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1692. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Krantz : voyons maintenant, pour l’établir, comme il s’y prend, et nous, de quelque habileté qu’il ait d’ailleurs fait preuve, si nous devons nous rendre. […] Car le temps approche de chercher à se reconnaître parmi cette foule de travaux sans lien, et de mesurer ce que l’érudition a vraiment rendu de services à l’histoire de la littérature. […] Les personnes de qualité empruntent et ne rendent point. […] Marivaux s’en rendait bien compte. […] Mais il n’y a pas plus de sept ou huit ans que, sans pour cela leur rendre l’honneur, une brochure de M. 

1693. (1900) La culture des idées

Delille s’est rendu célèbre par son goût pour la périphrase didactique ; mais je crois qu’il a été mal jugé. […] Rendu responsable des actes de rébellion qu’il encourageait, M.  […] Montesquieu s’est rendu célèbre pour avoir été plus particulièrement dupe de cette illusion. […] Au temps de sa fureur, d’une voix harmonieuse, elle appelle à elle le lion, le dragon, les autres animaux ; pas un ne se rend à son appel. […] Une religion, c’est un ensemble très complexe de pratiques superstitieuses par lesquelles les hommes se rendent favorables les divinités.

1694. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

rendez-moi la liberté !  […] Rubio y Ors et Aragon, puisque le poète rend quelque part grâce à Dieu de ne l’avoir point fait périr subitement ou de mort violente. […] vite une mauvaise conseillère chez Soledad, qui, l’imprudente, donne rendez-vous à Manuel à la Rifa. […] — rendent en disparaissant la charpente plus forte et mieux assise. […] Pauvre tendre mère, qui me la rendra ?

1695. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Chactas se rend, pour négocier, au Fort Rosalie, où on le garde comme prisonnier. […] Mais il contribua fort à rendre la religion littérairement sympathique. […] Ta Vénus rend-elle la langue embarrassée ? […] Cela rend bien pâles les scènes de sainteté. […] Peut-être n’était-elle pas pressée de la lui rendre.

1696. (1886) Le naturalisme

Je me suis rendu à ces raisons, me réduisant encore une fois au rôle sacrifié de traducteur. […] Leur couleur brillante et fastueuse les rend semblables à un riche émail oriental. […] Si, il y en a, mais si nuls et si inutiles que leur santé et leur bonté se traduisent en inertie et qu’elles se rendent presque plus haïssables que la maladie et le vice. […] Les romanciers d’autrefois, tout au contraire, aimaient à s’entourer de mystère et à rendre mythique la naissance de leurs œuvres. […] Pour rendre honnêtes les crudités qui abondent chez Tirso et Quevedo, on parle de la candeur et de la simplicité de l’époque à laquelle ils vivaient.

1697. (1902) Propos littéraires. Première série

Léon Daudet a le sens de la physionomie des lieux et il sait la rendre. […] Rendons cette justice à M.  […] « Pour chanter ses beautés, l’Achéron nous devrait rendre Homère. […] s’il le rendait ! […] Comme Michelet disait au point de vue philosophique : « Qu’on me rende mon moi ! 

1698. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Ici plus de rendu strict ; l’auteur est en son pur domaine du rêve vécu. […] Dierx sont-ils des sensations de nature rendues en des rythmes à lui spéciaux. […] On lui indique où sont les refuges, les quartiers misérables, les hospitalités de nuit ; il s’y rend. […] Il n’y a plus là d’ensoleillement qui rend confuses les fortes poussées des frondaisons. […] Les poèmes posthumes de Vigny rendaient sa tombe plus majestueuse ; il renaissait plus grand.

1699. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Fourier, très amoureux d’obscurité, ne se rendit nullement à ce désir. […] Il suffit de le rendre attrayant. […] Cent fois il rend à Vico le plus solennel hommage. […] L’Inde, c’est Brahma rendu sensible. […] La contemplation de la nature rend l’esprit calme, froid, par suite plus lucide.

1700. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Ce qu’il voulait rendre, c’était l’être intime et la vivante passion des choses. […] Quels sont les services actuels qu’il rend et de quels services antérieurs est-il l’amas ? […] Cette excursion dans l’imaginaire rend un double service. […] Ce service est inappréciable, et j’ose dire que, depuis cinquante ans, nul écrivain ne nous l’a si bien rendu. […] Considérez tour à tour ces deux forces dans les œuvres d’art qui les rendent visibles.

1701. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Ce ne sont point des prétextes à ripailles comme les kermesses flamandes, ni des rendez-vous de somnambules et d’hommes-troncs comme les foires de Paris. […] Mais rendez-le à lui-même : il arborera le chupen, la ceinture bleue et le chapeau lamé d’argent. […] Pouvillon l’a rendue merveilleusement. […] M. de Tinseau s’est cantonné dans la province, qu’il a rendue çà et là d’une manière amusante et fine. […] Maurice Barrès, coupé, heurté, rentré, plein de réticences, d’allusions, d’éruditions boulevardières, mais très propre par sa complexité même à rendre l’aventure du Parisien sensuel et énergique que paraît être l’auteur.

