Elle ne devait pourtant pas être tout à fait sans se rendre compte et sans jouir déjà de son premier succès dans cette vie de Venise ; et lorsque son biographe nous l’y représente entourée, encensée du monde, mais sans s’en apercevoir , il la suppose un peu trop absorbée, je le crois, par son affection pour son mari. […] J’ai vu en tête d’une édition des Lettres portugaises un portrait de M. de Chamilly, devenu maréchal de France, qui représentait bien ce grand et gros homme dont parle Saint-Simon : M. de Chamilly était certes, à cette époque, aussi peu romanesque d’apparence, aussi peu ressemblant au jeune lui-même d’autrefois que dut le paraître le général de Frégeville à M.
C’est que Ronsard, en tombant, le découvrit : avant Malherbe, il ne resta que Marot pour représenter le xvie siècle, et servir de modèle. […] Plus savant que Marot, possédant parfaitement le grec comme le latin, traduisant, paraphrasant en français, ou imitant en leur langue les poètes de Rome, il représente mieux l’esprit de l’humanisme : mais il est surtout italien, et il unit la froideur maniérée du pétrarquisme à quelques restes de raide subtilité qu’il a hérités de son père Octovian.
Mais c’est une autorité fort ébranlée, et le temps n’est pas loin où celui qui représentait à lui seul dans nos études la poésie lyrique, rangé désormais en une place proportionnée, entre le grand poète qui l’a créée en France et les hommes illustres de notre temps qui en ont déployé toutes les richesses, ne représentera plus l’ode qu’au temps où elle n’est qu’une œuvre d’imitation et l’application habile d’une recette.
France ait un penchant pour le casuel — entendez pour ce qui tente, — et qu’il devienne significatif, dès que l’on s’en rapporte à la physionomie de son œuvre, pour se le représenter, de le voir s’écarter en un sens de l’idée qu’il donne succinctement de lui-même, — nous le voulons bien. […] Elle est en butte à plusieurs catégories de séducteurs : le visionnaire d’abord, qui la peut déconcerter et conquérir par surprise ; l’imaginatif pur, dont le capricieux esprit indiscipliné en soupçonne plus long sur la réalité que n’en saurait la réalité elle-même, tant il a refait les mêmes voyages par tous les chemins praticables, tant il s’est rendu supérieur dans le jeu des rapprochements, des souvenirs et des rapports, et, en un mot, s’est ménagé de points de repère et d’entrecroisement ; l’intellectuel qui conçoit mathématiquement, par voie de déductions, et qui tisse un ouvrage de subtilité rare, à force de persévérance et de repliement sur soi ; enfin, le professionnel, que représentent d’ailleurs la généralité des hommes, — puisque être, c’est penser, — lequel voit et pense.
On ne voit pas les héros proportionnés de Sophocle, les personnages tout humains d’Euripide, représentés par des géants masqués, chaussés de piédestaux, aux faces immobiles et marmoréennes. […] Une grossière image ityphallique représentait Hermès, avant qu’il devînt le type accompli de l’éphèbe.
Le jeune dieu, aveugle et violent, qui secoue d’une main un flambeau et brandit de l’autre une flèche acérée, a bien vite raison, lorsqu’il est aux prises avec elle, de la jeune et placide déesse que les anciens représentaient la poitrine entr’ouverte à l’endroit du cœur et tranquillement appuyée sur un cep de vigne enroulé autour d’un ormeau. […] Vraiment, à la façon dont on représente les artistes sur la scène, vous les prendriez pour des truands en belle humeur qui n’ont d’autre affaire que de vexer les bourgeois, prendre la taille aux fillettes et danser comme des polichinelles détraqués.
Ce M. de Sainte-Agathe vous représente, à première vue, un personnage qui n’est ni chair ni poisson, moitié ecclésiastique et moitié laïque, clerc de robe courte, marguillier en activité. […] Il faut qu’il soit fou à lier pour imaginer qu’une femme qui le hait lui donnera sa main lorsqu’il se représentera devant elle couvert du sang du seul homme qu’elle aime et qu’elle ait aimé.
La grandeur de vos traits et de votre visage fait que vous avez quelque chose de ces médailles qui représentent les hommes illustres (vous vous doutez bien que j’entends plutôt parler de ces grands philosophes que des conquérants). […] Huet, je le répète, représente et prolonge le xvie siècle et le mouvement de la Renaissance, non seulement dans le xviie siècle, qu’il traverse tout entier, mais jusque dans le xviiie .
