Leopardi, pour surcroît d’authenticité, produisait le texte de ces deux petites odes (de sa façon), et il s’excusait de ne les point traduire, sur ce qu’on ne traduit pas Anacréon.
Le roi, pour le dédommager, lui donne 400 000 livres sur le produit des salines, et 80 000 livres de rente sur la compagnie qui a le privilège d’affiner les métaux précieux. » 204.
Campbell, auteur d’un ouvrage savant et classique, regarde comme hors de doute que les poëmes attribués à Ossian existaient, et étaient généralement connus dans la haute Écosse avant que Macpherson essayât pour la première fois de les traduire ; qu’ils n’étaient de son invention ni dans leur entier ni dans leurs parties principales ; qu’ils n’étaient nullement le produit d’une fraude littéraire, mais que le traducteur, aidé de quelques coopérateurs, les avait recueillis et arrangés dans une forme systématique, et les avait ainsi traduits et offerts au public.
Plus loin, je vois que l’esprit, qui tout à l’heure était une atmosphère et une flamme, est un champ, puis un métal ; qu’il peut être creux et sonore, ou bien que sa solidité peut être plane, si bien que la pensée y produit l’effet d’un coup de marteau ; puis, qu’il ressemble à un miroir concave, ou convexe ; qu’il y fait froid, qu’il y fait chaud ; que la pudeur est un réseau, un velours, un cocon, etc., etc.
Mais déjà, j’ose le dire, l’objet de Swift était rempli ; il avait exercé sur mon imagination enfantine l’influence qu’il voulait produire sur celle des hommes ; le miel dont il avait entouré sa coupe me l’avait fait vider tout entière.
Il étend sa baguette sur les sacs et sur les amphores ; et voilà que figues et olives, huiles et safrans, étoffes et poteries, blés de la Béotie et vins de l’Archipel, quincailleries d’Égine et charbons de Mégare, tout cela va, vient, produit, fructifie, et retombe dans les comptoirs des marchands en piles de drachmes et en rouleaux de statères ; le troupeau lui-même laisse une toison d’or aux mains de son pâtre.
Que l’immense et vieille Russie, avec ses quatre-vingts millions d’habitants, ait fini par produire une demi-douzaine d’écrivains d’une valeur universellement comprise et reconnue, rien de plus naturel. […] Mais j’ai repris quelque assurance en songeant que, si la France s’inquiète trop peu de ce qui se produit d’original en dehors d’elle, c’est qu’elle est restée une grande « inventrice », c’est qu’elle est elle-même absorbée par une production littéraire singulièrement active et abondante qui, depuis trois siècles, n’a presque point connu de trêve. […] Il faut des siècles de culture, un long travail d’affinement intellectuel pour produire ce fruit tardif et exquis : le dialogue simple, nu, dépouillé, du théâtre de Meilhac, et aussi l’esprit de douceur et d’indulgence dont ce théâtre est animé… Et voilà Zénocrate qui gémit sur les cadavres de Bajazet et de Zabina, et qui, craignant pour son amant les retours de la destinée, murmure : « Ah ! […] Et il a eu ce rare et difficile mérite de s’arrêter à temps ; il a su résister à cette terreur de l’oubli, à ce besoin de produire encore, quand les sources de la production sont à demi taries, à ce maladif besoin qui a joué, même à de grands artistes, de si méchants tours. […] ) — Le duc de Septmonts, avant de se battre avec Gérard, veut mettre en lieu sûr le billet où sa femme écrivait à l’ingénieur : « Je vous aime », pour que ce billet, produit en temps utile, rende impossible le mariage des amoureux.
Un tel changement allait-il se produire dans les autres arts ? […] Je n’en suis pas du tout las, quant à moi ; et, si j’avoue qu’une œuvre puissamment marquée du temps qui l’a vu produire tient de là même un intérêt très vif, une dignité imposante, il me plaît aussi qu’un poète préfère à tout divertissement sa poésie, la croie éternelle et refuse de la mener par les chemins de la futile contingence. […] Parmi nos contemporains qui se sont mis aux prises avec les exigences de l’intellectualité, — or, c’est le préambule des œuvres importantes que cette génération littéraire a produites, — M.
