Néanmoins, comme nos variétés reviennent certainement en quelques occasions aux caractères de leurs ancêtres, il ne me semble pas improbable que, si nous pouvions réussir à naturaliser ou même à cultiver, pendant de longues générations, les différentes races du Chou, par exemple, en un sol très pauvre, elles ne revinssent, jusqu’à certain point ou même complétement, au type sauvage originel ; mais, en pareil cas, il faudrait encore attribuer quelque effet à l’action directe de la pauvreté du sol. […] Nul ne pourrait espérer de produire une poire fondante du premier choix avec le pépin d’une poire sauvage, quoiqu’il fût possible d’y réussir au moyen d’une pauvre semence croissant à l’état sauvage, mais provenant d’une tige cultivée. […] Certains ouvrages d’horticulture s’étonnent de la merveilleuse habileté des jardiniers qui ont produit de si magnifiques résultats avec d’aussi pauvres matériaux ; mais aucun d’eux n’a eu la conscience des transformations lentes qu’il contribuait à opérer. […] C’est d’après ce principe que Marshall a remarqué que dans le comté d’York, où les Moutons appartiennent à de pauvres gens et ne forment généralement que de petits troupeaux, ils ne sont pas susceptibles d’améliorations. […] Je ne doute nullement que certains animaux domestiques ne varient moins que d’autres ; cependant la rareté ou l’absence de races distinctes, chez le Chat, l’Âne, le Paon, l’Oie, etc., provient surtout de ce que l’action sélective n’est jamais intervenue : chez les Chats, à cause de la difficulté de les apparier à son gré ; chez les Ânes, parce qu’ils sont toujours possédés en petit nombre par de pauvres gens qui font peu d’attention à leur reproduction, car récemment, en certaines provinces d’Espagne et des États-Unis, ces animaux ont été modifiés et améliorés d’une façon surprenante par une sélection soigneuse ; chez les Paons, parce qu’ils sont difficiles à élever et qu’on ne les garde jamais par grandes troupes ; chez les Oies enfin, parce qu’elles n’ont de valeur que pour leur chair ou leurs plumes, et plus encore, parce que nul n’a jamais trouvé plaisir à élever ou rassembler diverses races de ces animaux ; mais il faut dire aussi que l’Oie semble avoir une organisation singulièrement fixe58.
Il venait de donner l’aumône à un pauvre. Un instant après, le pauvre court après lui, et lui dit : Monsieur, vous n’aviez peut-être pas dessein de me donner un louis d’or, je viens vous le rendre. — Tiens, mon ami, dit Molière, en voilà un autre. ; et il s’écria : Où la vertu va-t-elle se nicher ! […] À la première représentation du Festin de Pierre de Molière, il y avait une scène entre Don Juan et un pauvre. Don Juan demandait à ce pauvre, à quoi il passait sa vie dans la forêt. À prier DIEU, répondait le pauvre, pour les honnêtes gens qui me donnent l’aumône.
pauvre Muse, de se dire ainsi tout ce qu’on pense ! […] Combien de pauvres âmes eussent souhaité être à ma place ! […] Une pauvre vie, une vie tout de même ; le roman d’une pauvre vie, mais d’une vie ! […] Pauvre petite femme ! […] Dans les deux Éducations, l’un est riche et l’autre pauvre.
Le génie doit être une victime ; l’écrivain doit être pauvre. […] A l’heure actuelle, ceux qui enterrent une seconde fois les morts en enterrant leurs papiers n’ont d’autre but que de ménager un pauvre petit intérêt éphémère, que, dans leur bêtise, ils croient important. […] Non, l’écrivain ne doit pas « crever de faim » ; être dépossédé, bafoué et pourchassé comme un pauvre d’esprit. […] L’Etat est trop pauvre pour acheter tout ce qui le mériterait. […] Je vois cependant d’autres moyens de venir en aide aux écrivains pauvres.