Camille Desmoulins a laissé un nom qui, de loin, excite l’intérêt : le souvenir de son dernier acte, de ces feuilles du Vieux Cordelier où il osa, le premier sous la Terreur et jusque-là presque terroriste lui-même, prononcer le mot de clémence, les colères qui excita chez les tyrans, l’immolation sanglante qui s’ensuivit, l’ont consacré dans l’histoire comme une espèce de martyr de l’humanité, et on ne se le représente volontiers que dans ce dernier mouvement de cœur et dans cette suprême attitude. […] Tout est relatif, et Camille, l’anarchiste d’hier, dans sa lutte contre le misérable Hébert, représente en vérité la civilisation et presque le génie social, comme Apollon dans sa lutte contre le serpent Python.
Mme de La Vallière est un de ces sujets et de ces noms qui ont toujours jeunesse et fraîcheur en France : elle représente l’idéal de l’amante avec toutes les qualités de désintéressement, de fidélité, de tendresse unique et délicate, qu’on se plaît à y rassembler ; elle ne représente pas moins en perfection la pénitence touchante et sincère.
» Pour bien comprendre le succès de Mlle de Scudéry et la direction qu’elle donna à son talent, il faut se représenter la haute société de Paris telle qu’elle était avant l’établissement de Louis XIV. […] Telle m’apparaît, malgré tous mes efforts pour me la représenter plus aimable, la géographe du pays de Tendre, la Sapho de Pellisson.
Le roi de Sardaigne, dépossédé de ses États du continent, s’était réfugié dans son île sauvage ; M. de Maistre, après y avoir séjourné quelque temps et y avoir servi à la tête de la magistrature, avait été chargé en 1802, par ce roi à demi déchu et dépouillé, d’aller le représenter auprès de la cour de Russie à Saint-Pétersbourg. […] Je crois entendre pleurer à Turin ; je fais mille efforts pour me représenter la figure de cette enfant de douze ans, que je ne connais pas.
Ainsi, sur cinq pièces représentées, deux grands succès, deux demi-chutes et une déroute complète, voilà sa carrière tragique. […] Il vécut assez pour voir le 18 Brumaire, mais pas assez pour entrer dans le nouveau siècle ; il expira avec celui même qui finissait, et dont il représente si bien les qualités moyennes, distinguées, aimables, un peu trop mêlées sans doute, pourtant épurées en lui durant cet honorable déclin.
À la veille de son début au théâtre, quand on allait représenter sa tragédie de Warwick (novembre 1763), il avait déjà, grâce à ses bons amis les auteurs, une réputation affreuse ; on racontait, en l’exagérant, l’histoire des couplets satiriques composés au sortir du collège : « Cette petite horreur, nous dit Collé dans son Journal, m’a déjà été confirmée par deux ou trois personnes, et je n’ai encore vu qui que ce soit qui ait contredit ou nié le fait. » Lorsque cette tragédie de Warwick, qui, malgré tout, avait fort bien réussi, fut reprise en janvier 1765, les ennemis s’arrangèrent si bien, que le cinquième acte fut hué : « Je n’ai jamais vu de ma vie, nous dit encore Collé, arriver un pareil échec à une reprise ; le contraire arrive plus ordinairement, les applaudissements redoublent au lieu de diminuer. […] La Harpe nous est représenté à dîner chez un riche banquier, un peu avant le dessert ; il est dans cette disposition heureuse de cœur et d’estomac qui porte à l’indulgence : rien de ce qu’il aimait n’avait manqué au repas ; il était réconcilié avec les hommes ; il aurait trouvé de l’esprit à Saint-Ange, du jugement à Mercier, de la décence à Rétif, de la douceur de caractère à Blin de Sainmore ; enfin, il aurait accordé du talent à d’autres qu’à lui, quand tout à coup il se lève de table et disparaît : Après une assez longue absence, la maîtresse de la maison le fait chercher : on ne le trouve point.
Et embrassant lui-même d’un coup d’œil toute sa vie, il se rappelait avec fierté les deux grandes guerres auxquelles il avait pris part depuis 1688 jusqu’en 1714, celles de Hongrie et de Sicile où il s’était distingué en chef depuis 1716 jusqu’en 1719, la connaissance où il avait été des conseils et des résolutions importantes prises par les plus grands personnages politiques dans tout le temps de cette vie active à l’étranger ; il se représentait ce que pourrait être un tableau ainsi tracé de sa main : Vous jugerez bien, ajoutait-il, que les mémoires d’un homme tel que moi auraient plus de consistance que les romans qu’on m’a faussement attribués. […] Bonneval, après cette glorieuse campagne, eut l’idée de revoir sa patrie et de s’y faire relever de la condamnation qu’il avait encourue en désertant, et pour laquelle « il avait représenté en effigie à la Grève ».
Pour prendre des noms très purs et presque consacrés qui représentent l’un et l’autre de ces deux aspects de la France, je nommerai comme expression de la raison publique alors, des hommes tels que M. […] Pendant les journées qui suivirent, Marmont était des plus vifs à défendre les intérêts de l’armée, le maintien des couleurs nationales qui représentaient pour lui tout un ordre de sentiments patriotiques et modernes.