Moins encore pourrait-on songer à établir une sorte de catalogue technique des livres et des noms qui furent, durant ce bref espace, mis en vedette. […] Il serait, enfin, aussi puéril qu’injuste de ne point mettre en valeur l’un des faits les plus significatifs que le roman français ait eu à enregistrer naguère dans ses annales : je songe à l’envahissement du genre, — sous la poussée du féminisme à la mode, — par un nombre toujours croissant de femmes écrivains. […] Gardons-nous néanmoins de négliger le symptôme de ce retour vers l’Éternelle combattue, à l’heure grave dont le glas sonne à nos oreilles et, nous reportant au début du xixe siècle, après la tourmente révolutionnaire, songeons qu’un élan analogue — toutes proportions gardées d’ailleurs ! […] Bourget ait songé à ramener de force et en bloc l’ancien régime avec ses divisions inexorables, et à empêcher, par principe, les migrations de classe exceptionnelles et justifiées ; il a simplement voulu montrer combien étaient salutaires les coutumes qui, dans la vieille société française, préservaient les familles des désordres que nous y voyons généralisés aujourd’hui. […] Mais je ne puis oublier que je songeais à parler de féminisme littéraire.
ils ont le temps et la patience de s’écouter, ces passionnés, au lieu d’agir, et ils ne songent pas à s’interrompre une seule fois ! […] Cette scène, que j’accepterais sans bégueulerie si elle était passée aux flammes de la passion, purificatrices comme le feu, mais que j’accuse de la plus dégoûtante indécence, est surtout impossible par la raison que toute femme assez affolée pour, comme la femme de Putiphar, déchirer le manteau d’un homme, oublie tout, quand la terrible furie de ses sens l’emporte, ne songe point à parler alors, comme un vieux et froid faiseur d’éroticum, d’Amphitrite qui s’est livrée au cyclope, d’Urgèle qui s’est livrée à Bugryx, de Rhodope qui a aimé Phtah (l’homme à la tête de crocodile), de Penthésilée, d’Anne d’Autriche, de madame de Chevreuse, de madame de Longueville, et ne se livre pas, en ce moment décisif et décidé, au plaisir érudit de faire, qu’on me passe le mot ! […] Une telle opinion, si elle était respectée et pouvait triompher, ne serait, du reste, que la confirmation volontaire et éternisée de l’immense faute commise par un clergé qui avait des ordres savants à son service, et même des hommes de génie, et qui n’a jamais songé à répondre péremptoirement et carrément, une fois pour toutes, aux effroyables calomnies qui n’entamaient pas que la personnalité d’un seul pape, mais, aux yeux du monde, jusqu’à la papauté elle-même ! […] Ces faits : la naissance de Borgia, de vieille race royale aragonaise et dont l’élévation ecclésiastique vint de ce qu’il était le neveu du vaillant pape Calixte III ; ses premières fonctions, qui furent militaires ; son mariage avec Julia Farnèse, qui mourut après quelques années ; la légitimité, contestée et prouvée incontestable, de ses enfants ; le rétablissement dans son titre pur de belle-mère de celle-là que les historiens ont appelée, sans le comprendre, du nom familier et intime de Vanozza, et dont ils ont fait la maîtresse d’Alexandre VI jusque dans ses dernières années parce que cette belle-mère, gendre respectueux, il n’avait jamais cessé de la visiter ; les longues années sous plusieurs papes qui le conservèrent chancelier de l’Église, le firent évêque et l’envoyèrent, comme légat, en Aragon, représenter le Saint-Siège ; ses mœurs si accusées, mais garanties par la considération des papes — presque tous des grands hommes — sous lesquels il vécut, et par sa popularité dans le collège des Cardinaux, où jamais une voix ne s’éleva contre lui, mais où toutes, moins deux, s’élevèrent pour lui quand il fut nommé pape : tous ces faits sont racontés ici avec un détail dans lequel nous ne pouvons entrer, mais qui confond, par sa netteté et par son poids, quand on songe à tout ce qu’on a fait de cette simple et imposante histoire ! […] Songez donc !
Charles Asselineau À de certains scintillements qui brillantent çà et là la poésie de M. le marquis de Belloy, on songerait plutôt à la baie de Naples et à ses heureux rivages, où l’ombre et la molle brise de Sicile lui ont sans doute conseillé ses deux dernières comédies : Le Tasse à Sorrente et la Mal’aria.
Il a cru sans doute pouvoir se borner au soin d’instruire son Lecteur ; mais pour instruire, il faut commencer par se faire lire, & c’est à quoi n’a pas songé ce diffus Compilateur.
Rien de plus poétique, rien de plus dramatique, quand on songe que les Rimes maladives d’Alfred Béjot ne sont pas la forme fantaisiste d’une fiction cérébrale, un symbole d’une âme seulement douloureuse, mais qu’elles constituent le testament authentique d’un jeune écrivain mort plein d’avenir, à trente ans.
Fléchier à la femme d’un Président de Rennes : « A l’égard de Mlle Descartes, son nom, son esprit, sa vertu, la mettent à couvert de tout oubli, & toutes les fois que je me souviens d’avoir été en Bretagne, je songe que je l’ai vue, & que vous y êtes ».
Ce dernier a le talent du dialogue, & celui de marcher avec activité au dénouement ; l’autre ne songe qu’à accumuler les incidens, & perd en déclamations & en soupirs un temps qui doit être employé à l’action.
