— « Va chez le chef, lui conseille le moutâné ndâzi et préviens-le que, s’il ne te retrouve pas ton mil, tu vas mourir devant sa case ».
Après un long détour, d’ailleurs nécessaire, nous en revenons à la sagesse des philosophes grecs ; l’analyse minutieuse n’a vu longtemps dans la diversité les choses qu’un vaste désordre et s’est divertie à étiqueter ces contradictions apparentes ; la synthèse retrouvera peu à peu l’ordre et le rythme, plus beaux encore dans l’effort humain que dans la marche des étoiles.
C’est à peine si les lecteurs pourront en retrouver les morceaux. […] Mais, au fond, on retrouve toujours la tradition de majesté, de jeu solennel. […] Nous retrouvons là le chef de groupe, grandi dans un cénacle, avec le clou d’une idée fixe enfoncé dans le crâne. […] J’oubliais de dire qu’en chemin, il retrouve sa femme et sa fille. […] Comme Cuvier, vous avez une dent, un os, et il vous faut retrouver la bête entière.
Cette riante décoration se retrouve aussi dans les catacombes chrétiennes. […] car chacun croit y retrouver celle qu’il aime. […] Le même sentiment se retrouve dans la scène avec le prêtre. […] C’est par là que la Pologne retrouvera sa nationalité, et l’étendra des rives de la Vistule aux rives du Tanaïs. […] Je lisais le livre après, et n’y retrouvais plus rien de ce que j’avais éprouvé en l’écoutant.
Là-dessus, Jean-Jacques revient à Annecy, et n’y retrouve plus madame de Warens. […] (Nous retrouvons ici la névrose que j’ai signalée l’autre jour.) […] En 1761, madame de Luxembourg a l’idée de retrouver les enfants de Rousseau. […] Il retrouve en lui-même son premier fond protestant et républicain. […] (La même note un peu niaise se retrouvera dans Chateaubriand.)
De pieux voyageurs ont parcouru le monde pour retrouver les tribus perdues. […] On dit qu’aujourd’hui toutes les tribus sont retrouvées, excepté Juda. […] Elsa retrouva son frère. […] On y retrouve les longues énumérations auxquelles M. […] Si j’insiste ici sur ce point, c’est que je retrouve les mêmes qualités dans les contes de M.
Il y avait, en vérité, de quoi rougir pour lui au premier abord et la première fois qu’on se retrouvait nez à nez. […] L’apostrophe elle-même, si chère à Musset, se retrouve dans la prose de Latouche. […] Cet abîme se retrouve sous plus d’une forme chez plusieurs. […] L’ordre renaît, c’est alors qu’il retrouve toute sa valeur ; son jugement excellent, n’étant plus troublé par la peur ni traversé par l’intérêt, s’applique aux choses avec calme, avec étendue et lucidité ; son caractère obligeant fait merveille. […] L’humanité passe son temps à détruire, à raser le passé, à tâcher de l’abolir ; puis, quand on en est bien loin et qu’il est trop tard, à tâcher de le retrouver, de le déterrer et à vouloir s’en ressouvenir.
La Révolution française a eu des moments bien différents, et, quoiqu’on retrouve La Fayette au commencement et à la fin, il y a eu d’autres écoles rivales et au moins égales de celle qu’il y représente. […] M. de Tracy croyait toujours à l’excellence de certaines idées, mais il avait cessé de croire à leur réalisation et à leur triomphe ; dans les premières années du siècle, et sous les ombrages d’Auteuil, il confiait tristement à des pages retrouvées après lui la démission profonde de son cœur. […] En toutes choses il y a, j’oserai dire, l’homme de 89, le girondin et le jacobin ; je ne parle pas de la nature des opinions, mais de leur caractère et de leur allure ; ce sont là comme trois familles d’esprits ; on les retrouve plus ou moins partout où il y a mouvement d’idées. […] Quand je dis belles, on entend bien qu’il ne peut être question de talent littéraire ; mais l’habitude du bon langage se retrouve naturellement sous cette plume simple ; les récits, les réflexions abondent en manières de dire heureuses, modérées, et qui portent. […] Quoiqu’elle me fût attachée, je puis le dire, par le sentiment le plus passionné, jamais je n’ai aperçu eu elle la plus légère nuance d’exigence, de mécontentement, jamais rien qui ne laissât la plus libre carrière à toutes mes entreprises ; et si je me reporte au temps de notre jeunesse, je retrouverai en elle des traits d’une délicatesse, d’une générosité sans exemple.