Champfleury Le pauvre Bertrand mourut à l’hôpital, enlevé par la phtisie qui a dévoré tant de poètes ; mais son œuvre est restée pure, d’un travail qui fait penser aux admirables coupes de jade de la Chine.
Il y a une grande variété d’actions, de physionomies, et de caractères dans tous ces petits fripons dont les uns occupent cette pauvre Marchande de marrons, et les autres la volent.
Et cette demoiselle de Sens, qui fait égorger par son garde-chasse un pauvre paysan qui chaumait dans les champs un jour avant la permission elle verra à toute éternité couler sous ses yeux le sang de ce malheureux. — À toute éternité, c’est bien longtemps.
Je ne sais qui c’était, mais de tous ces pauvres cordons qu’on voit dans nos rues traîner leur misère et l’ingratitude de la nation, je n’ai pas de mémoire d’en avoir vu un plus plat de physionomie.
La première découverte que fit Victor Jacquemont après avoir parcouru pendant quelques jours les salons anglais de Calcutta, ce fut qu’avec sa lettre de change de six mille francs, il était effroyablement pauvre. […] Le soir, tous ces pauvres diables soupent comme ils peuvent, puis se couchent autour de la tente de leur seigneur, et dorment habituellement d’un profond sommeil, pendant que d’honnêtes Sipahis font sentinelle a la porte. […] que vous êtes aimés de votre pauvre Victor ! […] c’est enfin, à la bizarrerie près, une femme si séduisante que la princesse de Cavalcanti, que vraiment je tremble pour le cœur de notre pauvre Julien, échappé si jeune, si pur, si bon catholique des bras de son vieil instituteur, un vertueux curé de Basse-Normandie. […] Une passion profonde, dévorante, s’empara de toutes ses facultés, et il n’était pas encore au bout des six mois que devait durer cette rude épreuve, qu’il était fou d’amour, le pauvre enfant !
Par cette facilité de mœurs, semblables à de pauvres petits enfants trop corrigés et rendus timides, quoique d’un naturel excellent, nous prenons l’importance pour le mérite et la modestie pour insuffisance. […] Tous deux ont les plus petits districts qu’on puisse avoir à gouverner, chacun suivant leurs titres ; tous deux sont bienfaisants ; ils donnent aux pauvres tout ce qu’ils peuvent donner, et avec grande intelligence ; ils inspirent à leurs peuples la vertu par l’exemple ; ils réussissent à la police par les soins ; ils encouragent leur travail, et avec cela sont très honorables quand il le faut. […] Lui, il était plutôt un adversaire de la noblesse, bien que la sienne fût bonne, et il n’entrait pas dans les doléances qu’il entendait faire autour de lui : « Les gentilshommes, disait-il, qui se plaignent en leur qualité de n’être pas assez accommodés des biens de la fortune, sont de pauvres brochets de l’étang qui n’ont pas assez de carpes à manger ; non, il n’y a à plaindre que ceux qui manquent selon la nature. » D’Argenson aimait à la fois la royauté et le peuple ; il voulait le bien du public, sans être pour cela républicain : « Les républiques n’ont point de tête ; les monarchies n’ont bientôt plus de bras, car la tête les énerve.
La technique a changé depuis Boileau, et notre oreille habituée au vers romantique, au vers parnassien, et que n’étonne déjà qu’à demi le vers symbolique, estime le vers classique un bien pauvre et maigre instrument. […] S’est-on assez moqué de cette pauvre satire II, avec son légendaire combat de la rime et de la raison ? […] L’invention est pauvre : mais n’ai-je pas dit que Boileau n’inventait pas ?
La foule, d’ailleurs, hurlait dans les couloirs, écrasée à des portes closes, et deux pauvres petites danseuses brûlaient dans leurs loges, cernées par l’envahissement de la fournaise. […] Seul, Albert de Lasalle continua d’associer le mort et le vivant : il avait la rancune ample et synthétique ; Berlioz et Wagner, c’était tout un pour le pauvre garçon. […] Nous eûmes alors les larmes de crocodile de Jouvin, les hommages jaculatoires — « pauvre Berlioz !
