Les secrétaires sont la Science et la Prudence ; le procureur général est l’Éloquence théologique, « aux discours doux et modérés », dit Jean Gerson, qui avait lui-même le secret de ces discours-là.
L’homme du peuple, courbé sous le poids d’un travail de toutes les heures, l’intelligence bornée, fermée à jamais aux secrets de la vie supérieure, peut-il espérer d’avoir part à ce culte des parfaits ?
C’est à cette théorie que Schneider, comme Spencer dont il est le zélé disciple en Allemagne, demande le dernier secret de nos joies ou de nos peines.
(Les passions ont avec les sons un lien puissant et secret, a écrit Jean-Jacques Rousseau « La pensée, qui tient à la lumière, s’exprime par la parole, qui tient au son », a dit incidemment Balzac.)
* * * — Quelqu’un me racontait, qu’une de ses parentes ayant été nommée dame d’honneur d’une princesse, sous Louis XVI, le jour où elle entra en charge, la dame d’honneur qu’elle remplaçait, lui demanda si elle avait fait sa toilette, et sur son étonnement, lui révéla le secret du mot.
Samedi 17 janvier L’on ne se doute guère de l’héroïsme secret déployé par les suprêmes élégantes de Paris.
Dire que la maladie, comme la monstruosité, est normale est parce qu’elle fatale, qu’elle vaut la santé parce qu’elle est tout aussi naturelle, c’est ne pas reconnaître un critérium de valeur naturelle dans l’intensité même et dans l’extension de la vie, ainsi que dans la conscience et la jouissance qui en sont la révélation intime. « Un préjugé seul, où réapparaissent la doctrine antique des causes finales et la croyance à un but défini de l’univers, peut, dit Paul Bourget, nous faire considérer comme naturels et sains les amours de Daphnis et de Chloé dans le vallon, comme artificiels et malsains les amours d’un Baudelaire dans le boudoir qu’il décrit, meublé avec un souci de mélancolie sensuelle : Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l’âme en secret Sa douce langue natale.
Encore si ces commentateurs d’Aristote, qui croyoient avoir reçu leur mission d’Apollon pour révéler aux hommes ses secrets, avoient traité de ce qu’il y a de plus intéressant dans l’épopée, de ce qui y donne le plus de chaleur & de vie, je veux dire les situations & les épisodes, ils eussent été réellement utiles ; mais ils ne touchèrent rien de l’effet qu’elles y font, de la manière & de la nécessité d’y en amener.
Bœcklin a retrouvé la couleur des vieux maîtres ; dans un livre qui doit paraître après sa mort, il nous dira son secret.
C’est le secret de Dieu : je me tais et j’adore.
On voit, à sa tendre curiosité sur les secrets de cet amour, combien il avait aimé lui-même Béatrice, et combien il aimait encore cette image au-delà de la vie.
La plupart des écrivains célèbres de cette époque débordée qui ont l’orgueil de leurs haillons comme Antisthène, et qui les retournent pour les montrer mieux, marchent effrontément à la postérité avec leur cortège de passions, de douleurs et de fautes ; mais les passions et les chagrins d’Audin, — s’il en eut jamais, — furent un secret comme ses vertus et ses combats.
» Elle fuit cette cruelle image, et pourtant elle garde incessamment au fond du cœur une angoisse secrète. […] » Au moment où ils lui jurent le secret, le fantôme au-dessous d’eux répète : « Jurez !
. — Il avait même daigné composer lui-même une certaine omelette aux rognons dont il possède seul le secret, et qui est un chef-d’œuvre culinaire. — Le convive de Lafontaine, félicitant Adolphe sur son talent, lui disait en riant qu’on n’eût fait mieux, si on eût fait aussi bien, dans les cuisines impériales […] Nul ne le sait, lui seul le connaît ; mais, comme dit la chanson : « C’est son secret, son bonheur. » Tout dernièrement… . il s’éprit d’une actrice, la même qui est une manufacture de bons mots, concetti, paradoxes et façons de dire, qui lui ont assuré une réputation d’esprit de coulisse incontestable. […] Il est même dans le secret des ouvrages inédits— il assistait le matin à la lecture intime du roman de notre célèbre romancier… .
C’était difficile, alors que les bibliothèques étaient rares, les archives secrètes et les documents dispersés. […] Il ne reste qu’à chercher les causes évidentes d’erreur dans les conditions de l’observation : si l’observateur a été en un lieu d’où il ne pouvait pas bien voir ou entendre (par exemple un subalterne qui prétend raconter les délibérations secrètes d’un conseil de dignitaires) ; — si son attention a été fortement distraite par la nécessité d’agir (par exemple sur un champ de bataille), ou a été négligente parce que les faits à observer ne l’intéressaient pas ; — s’il lui a manqué l’expérience spéciale ou l’intelligence générale pour comprendre les faits ; — s’il a mal analysé ses impressions et confondu des faits différents. […] C’est un fait caché (par exemple, un secret d’alcôve). […] Après même qu’un peuple est sorti de la période légendaire en fixant les faits par l’écriture, la tradition orale ne cesse pas ; mais son domaine se restreint : elle se réduit aux faits non enregistrés, soit qu’ils soient secrets de leur nature, soit qu’on ne prenne pas la peine de les noter, les actes intimes, les paroles, les détails des événements. […] C’est ce qui est arrivé pour les tremblements de terre, les cas de rage, les baleines échouées sur les côtes. — En outre, beaucoup de faits, même bien connus des contemporains, ne sont pas notés, parce que l’autorité officielle empêche de les divulguer ; c’est ce qui arrive pour les actes des gouvernements secrets et les plaintes des classes inférieures.
Ne m’en demandez pas plus long, je vous le dirais et je ne le dois pas : vous seriez obligé d’avoir des secrets pour vos lecteurs, et cela vous coûterait. […] Malheureusement, ce persécuté par sa conscience néglige un jour de fermer son livre, et sa fille une charmante créature qui, physiquement, est le portrait vivant de sa femme, surprend le fatal secret qui torture son père. […] Je prends par exemple dans sa préface, dédiée à une femme avec qui il a respectueusement platonisé, « ce verbe insulté et sali par notre époque vile », les lignes suivantes ; … Je me crus transporté en arrière de ce siècle et de ce pays ochlocratisés ; la Parisienne, transformée en princesse florentine, parlait de gloire et non de modes ; et la majesté de la mer cessa devant cette parole : « Je cherche l’androgyne et le secret de Polyclète. » Ah ! […] Pendant longtemps le médecin de la famille, le docteur Chanal, s’était entendu avec la duchesse pour leur fournir en secret des vins réconfortants.