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576. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Première journée (1865). Les soucis du pouvoir » pp. 215-224

Mais alors c’est demain que s’ouvre la sainte quarantaine du Rhamadan ?

577. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Un miracle de la grâce transformé en divertissement profane, les vérités de notre sainte religion exposées sur les planches par la bouche d’excommuniés, l’Église au théâtre, un martyre de saint là où l’on avait vu tant de suicides d’amoureux… tout cela déconcertait, refroidissait les spectateurs. […] Voltaire et les encyclopédistes auraient admis un martyr tempéré, un saint raisonnable et tolérant qui n’aurait prêché que l’amour de l’humanité. […] Et quelle dureté de cœur, quelle inhumanité chez ce saint ! […] Singulier saint, en tout cas, et drôle de mari ! […] J’admire ces saints, j’ai compassion de ces brutes ; et après ?

578. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

s’écrie l’aveugle, si ce nouveau saint allait nous guérir ! […] — Si c’était le saint ? […] Ce saint homme était décidément un esprit sans nuances. […] saint homme, vous ne songez donc qu’à ça ? […] Je ne m’étonne pas de ne point rencontrer dans ce théâtre les Achim et autres saints moujicks de Tolstoï.

579. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

se disaient les bonnes gens, Poquelin n’est pas en belle humeur aujourd’hui ; tant pis pour lui ; nous serons, dans trois jours, à la semaine sainte, et nous irons au sermon tout à notre aise. […] Supprimez la pauvreté sainte, vous vous condamnez à labourer, à bêcher, à faire les habits, à les laver à la fontaine. […] Le prêtre arrive, il bénit la sainte fille… Et ceci dit, tout est dit ; et ceci fait, tout est fait. […] On a la disposition prochaine, la grâce, oui, mais il faut entretenir ces saintes dispositions. […] Bulwer, détournons nos regards de tout ce qui brille, de tout ce qui rit aux yeux, de tout ce qui nous paraît grand et magnifique autour de ce monarque dont on fait un tyran de comédie, autour de cette femme illustre et sainte, devenue un jouet dans la main de M. 

580. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Mais la seule faveur, sous une robe feinte, Régner es jugements sur la raison éteinte ; La justice, au palais, sa balance employer, A peser, non le droit, mais, l’argent du loyer L’ignorance élevée aux dignités suprêmes… Plus loin, la charité du saint roi ne l’inspire pas moins heureusement : Maints rois s’armant les bras d’un fer victorieux Rendent par l’univers leur renom glorieux, Brident de saintes lois la populaire audace, Laissent de leur prudence une éternelle trace, Et gagnent tout l’honneur qu’on s’acquiert ici-bas Par les arts de la paix et par ceux des combats Mais peu daignent tourner leur superbe paupière Vers le pauvre étendu sur la vile poussière Et penser qu’en l’habit d’un chétif languissant C’est Christ, c’est Christ lui-même, hélas ! […] Que si le soin public lui laissoit du loisir, Il ne l’employoit point en un plus doux plaisir Qu’en celui que le fruit d’une étude si sainte Fait savourer aux cœurs où Dieu grave sa crainte.

581. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

De même, s’il peut paraître trop fort que le cardinal de Pelvé se targue de la bassesse intéressée de son dévouement à la maison de Lorraine, quoi de plus vraisemblable qu’il loue Philippe II d’être prêt à donner une partie de ses royaumes, pour que tous les Français deviennent bons catholiques et reçoivent la sainte inquisition ? […] Calviniste dans sa jeunesse, avec les mœurs des pantagruélistes mangeur de viande en carême et incestueux, la grâce de Dieu et celle des doublons d’Espagne, dit la satire, l’a déterminé à signer la sainte Ligue. […] Ce furent d’abord de simples lettres de direction écrites par le saint évêque à une dame de ses parentes.

582. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Ils commencent de pratiquer la confession, les jeûnes, les retraites spirituelles ; ils croient en la présence réelle ; ils prient pour les morts, fêtent les saints, ont repris l’usage du signe de la croix, parent l’autel, prêchent en surplis, impriment des bréviaires et ont essayé d’établir des couvents ecclésiastiques7. » Voilà les conquêtes successives que la vérité a été obligée de recommencer sur cette terre évangélisée par le moine Augustin et si longtemps chère au Saint-Siège ; voilà ce qu’elle a repris, pièce par pièce, à l’erreur ! […] non plus dit à la manière des apostats, en lançant le sang de son flanc entrouvert vers le ciel, mais arraché d’une âme déjà sainte et déjà conquise, qui proclame avec résignation sa défaite. […] En assistant au spectacle singulier et pourtant naturel qu’offre l’Angleterre depuis plusieurs années, un observateur profane dirait — et croirait avoir tout dit — qu’il y a des syllogismes au fond de toutes les situations comme au fond de toutes les pensées ; mais où l’homme met la logique des choses d’après celle de son entendement, le prêtre, plus profond, met la grâce : « C’est l’action spontanée de la grâce — dit encore Mgr Wiseman — qui explique les merveilleux résultats dont nous sommes témoins. » Et le saint évêque a raison.

583. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

Il a publié une Histoire légendaire de sainte Élisabeth de Hongrie, où il y a de belles pages, mais aucune critique, même relativement parlant.

584. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

C. jusqu’au XIIme. siécle, par des Bénédictins de la Congrégation de St.

585. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Un de ses plus magnifiques ouvrages, les nôces de Cana, qu’on voit au fond du refectoire du couvent de saint Georges à Venise, est rempli de fautes contre la poësie pittoresque.

586. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Pour parler de la sculpture moderne, tels sont le tombeau du cardinal De Richelieu, et l’enlevement de Proserpine par Girardon, la fontaine de la place Navonne, et l’extase de sainte Therese par Le Bernin, comme le grand bas-relief de l’Algarde qui représente saint Pierre et saint Paul en l’air ménaçants Attila, qui venoit à Rome pour la saccager.

587. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Je ne doute point qu’avant de mourir, il ne lût très couramment la Cantilène de Sainte Eulalie.

588. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Ainsi Achille reçoit dans sa tente l’infortuné Priam, qui est venu seul pendant la nuit à travers le camp des Grecs, pour racheter le cadavre d’Hector ; il l’admet à sa table, et pour un mot que lui arrache le regret d’avoir perdu un si digne fils, Achille oublie les saintes lois de l’hospitalité, les droits d’une confiance généreuse, le respect dû à l’âge et au malheur ; et dans le transport d’une fureur aveugle, il menace le vieillard de lui arracher la vie.

589. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Dans Ibo, la beauté est appelée sainte, et elle est rapprochée de l’Idéal et de la Foi. […] Pour Hugo, l’« évolution sainte de la vie est progrès. » Ce monde, cette création où Dieu semble englouti sous le chaos des forces, C’est du mal qui travaille et du bien qui se fait. […] Beauté sainte, Idéal qui germes Chez les souffrants, Toi par qui les esprits sont fermes, Et les cœurs grands, Vous le savez, vous que j’adore,     Amour, Raison. […] Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas, Sur ce qu’il est et sur ce que nous sommes ;         Une loi sort des choses d’ici-bas,                  Et des hommes ; Cette loi sainte, il faut s’y conformer, Et la voici, toute âme y peut atteindre ; Ne rien haïr, mon enfant, tout aimer,                  Ou tout plaindre198 ! […] S’il a fait abus du « démesuré », il a connu aussi la délicatesse des pensées : « La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. » (Les Travailleurs de la mer.) « La joie que nous inspirons a cela de charmant que, loin de s’affaiblir comme tout elle nous revient reflet, plus rayonnante. » (Les Misérables.) « Un piètre opulent est un contresens… Peut-on toucher nuit et jour à toutes les détresses, à toutes les indigences sans avoir soi-même sur soi un peu de cette sainte misère, comme la poussière du travail ? 

590. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

C’est le jeudi saint que cette mort arriva. Le matin suivant, bien que ce fût le vendredi saint, bien que les augustes cérémonies de ce jour dussent avoir lieu, et que, selon l’usage, la secrétairerie d’État fût comme fermée, le pape envoya au secrétaire d’État l’ordre de m’expédier tout de suite votante di segnatura, charge de magistrature élevée. […] Beaucoup moins imaginais-je être reçu ce jour-là, et au moment où le pape, rentré dans ses appartements après la fonction du vendredi saint, et devant retourner quelques heures après à la chapelle pour les matines que l’on nomme Ténèbres, récitait complies et allait, quand il les aurait achevées, se mettre à table pour dîner. […] Il me posa les mains sur la tête, et, comme le plus vénérable des patriarches anciens, il leva les yeux au ciel, il pria le Seigneur, et il me bénit dans une attitude si résignée, si auguste, si sainte et si tendre, que, jusqu’au dernier jour de ma vie, j’en garderai dans mon cœur le souvenir gravé en caractères ineffaçables.

591. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

La sainteté du sanctuaire précède, en quelque sorte, dans le lieu saint. […] Nous connaissons les faiblesses, les vices, les ambitions, les orgueils, les hypocrisies d’état, emmaillotés de bure ou de lin ; l’Évangile lui-même lève la pierre des sépulcres blanchis pour décréditer les saintes apparences. […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant, je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint. » XXX La langue française prit dans cette bouche un accent qu’elle ne retrouva pas après lui ; mais il en reste un certain écho dans la voix des grands orateurs de la chaire qui lui succèdent sans l’égaler. […] dans un temple plein d’avance de la majesté des pensées qu’on va traiter devant lui ; s’abandonner à l’inspiration, tantôt polémique, tantôt lyrique, souvent même extatique, de ses plus sublimes pensées ; parler sans contrôle et sans contradiction des choses les plus augustes, les plus intellectuelles, les plus saintes, devant des foules recueillies qui ne voient plus l’homme dans l’orateur, mais la parole incarnée ; entraîner à son gré ces auditeurs du ciel à la terre, de la terre au ciel ; être soi-même, dans cette tribune élevée au-dessus de ces milliers de têtes inclinées, l’intermédiaire transfiguré entre le fini et l’infini ; formuler des dogmes, sonder des mystères, promulguer des lois aux consciences, tourner et retourner tout le cœur humain dans ses mains, pour lui imprimer les terreurs, les espérances, les angoisses, les ravissements d’un monde surnaturel ; descendre de là tout rayonnant des foudres ou des miséricordes divines avec lesquelles on vient d’exciter les frissons ou de faire couler les larmes de tout ce peuple : n’y a-t-il pas là de quoi transporter un orateur sacré au-dessus de ses facultés naturelles, et de lui donner ce mens divinior, cette divinité de la poésie et de l’éloquence, dernier échelon du génie humain ?

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