Le Simplex et idiota fait certainement songer au reine-thor. […] Sa manière fait songer à celle de Carlyle. […] On songe naturellement à Eschyle, mais surtout au Prométhée délivré de Shelley. […] Et songez que M. […] Il nous somme constamment de « songer à notre âme ».
On l’a comparé à Roscius pour le naturel & la noblesse de son jeu, car il faut toujours des comparaisons ; mais personne n’a songé à le mettre à côté de Plaute ni de Térence, pour les Comédies qu’il a faites.
Est-il possible que vous ne soyez pas touché « de tout ce que le Ciel a fait pour vous, et que vous « songiez à autre chose qu’à la Grèce sauvée ? […] Mais songez-y bien : qu’est-ce qui n’est pas mieux que Hambourg ? […] A diverses reprises, avant ses grandeurs, il avait songé à recueillir et à publier ses œuvres éparses ; il s’en était occupé en 89, en 96, et de nouveau en 1800. […] désabusé trop vite, Tu vois s’enfuir le songe d’or. […] Installé aux Tuileries, il songea à son absence ; il en parla.
Werther est artiste ; au milieu de toutes ses expansions et ses abandons, il a souci de son talent : en face de cette belle vallée, par une matinée du printemps, il ne songe pas seulement à en jouir, il songe à en tirer quelque parti comme peintre, et, s’il reste inactif, il a du regret : Je suis si heureux, mon ami, dit-il54, si abimé dans le sentiment de ma tranquille existence que mon talent en souffre. […] Goethe ne songea point à faire tout aussitôt un roman et un livre de cette liaison qui n’avait rien pour lui d’une aventure. […] Cependant, il dit dans ses mémoires que « la mort de Jérusalem, occasionnée par sa malheureuse passion pour la femme d’un ami, l’éveilla comme d’un songe et lui fit faire avec horreur un retour sur sa propre situation. » Mais, dans ses mémoires, il entendait ceci d’un commencement de passion plus récente qu’il croyait éprouver pour la fille de Mme de La Roche, la même personne qu’il avait vue il y avait peu de temps à Coblentz, et qui venait de se marier à Francfort.
Selon moi, Justice est l’œuvre d’un poète qui n’a pas songé à couper ses ailes, et que ses ailes font trébucher. […] Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice. […] Donc, ta Grive, elle exorcisa, Lorsque déjà je songeais à Mourir de mon influenza, Ces menus démons, les microbes ! […] Les vers ne sont peut-être pas toujours d’une clarté absolue, mais, même en ces quelques passages où la pensée du poète apparaît un peu confuse et parée de métaphores trop éclatantes, le rythme et l’harmonie y demeurent d’un charme si prenant, que nous subissons une impression sans songer à l’approfondir.
» Or l’esprit du Seigneur, qui dans notre nuit plonge, Vit son doute et sourit : et l’emportant en songe Au point de l’infini d’où le regard divin Voit les commencements, les milieux et la fin ; « Regarde », lui dit-il… Et l’homme finit par comprendre qu’il est, comme l’ont cru les religions orientales, l’auteur de sa propre destinée, selon la hauteur plus ou moins grande à laquelle il est parvenu dans l’échelle des êtres. […] De tels vers font songer à de blancs clairs de lune, à la fraîcheur des brises, au jour adouci des rayons sous les arbres ; tout est grâce, demi-teinte et nonchalance, malgré un perpétuel souci, — notons-le en passant, — de la majesté et du grand air. […] Je ne puis ; — malgré moi l’infini me tourmente Je n’y saurais songer sans crainte et sans espoir. […] Pour la transmettre, il faut soi-même La recevoir, Et l’on songe à tout ce qu’on aime Sans le savoir 105.
« Songez donc, dit M. […] Et je songeais aussi, me rappelant cette manière d’expliquer de pareils dévouements, qui traîne dans tant de livres : « Tout cela est au-dessus de nous. […] J’en connais une autre, plus vagabonde, plus paresseuse et plus lente : c’est de ne point hâter l’œuvre à venir, de n’y penser que rarement avec application, et d’y songer toujours. […] Avez-vous songé quelquefois au frémissement invisible qui doit faire trembler une bouture de jeune arbre, quand le premier fil de racine, perçant l’écorce, rencontre la terre et, avec la terre, la vie ; quand une goutte de sève, une seconde, une autre encore, monte dans la tige demi-morte ?
Cette puissance doit se sentir, en effet, assez affoiblie, pour songer à convoquer l'arriere-ban. […] Au lieu de donner des regles pour le genre d'éloquence qu'il a choisi, il ne songe qu'à déclamer contre ses abus dans tous les temps.
Cela est certain, tout investigateur, tout Allemand qu’il paraît être, Blaze de Bury n’aurait pas songé à faire un livre sur tous ces égaux, sur tous ces Ménechmes dans la bravoure folle, la rapacité, l’orgueil, les vices conquérants ou tyrans de la vie, et finalement dans l’oubli des hommes, si (nous le répétons) la figure du dernier des Kœnigsmark n’avait appelé réellement un peintre comme elle appelle encore un poète, comme elle appelle un historien. […] Cela fait frémir quand on songe aux lettres retrouvées, qui sont positives pour qui connaît la passion et les sous-entendus de son langage.