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618. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Il n’eut pas seulement un prédécesseur de son nom, auteur de quelques froids sonnets, et cependant admiré jusqu’à la passion par une jeune fille poëte, qui voulut se nommer la Nina di Dante : il crut, dans sa jeunesse, avoir quelques rivaux de poésie, et ne laissa que bien tard échapper l’aveu qu’il espérait les effacer tous, comme le peintre Cimabué surpassait Giotto. […] Ce poëte, inexorable pour le vice, la cruauté, la bassesse, est un peintre sublime des plus douces vertus : il est, par moments, le moraliste mélodieux que charment l’innocence de la vie, la simplicité des champs, la pureté des mœurs antiques.

619. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Et, si quelque peintre les a fixés sur la toile, ce n’est donc point leur vrai visage qu’il nous a transmis, mais un visage arrangé par eux pour nous donner l’idée de tel ou tel personnage de théâtre… Il est de toute évidence que la tête de M. 

620. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Avec ce procédé, on condamnerait sommairement les trois quarts des peintres et la moitié des écrivains, je dis les meilleurs.

621. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Un magasin d’articles de toilette s’est ouvert à leur intention, galerie d’Orléans, au Palais-Royal, et des artistes peintres se font inscrire, sollicitant la gloire unique de les portraiturer.

622. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Mais s’inspirer d’un maître est une action non seulement permise, mais louable, et je ne suis pas de ceux qui font un reproche à notre grand peintre Ingres de penser à Raphaël, comme Raphaël pensait à la Vierge.

623. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Et néanmoins rendons justice à ce grand peintre de la nature : son style est d’une perfection rare.

624. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Supprime-t-on l’Ecole des beaux-arts et l’enseignement du dessin, parce que tel grand peintre de la Renaissance peignait à dix ans sans maître ?

625. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Dans la haute société, la mode est à Wagner ; pour les musiciens, la connaissance minutieuse de Wagner est un minimum : qui ne peut à l’occasion faire du Wagner ne sait pas son métier ; les littérateurs parlent de Wagner, le citent, s’en inquiètent ; les peintres et les sculpteurs savent qu’il existe. […] Voici les nôtres, nos Parisiens : un tas de boulevardiers d’abord, dont la blague, au seuil du temple, se fait presque respectueuse, puis nos jeunes romanciers, des peintres, des escouades de musiciens. […] Ami du peintre, il lui consacra une monographie en 1909 et Fantin-Latour l’a représenté à l’extrême gauche du tableau Les Wagnéristes (1885).

626. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Comme disait le vieux peintre David à ses élèves : « Mes amis, il faut être bien humbles devant la naturel » Nos jeunes gens n’ont point cette humilité ! […] Celui-là sera le peintre, le vrai peintre, qui saura arracher à la vie actuelle son côté épique, et nous faire voir et comprendre combien nous sommes grands et poëtiques dans nos cravates et nos bottes vernies.

627. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’étendue même du cadre accusait l’insuffisance du peintre. […] Il fallait oser dire : Non, le but de l’art n’est pas de reproduire la nature ; car Daguerre serait le premier des peintres ; c’est d’émouvoir l’âme en l’agrandissant. […] Votre toile, ô peintre des âmes, ce n’est pas cette feuille de papier que noircit votre plume, ce n’est pas cette scène de planches où marchent vos personnages, c’est l’âme du spectateur.

628. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Élodie avoue au peintre qu’elle lui a donné un prédécesseur : c’est en réalité un petit clerc de procureur, qui l’a quittée pour se consacrer à une femme mûre. […] Peintre exotique d’un prodigieux éclat dans les Natchez, il n’a rien mis au-dessus d’Athènes et de Sparte, de Rome, de Naples et de Venise. […] Barrès la soupçonne d’avoir contribué à la maîtrise de ce grand peintre dans un art où apparaîtraient, à côté du catholicisme à l’espagnole, des traces de la domination arabe. […] Ce sont des paysages à figures, comme ceux des peintres de l’école traditionnelle. […] Romain Rolland est un merveilleux peintre de sentiments, un véritable poète du cœur.

629. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Qui croira que Fréron fut mis un jour à Vincennes pour avoir, non pas même écrit, mais laissé dire d’un peintre, et par un autre peintre, que ses terrains « semblaient peints au caramel » ? […] Juger des sujets, c’est sa partie, fournir des sujets aux peintres dans l’embarras, c’est devenu sa spécialité. […] Ce sont des hommes dans la force de l’âge, et par conséquent dans la maturité de l’orgueil : le peintre les a placés aux deux extrémités de la toile. […] Est-ce à dire que la pensée soit interdite aux peintres ? […] Qu’est-ce que le beau, par exemple, pour l’œil de l’artiste, peintre ou sculpteur ?

630. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

J’aurais peur d’exprimer tout haut mon admiration ou mon blâme, en présence d’un peintre. […] Je sais des peintres qui ont autrement d’idées, de conceptions, de connaissances de la beauté délicate que d’autres peintres dont les tableaux moins riches iront à la postérité. […] Il y avait à Munich un peintre nommé Diefenbach. […] Au lieu de payer un peintre pour le faire, il le fit lui-même. […] De leur côté, les sculpteurs, les dessinateurs, les peintres, les musiciens sont légion.

631. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Les peintres vantent ce qu’ils appellent, dans le trivial argot du métier, la patte et le chic ; les poètes vantent la rime riche. […] Au contraire, dans les grandes jouissances de l’art, voir et faire tendent à se confondre ; le poète, le musicien, le peintre éprouvent un plaisir suprême à créer, à imaginer, à produire ce qu’ils contemplent ensuite. […] Un faucheur habile peut être aussi élégant en son genre qu’un danseur : un peintre représentera même plus volontiers l’un que l’autre. […] Entre les perceptions de la vue et les pensées, il existe une secrète harmonie que les poètes et les peintres ont toujours respectée. […] Pourquoi l’Espagne, cette nation à la tête étroite et dure, a-t-elle aussi ses grands peintres, et parmi eux un Murillo, — un mystique, à qui les nudités semblent avoir fait peur ?

632. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Le peintre David n’a peut-être pas vu tant de malices dans cet élan, où l’homme passionné, aimant, amoureux, apparaît sous le masque romain de l’empereur. […] Nul peintre n’a fixé en nuances plus roses la lumineuse féerie de Jeypore. […] André Chevrillon un peintre frissonnant du mobile univers. […] Les plantations de riz sont diaprées comme la palette d’un peintre. […] Malheureusement la nature prodigue ses trésors en pure perte, lorsque sa beauté n’est point rehaussée par le sublime commentaire des poètes et des peintres.

633. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Pourquoi les peintres à la plume n’ont-ils pas le privilège des rois de la palette qui ont rempli les musées de leurs portraits peints par eux-mêmes ? […] Aimez-vous mieux une autre comparaison, celle qui assimile le critique au peintre ? […] Quelquefois le peintre, à force de menues touches, arrive, je ne dis pas sans le savoir, à faire grimacer ses modèles. […] « Nous sommes tous les jouets des mobiles apparences », ainsi que disent les sages. — Or s’il n’était qu’une ombre de peintre qui de l’ombre d’un pinceau a cru esquisser le portrait d’une ombre ! […] Vous prouverez ainsi au peintre et au modèle qu’il y a sous l’apparence quelque réalité.

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