Ne riez pas de nous autres Celtes. […] Elle aimait ces fables comme Bretonne, elle en riait comme Gasconne, et ce fut là tout le secret de l’éveil et de la gaieté de sa vie. […] Ce qu’il savait de contes, de proverbes, d’histoires à faire mourir de rire ne peut se concevoir. […] je l’aimais tout de même ; je l’ai vu parfois si charmant 1 Il y avait des moments où un mot de lui vous faisait pâmer de rire. […] Une ou deux fois, je vis Noémie rire sous cape de ma naïveté.
Maria Dmitriévna se mit d’abord à rire en le regardant, puis alla se coucher. […] Lavretzky riait, mais Lemm ne quittait pas son coin, se taisait et remuait les membres en silence comme une araignée. […] Lavretzky se prit à rire avec contrainte, mais se détourna aussi et porta ses regards vers la route. […] Elle s’arrêta tout à coup et se tut à la vue d’un étranger ; mais ses yeux limpides, fixés sur lui, gardèrent leur expression caressante ; les frais visages ne cessèrent point de rire. […] Et le même rire irrésistible éclata à ce souvenir.
On ne dit pas s’ils ont bien ri. — Ils auront fait les bonnes gens sérieux.
Le Cardinal de Richelieu ne pouvoit s’empêcher de rire, quand il lui en entendoit prononcer.
Pour joindre la fine Littérature à la saine Morale, il apprend au Public que les Auteurs anciens sont obscurs & la nuit même ; qu'Horace n'est qu'un homme de table & de plaisirs, qui ne cherche qu'à rire & à boire.
Elle a l'art de faire partager tous ses sentimens à son Lecteur ; on rit ou l'on s'afflige avec elle, on adopte ses intérêts, on souscrit à ses louanges & à ses censures, on applaudit aux jugemens qu'elle porte sur les plus célebres Auteurs de son Siecle ; mais on ne croit pas toujours ses prédictions, sur-tout quand elle dit de Racine, qu'on s'en dégoûtera comme du Café.
Ce n’est pas que frere René D’aucun mérite soit orné, Qu’il soit docte, qu’il sache écrire, Ni qu’il dise le mot pour rire ; Mais seulement c’est qu’il est né Coiffé.
Quand j’écoute ces Foux d’un air si sérieux, Vous me raillez aussi bien qu’eux ; Mais je leur porte envie, & je n’en saurois rire.
L’esprit a beau rire et se moquer. […] Vous voulez rire, et il vous tombe soudain un poids sur la poitrine. […] Il rit d’un rire pétillant qui n’est déjà plus le plein rire de Molière ni le braire des Plaideurs, mais qui est du moins le rire pour le rire, pur d’alliage, désintéressé, sans prétention de rien châtier. […] Adieu alors les grâces et les ris ! […] » ne signifie rien, si ce n’est qu’il faut s’abandonner et rire.
Le tout pour rire ! […] Mais on riait maintenant, on riait à grands éclats. […] C’est à faire crever de rire, n’est-ce pas ? […] On sourit souvent ; on ne rit jamais de ses mésaventures. […] Dans le village, on riait de l’écusson.
La représentation d’Ubu Roi, dans un concert de cris d’oiseaux, de sifflets, de protestations et de rires ; car j’y étais présent. […] La littérature ose rire et ils essaient de faire rire. […] Le public rira-t-il ? Y a-t-il un public pour rire un peu du même rire — qui n’est pas celui du bas vaudeville auquel on l’a accoutumé ? Quand l’être humain n’est plus centré, il ne rit plus des mêmes choses, il ne pleure plus des mêmes choses.
Je voudrais citer en entier le Pilori, dont la plainte ressemble à une lamentation biblique : Pendant longtemps, je fus clouée au pilori, Et des femmes, voyant mes souffrances, ont ri. […] Elles entrelacent leurs bras et leurs rires, elles mêlent leurs lèvres et leurs aveux, et font la nique au génie de l’espèce. […] Il est venu, et c’est déjà l’inquiétude, toutes les subtilités de l’inquiétude amoureuse : « Les lèvres où passa l’amour n’ont plus de rire. » La poétesse a bien compris la vanité égoïste de l’homme qui trouve dans les larmes qu’il fait couler une preuve de sa puissance. […] Qu’on me laisse rire, dit-elle, « rire indéfiniment ainsi qu’un masque grec… ». Je ris de voir les gens trouver l’ombre angoissante Et vouloir pénétrer ce qui n’existe pas… J’aime ce rire philosophique, jeune frère du rire de Zarathoustra ; j’aime ce sourire ironique qui se glisse sous les frondaisons de l’Automne.
