Sauf l’exception et le phénomène d’un de ces développements inattendus dont quelques esprits (Balzac entre autres, et si glorieusement !)
… La chose allait jusqu’au phénomène.
Avant le xixe siècle, en effet, un homme comme Scudéry était un phénomène.
Il faut être précis, quand il s’agit d’un phénomène… M.
Des phénomènes observés dans les formes les plus élémentaires de la vie on ne peut dire s’ils sont encore physiques et chimiques ou s’ils sont déjà vitaux. […] Certes, des phénomènes de mouvement s’observent aussi chez les plantes. […] Inversement, on noterait dans une foule d’espèces animales (généralement parasites) des phénomènes de fixation analogues à ceux des végétaux 52. […] Ainsi, l’on enseignera que l’intelligence est essentiellement unification, que toutes ses opérations ont pour objet commun d’introduire une certaine unité dans la diversité des phénomènes, etc. […] Dans des phénomènes de sentiment, dans des sympathies et des antipathies irréfléchies, nous expérimentons en nous-mêmes, sous une forme bien plus vague, et trop pénétrée aussi d’intelligence, quelque chose de ce qui doit se passer dans la conscience d’un insecte agissant par instinct.
Les phénomènes intelligence, conscience morale, et tous les titres de noblesse énumérés dans le parchemin, auraient pu, sans doute, apparaître chez n’importe quelle autre espèce ; les oiseaux, dont l’évolution n’est pas finie, n’en seront peut-être pas exemptés. […] C’est un phénomène inévitable d’accommodation. […] Le même phénomène apparaît, quoique d’un ordre plus rassurant, quand la puissance intellectuelle s’exerce en même temps que la puissance génitale. […] Ainsi la physiologie a été longtemps ignorée, tandis que la curiosité se portait aux monstres ; le phénomène continu disparaît pour nos sens. […] Quant au sujet absolu, la substance, elle ne peut pas être dans les phénomènes extérieurs, autrement, elle serait conditionnelle et non pas absolue.
La découverte du feu fut d’abord un phénomène d’attention. […] Qu’est-ce que serait sans points fixes la vie, phénomène physique ? […] La vie est un phénomène fixe. […] Il se passe dans les êtres vivants des phénomènes qui étaient regardés comme très mystérieux. […] Il n’admet pas tout, et il assigne aux phénomènes qu’il réserve des causes purement humaines.
De cette contemplation de l’inconnu se dégage, dit Hugo, un phénomène sublime : « le grandissement de l’âme par la stupeur. […] Les astres lumineux ne sont que des points imperceptibles dans une immensité noire ; le jour n’est que le phénomène, exceptionnel dans l’univers, produit par le voisinage d’un astre, d’une « étoile », et qui cesse à une assez faible distance ; entre les astres, dans la grande étendue, règne la nuit. […] Comment peser des phénomènes Dont les deux bouts s’en vont bien loin des mains humaines, Perdus, l’un dans la nuit, et l’autre dans le jour ? […] Hugo affirme avec Spencer que « l’éclosion future du bien-être universel est un phénomène divinement fatal », et il s’imagine, en poète, que « cette éclosion est prochaine207 » !
La grande différence qu’il y a entre cet art-là et l’art classique ne serait-elle pas que l’art classique choisit le fait suprême, intense, où tous les semblables sont contenus, comme le moins dans le plus ; l’autre, au contraire, l’art réaliste ou naturaliste, quand il ne cesse pas d’être un art, choisit encore, mais choisit le fait moyen, rigoureusement équivalent, identique aux faits de la collection qu’il représente, n’ayant rien de plus, rien de moins, comme une expérience de physique ne doit rien contenir qui ne se retrouve dans toutes les apparitions ou reproductions du phénomène qu’elle manifeste ?
Lâche tremblant, toujours préoccupé de sa chère guenille et qui aime sa santé et sa maladie comme on aimerait deux filles, vous êtes entraîné, pour vous rendre les faits extérieurs intéressants, à les traduire, sadique inconscient, en phénomènes pathologiques.
Si le Christ reste pour moi le sauveur des hommes, je suis chrétien, lors même que je ne verrais aucun phénomène surnaturel dans sa mission et dans celle de ses apôtres.
Homère a peint trois phénomènes en deux vers.
Lui pourtant, qui accepte avec Spencer, contre Guyau, la théorie de l’art fin en soi, désintéressé, il sent bien que l’art doit avoir sa marque propre, que l’émotion esthétique se distingue en quelque chose des émotions ordinaires, et il recourt, pour se tirer d’embarras, à une hypothèse ingénieuse : « Nous croyons, écrit-il (p. 36), qu’il faudra à l’avenir distinguer dans l’émotion ordinaire (non plus esthétique) : d’une part, l’excitation, l’exaltation neutre qui la constitue, qui est son caractère propre et constant ; de l’autre, un phénomène cérébral additionnel, qui est l’éveil d’un certain nombre d’images de plaisir ou de douleur, venant s’associer au fond originel, le colorer ou le timbrer, pour ainsi dire, et produire la peine ou la joie proprement dites, quand elles comprennent le moi comme sujet souffrant et joyeux. » L’émotion esthétique aurait alors ceci de particulier, que, « tout en conservant intact l’élément excitation », elle « laisse à son minimum d’intensité l’élément éveil des images, etc. ».
La nature répugne à ces épouvantables phénomènes.
En a-t-il été de même pour Xavier Eyma, qui nous a donné une étude politique très consciencieuse, je le crois, sur L’Amérique, ses institutions et ses hommes, sur l’ensemble, enfin, d’un pays proposé depuis longtemps à l’admiration et à la stupéfaction de l’Europe comme un phénomène qu’elle doit envier et adorer, malgré ce qu’il peut avoir d’injurieux pour elle !
Ce fut, je crois, Philarète Chasles, qui, le premier, fut assez hardi pour, après la mort de l’énigmatique phénomène, écrire pour les yeux de tous ce qui n’avait jamais été dit tout bas qu’aux oreilles de quelques-uns.