéit ; il marche, et se laisse en silence gouverner par ton ordre. […] Génie de la nature, dans les cieux, sur la terre, sur les mers, rien ne se fait, ne se produit sans toi, excepté le mal qui sort du cœur du méchant.

26. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Repentez-vous, juges et chefs de la terre ! […] que ton nom est sublime sur toute la face de la terre !  […] « Les fondements de la terre furent dénudés !  […] Le verset bondit de la terre au ciel, du ciel à la terre, comme le cœur du poète ou comme les taureaux de Basan. […] nos captifs comme l’eau des torrents sur une terre nue !

27. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

— Ô Terre ! […] Renvoie en haut celui dont notre terre n’a jamais contenu le semblable. — Cher homme ! […] pourquoi ce double désastre sur ta terre, ô Roi, sur ton royaume tout entier ? […] » — « L’impétueux Xerxès. » — « Est-ce avec une armée de terre ou de mer qu’il a tenté sa folle entreprise ?  […] Mais si grand et sage qu’il paraisse, Darius reste pourtant une Ombre, un Revenant de la terre qui va le reprendre.

28. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Alors Yma marcha vers les étoiles, et il fendit l’extrémité de la terre d’un si rude coup de sa lance d’or, qu’elle s’écarta sous le choc et devint plus grande d’un tiers qu’elle n’était. […] Les monnaies métalliques, fondues au creuset, s’y déversaient dans des jarres de terre, à l’état liquide. […] La terre, selon la parole biblique, « tremblait et se taisait devant lui ». […] Ce coin de terre était le point du jour de la civilisation éternelle ; l’imperceptible peuplade sentait battre en elle l’âme du monde. […] » Son premier acte fut d’envoyer aux cités grecques des hérauts chargés de leur réclamer la poignée de terre et la cruche d’eau, hommage formel de vassalité, symbole parlant de la sujétion.

29. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Les choses se passent comme si les deux doubles trajets étaient égaux, comme si la vitesse de la lumière par rapport à la Terre était constante, enfin comme si la Terre était immobile dans l’éther. […] Aux yeux de l’observateur qui participe au mouvement de la Terre, la longueur de ce double trajet est donc 2l. […] Mais l’habitant de la Terre n’en sait rien. […] On peut considérer le mouvement de la Terre comme une translation rectiligne et uniforme pendant la durée de l’expérience. […] Horloge sera la Terre qui tourne.

30. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

ô terre ! […] ô terre ! […] J’ai senti remonter à mon cœur cette effluve rougeâtre qui, dégouttant jusqu’à terre le long du fil de la lance, emporte avec elle le rayon de la vie qui s’éteint. […] Ce ruisseau coule incessamment sur la terre qu’il féconde ; et les chœurs des a Muses ne sont pas ennemis de cette terre, ni Vénus tenant ses rênes d’or. […] Il oublie un mo ment l’aiguillon de la guêpe, pour montrer partout les barbares blessés, vaincus, fuyant sur terre et sur mer, devant les lances et les trirèmes.

31. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Voici la Terre en mouvement sur son orbite. […] Toujours le rayon de lumière se comporte comme si la Terre était immobile. […] Choisissons la Terre. […] C’est tout bonnement que la Terre est immobile. […] Nous venons de nous placer sur la Terre.

32. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Et toi, Terre, mère de toutes choses ! […] Les sombres profondeurs de l’Hadès frémissent sous la terre. […] Fuis, ô terre ! […] engloutis-moi sous la terre, ou jette-moi en pâture aux bêtes de la mer !  […] Le trait d’union étincelant de son vol relie l’Olympe à la terre.

33. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Saisi d’une fièvre chaude, il a frappé avec colère la terre du pied ; il s’est précipité dans l’éternité par dégoût du temps. […] Ces vers, pensés dans le ciel et écrits sur la terre, m’avaient transporté en idée au cap Sunium. […] Elle lui donne ainsi le droit d’aimer tout ce qui respire, tout ce qui se meut dans le firmament ou sur la terre. […] La terre est vierge encor, mais déjà dévoilée, Et sourit au soleil sous la brume envolée. […] S’il a une Béatrix dans le ciel, il en a une sur la terre !

34. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Soit AB la trajectoire du boulet dessinée dans le système Terre. […] Je suppose que la trajectoire AB soit jalonnée par des horloges identiques entre elles, entraînées avec la Terre, donc appartenant au système Terre, et synchronisées par signaux lumineux. […] Paul lit l’heure à la fois sur son horloge (1 h) et sur l’horloge du système Terre placée en M.  […] Pour Pierre, resté en A sur la Terre, ce sont bien 8 heures qui se sont écoulées entre le départ et le retour de Paul. […] Paul lit l’heure à la fois sur son horloge (1 h) et sur l’horloge du système Terre placée en M. 

35. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Mais avant nous devons dire ce que nous pensons de l’origine des théologies, des religions, des morales, des philosophies sur la terre, à ces époques antéhistoriques de l’humanité. […] La terre, la mer, la pierre s’entrouvrent pour rendre au jour, sous les bandelettes des momies ou dans les sépulcres de marbre, les squelettes des hommes qui vivaient sur la terre avant que le marbre lui-même fût formé. […] Tout instinct est une prophétie : cette prophétie est donc divine, elle implique donc un devoir pour l’homme, elle est donc destinée à se réaliser sur cette terre. […] La première ruine d’empire dont la terre est semée le confond, le premier tombeau rencontré sous les pieds le dissipe, la première déception de cœur ou d’esprit le fait fondre en larmes. […] Son nom est Adam, terre, c’est-à-dire infirmité.

36. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Les hommes s’étaient rassemblés à l’ombre du plus large des oliviers ; ils avaient étendu sur la terre leur natte de damas, et ils fumaient en se contant des histoires du désert, ou en chantant des vers d’Antar. […] Un trou creusé dans la terre et qui était censé correspondre à l’oreille du mort, lui servait de porte-voix vers cet autre monde où dormait celui qu’elle venait visiter. […] Et moi, méditant sous ma tente, et recueillant des vérités historiques ou des pensées sur toute la terre, la poésie de philosophie et de méditation, fille d’une époque où l’humanité s’étudie et se résume elle-même jusque dans les chants dont elle amuse ses loisirs. […] Enfin, nous touchâmes aux premiers blocs de marbre, aux premiers tronçons de colonnes que les tremblements de terre ont secoués jusqu’à plus d’un mille des monuments même, comme les feuilles sèches jetées et roulées loin de l’arbre après l’ouragan. […] Rien ne nous avait préparés à cette musique de l’âme, dont chaque note est un sentiment ou un soupir du cœur humain, dans cette solitude, au fond des déserts, sortant ainsi des pierres muettes accumulées par les tremblements de terre, par les barbares et par le temps.

37. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

« … Dès lors, ai-je dit dans Science et Hypothèse, cette affirmation la Terre tourne n’a aucun sens… ou plutôt ces deux propositions, la Terre tourne, et, il est plus commode de supposer que la Terre tourne, ont un seul et même sens. » Ces paroles, ont donné lieu aux interprétations les plus étranges. […] Cette vérité, la Terre tourne, se trouvait mise sur le même pied que le postulatum d’Euclide par exemple ; était-ce là la rejeter. […] Ainsi l’hypothèse de la rotation de la Terre conserverait le même degré de certitude que l’existence même des objets extérieurs. […] Non, il n’y a pas d’espace absolu ; ces deux propositions contradictoires : « la Terre tourne » et « la Terre ne tourne pas » ne sont donc pas cinématiquement plus vraies l’une que l’autre. […] Voilà pour la rotation de la Terre sur elle-même ; que dire de sa révolution autour du Soleil.

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