Je dirais donc recouvré avec les gens de lettres pour satisfaire à la règle et à la raison et ne pas passer parmi eux pour un homme qui ignorât ce que les enfants savent ; et recouvert avec toute la Cour pour satisfaire à l’usage qui, en matière de langue, l’emporte toujours par-dessus la raison. » Sur ce point particulier, la raison et la grammaire sont parvenues pourtant à déloger le mauvais usage. […] Mais, nonobstant l’exemple et l’infraction fréquente, la règle a tenu bon et résisté. […] Vaugelas, qui nous a transmis toutes ces piquantes fortunes et aventures de mots, et qui était l’homme de France le mieux renseigné sur l’usage, n’oublie pas, chemin faisant, d’y joindre toutes sortes de petites règles et de maximes pratiques trop négligées par les grammairiens qui ont suivi ; il nous initie à sa manière de procéder et d’expérimenter, à sa méthode. […] Une autre règle pratique qu’il suivait dans ses doutes sur la langue et qu’il pose en principe général, c’est qu’en pareil cas « il vaut mieux d’ordinaire consulter les femmes et ceux qui n’ont point étudié que ceux qui sont bien savants en la langue grecque et en la latine. » Ces derniers, en effet, quand on les interroge sur un cas douteux qui ne peut être éclairci que par l’usage, compliquent à l’instant leur réponse, et en troublent, pour ainsi dire, la sincérité par le flot même de leurs doctes souvenirs, oubliant trop « qu’il n’y a point de conséquence à tirer d’une langue à l’autre. » Ainsi Erreur est masculin en latin, et féminin en français ; Fleur, de même ; c’est l’inverse pour Arbre.
Dans la langue on demandait des règles, un triage entre tant de mots d’origines si diverses, un usage commun qui prévalût sur le caprice individuel. […] « M. de Balzac, dit-il, explique avec tant de force ce qu’il entreprend de traiter, il l’enrichit de si grands exemples, qu’il y a lieu de s’étonner que l’exacte observation de toutes les règles de l’art n’ait point affaibli la véhémence de son style ni retenu l’impétuosité de son naturel… Plus une personne a d’esprit, ajoute-t-il, et plus infailliblement elle est convaincue de la solidité et de la vérité de ses raisons, principalement lorsqu’elle n’a dessein de prouver aux autres que ce qu’elle s’est auparavant persuadé à elle-même. » Plus loin, parlant du caractère moral et des écrits de Balzac : « Il y a, dit-il, dans ces écrits une certaine liberté généreuse qui fait voir qu’il n’y a rien de plus insupportable que de mentir2. » Descartes interprète en bien même sa vanité, disant que Balzac ne parle de lui avec avantage que par l’amour qu’il porte à la vérité, et par une générosité naturelle. […] Mais le maître y a été surpassé par le disciple, et ce fut Balzac qui montra le premier ce que gagne un bon naturel à recevoir une règle qui l’aide à mettre au jour ses qualités et à vaincre ses défauts. […] Est-ce pour ce mérite de composition qu’on le lit encore, ou pour quelques-uns des charmants caprices de la langue de son maître, conservés dans la sienne, et pour ses naïves infractions à ses propres règles ?
Car la suppression du christianisme, d’un idéal religieux qui fournit une règle de vie avec une espérance de bonheur ultra-terrestre, mais infini, cette suppression seule explique la fureur de zèle humanitaire avec laquelle les philosophes veulent refaire la société pour mettre dans cette vie toute la justice et tout le bonheur. […] Il s’attacha surtout à faire ressortir les règles fondamentales de la méthode scientifique, à y accoutumer les esprits : ne rien croire que par raison, savoir douter, savoir ignorer. « Je ne vois qu’un grand je ne sais quoi, où je ne vois rien », écrit-il à propos des habitants des planètes.
La tragédie se fait par procédés : elle consiste dans un système de règles et de moyens que l’on considère comme inamovibles. […] Il était à craindre que, la vérité mise à part et la nature, la tragédie n’eût plus d’autre objet que de présenter d’ingénieuses applications des règles.
On dirait du Lamartine, maintenu par la règle, avec des adjectifs de moins et une simplicité plus austère. […] L’écrivain de l’Internelle Consolacion, qui a partagé la destinée de l’auteur de l’Imitation (l’anonyme convenant comme le silence de leur règle à ces hommes humbles qui ne vivaient, comme disent les saintes Chroniques, que sur la montagne de l’éternité, in monte æternitatis), l’écrivain ignoré de l’Internelle Consolation ne s’est point attaché à la glèbe du mot à mot de son auteur.
