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1656. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Malheureusement, Vaultier n’a vu mademoiselle Corday qu’à sa fenêtre, et ce n’est pas assez pour nous renseigner beaucoup sur cette âme profonde, énigme de plus jetée par la silencieuse fierté d’un grand caractère aux vaines disputes des historiens !

1657. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

C’est son caractère particulier, profond, essentiel, absolu, d’être religieuse… Or, Forneron ne l’est pas.

1658. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

… Il a longtemps représenté pour moi la plaisanterie anglaise dans son idéal le plus profond et le mieux réalisé, et voilà que le livre de Rochefort me le rappelle !

1659. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

D’un autre côté, la Critique pourrait admettre encore que si Alexandre Dumas fils n’avait pas cette puissance de détails qu’ont les grands inventeurs dans l’ordre du roman comme Balzac, il était bien capable — lui qui passe pour l’esprit le plus dramatique de notre temps quand il s’agit de mettre en œuvre une idée quelconque, lui qui fait de l’arrangement d’un drame une espèce de création, lui, enfin, l’orthopédiste dramatique qui redresse les enfants mal venus, mal bâtis, bossus ou bancroches, et qui dernièrement a failli faire de ce talent-là une industrie, — de tailler quelque chose de grand, de profond et de nouveau, dans l’idée commune de son roman que lui ont soufflée ses habitudes de théâtre, et de se rattraper de son impuissance radicale de romancier sur son habileté de grand poète dramatique, puisqu’on dit qu’il l’est ?

1660. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

je les vois, ceux-là, d’ici, entrant dans la lecture de ce livre compact non pas seulement par les feuilles, comme si c’était dans un livre de plaisance où ils vont ripailler de choses nouvelles, ingénieuses, profondes et sublimes, et en sortant au plus vite ou n’en sortant pas, mais, dehors ou dedans, étonnés, fatigués, suant de fatigue, que dis-je ?

1661. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

En aurait-on une immensité à son service, si on est de ces races, la personnalité la plus robuste et la plus profonde naît marquée d’un caractère de nationalité inévitable ; comme, au contraire, il en est d’autres où le génie, quand il y a génie, appartient davantage à l’homme qui en est investi et reste franc du collier de force de la race.

1662. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

… Cache-leur le secret de cette beauté profonde qui me luit aux heures mystérieuses », et autres hugoteries semblables, hémistiches souvenus des Feuilles d’automne.

1663. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Livrons-nous sans réserve aux élans vagabonds De ce feu créateur, qu’en ses gouffres profonds D’un cœur impétueux nourrit l’indépendance.

1664. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Elle nous explique la mélancolie profonde de quelques accents, le pathétique de quelques pensées, dans ces drames attribués à l’infortuné précepteur de Néron, dans ces œuvres déclamatoires qui certainement ne parurent pas sur le théâtre romain.

1665. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

De quelque nom que notre haute philosophie se plaise à les désigner, quelles que soient les jouissances plus exquises auxquelles nous pensons qu’elle nous admet, c’est là que le peuple a arrêté ses volontés, c’est là qu’il a fixé ses affections ; il nous suffit, et tous nos systèmes doivent s’abaisser devant sa volonté souveraine. » Tout en s’exprimant en philosophe, on le voit, mais en philosophe politique qui cherche à donner un fondement profond à la moralité, et qui ne dédaigne pas de lui trouver la sanction la plus intime, il essayait d’attendrir pour la première fois la législation, et, en la laissant égale pour tous les cultes, de lui infuser une pensée de sollicitude et d’intérêt supérieur pour chacun d’eux : « Que la liberté que vous accordez à tous les cultes ne soit donc point en vous l’effet d’une égale indifférence, encore moins d’un égal mépris, comme cette tolérance dont se parèrent longtemps de dangereux sophistes ; mais qu’elle soit le fruit d’une sincère affection. […] « Ils étaient royalistes, mais ils étaient philosophes ; une profonde connaissance de la nature humaine les avait dépris de la chimère d’une perfection absolue, ils savaient tolérer des abus en les déplorant, obéir à des lois en les improuvant. […] « Il fut digne de les interroger, et voici ce qu’ils lui ont répondu : « Sans doute d’abord il est entré dans notre vote un sentiment profond de reconnaissance pour l’homme qui nous gouverne. […] Sa santé affaiblie, une affection organique incurable dont il se sentait miné lentement et qu’il supportait avec douceur et presque avec sourire, imprimait à ses discours un accent plus profond, plus pénétré. […] La voici en ce qu’elle a d’essentiel ; il s’adresse, par manière d’apostrophe, à ses compatriotes lyonnais : « Après avoir prouvé que jamais votre ville n’avait joui d’un calme plus profond que depuis trois mois à l’ombre des paternelles administrations qu’elle s’était choisies, montrant que si, à des époques plus reculées, quelques assassinats y avaient été commis, comme dans toutes les autres parties de la République, par la négligence du gouvernement, ils n’appartenaient à aucun système réfléchi, à aucun mouvement contre-révolutionnaire, mais à la seule impulsion de la vengeance individuelle, je disais : Et dans quelle ville une telle vengeance dut-elle paraître davantage, je ne dis pas excusable ou permise, mais naturelle ?