Aussitôt chacun songe à retrouver ses bagages, et les domestiques font approcher les yswoschtschiki, espèce de traîneaux qui rendent à Moscou les mêmes services que les fiacres rendent à Paris. […] Il ne fut pas peu surpris de le retrouver là, mollement couché sur une planche et la tête posée sur la selle qu’il venait réclamer. […] M. de Saint-Pierre l’embrasse, la presse contre son cœur, et croit un moment avoir retrouvé, avec cette bonne vieille, toutes les joies de son enfance. […] Comme elles ont été étonnées, quand elles ne vous ont plus retrouvés au retour de la messe, où je les accompagnais. […] L’évangile des cœurs était retrouvé.
Quand nous ne connaissons pas le nom d’un auteur, nous commençons par nous méfier ; et par nous affoler ; nous nous inquiétons ; nous courons aux renseignements ; nous nous trouvons ignorants ; nous sommes inquiets ; nous demandons à droite et à gauche ; nous perdons notre temps ; nous courons aux dictionnaires, aux manuels, ou à ces hommes qui sont eux-mêmes des dictionnaires et des manuels, ambulants ; et nous ne retrouvons la paix de l’âme qu’après que nous avons établi de l’auteur, dans le plus grand détail, une bonne biographie cataloguée analytique sommaire. […] Incroyable naïveté savante, orgueil enfantin des doctes et des avertis ; l’humanité a presque toujours cru qu’elle venait justement de dire son dernier mot ; l’humanité a toujours pensé qu’elle était la dernière et la meilleure humanité, qu’elle avait atteint sa forme, qu’il allait falloir fermer, et songer au repos de béatitude ; ce qui est intéressant, ce qui est nouveau, ce n’est point qu’une humanité après tant d’autres, ce n’est point que l’humanité moderne ait cru, à son tour, qu’elle était la meilleure et la dernière humanité ; ce qui est intéressant, ce qui est nouveau, c’est que l’humanité moderne se croyait bien gardée contre de telles faiblesses par sa science, par l’immense amassement de ses connaissances, par la sûreté de ses méthodes ; jamais on ne vit aussi bien que la science ne fait pas la philosophie, et la vie, et la conscience ; tout armé, averti, gardé que fût le monde moderne, c’est justement dans la plus vieille erreur humaine qu’il est tombé, comme par hasard, et dans la plus commune ; les propositions les plus savamment formulées reviennent au même que les anciens premiers balbutiements ; et de même que les plus grands savants du monde, s’ils ne sont pas des cabotins, devant l’amour et devant la mort demeurent stupides et désarmés comme les derniers des misérables, ainsi la mère humanité, devenue la plus savante du monde, s’est retrouvée stupide et désarmée devant la plus vieille erreur du monde ; comme au temps des plus anciens dieux elle a mesuré les formes de civilisation atteintes, et elle a estimé que ça n’allait pas trop mal, qu’elle était, qu’elle serait la dernière et la meilleure humanité, que tout allait se figer dans la béatitude éternelle d’une humanité Dieu. Si je voulais chercher dans l’Avenir de la science tout cet orgueil, toute cette assurance et cette naïve certitude, il me faudrait citer tout l’Avenir de la science, et une aussi énorme citation m’attirerait encore des désagréments avec la maison Calmann Lévy ; ce livre n’est rien s’il n’est pas tout le lourd et le plein évangile de cette foi nouvelle, de cette foi la dernière en date, et provisoirement la définitive ; tout ce livre admirable et véritablement prodigieux, tout ce livre de jeunesse et de force est dans sa luxuriante plénitude comme gonflé de cette foi religieuse ; on me permettra de n’en point citer un mot, pour ne pas citer tout ; nous retrouverons ce livre d’ailleurs, ce livre bouddhique, ce livre immense, presque informe ; car j’ai toujours dit, et j’ai peut-être écrit que le jour où l’on voudra sérieusement étudier le monde moderne c’est à l’Avenir de la science qu’il faudra d’abord et surtout s’attaquer ; le vieux pourana de l’auteur, écrit au lendemain de l’agrégation de philosophie, comme elle