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52. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Bonneval, hors de lui, pris dans son tort, ou tout au moins provoqué dans son défaut intime, fit cette réponse d’une suprême et magnifique insolence, mais qui portait plus haut que Chamillart et qui atteignait le prince même et la patrie : Monsieur, j’ai reçu la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire, où vous me mandez que je crains les gens de plume parce qu’ils savent trop bien compter. […] La société française, qui s’était mise à accueillir vivement tout ce que Louis XIV avait disgracié, se prit d’enthousiasme à ce moment pour le général Bonneval et pour ses exploits de paladin dans cette espèce de croisade contre le Turc. […] Sa famille profita de ce passage à Paris pour le marier ; on le prit comme au vol.  […] Cependant il me semble que nous devrions balancer votre cœur ; et lorsqu’elle vous fera exposer votre vie, je devrais vous faire prendre les précautions qu’elle permet. […] Parvenu à sa soixante-dixième année, il écrivait au marquis de Bonneval, son frère, avec qui il avait eu souvent contestation, mais sans jamais rompre : « Je suis souvent bien loin de moi par des réflexions fatigantes ; de fréquentes attaques de goutte, d’autres infirmités réelles, me forcent à vous demander conseil, comme au chef de la maison, sur un parti à prendre. » Le marquis lui répondit cette fois en frère, l’engageant à prendre le parti le meilleur et lui promettant de tout son pouvoir de lui aider.

53. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Ils prirent Zara comme fin de solde, en attendant qu’ils gagnassent d’ailleurs à cette croisade l’empire des mers, une bonne partie de la Grèce, de la Morée, et les îles. […] Le port de la ville est pris ; on se prépare à livrer l’assaut, à escalader les murailles. Les navires approchent, et lancent avec des machines, de dessus leur tillac, des bordées de pierres ; arbalètes et flèches pleuvent de tous côtés ; on essaye d’appliquer des échelles ; mais les galères ne savaient et n’osaient prendre terre. […] Et ils firent aussitôt à son commandement, car la galère où il était prit terre sur l’heure. […] Quand les Vénitiens virent ce gonfanon ainsi que la galère de leur seigneur qui avait pris terre, chacun se tint pour honni s’il n’en faisait autant.

54. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Tâchons donc, même quand nous ne prendrions aucun plaisir au temps qui passe, de remonter notre montre tous les soirs et de la tenir à l’heure ; c’est une habitude excellente pour l’esprit. […] Elle est déjà bien ancienne, elle l’est, presque autant que le monde, mais longtemps elle a été limitée à un petit nombre de cas, ou bien elle prenait une autre forme. […] Ne la prenons que dans les exemples saillants et dignes d’être observés. […] L’espoir des grandes actions vous tente et vous soutient, j’aime à le croire : en attendant, les actions vaines ne prennent pas moins de place. […] Tous les traits sont à remarquer dans ce vif et véridique tableau, notamment celui-ci qui est pris sur nature, lorsque d’Argenson se reproche de n’avoir pas assez fait pour Marmontel, quand il était puissant.

55. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Et il faut prendre — non pas toujours, car il s’en faut que l’instinct social soit infaillible !  […] L’âme sociale a pris des habitudes et des manies, elle nous les impose. […] Souvent une lutte de ruses met aux prises, dans l’individu, l’âme individuelle et l’âme sociale. […] La fin acceptée, les moyens prennent un caractère d’obligation. […] C’est un plaisir d’artistes qui se prennent pour des ingénieurs.

56. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

» qui est tellement de notre pays, où l’as-tu pris ? […] Une rage le prit. […] Les cases qui s’espaçaient du fort aux faubourgs les prenaient. […] Alors le savant prit une note ! […] Son fils, un de nos crevés pris sur le vif, se compromet dangereusement.

57. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

« Les barons, qui auraient dû garder du leur pour le bien employer en temps et lieu, se prirent à donner les grands mangers et les outrageuses viandes » ; sans compter le reste. […] Joinville, de son côté, a ses aventures et sa manière d’être pris. […] Bientôt le danger devient inévitable : on n’a qu’à choisir entre l’alternative d’être pris sur l’eau en se rendant aux galères du Soudan, ou d’être massacré par les Sarrasins en débarquant à terre. […] Le voilà pris et conduit devant l’amiral des galères. […] Cet invincible et maladif désir d’une croisade dernière le prit comme prend à d’autres, après une longue absence, le désir de s’en revenir mourir dans la patrie.

58. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Dans une pension où fut envoyé Cowper, il fut victime de la tyrannie d’un de ses camarades plus âgé qui, le voyant si craintif et si sensible, l’avait pris pour souffre-douleur. […] Il se laissait volontiers prendre et emporter dans mes bras, et plus d’une fois il lui est arrivé de s’endormir sur moi. […] Si cette rhétorique ne lui réussissait pas assez vite, il se mettait à prendre le pan de mon habit entre ses dents et à le tirer de toute sa force. […] J’eus même la hardiesse de prendre eu main le crayon, et j’étudiai toute une année l’art du dessin. […] Pour avoir élevé deux ou trois petits arbres verts, l’ambition me prit d’avoir une serre, et en conséquence je me mis à en bâtir une.

59. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Je prends ton bien où je le trouve ! […] Madame D… prit le deuil du défunt. […] En même temps que le deuil du premier — madame D… prit un second amant. […] Le remords la prit à la première station. […] Il faut en prendre son parti.

60. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Il prit sa prise et tourna le coin, pendant que les cris redoublaient et que le canon tonnait. […] Qu’ils viennent donc aussi nous prendre !  […] La tante Grédel dit : « Les gueux l’ont pris. […] Sur les fourgons j’apercevais quelques malades et je criais : « Prenez-moi !… prenez-moi !

61. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

L’émigration, malgré son aveuglement, n’avait pas pris le change. […] A-t-il pris parti pour la réflexion ou l’invention ? […] Quel acteur assez hardi voudra le prendre ou l’essayer seulement ? […] C’est donc le rôle de Dieu que vous voulez prendre ? […] Lélia ne croit plus, et prend en pitié tous ceux qui persévèrent.

62. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Pour renouveler moi-même l’étude, il m’est venu la pensée de ne plus prendre seulement Eugénie de Guérin en elle-même, mais de la comparer : comparer, c’est mieux marquer les contours, c’est achever de définir. […] Mais pour moi, et dans le genre de cadre plus resserré que j’aime, ces contrastes sont déjà trop lointains, et j’en veux prendre un plus à notre portée. […] On est pris et pour ce qu’on a été réellement en soi, et surtout pour ce qu’on représente. — Assez de préambule comme cela, et venons-en à notre analyse comparée. […] Ce sentiment ne prit point corps ni figure : Maurice, pauvre et n’ayant rien à offrir, alla à Paris suivre ses études, s’attacha à M. de Lamennais, le quitta, donna des leçons, essaya de la vie littéraire ; distrait et guéri, une jeune fille riche, une de ses élèves créole, se rencontra qui se prit de goût pour lui ; il se maria pour mourir presque aussitôt. […] « La terre reste nue, on n’attend rien d’elle ; le ciel prend toute sa valeur.

63. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

La tête d’une société est bien malade quand elle prend pour son idéal de pareils Don Juans, dont le vice surtout est contagieux. […] Vers la fin de mars, le comte de Clermont lui-même fut pris d’une esquinancie qui le mit à toute extrémité. […] Digne cousin de Louis XV, il se moquait de son conseiller, au moment où il le laissait maître absolu d’agir et de prendre le mauvais parti. […] Le comte de Clermont avait pris son parti de tout. […] Les épigrammes et les refrains satiriques avaient pris le dessus.

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Aurelia rentre chez elle, Valerio prend la fuite ; le Docteur et Pantalon, accourus, s’affligent du malheur arrivé à Ottavio, Le Docteur prie Pantalon de faire courir après l’adversaire. […] Valerio qui a tout vu de loin, plaint Arlequin, forme la résolution de prendre son âne et d’aller à la ville ; de cette façon il ne sera pas connu, il pourra apprendre des nouvelles d’Aurelia, et rendre service au malheureux qu’on a pris pour lui. […] Le geôlier vient prendre son prisonnier pour le conduire devant les juges. […] Il la prend, commence à en jouer : pendant ce temps-là. […] Il prend un sifflet, une sonnette, etc.

65. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Nous prenons un lapin, de la vessie duquel nous extrayons de l’urine. […] Pour cela nous prendrons du sang dans le cœur droit d’abord. […] Pour cette expérience nous prenons deux lapins, en digestion. […] Nous prenons de ses urines, elles sont toujours troubles ; j’en prends une portion, à laquelle j’ajoute du perchlorure de fer, et la formation du bleu de Prusse indique que le prussiate de potasse y a passé. […] On prend un morceau du tissu hépatique, on le broie, on le fait bouillir avec de l’eau ; la décoction, comme vous voyez, est très faiblement opaline, car cet individu était presque à jeun : il n’avait pris le matin qu’un peu de chocolat et d’eau-de-vie.

66. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mais, dans ces querelles où celle-ci était si attentive et si initiée, comme on sent chez l’autre une personne qui prend naturellement le dessus, et qui mène le tout, haut la main ! […] En tout, l’esprit de Mme des Ursins est un esprit naturellement élevé au-dessus des petites choses, et qui ne prend jamais les affaires par leurs petits côtés ni par les minuties. […] Ce sont de ces mots qui peignent, qui sont pris à la source même, et qui sont agréables par un certain faux air de double sens, mais qui ne nuit pas à la clarté. […] Le roi s’avança à sa rencontre sur le chemin de Burgos, et Mme des Ursins prit elle-même les devants jusqu’à une petite ville appelée Xadraque. […] Toute étude faite, je n’en ai pas le courage : elle rendit, en effet, de vrais services, et, en ce qui est de l’habileté dans les conjonctures difficiles, on est trop heureux de la prendre où elle se rencontre.

67. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Il en est ainsi de tout ; et on ne prend jamais bien ses mesures que sur le terrain même. […] il lui demande si la résolution que son inconstance lui fait prendre est bien arrêtée. […] Le parti vertueux qu’elle prend satisfait à tout. […]prendre encore un coup les originaux de semblables discoureurs ? […] Prenez-y garde.

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