Riez comme moi, maudissez-le, injuriez-le. […] Il y a une rude gaieté, une sorte de rire physique tout extérieur, qui convient à ce tempérament de lutteur, de buveur et de gendarme. C’est ainsi qu’il se délasse de la satire militante et meurtrière ; le divertissement est approprié aux mœurs du temps, excellent pour attirer des hommes qui regardent la pendaison comme une bonne plaisanterie et rient en voyant couper les oreilles des puritains. […] Il y a de quoi ébranler les rudes nerfs et soulever d’un rire inextinguible les puissantes poitrines des compagnons de Drake et d’Essex. « Coquins, chiens d’enfer, stentors ! […] Jamais on n’a mieux excité le gros rire physique.
Anacréon, ce Poëte des jeux & des ris, fut le rival de Sapho dans la Poésie érotique. […] En voulant trop faire le plaisant, il donne de très-mauvaises plaisanteries ; & il veut faire rire par des expressions hyperboliques, ne pouvant le faire par les choses. […] Ses portraits sont tracés avec la plus exacte vérité : mais comme c’est le visage réel de l’homme, & jamais la charge de ce visage qu’il montre, il ne fait point éclater le rire. […] L’Enéide de Scarron trouva de continuateurs aussi indécens que lui, mais moins enjoués & plus propres à faire rire la vile populace, qu’à amuser les honnêtes gens. […] Exempt dans ses satyres du fiel amer de Juvenal, jamais il ne pince sans rire, & sa critique est accompagnée d’un badinage si ingénieux, qu’elle plaît même à ceux qui en sont l’objet.
Celui-là aime à rire et se plaît dans les animalités de l’homme. […] A-t-on assez proclamé la nécessité de « mêler le rire aux larmes », pour avoir la « vie totale » ! […] Je me pose cette question, quand j’entends rire les spectateurs, même dans la Ville-Lumière, à des passages d’où le comique est certainement absent. […] Admettons encore que Brunetière ait eu raison pour le siècle de Louis XIV ; les temps ont changé, nous nous sommes démocratisés ; les rois en exil font assez piètre figure chez Daudet, et les rois en visite nous font rire aux larmes chez de Flers et de Caillavet. […] En effet, comment enfermer en 24 heures, en un seul lieu, la genèse et les aventures de plusieurs personnages, le tableau d’une époque (sa philosophie, ses jeux de société et jusqu’à son système monétaire), Jean qui rit et Jean qui pleure, et tout le bouillonnement de la vie totale ?
XIII Le père parla de cette ouverture à sa fille en riant, comme d’un badinage qui ne méritait pas même réflexion, et auquel les garçons et les filles du château avaient sans doute encouragé le pauvre enfant pour se moquer de la candeur du fils de la veuve ; mais la Jumelle, au lieu de rire avec son père, avait rougi sans rien répondre ; elle s’était retirée seule dans la grange où sa mère la surprit, pleurant sans savoir de quoi. […] On se promettait de rire du fiancé à son retour, et, comme la nuit était tiède, la lune éblouissante dans le ciel, on voulut devancer ce retour de Didier en allant en masse, filles et garçons, au-devant de lui par le sentier d’Arcey, les uns pour le féliciter, les autres pour le railler, ceux-ci pour jouir de son bonheur, celles-là pour lui faire un de ces enfantillages par lesquels on éprouve, dans les campagnes, la crédulité ou le courage des jeunes gens. […] est-ce bien possible, se disaient tout bas les garçons en retenant leur rire, que ce pauvre Didier, qui n’a jamais dit un mot plus haut que l’autre, chante aujourd’hui comme un ménétrier qui s’en retourne de la fête ? […] Est-ce que tu n’as pas vu que le père t’a fait boire pour rire ses trois bouteilles de vin qui te font chanter, et que la fille, d’accord avec nous pour t’attraper, t’a fait croire qu’elle se fiancerait avec un toucheur de bœufs, elle qui a refusé des fils de meunier et des fils de propriétaire ?