— La question religieuse, la seule sur le tapis, grossit toujours. […] Il est très-rare que dans des familles aisées, bourgeoises, moyennes, même religieuses, aucun fils se destine au sacerdoce, ce n’est plus une carrière.
« En peignant ainsi la nature à grands traits et par masses, en s’attachant aux vastes bruits, aux grandes herbes, aux larges feuillages, et en jetant au milieu de cette scène indéfinie et sous ces horizons immenses tout ce qu’il y a de plus vrai, de plus tendre et de plus religieux dans la mélancolie humaine, Lamartine a obtenu du premier coup des effets d’une simplicité sublime, et a fait, une fois pour toutes, ce qui n’était qu’une seule fois possible. » Loué soit-il à jamais ! […] Rappellerai-je que ce roi de l’élégie amoureuse et religieuse est aussi le poète de la Marseillaise de la paix, des Révolutions, des Fragments du livre antique ; que nul n’a plus aimé les hommes, ni annoncé avec une éloquence plus impétueuse l’Evangile des temps nouveaux ; qu’il a fait Jocelyn, cette épopée du sacrifice et le seul grand poème moderne que nous ayons ; que nul n’a exprimé comme lui la conception idéaliste de l’univers et de la destinée, et qu’enfin c’est dans Harold, dans Jocelyn et dans la Chute d’un Ange que se trouvent les plus beaux morceaux de poésie philosophique qui aient été écrits dans notre langue ?
» « Les vierges sentent le lys. » Et voici une pensée religieuse : « La Théologie est une reine qui a les Arts pour chambellans et les Sciences pour dames d’atours. » Je vous jure que tout est de cette force, sauf une douzaine de pensées que j’ai mises à part et que je ne citerai pas, crainte d’aggraver l’état d’âme inquiétant que nous révèle la Préface Cette préface est un morceau bien curieux. […] monsieur l’abbé, je ne saurais vous dire quel chagrin c’est, pour une âme restée religieuse et qui s’attendait à rencontrer un prêtre, de se trouver en face d’un vilain homme de lettres et d’un auteur fieffé !
Telle est néanmoins la puissance des idées religieuses, que l’auteur de la Henriade doit au culte même qu’il a persécuté les morceaux les plus frappants de son poème épique, comme il lui doit les plus belles scènes de ses tragédies. […] Il est très décidé en faveur de l’ordre social, sans s’apercevoir qu’il le sape par les fondements, en attaquant l’ordre religieux.
Lorsque la science était pauvre et solitaire ; lorsqu’elle errait dans la vallée et dans la forêt, qu’elle épiait l’oiseau portant à manger à ses petits, ou le quadrupède retournant à sa tanière, que son laboratoire était la nature, son amphithéâtre les cieux et les champs ; qu’elle était simple et merveilleuse comme les déserts où elle passait sa vie, alors elle était religieuse. […] C’est par une heureuse combinaison des connaissances physiques et morales, et surtout par le concours des idées religieuses, qu’on parviendra à redonner à notre jeunesse cette éducation qui jadis a formé tant de grands hommes.
C’est un drame religieux. […] C’est là, en effet, qu’était le drame religieux, celui qu’avait conçu, senti et voulu Corneille. […] A-t-il, dans Tartuffe, attaqué la religion, l’esprit religieux ? […] mais si c’était un drame religieux, où serait le scandale ? […] Il a compris que la grande tragédie religieuse comportait le lyrisme.
Le mouvement porte d’ailleurs un nom religieux, un nom à majuscule : c’est le Progrès. […] Elles prospèrent dans les temps de lutte religieuse. […] Pareillement si l’on y voit la neutralité religieuse du gouvernement et de ses fonctionnaires. […] les écoles religieuses subventionnées ! […] Poincaré répondit : « Il y a toute la question religieuse !
C’est dans la physiologie humaine qu’il faut chercher la naissance du fait religieux. […] Mais le tabou ne se comprend que comme conséquence d’un état d’esprit déjà religieux. […] Chaque caste éprouve pour toutes les autres une répugnance à la fois physique, religieuse et sociale. […] Il est vrai qu’il écrit dans un pays, la Belgique, où l’opium religieux assoupit la pensée. […] En Angleterre, le radicalisme religieux recrute des catholiques ; en France, il recrute des protestants.
Le second événement était sa première communion qui détermina en lui le sentiment religieux et catholique, parfois obscurci depuis, mais ineffaçable. […] Les idées religieuses avaient été vives chez le jeune Ampère à l’époque de sa première communion ; nous ne voyons pas qu’elles aient cessé complètement dans les années qui suivirent ; mais elles s’étaient certainement affaiblies. […] Ampère était religieux, qu’il était croyant au christianisme, comme d’autres illustres savants du premier ordre, les Newton, les Leibniz, les Haller, les Euler, les Jussieu. […] Cette idéologie ne fera-t-elle point quelque tort à vos sentiments religieux ? […] Les anciens doutes et les combats religieux avaient cessé en lui : ses inquiétudes, du moins, étaient plus bas.