Evidemment, l’esprit scientifique, rencontrant dans cette âme sérieuse de jeune lévite les traces indélébiles de la foi perdue, mais non point haïe ni méprisée, et défendue contre le blasphème par la douceur et la sainteté du souvenir spirituel, devait y produire des combinaisons de sentiments jusqu’alors inouïes. […] Et je ne prétends point que la littérature toute pure, — c’est-à-dire la transcription de la vie sans autre souci que de produire une impression de beauté, — ait, comme ils le croyaient, un caractère sacro-saint et soit nécessairement la manifestation la plus élevée de l’activité humaine ; mais je dis que c’est une de celles dont la bonté nous est le plus sûrement affirmée par un instinct secret. […] En réalité, l’impression produite par la représentation de cette pièce, que quelques-uns nous donnaient pour un des ouvrages les plus originaux de M. […] Ne sachant ni ne voulant rien faire, incapables des travaux qui ne dérogent pas, art ou littérature, et dédaigneux des travaux qui dérogent, impuissants en politique, ils ont tourné leurs facultés intellectuelles vers les seuls emplois où elles pussent suffire : représentation mondaine, sport hippique, escrime, conduite de mails-coachs, inventions de gilets et de cravates, — roulette et baccarat… Or, ce train de vie, ils ne sauraient le soutenir longtemps ; et, comme ils dépensent depuis un siècle sans produire, le mal qu’on appelle « faute d’argent » finirait par nous débarrasser d’eux… Mais c’est alors que s’opère ce que j’appelais tout à l’heure la conjonction de la bassesse aristocratique et de la bassesse financière.
Quand Addison les salue, ce qui lui arrive souvent, c’est d’un air grave, et sa révérence est toujours accompagnée d’un avertissement ; voyez ce mot sur les toilettes trop éclatantes : « Je contemplai ce petit groupe bigarré avec autant de plaisir qu’une planche de tulipes, et je me demandai d’abord si ce n’était pas une ambassade de reines indiennes ; mais, les ayant regardées de face, je me détrompai à l’instant et je vis tant de beauté dans chaque visage que je les reconnus pour anglais ; nul autre pays n’eût pu produire de telles joues, de telles lèvres et de tels yeux934. » Dans cette raillerie discrète, tempérée par une admiration presque officielle, vous apercevez la manière anglaise de traiter les femmes ; l’homme, vis-à-vis d’elles, est toujours un prédicateur laïque ; elles sont pour lui des enfants charmants ou des ménagères utiles, jamais des reines de salon ou des égales comme chez nous.
Une même contrée ne produit pas toutes les choses nécessaires ; elle en donne une, il lui en manque une autre ; seulement, celle qui en fournit le plus est regardée comme la meilleure : il en est ainsi de l’homme.
La puissante imagination germanique, où les visions éclatantes et obscures affluent subitement et débordent par saccades, faisait contraste avec l’esprit raisonneur dont les idées ne se rangent et ne se développent qu’en files régulières, en sorte que si le barbare, dans ses essais classiques, gardait quelque portion de ses instincts primitifs, il ne parvenait qu’à produire une sorte de monstre grotesque et affreux.
On leur a donné un nom sale, qui marque l’effet que produisent communément sur ceux qui y entrent les peintures impudiques dont ils sont remplis.
La sève ancestrale se divise en deux grandes branches, d’un côté la branche légitime, forte et puissante, aboutissant à Eugène Rougon, « l’aigle de la famille se dégage des vulgaires intérêts, aimant la force pour la force et conquérant Paris en vieilles bottes » ; de l’autre, la branche bâtarde, pleine de vitalité et de sang, elle aussi, mais qui, jetée dans les bas-fonds prolétariens, victime de l’alcool, de la faim, de la misère finit par produire les Gervaise Macquart, les Lantier ou les Nana, ces déchets de l’arbre social.
Quand on regarde ce pays, sa surface vous paraît trop heureuse et trop égayée, pour produire un talent tourmenté et nerveux : le talent moderne.
Or dans ce qu’on appelle la Révolution en France il y a deux natures : une nature irréfléchie, inquiète, convulsive, incapable de repos, sans autre but que sa propre agitation, envieuse des supériorités et inhabile à en produire elle-même ; toujours prête à renverser sans savoir ce qu’elle veut construire, sorte de fièvre nerveuse nationale qui donne des convulsions au corps social au lieu de lui donner la croissance régulière et l’action progressive qui forment ce qu’on appelle la civilisation : c’est ce qui distingue l’esprit de faction et de démagogie de l’esprit de civisme et de liberté.