À huit ans, comme Dante, il devint amoureux d’une enfant nommée Mary Duff. « N’est-ce pas étrange, écrivait-il dix-sept ans plus tard, que j’aie été si entièrement, si éperdument épris de cette enfant à un âge où je ne pouvais point ressentir l’amour, ni savoir le sens de ce mot ? […] Aucun de ces vins ne me fait beaucoup d’effet. » Plus tard, à Venise : « À peine si j’ai fermé l’œil de toute la semaine dernière. […] Plus tard et presque dans toutes ses œuvres, on en trouvera l’effet. […] Lui-même, un peu plus tard, laissant le masque d’Harold, reprenait son récit en son propre nom, et qui n’eût été touché d’aveux si passionnés et si entiers ? […] Il y en a une autre plus profonde que Goëthe a faite le premier, que nous commençons à soupçonner, où aboutissent tout le travail et toute l’expérience du siècle, et qui sera peut-être la matière de la littérature prochaine : « Tâche de te comprendre et de comprendre les choses. » Réponse étrange, qui ne semble guère neuve, et dont on ne connaîtra la portée que plus tard.
Il donna à Racine d’excellentes leçons de diction, — que Racine répéta plus tard à mademoiselle du Parc et à mademoiselle Champmeslé. […] Vous vous demanderez : « Pourquoi, plus tard, ne s’en est-il pas souvenu davantage ? […] Plus tard, il s’en repent, sans trop comprendre, parce qu’on lui a dit que ce n’était pas bien. […] Il ne pourra pas le saisir et l’étreindre avec amour, y souffler toute son âme (comme il le fera, plus tard, pour Andromaque). […] Plus tard, c’est la nourrice qui accuse Hippolyte : Phèdre la laisse faire, mais elle n’a plus sa tête et ne respire plus qu’à peine.
Et, même un peu plus tard, dans son Essai historique, il est beaucoup moins sévère, et pour Chamfort et pour les autres. […] Peut-être verrons-nous plus tard les raisons qu’elle en avait. […] D’autant que plus tard, et jusqu’à sa mort, un quasi nihilisme sera souvent chez lui comme à fleur de phrase. […] Il ne devait la revoir que vingt ans plus tard. […] (Constant n’est connu que plus tard comme écrivain).
Ce serait beaucoup exagérer que de croire qu’Aristote a confondu l’âme et le corps, comme l’ont fait plus tard de grossiers systèmes. […] Plus tard, il soutiendra qu’elle est une substance, qu’elle est en acte et non pas seulement en puissance ; mais nous verrons en quel sens il prête à l’âme la substantialité et l’énergie. […] Mais est-il équitable de juger Aristote par Descartes, et de mesurer ces antiques théories à des théories venues deux mille ans plus tard ? […] Aussi, sans s’expliquer avec autant de netteté que, plus tard, Descartes a pu le faire, Platon a-t-il pris, comme lui, l’âme réduite à la seule pensée pour le principe suprême de toute philosophie. […] Élève de Platon jusqu’à l’âge de quarante ans à peu près, plus tard mêlé aux affaires politiques de l’Asie Mineure et de la Macédoine, précepteur d’Alexandre, Aristote, selon toute apparence, ne publia pas un seul de ses ouvrages avant cinquante ans.
Avec moins de raisons de me tenir à l’écart que monseigneur l’évêque de Verdun, le sérieux de mon état me parais sait contraster avec cette gaieté habituelle, qui, au surplus, au dire de monsieur le curé de Saint-Roch, n’a jamais passé les bornes de la décence. » Nous aurons plus tard occasion de revenir sur cette indulgence du clergé et des personnes religieuses pour la malice innocente de Désaugiers, tandis qu’on était, au même moment, très en garde contre d’autres gaietés plus suspectes. […] J’ veux t’être épicurien, se disait plus tard Cadet Buteux dans la chanson. […] Un peu plus tôt, un peu plus tard, l’aimable société avait son terme marqué vers ce moment qui enleva plusieurs de ses principaux convives : l’un des Ségur mourut, l’aîné devenait maître des cérémonies ; Després, nommé secrétaire des commandements du roi de Hollande, et d’autres membres encore, appelés à de graves fonctions officielles, durent renoncer à des amusements qui semblaient incompatibles avec l’étiquette renaissante. […] Dans son enfance, on l’appelait Tonin, diminutif d’Antoine ; plus tard, en famille, on l’appelait Saint-Marc.