Sept cents familles de Cateau-Cambrésis55 dressent une supplique pour garder les dignes abbés et religieux de l’abbaye de Saint-André, leurs pères communs et bienfaiteurs, qui les ont nourris pendant la grêle ». […] C’est elle qu’on trouve partout, lorsqu’il y a des sacrifices à faire ». — En vingt endroits, on déclare que les religieux sont « les pères des pauvres ». […] » Une preuve sûre que leur absence est la cause du mal, c’est la différence visible du domaine affermé par l’abbé commendataire absent et du domaine surveillé par les religieux présents. « Un voyageur instruit les reconnaît » tout d’abord à l’état des cultures. « S’il rencontre des champs bien environnés de fossés, plantés avec soin et couverts de riches moissons, ces champs, dit-il, appartiennent à des religieux. […] Mémoires , II, 389. — De l’état religieux, par les abbés de Bonnefoi et Bernard (1784), 295. — Mme Vigée-Lebrun, Souvenirs, 171. […] De l’état religieux, par les abbés de Bonnefoi et Bernard (1784), 287, 291.
Autorité paternelle absolue, mais surveillée dans la famille pour que le commandement y soit respecté, et que l’obéissance y soit religieuse : spiritualisme légal qui fait du père un magistrat de la nature, et qui fait du fils un sujet du sentiment ! […] Elle est née toute faite, et chacun de nos instincts contenait en germe une loi ; une loi, non pas seulement physique, donnant pour but à la société politique la satisfaction brutale des besoins du corps, mais une loi morale et religieuse, donnant à la société civile un but intellectuel, moral et divin de civilisation des âmes, c’est-à-dire de vertu et de divinisation de notre être par des devoirs réciproques découverts et accomplis. […] XVI Notre contrat social, à nous, le contrat social spiritualiste, au contraire, celui qui cherche son titre en Dieu, qui s’incline devant la souveraineté de la nature, celui qui ne se reconnaît d’autre droit que dans ce titre magnifique, et plus noble que toutes les noblesses, de fils de Dieu, égal par sa filiation et par son héritage à tous ses frères de la création, celui qui ne croit pas que tout son héritage soit sur ce petit globe de boue, celui qui ne pense pas que l’empire de quelques millions d’insectes sur leur fourmilière, renversant ou bâtissant d’autres fourmilières, soit le but d’une âme plus vaste que l’espace, et que Dieu seul peut contenir ou rassasier ; celui qui croit, au contraire, à l’efficacité de la moindre vertu exercée envers la moindre des créatures en vue de plaire à son Créateur, celui qui place tous les droits de l’homme en société dans ses devoirs accomplis envers ses frères ; celui qui sait que la société humaine, civile et politique, ne peut vivre, durer, se perfectionner en justice, en égalité, en durée, que par le dévouement volontaire de chacun à tous, dévouement du père au fils, de la femme à l’époux, du fils au père, des enfants à la famille, de la famille à l’État, du sujet au prince, du citoyen à la république, du magistrat à la patrie, du riche au pauvre, du pauvre au riche, du soldat au pays, de tout ce qui obéit à tout ce qui commande, de tout ce qui commande à tout ce qui obéit, et, plus haut encore que cet ordre visible, celui qui conforme, autant qu’il le doit et qu’il le peut, sa volonté religieuse à cet ordre invisible, à ce principe surhumain que la Divinité (quel que soit son nom dans la langue humaine) a gravé dans le code, dans la conscience, table de la loi suprême ; celui qui sait que, sous cette législation des devoirs volontaires qu’on nomme avec raison force ou vertu, il n’y a ni Platon, ni J. […] Quant à sa philosophie religieuse, dont la profession de foi du Vicaire savoyard est le sublime portique, c’est une des plus éloquentes protestations contre l’athéisme ou l’irréligion qui ait jamais été écrite par une main d’homme. […] Elle crut reconnaître que ce qui écartait le plus d’âmes religieuses de la pratique de tel ou tel culte, c’étaient le nombre et la littéralité des dogmes.
