Rien n’est plus propre à faire naître la foi où à l’entretenir que l’unité et la tradition. […] Il ne faut noter que ce qui est propre à Fénelon. […] Fénelon entreprit alors de défaire son propre ouvrage. […] Il a d’autres traits qui lui sont propres. […] En peignant Vénus après Virgile, il a craint sa propre imagination.
Le petit nombre qui dit son sentiment propre, ne dit encore que ce qu’il a pû voir à travers ses préjugez, dont le pouvoir est aussi grand contre la raison qu’il est foible contre les sens. […] Chacun porte un suffrage qu’il a formé sur sa propre expérience. […] Leur propre expérience, leur propre sentiment, les en auroit bien-tôt désabusez. […] Les personnes dont je parle ne sçauroient s’être trompées de bonne foi, puisque c’étoit de leur propre sentiment qu’elles rendoient compte. […] Son propre sentiment, confirmé par celui des autres, le persuade suffisamment que tous ces raisonnemens doivent être faux, et il demeure tranquillement dans sa persuasion en attendant que quelqu’un se donne la peine d’en faire voir l’erreur méthodiquement.
Ce tems n’appartient pas au subjonctif, & il est aisé de le prouver aux méthodistes par leurs propres regles. […] Il est quelquefois à la suite d’un nom propre ; Terentia Ciceronis, supp. […] Mais il est très-difficile de n’employer que des termes propres ; & il faut avoüer d’ailleurs que les termes figurés deviennent propres en quelque sorte, quand ils sont consacrés par l’usage & définis avec soin. […] Par rapport à cette idée primitive, ses mots peuvent être pris ou dans le sens propre, ou dans le sens figuré. […] La dérivation philosophique sert à l’expression des idées accessoires propres à la nature d’une idée primitive.
Mais, au fond du désert le plus solitaire, s’accomplit la seconde métamorphose : ici, l’esprit devient lion, il veut conquérir la liberté et être maître de son propre désert ». […] Il dresse un univers qui lui semble tout neuf, un univers qu’il croit l’œuvre de « sa propre volonté » et qu’il affirme « son propre monde ». […] Nous ne vivons plus pour la joie de l’instant, mais pour nous « surmonter », pour désirer et causer notre propre « déclin », pour nous donner à l’avenir et à la création du surhomme. […] Il découvre que « beaucoup de forces qui nous dominaient et nous émerveillaient ne sont que des portions mal connues de notre propre puissance ». […] S’il veut désigner par un nom propre l’esprit d’analyse, il se donne le double ridicule de pensera Paul Bourget et d’oublier Remy de Gourmont.
Du caractère propre et distinctif de ce grand homme. — § III. […] Du caractère propre et distinctif de Bossuet. […] Il tire des livres saints un texte où ce vice est caractérisé avec la force de peinture propre à ces livres. […] Il a, dans chaque ordre d’idées, le langage à la fois le plus propre et le plus élevé. […] Le sens propre, l’expérience disent, en effet : Moi.
On voit naître ici, en effet, une nouvelle propriété essentielle de cette étude propre des généralités de physique abstraite ; c’est de fournir la base rationnelle d’une physique concrète vraiment systématique. […] Mais cette étude doit être conçue comme entièrement séparée de l’étude propre et dogmatique de la science, sans laquelle même cette histoire ne serait pas intelligible. […] Dans l’étude de chaque science les considérations historiques incidentes qui pourront se présenter auront un caractère nettement distinct, de manière à ne pas altérer la nature propre de notre travail principal. […] Dans tous les phénomènes de la physique terrestre, on observe d’abord les effets généraux de la gravitation universelle, plus quelques autres effets qui leur sont propres, et qui modifient les premiers. […] Nous ne faisons maintenant que restituer à cette série son véritable premier terme, dont l’importance propre exigeait un examen spécial plus développé.
L’art français, dans la plus grande étendue du sens qui appartient à ce mot, c’est l’ensemble des procédés les plus propres à exprimer cet idéal sous des formes durables. […] Il nous manque peut-être une certaine espèce de rêverie solide, propre aux grands poëtes du Nord ; une certaine richesse d’imagination, propre à ceux du Midi. […] L’un dépend d’une disposition des organes de la voix, déterminée par la constitution physique du pays ; l’autre dépend du tour d’imagination propre à ce pays. […] Que d’efforts pour être clair, simple, précis, pour ne se servir que des termes propres, c’est-à-dire, pour n’être pas un méchant écrivain. […] Elle s’est regardée successivement dans les images vraies ou prétendues de son propre esprit.
