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875. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Avant d’ouvrir les deux gros volumes qu’il publie16, nous ne le connaissions pas ; mais c’est une bonne prévention, en faveur d’un homme, qu’une obscurité qui permet de tout supposer à une imagination bienveillante.

876. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Son érudition est profonde, certaine, indiscutable, et il ne suppose pas qu’elle puisse être discutée.

877. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

La langue gauloise du seizième siècle répond si parfaitement et si exactement à la langue grecque du temps d’Hérodote, qu’il est impossible même de supposer une traduction d’un autre temps qui puisse l’emporter sur une traduction à cette date.

878. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Quant à Ninon, il est impossible de supposer que Debay ait eu la bonté d’ajouter ses puissances d’aperçu ou de rédaction à l’esprit de cette femme célèbre.

879. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

II Cela dit brusquement à Wey, pour l’honneur d’une conception première qui me plaisait excessivement, mais qui supposait la chose la plus rare : l’impersonnalité, ou plutôt la personnalité caméléonesque d’un poète dramatique, je n’ai plus qu’à louer un livre vrai, spirituel, érudit, attentif à tout, et qui, sous prétexte de voyage, nous parle tour à tour politique, art, histoire, morale, société, avec une originalité qui n’a pas le profond, le mordant, la couleur étrange de l’originalité anglaise, mais qui, après tout, a la sienne.

880. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Supposez un Français quelconque ayant les opinions de Prescott ; appelez-le, si vous voulez, Henri Martin ou Michelet, et donnez-lui à écrire la même histoire, quelles déclamations de toute espèce n’aurez-vous pas sur l’horrible règne de Philippe II, sur son bourreau le duc d’Albe, et sur l’Inquisition, leur souveraine ou leur servante !

881. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

qu’il ne puisse arriver que l’indifférence publique ne tombe sur une œuvre grande et qui eut son éclat, et n’étende une couche de silence ignorant sur ce qui fit le plus de bruit ; mais, dans le cas présent, rien de pareil n’était à craindre ou à supposer.

882. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

je n’ai trouvé dans cet Essai de philosophie religieuse ni philosophie, ni religion, car le déisme n’est pas plus une religion que le spiritualisme n’est une philosophie, et le mot même d’essai n’est pas plus vrai que le reste avec sa modestie, car un essai suppose qu’on s’efforce à dire une chose neuve, et l’auteur en redit une vieille dont nous sommes blasés, tant nous la connaissons !

883. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Le destin d’Augier — partout où vous le supposiez dans l’histoire littéraire — serait d’être toujours le caméléon de quelqu’un ; mais le caméléon malade, qui ne prend que la moitié de la couleur qu’il emprunte, et qui la dissout et la ternit en nous la renvoyant.

884. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

On pourrait très bien supposer que le poète fruste, salin et amer, découvert aujourd’hui comme une perle dont on ne m’a pas assez montré l’huître, fût, par hasard, quelque lettré moderne qui, blasé des corruptions et des hauts goûts de nos décadences, aurait reculé, par impatience de sensation nouvelle, jusqu’aux formes délaissées de la Bible et d’Homère, et eût fait de l’archaïsme en provençal, avec une habileté plus ou moins scélérate… Seulement, quoiqu’il en pût être, imitateur ou spontané, l’homme quelconque qui a enlevé ces douze chants sur un sujet qui serait vulgaire, si ce n’était pas la rabâcherie immortelle de l’amour, et donné à Daphnis et Chloé des proportions d’Iliade, est en définitive un poète que l’on peut mettre, ici ou là !

885. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

En lisant au front de son volume ces mots : Les Amours d’Italie, on pourrait supposer qu’il a saisi, avec l’ambition très-peu scrupuleuse du succès, cette misérable bonne fortune d’occasion qu’un goût très-élève dédaignerait ; mais quand il s’agit de M. 

886. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

c’est précisément le talent qui suppose toujours l’indépendance, c’est le talent qui m’étonne dans l’admirateur fanatique de M. 

887. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Nom vénérable et presque sacré, plus mystérieux et plus voilé que ceux de Socrate et de Platon, à peine plus dessiné à nos yeux et plus distinct que celui d’Homère, on ne t’interrogeait qu’avec respect et religion ; on supposait derrière ta science toutes sortes de sciences perdues, on voyait dans ton expérience le résumé de toutes les expériences ; on sentait en toi, aux bons endroits lumineux, l’universalité d’une doctrine, le lien de l’observation comparée, partout le sentiment de la vie ; on voulait tout comprendre, on espérait t’arracher de derniers secrets ; on te demandait presque des oracles. […]  » Grande et haute pensée sans doute, à laquelle je ne ferai qu’une objection : c’est qu’elle suppose une postérité de plus en plus sérieuse et bien révérente pour le passé, et un passé de plus en plus digne du respect de l’avenir. […] Patin, homme de goût, avec toutes les délicatesses, mais avec toutes les mollesses aussi et les faiblesses ou les négligences que ce mot comporte ou suppose ; M. 

888. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Supposez même que je n’existe pas. […] Supposez que notre souverain de Piémont, n’ayant qu’un titre de prince ou de duc, se contente de régner à la manière des Médicis de Florence, par exemple : vous ne trouverez pas en Europe de pays supérieur au nôtre ; mais si le pays est obligé de supporter une couronne royale et si on y bat le tambour, la chose change de face, et le voilà tout de suite trop petit pour être une planète et trop grand pour être un satellite. […] Allez ensuite en France ; demandez à un habitant de Dunkerque ou de Bayonne par qui il est gouverné ; il vous répondra : Par le roi de France (j’aime à supposer qu’il est toujours à sa place) ; jamais il ne lui viendra en tête de vous dire qu’il est gouverné par les habitants de l’Île-de-France, que tous les emplois sont pour ces messieurs, qu’ils viennent faire les maîtres chez les autres, qu’ils veulent tout mener à leur manière, et autres chansons des nations sujettes.

889. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Un récit suppose un fait. […] En second lieu, un poème épique suppose un héros, un dieu, un personnage quelconque, historique ou fabuleux, accomplissant le fait chanté par le poète. […] En troisième lieu, un poème épique suppose un récit continu, un commencement, un milieu, une fin, récit inspirant, par ses péripéties, un intérêt épique ou dramatique à celui qui lit ou qui écoute.

890. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Une scène représentée sur la toile, ou sur les planches, ne suppose pas de témoins. […] Supposez devant vous la Vénus de Médicis, et dites-moi si sa nudité vous offensera. […] Supposons qu’un prince ait le bon esprit de sentir que tout vient de la terre et que tout y retourne ; qu’il accorde sa faveur à l’agriculture, et qu’il cesse d’être le père et le fauteur des grands usuriers.

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