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719. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

L’auteur de Lélia, qui a été également élevée dans un couvent, et qui en a reçu une impression très-profonde, a rendu avec un tout autre accent sa tranquillité fervente dans ces demeures. […] Toujours préoccupées, répondant d’un air distrait, votre oreille attentive reçoit quelques mots échappés à votre fils dans la chambre voisine… Sa voix s’élève… La conversation s’échauffe… Peut-être s’est-il fait un ennemi implacable, un ami dangereux, une querelle mortelle. […] Un ami qui l’interrogeait, en 1814, sur l’état réel de la France jugée autrement que par les journaux, reçut cette réponse : que l’état de la France ressemblait à un livre ouvert par le milieu, que les ultras y lisaient de droite à gauche au rebours pour tâcher de remonter au commencement, que les libéraux couraient de gauche à droite se hâtant vers la fin, mais que personne ne lisait à la page où l’on était.

720. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Un jour, une après-midi, pendant que sa mère, au sortir du dîner, sommeillait dans son fauteuil, comme il lui arrivait souvent (et c’étaient ses meilleures heures de repos), la jeune fille, Christel249, rêveuse, attentive au rayon de premier printemps qui perçait jusqu’à elle ce jour-là et jouait dans la chambre, rangeait d’une main distraite les lettres reçues, la plupart à distribuer, quelques-unes (pour les châteaux des environs) à garder poste restante. […] Le comte Hervé était trop occupé de ce qu’il recevait pour s’apercevoir d’autre chose ; il sortit en saluant, et lorsqu’il passa devant les fenêtres, Christel vit qu’il avait déjà brisé l’un des cachets, et qu’il commençait à lire avidement ce qui semblait si pressé de l’atteindre. D’autres lettres vinrent les jours suivants ; il revint lui-même, poli, silencieux, tout entier à ce qu’il recevait.

721. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

J’ai essayé souvent, dans mes notes de jeunesse, de me rendre compte à moi-même des impressions que je recevais de cet historien selon mon cœur. […] « Les soldats, voyant qu’ils ne recevaient pas de gratifications de Galba pour récompenser leur défection involontaire et forcée à Néron, et prévoyant que la paix ne leur fournirait pas autant que la guerre d’occasions d’avancements et de récompenses, penchaient vers la sédition. […] « S’il était permis à chacun de ceux qui reçoivent des ordres de s’informer des motifs et de les discuter, l’empire lui-même périrait avec le principe nécessaire de l’obéissance.

722. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Et il recevait aussi, comme La Fontaine et comme Racine, l’influence de l’art antique par la conversation et la critique de son ami Despréaux, qui écartant résolument tous les Italiens et tous les Espagnols, comme trop brillants et trop « pailletés », détruisant l’autorité que l’illusion ou la complaisance de la génération précédente leur avait accordée aux dépens de la nature et de la pure beauté, proposait partout et toujours pour modèles les Grecs et les Latins, dont les œuvres contenaient toute la vérité, rendue avec toute la perfection que l’esprit humain était susceptible d’atteindre. […] L’Académie avait des séances orageuses : c’était un jour de triomphe pour les modernes, quand on recevait Fontenelle ; mais les anciens avaient leur revanche, quand ils faisaient entrer La Bruyère : tous ces incidents du débat sont connus, et il suffit de les rappeler. […] « Il y a dix fois plus d’invention dans Cyrus que dans l’Iliade. » Horace, les lyriques, la tragédie avec ses absurdes chœurs recevaient leur compte en passant : mais de Pindare surtout, il ne subsistait rien ; il n’y avait rien de plus ridicule que cet inintelligible poète, sinon ses forcenés adorateurs.

723. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Mais il pleure de si bonne grâce, qu’il y aurait de l’humeur à le trouver mauvais. » Dans Le Bon Ménage, Arlequin, bon mari et toujours amoureux, se croit, à un certain moment, trompé par sa femme, qui a reçu un billet d’un M.  […] Florian, à qui tout souriait, fut reçu à l’Académie en 1788, à l’âge de trente-trois ans, en concurrence avec Vicq d’Azyr. […] Dans sa fable d’Hercule au ciel, Florian commence par ces lignes prosaïques : Lorsque le fils d’Alcmène, après ses longs travaux, Fut reçu dans le ciel, tous les dieux s’empressèrent De venir au-devant de ce fameux héros… Certes, La Fontaine, ayant à peindre Hercule enlevé de son bûcher dans l’Olympe, et s’asseyant tout en feu entre les dieux, s’y serait pris autrement.

724. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

D’Aguesseau naquit en 1668 à Limoges, où son père était alors intendant, un père vénérable dont il nous a retracé la vie ; et il reçut de lui une éducation domestique forte et tendre, qui rencontra le naturel le plus docile et le plus heureux. […] là où la rhétorique ne paraît pas trop, il y a de l’onction en lui, et l’impression qu’on reçoit est comme douce au toucher de l’esprit. […] Il avait reçu de la nature, nous dit son fils, un cœur délicat et sensible, avec un sang vif qui s’allumait aisément ; et, comme la promptitude n’est pas incompatible avec la plus grande bonté, il aurait pu être fort prompt, s’il se fût laissé aller à son tempérament ; mais ce n’était que son visage qui trahissait, malgré lui, une émotion entièrement involontaire.

725. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Sa fortune reçut un violent échec après la chute du ministère Choiseul, et sous le ministère d’Aiguillon. […] Mais bientôt les soupçons étaient venus, puis la rupture ; et l’excellent homme avait reçu de Rousseau une lettre qui l’avait navré, et où on lisait : « Vous me trompez, monsieur ; j’ignore à quelle fin, mais vous me trompez… » À cette lettre, Dusaulx en avait répondu une tout en apostrophes, en effusions : « Si tu pouvais, ô toi qui me fus si cher, remonter à la source de tes préventions ! […] La dernière fois qu’il est allé voir Jean-Jacques, celui-ci l’a reçu en grondant et s’est tenu tout le temps sur la défensive : Je sonne, il m’ouvre : — « Que venez-vous faire ici ?

726. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Un jour le général d’Albignac, commandant de l’École, fit sortir des rangs Carrel sur lequel il avait reçu plus d’un rapport défavorable, et lui dit, ou à peu près : Monsieur Carrel, on connaît votre conduite et vos sentiments ; c’est dommage que vous ne soyez pas né vingt-cinq ans plus tôt, vous auriez pu jouer un grand rôle dans la Révolution. […] Les comités directeurs avaient dit aux libéraux français qu’ils envoyaient en Espagne : Vous vous organiserez militairement ; vous vous présenterez devant le front de la division française qui vous fera face ; vous recevrez sans y répondre le feu de l’avant-garde, qui sera probablement contre vous, mais le gros de l’armée ne tardera pas à se rallier autour de votre drapeau. […] Ces termes abstraits et doctrinaires étaient alors reçus, et je ne les relève chez un des bons écrivains de l’école historique que parce que les chefs de cette école et lui-même se montraient alors des plus sévères contre les écrivains qui appartenaient à l’école qu’on appelait d’imagination, et qu’ils se considéraient par rapport à ceux-ci comme infiniment plus classiques.

727. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Richelieu, en rentrant au ministère, avait fait ses conditions qui étaient bien d’accord avec sa frêle santé et avec son humeur : il n’allait point au lever du roi ; il ne recevait point de visites ni de ces sollicitations qui usent le temps et les forces. […] Là-dessus il reçoit l’ordre d’aller en Avignon (avril 1618) ; il y reste près d’un an à l’écart. […] Il est reçu de mauvais œil par tous les autres conseillers, qui redoutent son influence de modération et de bon conseil.

728. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Sa lettre à Algarotti au moment où il recevait cette nouvelle, nous l’a montré dans la première vivacité de sa plaie toute saignante. […] Du moment que Frédéric monte sur le trône, ces riens prennent de l’importance et du caractère : ainsi, dès les premiers jours du règne, à la fin d’un billet insignifiant : « Adieu, lui écrit Frédéric ; je vais écrire au roi de France, composer un solo, faire des vers à Voltaire, changer les règlements de l’armée, et faire encore cent autres choses de cette espèce. » Dans un court voyage au pays de Liège, Frédéric voit pour la première fois Voltaire qui vient le saluer au château de Meurs sur la Meuse ; le roi, avant d’arriver en Belgique, avait fait une pointe sur Strasbourg où le maréchal de Broglie l’avait reçu, l’avait reconnu à travers son incognito, et lui avait fait les honneurs de la place. […] En retour du bienfait reçu, Rousseau lui adresse pour remerciement une lettre altière, pédantesque, dans laquelle il fait ses conditions : « Vous voulez me donner du pain ; n’y a-t-il aucun de vos sujets qui en manque ?

729. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Là-dessus un académicien récemment nommé, de dire : « Moi, je ne sais qu’une chose, c’est lorsque j’ai été lui faire ma visite d’académicien, nous avons été reçus dans un salon si froid, si gelant, que Camille Doucet a pris une allumette se trouvant dans un coin, et a mis lui-même le feu au bois dans la cheminée. » Vendredi 9 janvier « Je vous présente mon élève », dit un jour à Bracquemond un vieux collectionneur d’une originalité toute particulière. […] Maupassant vient nous chercher, en voiture, à la gare de Rouen, et nous voici reçus par Flaubert, en chapeau calabrais, en veste ronde, avec son gros derrière dans son pantalon à plis, et sa bonne tête affectueuse. […] * * * — Le vieux peintre Adolphe Leleux fume des cigarettes, qu’il allume encore avec des pierres à fusil, provenant d’un baril de ces pierres qu’il a reçu pour une prise d’armes, quand il faisait partie de la société des Droits de l’Homme.

730. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

On peut même croire que l’auteur de la première chanson — noyée dans les accroissements successifs qu’elle a reçus — y était avec l’armée de Charles. […] Quand Orreaga, « le champ des genévriers », a reçu son nom, il y croissait certainement des genévriers. […] Quant au héros, sans doute anonyme dans les récits italiens, il reçut le nom de Tannhäuser, pour les raisons que j’ai essayé d’indiquer plus haut. […] Dans tous les mystères du Moyen Âge, on le représente comme ayant pris part aux tortures de Jésus, malgré le bienfait qu’il en avait reçu. […] Notre conte a reçu de son auteur le nom de lai ; ce nom ne lui convient pas exactement.

731. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Levengard, Pol = Loewengard, Pol (1877-1917) »

Esther, macérée dans les aromates, lui est plus proche qu’Hélène, fille de Léda et du cygne, et l’implacable soleil, le Baal dévorateur, plutôt qu’Apollon ou le pâle Galiléen, recevra son hommage orgueilleux, en versets d’une belle et forte langue.

732. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Si l’âme de Franklin revient errer sur ces bords qu’il a chéris longtemps, elle applaudit sans doute aux honneurs que Washington reçoit de nous. […] Il voulut jouir avec tranquillité, comme les autres citoyens, de ce bonheur qu’un grand peuple avait reçu de lui. […] La Religion le reçut en naissant, et veillait sur lui dans le berceau de la vie : ses beaux chants et sa main maternelle l’endormiront encore dans le berceau de la mort. […] J’en appelle à tous ceux qui, ayant reçu plus de lumière que moi, voudront examiner sans aucun esprit de secte et de prévention. […] Il avait reçu de la nature un talent qui n’était pas vulgaire, et ce talent se fortifia trente ans par des études sans nombre et des méditations continuelles.

733. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

« Il faisait bon sur la colline, recevoir les baisers des brises, voir une jeune fille qui tremble, entendre le gai rossignol. […] Pour lui, les Arabes furent le canal qui transporta dans l’Europe occidentale la science grecque, reçue par eux en dépôt des interprètes persans ou syriens. […] Buet, comme Condé et Turenne après eux en ont reçu de l’Espagne, comme les Vendéens en ont accepté plus tard encore de la même Angleterre. […] Paul Gaussen n’était d’ailleurs pas le seul à avoir reçu l’impulsion d’Aubanel. […] Le puissant personnage était absent, et, avant de recevoir le provincial, sa femme et ses enfants ne manquèrent point de lui faire faire antichambre.

734. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

— On vient de recevoir, à la Comédie française, une comédie intitulée La femme de quarante ans, d’un M. d’Onquaire ; on en attend beaucoup, et on se demande si ce n’est pas un auteur comique qui nous vient : Dî omen… advertant !

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