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385. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Je répondis timidement de mon mieux. […] oui, sans doute, me répondit-il, je pense comme vous ; mais j’ai jugé que, si la Chambre ne l’avertissait pas, par une adresse un peu violente et qui déclarerait l’incompatibilité des députés et des ministres, dès leur premier acte, c’est-à-dire dès l’acceptation de leurs fonctions, le roi se croirait encouragé à les maintenir et à tenter avec eux quelque chose contre la Charte. […] Peu de mois après, il vit que j’avais raison : le défi était porté par la Chambre, et le coup d’État qui y avait répondu avait renversé la Restauration par le gouvernement de 1830. […] Étant en congé dans ce moment à Paris, j’essayai de lui en parler, mais il refusa de me répondre et je compris qu’il ne voulait pas qu’un seul mot de lui pût aggraver les torts de son ancien ami.

386. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Pour exécuter complètement mon dessein, j’invente a une marque qui, placée entre mes marques Jean et homme, fixe l’idée que je veux exprimer », et je dis : « Jean est homme. » Dans toutes les langues, le verbe qui dénote l’existence a été employé pour répondre au dessein d’ajouter la copule dans l’affirmation. […] C’est que toutes les fois qu’il se présente, il éveille un nombre infini d’idées de ces individus ; et comme il les éveille en combinaison étroite, il en forme une espèce d’idées complexe. » « De là résulte que le mot homme n’est ni un mot répondant à une simple idée, ce qui était l’opinion des réalistes ; ni un mot ne répondant à aucune idée, ce qui était l’opinion des nominalistes ; mais un mot éveillant un nombre infini d’idées, par les lois irrésistibles de la sensation et en formant une idée très complexe et indistincte, mais non pas intelligible pour cela. » C’est dans le but de dénommer, et de dénommer avec une plus grande facilité, que nous formons des classes : et c’est la ressemblance qui, quand nous avons appliqué un nom à un individu, nous conduit à l’appliquer à un autre et à un autre, jusqu’à ce que le tout forme un agrégat, lié par le commun rapport de l’agrégat à un seul et même nom. […] Je réponds que non-seulement vous avez l’idée de demain, mais que vous l’avez d’une manière inséparable.

387. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

À tout ce que ce jeune page lui dit d’aimable et d’encourageant, Gargantua ne trouve rien à répondre, « mais toute sa contenance fut qu’il se prit à plorer comme une vache, et se cachoit le visage de son bonnet ». […] Lucien, dans un dialogue entre Vénus et Cupidon, avait fait demander par la déesse à son fils pourquoi il respectait tant les muses, et l’enfant avait répondu quelque chose de ce que Rabelais va reprendre, amplifier en ces termes et embellir : Et me souvient avoir lu que Cupido, quelquefois interrogé de sa mère Vénus pourquoi il n’assailloit les Muses, répondit que il les trouvoit tant belles, tant nettes, tant honnêtes, tant pudiques et continuellement occupées, l’une à contemplation des astres, l’autre à supputation des nombres, l’autre à dimension des corps géométriques, l’autre à invention rhétorique, l’autre à composition poétique, l’autre à disposition de musique, que, approchant d’elles, il débandoit son arc, fermoit sa trousse et éteignoit son flambeau, de honte et crainte de leur nuire. […] Eugène Noël : Il arracha, dit ce biographe, les hommes de son temps aux ténèbres, aux jeûnes formidables du vieux monde… Son livre, tout paternel, répondit à ce cri de soif universelle du xvie  siècle : À boire au peuple !

388. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

À une question qui lui fut faite sur un piano qui était dans la chambre et qu’on supposait pouvoir la distraire : « Non, monsieur, répondit-elle, ce piano n’est pas à moi, c’est celui de la reine ; je n’y ai pas touché, et je n’y toucherai pas. » À une autre question sur sa bibliothèque, qui se composait de l’Imitation de Jésus-Christ et de quelques livres de piété, et qui était peut-être insuffisante pour la désennuyer : « Non, monsieur, répondit-elle encore ; ces livres sont précisément les seuls qui conviennent à ma situation. » Ce moment qui s’écoula entre le 9 Thermidor et la délivrance de la princesse aux derniers jours de l’année 1795, fut celui où toute une littérature royaliste essaya d’éclore autour d’elle. […] J’ai interrogé sur son compte des hommes qui l’ont beaucoup approchée, et voici ce qui m’a été répondu. […] Charles Didier), celui-ci se hasarda à lui dire : « Madame, il est impossible que vous n’ayez pas vu dans la chute de Louis-Philippe le doigt de Dieu. » — « Il est dans tout », répondit-elle avec simplicité, avec un tact qui vient de la religion et du cœur.

389. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Sur quoi Franklin répondait spirituellement à Hume, et en style d’économiste : Votre compliment d’or et de sagesse est très obligeant pour moi, mais un peu injuste pour votre pays. […] Le nouveau ministère du marquis de Rockingham semblait s’adoucir pour l’Amérique et se décider à lui donner quelque satisfaction en retirant l’acte du Timbre : Franklin fut mandé devant la Chambre pour répondre à toutes les questions qui lui seraient faites, tant sur ce point particulier que sur la question américaine en général, soit de la part des ministres anciens et nouveaux, soit de la part de tout autre membre du Parlement. […] — Non, répondit-il, jamais ! […] » demanda-t-on encore à Franklin ; et il répondit : « À se servir des modes et des objets de manufacture anglaise. » — « Et à quoi mettent-ils maintenant cet amour-propre ? 

390. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Dans un festin donné par un prince du sang789, la table de cent couverts, dressée sous une tente immense, était servie par les grenadiers, et l’odeur qu’ils répandaient offusqua la délicatesse du prince. « Ces braves gens, dit-il un peu trop haut, sentent diablement le chausson. » Un grenadier répondit brusquement : « C’est parce que nous n’en avons pas », et « un profond silence suivit cette réponse » […] Personne ne sait où tourner les yeux pour trouver un guide. « On n’aperçoit pas un homme qui puisse répondre pour le plus petit district ; et, bien plus, on n’en voit pas un qui puisse répondre d’un autre homme794. » La débandade est complète et sans remède.

391. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Mais il n’est guère possible qu’il ne faille pas démolir la thèse adverse avant d’élever la sienne : c’est une règle qui ne souffre guère d’exception, et l’on peut dire que dans toute question sujette à controverse, où l’on peut répondre sans absurdité : oui ou non, il faut examiner d’abord les raisons qui engagent à répondre oui, quand on doit répondre non, et commencer par les raisons qui sont en faveur du non, quand on doit conclure par le oui.

392. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Il ne s’est pas contenté de répondre par d’admirables citations à l’opinion qui rapetisse Bossuet en ne faisant tenir son talent d’orateur que dans les Oraisons funèbres (c’était l’opinion de cet ignorant et fat xviiie  siècle, qui estimait aussi que tout Massillon était dans son Petit Carême) ; l’auteur des Études est allé plus loin. […] Aussi se demande-t-il, en vrai psychologue et en observateur profond, ce que dut gagner l’esprit de Bossuet dans ces longues heures passées au chœur, dans les loisirs vigilants de la Contemplation et de la Prière ; et il se répond comme se répondrait Sainte-Beuve, le grand critique des influences : qu’il y apprenait la mélancolie.

393. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

… Ou bien serait-ce ce pauvre Alfred de Musset, répondant par son frère (car c’est bien lui qui répond) à un livre affreusement mijoté contre lui pendant vingt-cinq ans, pour empoisonner sa mémoire ? […] Il est vrai que Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls lui répondra-t-on par un autre roman encore ?

394. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

… Ou bien serait-ce ce pauvre Alfred de Musset, répondant par son frère (car c’est lui qui répond) à un livre, dit-on affreusement mijoté contre lui depuis vingt-cinq ans, pour empoisonner sa mémoire. […] Paul de Musset nous a appris, à ses risques et périls (lui répondra-t-on par un autre roman encore ?

395. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Biot, le doyen de tout l’Institut, dont il fait partie depuis plus de cinquante ans ; et celui qui devait lui répondre était M.  […] Tous les genres d’intérêt avaient appelé et convié à cette séance l’auditoire le plus curieux, le plus varié et le plus élégant ; la fête a répondu en grande partie à l’attente.

396. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Quand on lui demandait si, pour la tant regretter, cette campagne lui rapportait beaucoup, il répondait : « Elle me rapportait… des vers. » — Il avait épousé, il y a quelques années, une dame d’honneur de la reine Hortense, et vivait fort en famille, allant très-peu dans le monde. — Victor Hugo a trouvé d’éloquentes paroles sur la tombe de son rival, et lui-même il a eu le droit de rappeler avec sentiment le coup qui venait de le frapper30. […] Ce sera lui qui naturellement sera chargé de répondre au successeur de Casimir Delavigne à l’Académie et qui devra encore une fois apprécier les titres du poëte dramatique qu’on lui a si souvent opposé.

397. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Ce nom répond de la considération des maîtres qui l’habitaient, et émousse bien des épigrammes. […] Boisrobert lui dit que le cardinal la priait en amie de lui donner avis de ceux qui parlaient de lui dans les assemblées qui se tenaient chez elle : elle répondit qu’ils étaient si follement persuadés de la considération et de l’amitié qu’elle avait pour son éminence, qu’il n’y en avait pas un seul qui eut la hardiesse de parler mal de lui en sa présence, et ainsi qu’elle n’avait jamais occasion de lui donner de semblables avis.

398. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

Dans le même Chapitre, parlant des bonnes qualités de Scipion, qui le rendirent suspect aux Romains, il dit, que dans le temps qu'on l'accusoit, il pouvoit répondre & se justifier ; « mais, ajoute-t-il, il y a une innocence héroïque aussi-bien qu'une valeur, si on peut parler de la sotte ; la sienne négligea les formes où sont assujettis les innocens ordinaires ; & au lieu de répondre à ses Accusateurs : Allons , dit-il, rendre graces aux Dieux de mes victoires : & tout le monde le suivit au Capitole ».

399. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Informé des obstacles que de vils rimailleurs vouloient mettre à son retour en France, il sentit sa bile s’allumer, & répondit aux lettres anti-Marotiques, par une plaisanterie, sous le titre de Fripelippes. […] Mercure lui répond :         Bruict n’est que de deux veaux, Lesquels on dict en un commun jargon, Huéterie ou Huet, & Sagon, Qui chascun jour mesdisent de Marot, Encontre luy crient le grand haros, Par leurs paiges lui livrent maint-assault : Mais à Marot de tout cela ne chault.

400. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « X »

Je répondrai à M.  […] Vous niez l’inspiration. » À cela nous avons répondu notamment dans notre dernier livre, page 11 : « Non, le travail n’est pas et ne peut pas être la négation de l’inspiration, parce que les ratures sont au fond bel et lien de véritables inspirations successives.

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