Elle aurait pu alors, comme sainte Thérèse, et un peu plus tard comme Mme de Chantal, trouver encore appui à l’une des colonnes subsistantes du grand édifice catholique ébranlé ; elle aurait rouvert une route monastique nouvelle dans la ligne encore indiquée des saintes carrières. […] Je ne lui aurais pas conseillé de venir plus tard, même au temps de l’adorable Fénelon, qui eût déjà un peu trop abondé en son sens et peut-être bercé sa chimère198. […] Il ne paraît pas que la Révolution française, en éclatant, ait dérangé la vie et la tournure, encore toute mondaine, de celle que plus tard les événements de la fin devaient tant exalter. […] Le séjour à Berlin, l’intimité avec la reine de Prusse, et les événements de 1806, y mirent le comble ; c’est vers ce temps, en Suède, je crois, au milieu d’une vie encore toute brillante, mais à l’âge où l’irréparable jeunesse s’enfuit, qu’une révolution s’opéra dans l’esprit de Mme de Krüdner ; qu’un rayon de la Grâce, disait-elle, la toucha, et qu’elle se tourna vers la religion, bien que pourtant d’abord avec des nuances légèrement humaines, et sans le caractère absolu et prophétique qui ne se décida que plus tard.
Mais il y a une autre raison qui rapproche de nous ses ouvrages : c’est qu’ils sont, comme je l’ai dit, profondément empreints du même esprit qui s’est développé plus tard. […] Et plus tard, dans sa longue carrière, quel mouvement a-t-il donné à sa patrie, aux jours d’action et de péril ? […] Mais, avant de se donner ce caractère d’un artiste qui s’attache exclusivement à l’art, faute d’une philosophie ; et qui, de dessein prémédité, se fait sceptique sans vouloir souffrir de son scepticisme, Goethe avait été naturellement ce qu’il se fit plus tard par la réflexion, c’est-à-dire qu’il avait été sceptique, mais avec douleur ; et c’est alors, c’est dans la virginité de son génie qu’il écrivit Werther. […] On sent déjà, dans Goethe écrivant Werther, le Goethe qui se montra plus tard.
On raconte, discrètement il est vrai, qu’il faisait à l’avance des cahiers d’expressions, qu’il emmagasinait sur de petites feuilles des alliances de mots ou des expressions qui l’avaient frappé dans ses lectures, et que, plus tard, il en saupoudrait ce qu’il avait écrit. […] si l’Académie avait, plus tard, remis au concours l’éloge de Montaigne et que Janin eût concouru, ce n’est plus Villemain qui aurait eu le prix. […] On ne comprenait pas alors ces deux choses qu’on a comprises plus tard et que Massieu et Fraguier n’avaient pas, ces Judas benêts de traduction ! […] Villemain, cet écolier aux études éclatantes, eut, dans le collège (ce collège qu’il traîna toujours un peu derrière lui dans le monde), le bonheur terrible d’une célébrité prématurée que souvent on paie cher cruellement plus tard… Il fut presque un enfant célèbre, — ce prodige qui est une monstruosité tout le temps qu’il dure, mais qui, quand il n’est plus, ne laisse après lui que d’incompréhensibles médiocrités.
Cowper se reprochait fort la perte de ces années décisives qu’il comparait, en langage des champs, au temps des semailles ; on n’a plus tard des gerbes qu’à ce prix : « La couleur de toute notre vie, pensait-il, est généralement telle que la font les trois ou quatre premières années dans lesquelles nous sommes nos maîtres. […] Cowper, alors âgé de vingt-deux ans, ne tint pas compte de ce qu’il jugea plus tard avoir été un appel et un avertissement ; il attribua bientôt l’amélioration de son état au simple changement d’air et aux divertissements du lieu, et il retourna à Londres reprendre sa vie, non pas licencieuse, mais gaiement dissipée et diversement légère. […] » Le ciseau et la scie étaient ses principaux outils, et il fabriquait « des tables comme on en peut voir, et des escabeaux comme il n’y en eut jamais. » Plaisantant plus tard sur les occupations de divers genres qu’il s’était créées à cette époque où il lui fallait échapper à tout prix aux inconvénients et aux dangers du rien faire, il disait encore : J’ai, dans cette vue unique, entrepris bien des métiers auxquels la nature ne m’avait pas destiné, quoique dans le nombre il y en ait où j’ai fait de remarquables progrès par la seule force d’une héroïque persévérance.
Votre sort est à peine ébauché, vous serez épouse et mère, et c’est dans le centre de ces heureuses affections que vous coulerez des jours dont le reflet encore suffira pour embellir ceux de vos amis. » A tout moment elle trahit son impétuosité de cœur, son fonds de nature première, avec une expansion que plus tard elle réprimera : «… Je suis plus difficile à guérir que le roi d’Angleterre (Georges III, qui avait des temps de folie) ; quel est donc votre talent si vous y réussissez ? […] ce n’est pas là un salon ; les quelques jeunes femmes qui y passent, avant de se rendre au bal sous l’aile de maris exemplaires, et qui viennent y recevoir comme une absolution provisoire qui, plus tard, opérera, ne me font pas illusion : c’est un cercle religieux, une succursale de l’église, — donnez-lui le nom que vous voudrez, — un vestibule du Paradis, « une maison de charité à l’usage des gens du monde. » Salon français de tous les temps, d’où me reviennent en souvenir tant d’Ombres riantes, tant de blondes têtes et de fronts graves ou de fronts inspirés, passant tour à tour et mariant ensemble tout ce qui est permis à l’humaine sagesse pour charmer les heures, enjouement, audace, raison et folie, — je ne te reconnais plus ! […] Ce serait inexplicable s’il n’y avait pas un peu d’éternité dans certains moments… » C’est du spirituel le plus raffiné, et l’éternité elle-même n’est là que pour servir à la coquetterie de l’esprit. — Leurs deux salons, leurs deux mondes plus tard restèrent en bonne intelligence, mais de loin, sans risquer de se heurter ni de se confondre ; ils ne se faisaient, en réalité, ni opposition ni concurrence.