était alors, passée en septembre, écrit dans les deux derniers mois de 1848 et dans les quatre ou cinq premiers mois de 1849, le gros volume, âpre, dogmatique, sectaire et dur, l’énorme paquet littéraire, le gros livre, avec sa pesanteur et ses allures médiocrement littéraires, le bagage, le gros volume, le vieux manuscrit, la première construction, les vieilles pages, l’essai de jeunesse, de forme naïve, touffue souvent abrupte, pleine d’innombrables incorrections, le vieil ouvrage, avec ses notes en tas, le mur aux pierres essentielles, demeure pour moi l’œuvre capitale de Renan, et celle qui nous donne vraiment le fond et l’origine de sa pensée tout entière, s’il est vrai qu’une grande vie ne soit malheureusement presque toujours qu’une maturité persévérante réalisée, brusquement révélée dans un éclair de jeunesse ; Renan lui-même en a beaucoup plus vécu, encore beaucoup plus qu’il ne l’a dit dans sa préface ; et le vieux Pourana de l’auteur est vraiment aussi le vieux Pourana du monde moderne ; combien de modernes, le disant, ne le disant pas, en ont vécu ; aujourd’hui encore, inconsciemment ou non, tous nous en vivons, sectaires et libertaires, et, comme le dit Hugo, mystiques et charnels. […] Celui qui n’a fait aucun sacrifice au bien, au vrai retrouvera ce jour-là l’équivalent exact de sa mise, c’est-à-dire le néant. […] Mais, si on l’ouvre pour examiner l’arrangement intérieur de ses organes, on y trouve un ordre aussi compliqué que dans les vastes chênes qui la couvrent de leur ombre ; on la décompose plus aisément ; on la met mieux en expérience ; et l’on peut découvrir en elle les lois générales, selon lesquelles toute plante végète et se soutient. » Je me garderai de mettre un commentaire de détail à ce texte ; il faudrait écrire un volume ; il faudrait mettre, à chacun des mots, plusieurs pages de commentaires, tant le texte est plein et fort ; et encore on serait à cent lieues d’en avoir épuisé la force et la plénitude ; et je ne peux pas tomber moi-même dans une infinité du détail ; d’ailleurs nous retrouverons tous ces textes, et souvent ; c’était l’honneur et la grandeur de ces textes pleins et graves qu’ils débordaient, qu’ils inondaient le commentaire ; c’est l’honneur et la force de ces textes braves et pleins qu’ils bravent le commentaire ; et si nul commentaire n’épuise un texte de Renan, nul commentaire aussi n’assied un texte de Taine ; aujourd’hui, et de cette conclusion, je ne veux indiquer, et en bref, que le sens et la portée, pour l’ensemble et sans entrer dans aucun détail ; à peine ai-je besoin de dire que ce sens, dans Taine, est beaucoup plus grave, étant beaucoup plus net, que n’étaient les anticipations de Renan ; ne nous laissons pas tromper à la modestie professorale ; ne nous laissons d’ailleurs pas soulever à toutes les indignations qui nous montent ; je sais qu’il n’v a pas un mot dans tout ce Taine qui aujourd’hui ne nous soulève d’indignation ; attribuer, limiter Racine au seul dix-septième siècle, enfermer Racine dans le siècle de Louis XIV, quand aujourd’hui, ayant pris toute la reculée nécessaire, nous savons qu’il estime des colonnes de l’humanité éternelle, quelle inintelligence et quelle hérésie, quelle grossièreté, quelle présomption, au fond quelle ignorance ; mais ni naïveté, ni indignation ; il ne s’agit point ici de savoir ce que vaut Taine ; il ne s’agit point ici de son inintelligence et de son hérésie, de sa grossièreté, de son ignorance ; il s’agit de sa présomption ; il s’agit de savoir ce qu’il veut, ce qu’il pense avoir fait, enfin ce que nous voyons qu’il a fait, peut-être sans y penser ; il s’agit de savoir, ou de chercher, quel est, au fond, le sens et la portée de sa méthode, le sens et la portée des résultats qu’il prétend avoir obtenus ; ce qui ressort de tout le livre de Taine, et particulièrement de sa conclusion, c’est cette idée singulière, singulièrement avantageuse, que l’historien, j’entends l’historien moderne, possède le secret du génie.