Quand Dieu veut dégoûter le monde de liberté, il lui offre en spectacle les nègres essayant de s’en faire une, comme ils ont fait depuis plus de soixante ans, rejetant la règle, créant des républiques et des empires, toujours d’imitation, et toujours aussi, en raison de leur nature même, retombant de leurs premiers maîtres sous la main de maîtres plus durs ! […] Règle générale en cette matière : pour tout historien dont l’intention est plus profonde que de raconter des excentricités risibles ou effrayantes et des histoires… grotesques et arabesques, comme dirait Edgar Poe, toute histoire de nègres ou sur des nègres doit être précédée d’une étude à fond sur la race, et Gustave d’Alaux était digne de la faire, cette étude sans laquelle toute histoire quelconque, même celle qu’il vient d’écrire, manque de flambeau.
Il fait la règle et le modèle, et dicte à sa nation ce qu’elle doit penser. Ses successeurs reçoivent la règle du public, qui, tyran bizarre et gouverné tout à la fois par l’habitude et le caprice, ordonne d’imiter ce qui a réussi, et flétrit ou traite avec indifférence les imitateurs.
Nous observerons ensuite les procédés par lesquels elle bâtit, assemble, varie et emplit ses cellules ; et nous tâcherons d’indiquer les lois chimiques et les règles mathématiques d’après lesquelles les matériaux qu’elle emploie sont fabriqués et équilibrés.
C’est que nous ne connaissons qu’une règle, la règle religieuse ; qu’une morale, la morale religieuse. Une fois affranchie de cette règle, notre âme s’est trouvée sans aucun frein, incertaine de son avenir, impatiente de son repos, effrayée de sa liberté ! […] À la condition de se modérer, de se contenir, qui n’est pas moins la règle de l’intelligence que celle du cœur, qui régit le monde littéraire comme le monde politique. […] Jacquemont en est persuadé, et pendant quelque temps il se tient dans la règle avec toute rigueur. […] Il met son âme en règle tous les ans une fois, en faisant un pèlerinage au saint temple de Gourou-Govind-Singh, à Umbritsir ; mais pour lui la dévotion n’est qu’un masque dont il ne fait pas abus.
Ils dirent au Parnasse : « Il n’est plus d’arbitraires règles. […] D’un regard perçant et précis le maître de ballet Fokine juge d’un effet, rompt un groupe, ou règle un dernier bond d’un clignement. […] Il vous plairait que le surabondant génie, même Scandinave, du maître tragique se fût enfermé courageusement dans le triangle sacré des règles de la tragédie unitaire. […] Ils vivaient sur les trois règles conventionnelles qu’on enseigne aux écoliers : la rime, le nombre des syllabes, la césure. […] Nos règles à nous, les voici, non plus empiriques, mais rationnelles.
De là le nombre croissant des règles dans l’art classique ; de là l’observation de plus en plus stricte des unités de temps, de lieu, d’action et de ton. […] Les classiques ne se soumettaient aux règles que pour rester libres vis-à-vis de la nature. […] Ils s’affranchirent des règles pour s’asservir à la réalité. […] Tantôt ils proclament le génie indépendant non seulement des règles, mais encore de la réalité, cette règle dernière. […] Ils auront pour devoir d’en marquer et d’en appuyer toutes les actions, comme la musique d’un régiment règle et soutient sa marche.
Il termine son ingénieux essai par une conclusion expresse : il a voulu prouver que l’ouvrage de La Fontaine n’était, dans le détail, que la pratique de certaines règles, de deux règles principales ; il énumère et résume ce qu’il a démontré successivement pour toutes les parties, et il conclut par donc, comme dans un syllogisme. […] Le raisonneur prétend assigner des règles à la beauté du paysage : « pour qu’un paysage soit beau, il faut que toutes ses parties impriment une idée commune et concourent à produire une même sensation. » Il y a des paysages où, avec de grandes parties, l’impression totale est manquée ; il y en a où, avec les circonstances les plus vulgaires, les plus triviales, l’effet est produit.
Mais les règles de la logique intellectuelle ne s’appliquent pas à l’esprit de groupe. […] Règles de la méthode sociologique, p. 151. […] Règles de la méthode sociologique, p. 149.
Car, de même que dans l’enfance des sciences physiques les hommes savaient quelques règles des phénomènes physiques, de même, dans cette enfance des sciences morales, nous savons quelques règles des phénomènes moraux. […] Jouffroy classe tous les genres de plaisir désintéressé, les distinguant selon qu’ils sont produits par « l’association des idées, la nouveauté, l’habitude, l’expression, l’idéal, l’invisible72 », par la présence de l’unité et de la variété, par la vue d’un rapport d’ordre et de convenance, par la sympathie ; il montre les règles, les dépendances, les variations, les ressemblances, les différences de ces plaisirs, avec une abondance, un détail, une netteté, un soin que je n’ai vus dans aucun livre.
Rachilde Depuis longtemps, l’auteur nous affirme qu’il a inventé le vers libre, et pour nouvelle preuve il nous offre une nouvelle série de poèmes très en dehors des règles connues.
Viollis s’en tient presque exclusivement aux règles ordinaires de la poésie parnassienne, mais il a lu Verlaine et ne l’a pas retenu au point de l’imiter.