Plus tard, Mme de Staël s’étonnait, au début de sa liaison avec Sismondi, qu’il ne fût point reçu dans le haut monde de Genève, quoiqu’il y eût tout droit par son éducation comme par sa naissance. […] Sa mère était une personne supérieure que Sismondi plus tard n’hésitera pas à comparer à Mme de Staël, non pour le génie et le brillant de l’esprit ; Mme de Staël l’emportait par ces côtés : « Mais ma mère, dira-t-il dans la conviction et l’orgueil de sa tendresse, ne le cède en rien ni pour la délicatesse, ni pour la sensibilité, ni pour l’imagination ; elle l’emporte de beaucoup pour la justesse et pour une sûreté de principes, pour une pureté d’âme qui a un charme infini dans un âge avancé. » Cette mère, femme d’un haut mérite et d’un grand sens, dominera toujours son fils, influera sur lui par ses conseils, le dirigera même à l’entrée de la carrière littéraire et, le détournant tant qu’elle le pourra des discussions théoriques pour lesquelles il avait du goût, le poussera vers les régions plus sûres et plus abritées de l’histoire7. […] Sismondi, en effet, aura beau écrire plus tard bien des pages.
L’évêque de Nantes, Duvoisin, avec ses principes gallicans ou semi-gallicans, n’est pas plus son homme que ne le seront plus tard tous ceux qui chercheront une voie moyenne. […] Toutes ces réflexions se mêlent, se croisent et se combattent dans mon pauvre esprit : je m’y perds, et je tâtonne dans des ténèbres profondes. » On ne saurait être mieux initié que nous ne le sommes maintenant aux fluctuations et aux perplexités qui précédèrent, — et plus tard (on le verra) aux regrets, aux sombres amertumes qui suivirent incontinent cette fatale détermination au sacerdoce ; car c’est ainsi qu’on a acquis le droit de qualifier une vocation qui parut au monde si ardente, qui fut de tout temps si inquiète et qui se trouva en définitive si fragile. […] A la manière dont il citera plus tard les poètes, Lucrèce ou Horace110, on voit qu’il se souciait assez peu de la prosodie.
Parmi les souvenirs lointains que s’efforçait plus tard de ressaisir Mme Valmore, il en était qui évidemment se confondaient pour elle avec la réminiscence, et qui dans leur vague formaient une sorte de légende. […] Ainsi lorsque plus tard, à l’Odéon (1813-1815), elle jouait dans un drame de Rigaud, Evelina, le Mercure la louait en ces termes : « Mlle Desbordes représente Evelina avec décence. […] Nous qui ne l’avons connue que plus tard, nous retrouvions Mme Valmore fidèle aux souvenirs et aux liaisons de sa première vie par quelques amitiés précieuses qu’elle en avait gardées et qui étaient des plus illustres dans leur genre.
Les conversions en masse et sans grand discernement devaient venir plus tard. […] Littré père avaient au moins quelque mérite à l’être ; car ils étaient deux (deux qui valaient, certes, à eux seuls tous ceux qu’on a plus tard vus éclore), son fils d’abord, puis l’intime ami de son fils, celui à qui je dois ces détails, notre respecté confrère M. […] Si plus tard le travail amena pour lui la fortune, ce fut à son insu, sans qu’il l’eût voulu et presque malgré lui.
Les Danaïdes, d’après une tradition, avaient été purifiées de leur crime par Hermès et par Athéné ; une fable plus sévère le leur fit plus tard expier aux Enfers. […] s’écriera, plus tard, le Prusias de Corneille. — « Ah ! […] Le Chœur s’écriera plus tard : « L’outrage aboie contre nous !
Ce jeune et consciencieux érudit a réuni en cinq volumes tous les documents positifs qui peuvent éclairer l’histoire de Jeanne d’Arc, particulièrement les textes des deux Procès dans toute leur étendue, du Procès de condamnation et de celui de réhabilitation qui eut lieu vingt-cinq ans plus tard. […] C’est cette première et naïve déposition de Jeanne dès le premier jour de son arrivée à la Cour, qui serait d’un inestimable prix ; car, bien qu’elle ait eu à répondre plus tard sur les mêmes questions devant les juges qui la condamnèrent, elle n’y répondit plus avec la même naïveté ni avec la même effusion qu’elle dut mettre dans cette déposition première. […] Elle-même, quand on lui présenta plus tard ses lettres dans la prison, elle eut peine dans son sang-froid à les reconnaître ; elle les avait bien dictées pourtant de la sorte.