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622. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

On crut voir couler du sang et de l’eau, ce qu’on regarda comme un signe de la cessation de vie.

623. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

En parcourant les tableaux des vicissitudes humaines tracés par Racine, on croit errer dans les parcs abandonnés de Versailles : ils sont vastes et tristes ; mais, à travers leur solitude, on distingue la main régulière des arts, et les vestiges des grandeurs : Je ne vois que des tours que la cendre a couvertes, Un fleuve teint de sang, des campagnes désertes.

624. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Il écrit, dans la dédicace de l’Étang de Berre (1915) : « Ce petit livre — dit — la ville et la province — épanouies — dans le royaume — pour les progrès — du genre humain » ; dans la préface de Quand les Français ne s’aimaient pas (1916), mettant en lumière « les services rendus à la beauté et à la vérité par les hommes de sang français », il spécifie que cela doit être considéré « sans perdre un seul instant de vue que la raison et l’art ont pour objet l’universel ».

625. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

s’écrie-t-il naïvement, cette guerre qui n’est pas venue, elle a épuisé le meilleur de notre sang, notre sève, notre or, sans profit aucun ! […] De l’Or, de la Boue et du Sang De l’Or, de la Boue et du Sang, par Édouard Drumont. — « Ce n’est pas là le livre d’un optimiste », écrivait un journaliste à propos de la publication de ce volume. Notre confrère avait raison et ce titre rouge sang, sur lequel se profile un noir corbeau, indique assez sous quel point de vue l’auteur a envisagé l’époque accidentée que nous traversons. […] » Le sang coule à grands flots, les blessés râlent et demandent qu’on les achève. […] Fallait-il s’attendre à moins de la part de héros tels que ceux qui arrosèrent de leur sang les plaines de la Russie et dont l’épisode suivant redira mieux que tout la glorieuse odyssée.

626. (1923) Paul Valéry

Viens, mon sang, viens rougir la frêle circonstance Qu’ennoblissait l’azur de la sainte distance Et l’insensible iris du temps que j’adorai ! […] Pour que la vie embrasse un autel de délices, Où, mêlant l’âme étrange aux éternels retours, La semence, le lait, le sang coulent toujours ? […] Je te chéris, éclat qui semblait me connaître, Et vers qui se soulève une vierge de sang Sous les espèces d’or d’un sein reconnaissant. […] Peut-être au souci de mon cœur, Songeant au sang, versant le vin ? […] rougir étant pris, comme dans Théophile, au sens de rougir de honte, et la rougeur provenant d’une tout autre cause que la honte, à savoir du sang pour Thisbé et du feu d’amour pour Monime.

627. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Oui, il nous faudrait de temps en temps l’infusion d’une palette de jeune sang ou d’une bouteille de vin vieux, pour être au diapason de l’existence parisienne… Nous sommes vraiment trop semblables à des gens entrés au bal de l’Opéra, sans être un peu gris. […] Il semble qu’ils aient hérité d’un sang de chasseur et de goûts de grands seigneurs. […] 2 décembre Tout un mois passé au vent, à l’air, à la pluie, à la gelée, les pieds dans la boue, la vie affluant au visage et nous bourdonnant aux tempes ; et tantôt au bord de la rivière, allant à pas glissés derrière le balancement d’épaules d’un jeteur d’épervier ; et tantôt fourrant les mains dans le sang tiède et la curée chaude d’un chevreuil : — un mois où nous tâchons de nous redonner de la santé bestiale de la campagne. […] Sans le sang elle serait niaise, sans la guillotine elle serait burlesque. […] Oui, ôtez le sang de la Révolution et le mot : « C’est trop bête ! 

628. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

De génération en génération, comme de province en province, la haine et la guerre s’étendront, faisant ruisseler le sang, jetant cadavre sur cadavre : depuis le vieil Hardré, depuis Bègue et Garin, fils de Hervis, jusqu’aux petits-enfants de Hervis et de Hardré, qu’une paix plâtrée fait naître d’un funeste mariage en mêlant le sang des deux familles, et qui périront sous les coups les uns de leur oncle maternel et les autres de leur propre père. […] Le traître même n’est pas le traître légendaire et consacré que l’on connaît, monotone et raide réplique de Ganelon : ce félon Bernard de Naisil, dévoué à sa façon à sa race ou plutôt à la haine de sa race, toujours occupé à réveiller ou attiser la discorde, à rompre les accords ou à les prévenir, à machiner des ruses, des perfidies, des parjures, pour lancer ou retenir ses parents dans les affaires où ils perdront leurs fiefs, leur sang et leur vie, souple du reste lui-même et se tirant alertement de tous les mauvais pas où il se voit engagé, c’est lui qui donne le plus de fil à retordre à Bègue et à Garin.

629. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Nous connaissons aujourd’hui de quelle blessure coulaient ces pleurs de sang. […] Souvenir « odorant », mais brûlant aussi à d’autres heures, souvenir « rouge », souvenir de sang. […] C’est bien, c’est beau ; mais l’autre a écrit avec du sang d’empereur, et d’empereur du monde lâchement assassiné.

630. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Elle dansa longtemps, avec passion, avec ivresse, avec une ardeur d’étourdissement et de vertige à faire frissonner ceux qui savaient le peu de souffle que renfermaient encore cette poitrine en sang, ce cœur déchiré. […] Il marche vers le divan où Marguerite se renverse, palpitante d’effroi, les yeux éteints, le sang aux lèvres. […] Son caractère est une sincérité presque effrayante, et je ne sais quel irrésistible besoin d’étreindre la vie jusqu’au sang, et de lui faire rendre tous ses cris et toutes ses larmes.

631. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Elles furent le nœud entre la liberté épurée de sang et la gloire militaire pure encore de despotisme ; un sourire fugitif, mais ravissant, de la France entre deux larmes. […] La plus affreuse mêlée de sang sur un champ de bataille n’approche pas de cette hideuse mêlée d’encre qui tache les combattants des partis divers dans ces ateliers de la politique. […] Toujours rieuse, jamais acerbe, elle ne permettait pas à son esprit de railler jusqu’au sang.

632. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Viennent ensuite le chiffonnier, qui rêve dans l’ivresse gloire, batailles et royauté ; — l’assassin, qui cherche dans le vin l’oubli du remords, et n’y trouve que les âcres ferments du délire et de l’impiété ; — le poète et l’amant, qui demandent au sang de la vigne tous les ravissements de l’esprit et de l’amour ! […] Thierry, du Moniteur), dans une appréciation supérieure : pour trouver quelque parenté à cette poésie implacable, à ce vers brutal, condensé et sonore, ce vers d’airain qui sue du sang, il faut remonter jusqu’au Dante, Magnus Parens ! […] le temps mange la vie, Et l’obscur ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

633. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

… Est-ce que le gentil poète des Amoureuses, qui, aux épines de la vie, n’a guères laissé qu’une gouttelette de son sang vermeil, juste autant que sa gouttelette d’originalité, peut être, quoi qu’il fasse, autre chose qu’un gentil écrivain, ayant à perpétuité les grâces joliettes et fluettes de la jeunesse ? […] le pinceau, c’est-à-dire ce qui appartient le plus à l’artiste ; — le pinceau, qui est à lui plus intimement que la composition et l’idée même de son œuvre ; le pinceau, qui lui appartient autant que sa main dont il est le prolongement ; qui est fait de ses cheveux que des Dalila coupent toujours ; trempé dans la source de ses larmes, — de celles qu’il a versées ou de celles qu’il versera, — et coloré de son sang, rose quand il est heureux, et qui devient si noir après les expériences de la vie ! […] Elle est moderne pour ce vieux roman perclus et vautré dans le bain de boue qu’on lui fait prendre, et qui ne le guérira pas de ses ankylosés, et c’est pour ses veines épuisées un sang nouveau à lui transfuser ; mais il faudrait une opération de génie.

634. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Il a des apostrophes « Aux commençants », qui respirent le feu sacré : Fussiez-vous du sang des héros, fussiez-vous du sang des dieux s’il y en avait ; si la gloire ne vous délire pas continuellement, ne vous rangez pas sous ses étendards.

635. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Nous connaissons ce sang illustre en qui toutes les grandeurs de la terre se trouvent assemblées, et qui tient par tant d’endroits à tant de maisons souveraines ; nous vous voyons revêtu du titre auguste qu’un de nos rois a dit être le plus glorieux qu’on pût donner à un fils de France (le titre de pair) ; nous respectons en vous le sacré caractère que le fils de Dieu a laissé dans son Église comme le plus grand de ses bienfaits ; et cependant, monsieur, ce n’est pas à toutes ces qualités éclatantes que vous devez les suffrages de notre compagnie ; c’est à un esprit plus noble encore que votre sang, plus élevé que votre rang.

636. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Mais le plancher de tout cela est du sang humain, des lambeaux de chair humaine. […] À l’âge que j’avais, cela me flattait de figurer ainsi avec le premier prince du sang, de lui donner à souper, de lui payer le bal de l’Opéra, de le mener dans mon carrosse, de trotter toute la nuit dans son carrosse gris de bonne fortune (ce sien carrosse avait par dehors l’air d’un fiacre et par dedans était magnifique), de nous promener dans le bal bras dessus bras dessous, d’être dans sa confidence : ce que je n’ai pourtant pas bien cultivé dans la suiteh, je ne sais par quel hasard, car je l’ai toujours trouvé honnête homme, et surtout ayant envie de l’être ; mais il est fort borné.

637. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu.

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