1702. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Rendu à la liberté par la trahison, il a tort de renouer une chaîne dont la fragilité lui est démontrée. […] Qui sait s’il ne renonce pas à la probité pour rendre plus facile le retour de l’infidèle ? […] Ne se rendrait-il pas coupable d’ingratitude en rappelant le passé qu’il n’a pu prévenir ? […] L’amour ne se prescrit pas, et le cœur le plus généreux peut très bien ne pas se rendre à cet argument. […] L’auteur a très bien rendu l’humilité fière de Marianna et la dignité indulgente de M. de Belnave.

1703. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il n’avance point comme les autres par des intuitions brusques, mais par des déductions suivies ; on peut marcher, chez lui, on n’a pas besoin de bondir, et l’on est perpétuellement maintenu dans la droite voie : les oppositions de mots rendent sensibles les oppositions de pensées ; les phrases symétriques guident l’esprit à travers les idées difficiles ; ce sont comme des barrières mises des deux côtés du chemin pour nous empêcher de tomber dans les fossés. […] Il n’a point connu tout l’homme, et il a ignoré le fond de l’homme ; il a mis en scène et rendu sensibles des traités de morale, des fragments d’histoire et des morceaux de satire ; il n’a point imprimé de nouveaux êtres dans l’imagination du genre humain. […] Livie discute avec Séjan les moyens d’empoisonner son mari, en style net, sans phrases, comme s’il s’agissait d’un procès à gagner ou d’un dîner à rendre. […] Volpone se jette sur son lit, s’enveloppe de fourrures, entasse ses oreillers, et tousse à rendre l’âme. « Je vous remercie, seigneur Voltore. […] Seigneur, je ne suis pas l’homme qui ai rendu à votre grâce Les plus mauvais offices.

1704. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Le sens général est rendu. […] Les longues tenues d’instruments à vent, assombries par les gémissemens étouffés de la clarinette basse, rendent sensible sa mortelle défaillance. […] Cet Alléluia par sa souveraine onction et son glorieux éclat, nous rend la joie, la confiance, l’espérance, et nous laisse comme inondés d’un céleste rafraîchissement. […] Bourget a eu l’honneur de rendre à notre littérature l’analyse des notions rationnelles : il l’a fait en un style net et gracieux. […] Afin de rendre plus aisée nos hâtives écritures, nous avons substitué à la grammaire logique un amas de routines et d’incorrections.

1705. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Pichot et Guizot, lesquels la rendirent plus correcte, plus propre, plus claire au sens français et plus littéraire au sens universitaire de ce mot. […] je me contenterais du souci de ce service rendu à la langue et à la littérature françaises ; car l’un des plus purs et des plus nobles, c’est d’emménager une magnifique et difficile œuvre étrangère dans la langue et la littérature d’un pays. […] la comédie domine dans le Marchand de Venise, malgré le terrible qui la traverse, et qu’elle rend plus terrible par le contraste du fond charmant sur lequel il jette, un instant, sa lueur sinistre et menaçante. […] Est-ce l’Hercule qui les rend Pygmées ? […] La paternité débordée, l’amour insensé de Lear pour ses filles, cet amour d’un père aveuglé dont elles ont crevé les yeux avec de monstrueuses flatteries, et son ressentiment non moins aveugle contre la seule de ses enfants qui soit vraie et qui ait pour son père la piété que l’on a pour Dieu, la lâche, faiblesse des gendres imbéciles, les mauvaises filles mauvaises épouses, par une loi fatale et vengeresse, et l’infamie de l’adultère rendue plus horrible par une incestueuse rivalité.

1706. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Il y a un charmant récit d’une visite que lui rend, au camp du Fondouck, un cheik d’une tribu, qui ne veut boire du vin que goutte à goutte, et qu’il grise guttatim en déjeunant. […] Heureux qui ne meurt pas sans avoir vu l’instant sublime qui lui rend accompli et exaucé son plus noble désir ! […] Bou-Maza s’est rendu à lui. […] ) Ce qui est certain, c’est que cette force morale nouvelle qui lui vint par la religion servit puissamment à le rendre capable des derniers efforts auxquels sa constitution physique semblait par elle-même se refuser. […] Nous allons trouver sur le Danube un ennemi fortifié, bien établi dans un camp retranché, qui rend son armée, déjà forte, très mobilisable.

1707. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Ce que nous demandons à l’enfance et à la jeunesse de Nodier, c’est moins une suite de faits positifs et d’incidents sans importance que ses émotions mêmes et ses songes ; or, de sa part, les souvenirs légèrement romancés nous les rendent d’autant mieux. […] Dans sa jolie nouvelle de la Neuvaine de la Chandeleur, Nodier en commençant explique très-bien comme quoi il n’y a de véritable enfance qu’au village, ou du moins en province, dans des coins à part, bien loin des rendez-vous des capitales et de la rue Saint-Honoré. […] Mais ces grands chemins, c’est-à-dire les admirations légitimes et consacrées, à mesure qu’on avance, on ne les évite pas impunément ; tout ce qui compte y a passé, et l’on y doit passer à son tour : ce sont les voies sacrées qui mènent à la Ville éternelle, au rendez-vous universel de la gloire et de l’estime humaine. […] Le monde rentrant des émigrés en province y est assez fidèlement rendu. […] Accusé d’avoir pris part à l’évasion de Bourmont, il s’évada lui-même de la ville, et n’y revint qu’après qu’un jugement rendu l’eut mis à l’abri.

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