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208. (1757) Réflexions sur le goût

Ajoutons qu’il n’est point à craindre que la discussion et l’analyse émoussent le sentiment ou refroidissent le génie dans ceux qui posséderont d’ailleurs ces précieux dons de la nature. […] Mais le contraire est malheureusement arrivé ; ceux qui possèdent et qui connaissent le moins l’esprit philosophique, en sont parmi nous les plus ardents détracteurs, comme la poésie est décriée par ceux qui n’ont pu y réussir, les hautes sciences par ceux qui en ignorent les premiers principes, et notre siècle par les écrivains qui lui font le moins d’honneur.

209. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

On peut admirer dans l’œuvre d’autrui des qualités qu’on n’apporte pas dans la sienne propre, ou qu’on ne possède point dans son propre caractère. […] S’il nous dit que l’habitat ne modifie pas les traits généraux d’une race (p. 119), c’est donc qu’une race possède des caractères généraux, suffisamment persistants, et qui s’héritent.

210. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Courons, venons en troupe, Quel beau jour que celui où toutes les villes qui ont pris des débris de ton temple, Venise, Paris, Londres, Copenhague répareront leurs larcins, formeront des théories sacrée ; pour rapporter les débris qu’elles possèdent, en disant « Pardonne-nous, déesse ! […] Si une société, si une philosophie, si une religion eût possédé la vérité absolue, cette société, cette philosophie, cette religion aurait vaincu les autres et vivrait seule à l’heure qu’il est. […] Entre tant de particularités que la Bretagne possède en propre, l’hagiographie locale est sûrement la plus singulière. […] Il possédait une façon d’ironie, une manière de plaisanter sans qu’on fût averti, ni que rien préparât le trait, que je n’ai vues à personne. […] Il possédait une bibliothèque très considérable, composée d’écrits du xviiie  siècle.

211. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 176-177

De tels exemples devroient bien corriger ceux de nos Ecrivains qui sont possédés de la manie des phrases brillantes & du faux bel-esprit.

212. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aurier, Georges-Albert (1865-1892) »

Il est cependant une certaine dextérité manuelle qu’il faut posséder ; il faut être à la fois l’artisan et l’artiste, manier le ciseau et l’ébauchoir, et que la main qui a dessiné les rinceaux puisse les marteler sur l’enclume.

213. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 174-175

On sait qu'elle retira chez elle ce Pere de la Fable, & qu'elle eut le bonheur de posséder vingt ans dans sa maison, celui qu'elle appeloit si ingénieusement son Fablier.

214. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 427-429

Peu d'Historiens, dans toutes les Langues, ont possédé plus éminemment l'art d'attacher le Lecteur, de captiver son esprit, & de l'intéresser à son sujet.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Du Plessys, Maurice (1864-1924) »

Parmi les poètes romans, Maurice Du Plessys est le plus latin du groupe ; j’entends par là qu’il possède, plus encore que le don rythmique, celui de l’expression énergique, de l’image large et précise.

216. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

Il n’est point aisé de déterminer le genre de plaisir que l’on éprouve au commerce de ces poèmes très simples et très compliqués, et, sans doute, quelques strophes détachées en feront, mieux que toute paraphrase, goûter la grâce amère : Ici, près de la porte où je t’avais suivie, J’ai possédé longtemps ton visage anxieux.

217. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il possédait une réputation loyalement conquise par d’éclatants et de longs services. […] Vacquerie possédait un avantage immense. […] Il possède encore un autre mérite. […] Les poètes seuls possèdent ce pouvoir d’évocation. […] Pierre Loti la possède à un degré éminent.

218. (1813) Réflexions sur le suicide

Chaque individu possède en lui-même les moyens d’accomplir son devoir ; et ce qu’il y a d’admirable dans la nature morale, comme dans la nature physique, c’est à quel point le nécessaire est également et universellement réparti, tandis que le superflu est diversifié de mille manières. […] L’imagination agit autant sur le passé que sur l’avenir, et l’on fait avec les biens qu’on possède une alliance, dont la rupture est cruelle ; mais après un certain temps, une situation nouvelle présente une nouvelle perspective à presque tous les hommes. […] Possédez vos âmes en paix par la patience , dit l’Évangile. […] Le génie et le talent peuvent produire de grands effets sur cette terre, mais dès que leur action a pour but l’ambition personnelle de celui qui les possède, ils ne constituent plus la nature divine dans l’homme. […] Ce qui coûte le plus aux Français, c’est d’être éloigné de leur patrie : en effet quelle patrie ne possédaient-ils pas avant que les factions l’eussent déchirée, avant que le despotisme l’eût avilie ?

219. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Puis il se demande si l’âme possède quelque affection qui lui soit propre, ou si plutôt toutes ses affections ne lui sont pas communes avec le corps. […] Cette science, l’histoire naturelle, il la possède comme personne ne l’a possédée avant lui, comme depuis lors personne peut-être ne l’a possédée. […] Mais il reconnaît que le corps n’est pas lui, précisément parce que le corps est à lui, et que ce qui possède est distinct de ce qui est possédé6 Il ne sait point si l’âme est la forme du corps. […] De là vient que Platon déclare que le philosophe est le seul à posséder la dialectique, tout comme Descartes n’a demandé la méthode qu’à la seule philosophie.

220. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Le vertige possède tout le monde, et la toile se baisse sur cet horrible dénouement. […] Je ne pus m’empêcher de lui rappeler quelques Allemands haut placés auxquels, dans un âge avancé, n’avaient paru en aucune façon manquer ni l’énergie ni la dextérité que la jeunesse possède, qualités qui leur étaient nécessaires pour diriger des affaires de toute sorte très importantes. […] Schiller n’avait pas eu cette idée ; il donnait tout simplement les dés au paysan, sans se demander comment il les possédait. […] Il rappelle le roi Achab, qui croyait ne rien posséder, s’il ne possédait pas la vigne de Naboth. […] Elle agit avec beaucoup de savants comme une malicieuse jeune fille, qui nous attire par mille charmes, et qui, au moment où nous croyons la saisir et la posséder, s’échappe de nos bras8. » XVIII La religion chrétienne l’occupait de plus en plus, et il l’admirait d’une affection éclectique.

221. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Il est le maître de l’Olympien, car il possède un secret duquel dépend sa puissance. […] les Éphémères possèdent maintenant le Feu resplendissant !  […] Car Zeus brûle par toi sous le trait du désir, et il veut posséder Cypris avec toi. […] C’est en Egypte, à Canope, sur une plage du Nil, que la possédée sera délivrée. […] Tout est nocturne, secret, clandestin dans cette nymphe élémentaire qui vit à l’écart des autres dieux, au fond d’une grotte profonde : maîtresse cachée comme un trésor, que l’Olympien ne possède qu’au sein des ténèbres.

222. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

C’est un homme possédé et souvent égaré par l’enthousiasme. Béranger a trop d’esprit pour avoir tant d’enthousiasme ; il possède son enthousiasme, il n’en est pas possédé ; il le conduit avec un fil imperceptible, mais sûr, partout où il veut passer, comme le conducteur des chars, aux jeux Olympiques, conduit au mouvement du doigt ses coursiers qui ne s’emportent jamais dans la carrière : « Rasant la borne, et ne la touchant pas. » Il n’y brise jamais son essieu, il n’y fait même ni bruit ni poussière ; il arrive sans qu’on s’aperçoive qu’il est arrivé juste, et court au but qu’il s’est proposé. […] L’enthousiasme de Béranger était dans son cœur, et pas dans son verre ; il le gardait pour sa vie, pour la liberté, et pour la vertu pratique dont il était sérieusement et intimement possédé. […] Avec cette flexibilité de caractère qui est la faiblesse et la grâce de la jeunesse, il est naturel qu’il y ait admiré ces maîtres ; on comprend qu’il ait été possédé, au début, d’une certaine émulation pour rivaliser de jovialité et de gaudriole avec eux. […] XXXV Nous possédons quelques fragments de ce poème de Clovis et de ces Méditations, de ces élégies de Béranger de vingt ans.

223. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

J’en ai possédé un vivant qui l’était complétement ; et, à la dissection, il me parut que son état de cécité devait avoir eu pour cause une inflammation de la membrane clignotante. […] Ainsi, des Pins et des Rhododendrons, venus de graines recueillies par le Dr Hooker sur des sujets croissant sur l’Hymalaya à différentes hauteurs, se trouvèrent posséder à divers degrés la faculté de résister au froid. […] Mais nous n’avons pas le même droit pour supposer que leur choix a été déterminé par la faculté que possèdent ces animaux de supporter de lointaines transportations. […] À ce point de vue, la faculté que possède l’homme et ses animaux domestiques de supporter les climats les plus divers, et le fait que d’anciennes espèces d’Éléphants et de Rhinocéros ont été capables de supporter un climat glacial, tandis que les espèces vivantes sont aujourd’hui tropicales ou subtropicales, ne doivent pas être regardés comme des anomalies, mais comme des exemples d’une flexibilité de constitution très commune qui, dans des circonstances particulières, est amenée à entrer en jeu. […] Au contraire, chez une race qui n’a pas été croisée, mais chez laquelle les deux parents ont perdu quelque caractère possédé par un ancêtre commun, la tendance forte ou faible à reproduire le caractère perdu peut, ainsi que nous l’avons déjà vu, se transmettre pendant un nombre de générations presque indéfini.

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