1666. (1927) André Gide pp. 8-126

Il renvoie Bethsabé et se flatte qu’Urie ignorera tout. « Car la trace du navire sur l’onde, de l’homme sur le corps de la femme profonde, Dieu lui-même ne la connaîtrait pas. » Mais Urie a été tué au siège de Raba, par la faute d’un courtisan, qui croyant plaire à David, a exposé ce brave à l’endroit le plus périlleux. […] Par une ironie qui n’est plus légère que dans la forme, mais qui a une portée profonde et redoutable, M.  […] Cher monsieur Souday, Je m’affecte de trouver dans la liste que vous dressez de ceux de mes confrères avec qui j’ai « rompu », le nom d’un des rares contemporains que j’admire : Paul Claudel — dont l’amitié pour moi ne s’est jamais démentie, et pour qui je garde, malgré de profondes divergences d’opinions, l’estime et l’affection les plus vives. […] Mais Paul-Ambroise, par ces truchements, ajoutait « que la vérité, c’est l’apparence, que le mystère, c’est la forme, et que ce que l’homme a de plus profond, c’est sa peau ». […] Ou, s’il y en a un, c’est « la lutte entre les faits proposés par la réalité, et la réalité idéale », ou entre la matière brute et l’effort du romancier pour la « styliser », ou encore « entre ce que la réalité lui offre et ce que, lui, prétend en faire » ; ou enfin, le « sujet profond », c’est « la rivalité du monde réel et de la représentation que nous nous en faisons ».

1667. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Diderot, comme Gœthe, a touché à beaucoup de sujets, mais avec un dilettantisme moins flâneur et moins badaud que Gœthe, avec une curiosité plus animée et plus profonde. […] Il n’a ici que le vide profond, l’obscurité sans ces lueurs sombres qui lui sont chères, l’incompréhensibilité, les écailles de tortue contre lesquelles on se casse la tête, toutes choses essentiellement allemandes, mortellement opposées au génie français et même à la simplicité d’une doctrine aussi superficielle que le matérialisme de Diderot, — car quel mérite reste au matérialisme s’il n’a plus celui d’être clair ? […] Mais Diderot n’est pas de ces profonds. […] … Dans ces lettres à mademoiselle Volland j’ai bien cherché un mot profond, une page éclatante, une vue sur quoi que ce soit de ce que Diderot y regarde, et je n’ai rien trouvé qui puisse sauver du mépris ce volume de Correspondance, qui n’est pas le dernier encore, et qui ne peut être pardonné par la Critique, serait-il suivi d’un chef-d’œuvre ! […] Partis des deux pôles opposés, ces deux condors, aux ailes trop longues pour un temps qui hait tous les aigles, rouleront dans la même chute, au fond du plus profond mépris, par la très singulière raison qu’ils avaient des ailes et que les hommes ne veulent plus que l’on ait des ailes.

1668. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Elle nous apprend si c’est un esprit frivole, banal, borné, ouvert, profond. […] Les cas profonds et tenaces d’attention spontanée ont tous les caractères d’une passion qui ne s’assouvit pas et recommence perpétuellement pour tâcher de se satisfaire. […] Ce muscle, qui occupe toute la région du front, a son insertion mobile dans la face profonde de la peau du sourcil et son insertion fixe dans la partie postérieure du crâne. […] Quant à l’ouverture de la bouche, elle permet une inspiration vigoureuse et profonde que nous faisons toujours avant un grand effort. […] On peut dire a priori que si l’attention a pour cause des états affectifs qui ont pour causes des tendances, besoins, appétits, elle se rattache, en dernière analyse, à ce qu’il y a de plus profond dans l’individu, l’instinct de la conservation.

1669. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Et quelle joie profonde quand un éditeur accueille son premier roman. […] Le livre de Benjamin Crémieux s’ouvre sur la première analyse, véritablement profonde, étendue de l’œuvre de Marcel Proust94. […] La Victoire nous donne seulement, pendant un temps bref, l’ascendant, le pouvoir d’anticiper l’avenir, écrit-il, et de façonner l’Europe selon ses aspirations profondes. […] Les entretiens qu’il a, au début d’Attirance de la Mort, avec un prieur, dans un couvent qui me paraît étrangement ressembler à celui des Bénédictins de l’île de Wight, sont d’une telle richesse et d’une telle nouveauté profonde qu’ils témoignent de l’usage aigu que A. […] Je n’attends pas de lui la révélation d’une vie profonde.

1670. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Tantôt, c’est l’échange d’épithètes aimables avec le cher confrère, que l’on qualifie d’éminent pour être traité par lui de spirituel ou de profond. […] Par ses investigations profondes, M.  […] On peut attendre de gens qui ont débuté par disséquer durant plusieurs années l’esprit d’autrui, des œuvres plus réfléchies, plus calculées, partant plus complexes et plus profondes. […] La maladie morale, signalée par le critique, s’étendit comme une tache d’huile ; elle devint une épidémie heureusement plus apparente et plus littéraire que profonde et sérieuse. […] Qu’importe dès lors que Stendhal ait été un assez vilain monsieur, à la fois très chatouilleux d’épiderme et très sec de cœur, d’un égoïsme profond et raffiné ?

1671. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

La part de la volonté est minime dans notre vie : nous gardons en nous la trace profonde de l’automatisme originaire. […] Jamais cet homme, qui voulut faire régner la paix dans le monde social, ne jouit lui-même de la paix véritable, du bonheur qui suit l’accomplissement des désirs profonds de la nature. […] A d’autres moments, il semblait atteint d’une mélancolie profonde. […] L’amour que les amis des bêtes portent aux mammifères est du même ordre que celui qu’ils déversent sur des oiseaux, mais il est plus vaste et plus profond. […] Elles sont très souvent d’une humeur plus enjouée, plus égale ; leurs accès de mélancolie sont moins profonds, moins durables, plus facilement résolus.

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