Je me bornerai donc à dire que j’ai éprouvé des angoisses cruelles, car j’avais pour ennemis des hommes dont l’habileté égalait la puissance, et bien décidés à consommer ma ruine par tous les moyens dont ils pourraient disposer ; tandis que, d’un autre côté, n’ayant à opposer à de si formidables ennemis que ma jeunesse et mon inexpérience (et, je dois le dire aussi, l’assistance que je tirais de la bonté divine), je me vis réduit à un tel degré d’infortune, que j’eus en même temps à supporter la terreur religieuse d’une excommunication et le pillage de mes propriétés, à résister aux efforts qu’on faisait pour me dépouiller de mon crédit dans l’État, mettre le désordre dans ma famille, et me priver de la vie par des attentats sans cesse renouvelés, en sorte que la mort même me paraissait le moindre des maux que j’avais à éviter. […] XIII Laurent avait choisi pour ami hors de ce monde le supérieur des augustins, l’abbé Mariano, à qui il avait fait construire pour ses religieux un magnifique monastère, dans lequel il se rendait quelquefois avec ses amis pour parler des choses plus hautes que la terre. […] Il exprimait d’une manière très-positive son opinion sur ce point : « Celui, disait-il, qui n’a pas l’espoir d’une autre vie est mort même dès celle-ci. » XIV Un autre religieux d’un caractère enthousiaste, fanatique et populaire à la fois, véritable Masaniello du cloître, Savonarole, avait conquis en ce temps-là l’oreille de Florence. […] Toutes les fois que Laurent allait dans les jardins de son monastère, Savonarole se retirait par un respect religieux ou par une pudeur monastique. […] On en trouve un exemple encore plus frappant dans le zèle avec lequel Poggio poursuivait cet objet, dans une lettre de lui à un religieux nommé Francesco de Pistoie, qui avait parcouru la Grèce pour y recueillir des antiques. « Par votre lettre de Chio, lui dit-il, j’apprends que vous vous êtes procuré pour moi trois bustes, un de Minerve, un autre de Jupiter et le troisième de Bacchus.
Ce qui m’est resté appartient aux questions religieuses. […] La plupart, en le mêlant soit aux rêveries et aux passions humaines, soit aux systèmes philosophiques, l’ont prodigieusement altéré et corrompu ; deux seulement, la juive et la chrétienne, sont restées fidèles au fond commun religieux primitif, en le développant progressivement selon le plan et l’action de Dieu sur le genre humain. […] Guizot, citant cette belle page, d’un accent presque religieux, saisisse précisément cette occasion de refouler le positivisme dans le matérialisme et dans l’athéisme. […] Ne sait-on pas qu’il y en a deux essentiellement distincts, et, jusqu’à nos jours du moins, profondément hostiles : l’un qui admet entre Dieu et l’homme des intermédiaires sacrés, représentants immédiats de la Divinité, et qui soumet le sens propre et la conscience religieuse de chacun à une autorité infaillible ; l’autre qui supprime de tels intermédiaires, ne reconnaît d’autre autorité que l’Écriture, et donne à chaque individu le droit absolu de décider en matière de foi ? […] » Et Platon : « Avoue donc que les dieux connaissent, voient, entendent tout, et que rien de ce qui tombe sous les sens et l’intelligence ne peut leur échapper. » La providence n’est donc pas un dogme exclusivement chrétien, ni même exclusivement religieux ; c’est en même temps une doctrine philosophique.
J’ajouterai seulement quelques observations sur le prêtre et sur la religieuse dans la littérature. […] Quelque chose de cette même idée ne nuirait pas à celui qui voudrait représenter, avec le scrupule du vrai, une religieuse. […] Les jeunes filles qui se font religieuses n’ont presque jamais eu d’aventure de cœur. […] J’accompagnais, seul laïque, un évêque américain dans la visite qu’il faisait à la maison mère d’un ordre de religieuses cloîtrées. […] Pendant que l’évêque, assis à l’une des extrémités de l’appartement, donnait aux religieuses des nouvelles de leurs sœurs d’Amérique, je considérais, retiré dans un angle, tous ces visages enveloppés d’un voile semblable et fixés dans la même attention.
Une grande partie de leur art religieux, tableaux et statues en bois, n’est qu’un épouvantable cauchemar. […] Mais qui ne serait ému par l’angoisse de ce cœur resté intensément religieux et chrétien, après avoir perdu la foi ? […] L’orthodoxie religieuse connaît ces phénomènes et les regarde comme des tentations diaboliques. […] C’est un esprit essentiellement religieux. […] C’est une question religieuse ou philosophique.
Mme de Maintenon était sincèrement religieuse ; à peine tirée de l’indigence par les bienfaits du roi, elle se dit qu’elle devait en répandre quelque chose sur d’autres qui étaient pauvres comme elle l’avait été. […] Pourtant, sous la direction du sage évêque de Chartres, Desmarets, Mme de Maintenon dut songer à chercher dans sa fondation moins de singularité qu’elle n’en avait conçu d’abord ; il fut décidé que les Dames institutrices, tout en restant fidèles à la spécialité de leur but, seraient des religieuses régulières et feraient des vœux solennels. […] Elle voulait que les Dames parlaient hardiment à leurs élèves de l’état de mariage, et leur montrassent le monde et ses conditions diverses telles qu’elles sont : « La plupart des religieuses, disait-elle, n’osent pas prononcer le nom de mariage ; saint Paul n’avait pas cette fausse délicatesse, car il en parle très ouvertement. » Et elle était la première à en parler comme d’un état honnête, nécessaire, hasardeux : Quand vos demoiselles auront passé par le mariage, elles verront qu’il n’y a pas de quoi rire. […] Pendant les guerres, il sait qu’il a à Saint-Cyr dans ces jeunes âmes, filles de Saint-Louis et de la race des preux, « des âmes guerrières, bonnes religieuses et bonnes Françaises ».