On peut proposer au génie, de se plaire dans ses propres progrès, au cœur, de se contenter du bien qu’il peut faire aux autres ; mais aucun genre de réflexion ne peut donner du bonheur dans le néant d’une éternelle oisiveté. […] Il semble que notre propre destinée se perde au milieu du monde qui se découvre à nos yeux ; que des réflexions, qui tendent à tout généraliser, nous portent à nous considérer nous-mêmes comme l’une des millièmes combinaisons de l’univers, et qu’estimant plus en nous la faculté de penser que celle de souffrir, nous donnons à l’une le droit de classer l’autre. […] Cependant il est certain que l’étude de l’histoire, la connaissance de tous les malheurs qui ont été éprouvés avant nous, livre l’âme à des contemplations philosophiques, dont la mélancolie est plus facile à supporter que le tourment de ses propres peines. […] Toutes les époques de la vie sont également propres à ce genre de bonheur ; d’abord, parce qu’il est assez démontré par l’expérience, que quand on exerce constamment son esprit, on peut espérer d’en prolonger la force ; et parce que, dut-on ne pas y parvenir, les facultés intellectuelles baissent en même-temps que le goût qui sert à les mesurer, et ne laissent à l’homme aucun juge intérieur de son propre affaiblissement. […] C’est là que l’on voit l’homme véritablement aux prises avec ses propres forces.
Les unes ont été composées pour être propres à produire un certain effet, et les autres pour être propres à produire un effet contraire. à la guerre, lorsqu’il faut faire marcher les troupes en avant, les instrumens ne jouent pas un air du même caractere que celui qu’ils jouent, lorsqu’il faut qu’elles se retirent. […] je vais encore rapporter un endroit de Macrobe qui pourroit paroître inutile, parce qu’il ne dit que la même chose que les passages de Quintilien et de Longin qu’on vient de lire, mais il m’a semblé propre à fermer la bouche à ceux qui voudroient douter que les anciens songeassent à tirer de la musique toutes les expressions que nous voulons en tirer, et qu’ils eussent communément de cet art la même idée qu’en avoit Lulli. […] " le pouvoir que le chant a sur nous est si grand, c’est Macrobe qui parle, qu’on fait jouër aux instrumens militaires un air propre à rechauffer le courage, lorsqu’il faut aller à la charge, au lieu qu’on leur fait jouër un air d’un caractere opposé, lorsqu’il faut faire une retraite. […] Que la musique diminuë, qu’elle dissipe nos chagrins et notre mauvaise humeur : chacun en est convaincu par sa propre experience. […] Pour le dire en passant, ce point là n’est pas le seul sur lequel notre propre experience les ait défendus contre l’accusation d’imposture ou de credulité.
Et d’abord le premier postulat qui leur est commun est l’idée de la valeur propre l’individu. […] D’autre part, est-il même permis d’affirmer qu’elles reconnaissent des droits propres à leurs membres, comme à des personnes distinctes du groupe, — c’est-à-dire à l’individu en tant qu’individu ? […] D’ailleurs, à l’intérieur même de cette église, est-il vrai que nous rencontrons notre idée des droits propres à l’individu ? […] L’idée se fait jour qu’il existe une humanité, dont chaque membre a sa valeur propre : ce sont bien nos théories égalitaires qui brillent déjà dans le crépuscule de l’antiquité. […] Michel, la position de l’idéal est à distinguer de la recherche scientifique des moyens propres à le réaliser.
D’ailleurs, si les finesses de notre propre langue exigent de nous tant d’étude pour être bien connues, combien n’en faut-il pas pour démêler encore les finesses d’une langue étrangère ? […] Entre les mains d’un homme de génie, chaque langue se prête sans doute à tous les styles ; elle sera, selon le sujet et l’écrivain, légère ou pathétique, naïve ou sublime ; en ce sens, les langues n’ont point de caractère qui les distingue : mais si toutes sont également propres à chaque genre d’ouvrage, elles ne le sont pas également à exprimer une même idée : c’est en quoi consiste la diversité de leur génie. […] On dira qu’un peintre, médiocre dans ses tableaux, peut exceller dans les copies ; mais il n’a besoin pour cela que d’une imitation servile ; le traducteur copie avec des couleurs qui lui sont propres. […] Dans les hommes de génie, les idées naissent sans efforts, et l’expression propre à les rendre naît avec elles ; exprimer d’une manière qui nous soit propre des idées qui ne sont pas à nous, c’est presque uniquement l’ouvrage de l’art, et cet art est d’autant plus grand qu’il ne doit point se laisser voir. […] Par ce moyen ils se rendraient propre, non tout ce que les anciens ont pensé, mais ce qu’ils ont pensé de mieux ; ils connaîtraient le génie et le style d’un plus grand nombre d’écrivains ; ils auraient enfin l’avantage d’orner leur esprit en formant leur goût.