C’est pourquoi on retrouve, chez presque tous les hommes, presque toutes les collectivités et sous tant de formes diverses, une incompréhension persistante de l’artiste. […] On peut dire que tout le travail qui est fait dans les éditions critiques successives d’un même ouvrage, par le collationnement du texte avec le manuscrit, quand celui-ci se retrouve, ou simplement par la comparaison des différentes « leçons » des principales éditions, que tout cet immense appareil savant de contrôle a pour but essentiel de résister à la déformation systématique que les familles, les amis, les éditeurs font subir aux œuvres des grands écrivains. […] Pires que les avares légendaires, qui de temps à autre, la nuit, quand ils sont seuls, descendent dans un sous-sol secret retrouver leur trésor pour en jouir au moins eux-mêmes, ces Harpagons malgré eux ignorent même ce qu’ils détiennent et ne veulent pas le savoir. […] (Malheureusement, je ne me rappelle plus les noms propres, et la mort de Pomairols, qui me les avait dits, m’ôte l’espoir de les retrouver.) […] Voir, par exemple, Le Figaro littéraire des 3, 10 et 17 décembre 1927 : « Une page inédite et une page retrouvée de Maurice Barrès », « Le dernier projet littéraire de Maurice Barrès (d’après des documents inédits) ».
On appelle de ce nom d’humanistes les poètes, les beaux esprits, — et aussi les pédants, — qui ranimèrent ou plutôt qui retrouvèrent le sens perdu de l’antiquité. […] Il y a d’ailleurs autre chose, dans ce roman fameux, et, par exemple, sous l’humaniste et sous l’érudit, on n’a pas de peine à retrouver le Gaulois, Gaulois de race et de tempérament, le continuateur ou l’héritier de Villon, du Roman de la Rose, des conteurs de nos vieux fabliaux. […] Ou, en d’autres termes encore, ayant retrouvé la nature et libéré l’individu, la Renaissance a compris que l’on ne pouvait remettre absolument au hasard le développement ni de l’un ni de l’autre, et elle a subordonné l’imitation de la nature, puis le développement de l’individu, à la réalisation de la beauté. […] — et qu’à tout le moins on ne retrouve dans ses œuvres ni la verve de Rabelais ni le souci d’art de Ronsard. — Est-il l’auteur du Quart livre de Pantagruel, 1564 ? […] Montégut, En Bourbonnais, etc.] et retrouver quelque chose de l’inspiration de l’Astrée : — dans les tragédies de Racine ; — dans les comédies de Marivaux ; — dans les romans de Prévost ; — dans J.
On la retrouve jusque chez M. […] Elle sait bien qu’il suffirait de gratter le vernis de surface pour retrouver ces tares originelles et essentielles : pédantisme et bohème. […] On la retrouve en plus d’un passage des livres d’Annunzio. […] On y retrouve les principales idées qui, venues de là-bas, ont pénétré toute la littérature européenne et chez nous ont renouvelé le roman. […] Jean Moréas a retrouvé le chant pur des ancêtres.
pourquoi dire d’un portrait de la vieillesse commençante de Louis XIV, d’un médaillon retrouvé à Versailles par notre consciencieux et respectueux antiquaire, M.
Pourtant il n’est pas si malaisé d’entendre ce qu’il n’a été permis que d’indiquer ; et même dans cette manière, que je nomme ma première, et qui a un faux air de panégyrique, la louange (prenez-y garde) n’est souvent que superficielle, la critique se retrouverait dessous, une critique à fleur d’eau : enfoncez tant soit peu, et déjà vous y touchez.
Toujours la même opposition irréfléchie, sous le Directoire, sous le Consulat, à la Restauration ; nous la retrouverons aux Cent-Jours.