Ne s’appuyant point sur la gravité du mariage, ou sur l’innocence des mœurs champêtres, ne mêlant aucun autre prestige au sien, il est à soi-même sa propre illusion, sa propre folie, sa propre substance. […] « C’est le caractère de cette passion, dit cet homme éloquent en parlant de l’amour, de remplir le cœur tout entier, etc. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe. […] Non : elle ne fait pas même valoir Didon dédaignée ; mais, plus humble et plus aimante, elle n’implore le fils de Vénus que par des larmes, que par la propre main du perfide.
Chacun fabrique pour lui-même ce dont il a besoin, chacun a ses dieux propres, qui sont ses ancêtres. […] Mais il faut remarquer ce qu’ajoutent, à ces influences déjà analysées, les caractères propres à la forme sociale que nous venons de définir. […] Tout ce qui entrecroise les groupes embrouille les distinctions de classes, et invite l’esprit à en faire abstraction pour mesurer la valeur propre aux individus. […] Le prestige des « places » tend par là même à diminuer, en même temps qu’augmente l’idée de la valeur propre à l’individu. […] D’une manière générale, par le « roulement » même, l’attention sociale tend à se reporter des fonctions aux hommes, et leurs titres n’empêchent plus de mesurer la valeur qui leur est propre.
On se rend propre en un jour des tours et des façons d’operer, qui coûterent aux inventeurs des années de recherche et de travail. […] Ils se rendent propre facilement la façon de tourner les vers et la mécanique des auteurs de ces ouvrages. […] Il croit reconnoître ses idées propres dans les beautez d’un chef-d’oeuvre consacré par l’approbation publique. […] La balance est peu propre à décider du prix des perles et des diamans. […] Le monde n’est pour lui qu’un assemblage d’objets propres à être imitez avec des couleurs.
Ce qui constituë le plagiaire, c’est de donner l’ouvrage d’autrui comme son propre ouvrage. […] Trouver en sa langue les mots propres, et les expressions équivalentes à celles dont se sert l’auteur ancien ou moderne qu’on traduit : sçavoir leur donner le tour necessaire, pour qu’elles fassent sentir l’énergie de la pensée, et qu’elles presentent la même image que l’original, ce n’est point la besogne d’un écolier. […] Moliere a fait souvent la même chose, et riche de son propre fonds, il n’a pas laissé de traduire dix vers d’Ovide de suite dans le second acte du misantrope. […] Il y a bien de la difference entre emporter d’une gallerie l’art du peintre, entre se rendre propre la maniere d’operer de l’artisan qu’on vient d’admirer, et remporter dans son portefeüille une partie de ses figures. Un homme sans génie n’est point capable de convertir en sa propre substance, comme le fit Raphaël, ce qu’on y remarque de grand et de singulier.
De cette idée dut naître le noble effort propre à la volonté de l’homme, de tenir en bride les mouvements imprimés à l’âme par le corps, de manière à les étouffer, comme il convient à l’homme sage, ou à les tourner à un meilleur usage, comme il convient à l’homme social, au membre de la société37. […] Partant de ce principe, nous établissons que l’homme dans l’état bestial, n’aime que sa propre conservation ; il prend femme, il a des enfants, et il aime sa conservation en y joignant celle de sa famille ; arrivé à la vie civile, il cherche à la fois sa propre conservation et celle de la cité dont il fait partie ; lorsque les empires s’étendent sur plusieurs peuples, il cherche avec sa conservation celle des nations dont il est membre ; enfin quand les nations sont liées par les rapports des traités, du commerce, et de la guerre, il embrasse dans un même désir sa conservation et celle du genre humain. […] En réfléchissant sur les commencements de la religion et de la civilisation païennes, on arrive à ces premières origines, au-delà desquelles c’est une vaine curiosité d’en demander d’antérieures ; ce qui est le caractère propre des principes. Alors s’expliquera la manière particulière dont les choses sont nées, autrement dit, leur nature (axiome 14) ; or l’explication de la nature des choses est le propre de la science. […] Pour déterminer l’époque et le lieu où naquirent ces idées, pour donner à leur histoire la certitude qu’elle doit tirer de la chronologie et de la géographie métaphysiques qui lui sont propres, la science nouvelle applique une Critique pareillement métaphysique aux fondateurs, aux auteurs des nations, antérieurs de plus de mille ans aux auteurs de livres, dont s’est occupé jusqu’ici la critique philologique.