C’est là qu’il résida durant quatorze ans, éloigné de sa famille, sevré dans ses affections les plus chères, ayant à traverser les années terribles de l’Empire et à subir le contrecoup de chaque victoire pauvre, payé à peine par son souverain, averti à chaque instant de sa situation précaire, manquant quelquefois de pelisse pendant l’hiver et d’un secrétaire au logis, mais jouissant personnellement d’une considération et d’une estime qui eût honoré toutes les disgrâces. […] Cet esprit puissant, si élevé de pensée et, par moments, si altier de doctrine, ce patricien entier et opiniâtre, pauvre alors et réduit en secret aux gênes les plus dures, bien qu’ambassadeur et dans une sorte de pompe officielle, me touche doublement avec son sentiment profond de famille et ses vertus patriarcales. […] Mais la lettre est à peine écrite, que cette vieille amie meurt, et M. de Maistre répond au comte Golowkin, leur ami commun, qui lui avait appris cette triste nouvelle : Vous ne sauriez croire à quel point cette pauvre femme m’est présente ; je la vois sans cesse avec sa grande figure droite, son léger apprêt genevois, sa raison calme, sa finesse naturelle et son badinage grave (quel admirable portrait !).
Ce fut un autre contretemps pour La Harpe pauvre, et « qui est, dit Collé, un des auteurs les plus mal à l’aise », de prendre femme vers ce moment de Timoléon. […] J’ai mangé d’un succulent potage, deux côtelettes panées à la minute, l’œil et les abat-joues de cette tête de veau si blanche, ce morceau de brochet du côté de l’ouïe que vous m’avez servi vous-même : je n’ai rien refusé parce qu’il faut que la volonté de Dieu et des jolies femmes soit faite ; j’ai fait honneur aux trois services : en un mot, j’ai dîné, moi indigne, comme aurait pu le faire un ancien prélat, et voilà cependant (ici les pleurs redoublent) que je songe à quelles cruelles privations sont exposés tant de pauvres prêtres sans dîmes, de chanoines sans bénéfices, qui n’ont peut-être pas une omelette au lard, et qui dîneront mal d’ici à l’éternité, si la Providence ne vient à leur secours. […] il faudra boire peut-être de ces malheureux vins (vous en avez des meilleurs crus), tandis que ces pauvres prêtres… — Mais le Seigneur n’abandonnera pas les siens. — Vous me forcerez peut-être à prendre le café (c’est du moka, sans doute) : au moins qu’il soit servi bien chaud… Les malheureux, s’ils savaient combien je partage leurs peines !
Sa vie aventureuse et romanesque a prêté à des Mémoires apocryphes fabriqués de son vivant, et qu’il put lire lui-même en haussant les épaules de pitié : Ce sont de pauvres gens, écrivait-il à son frère (26 septembre 1741), que ces prétendus historiens, qui sans doute payent leurs hôtes et s’habillent à mes dépens. […] Il y a d’elle des lettres tout ardentes et passionnées ; cette pauvre jeune femme malade s’exalte et se dévore dans la solitude : Non, je ne m’en plains pas, dit-elle ; quoique je sois dans une situation affreuse, je ne saurais regretter la tranquillité de la vie qui l’a précédée. […] N’oubliez pas, je vous conjure, votre pauvre petite femme, et songez que je suis, ainsi que j’ai déjà dit, dans un état qui mérite votre compassion.
Barbé-Marbois, de retour en France, fit bâtir à la pauvre folle, qui ne pouvait plus voir un homme, sans avoir une attaque de nerfs, une petite maison au bout de sa propriété, et de temps en temps, il allait voir sa femme par-dessus le mur, monté sur une échelle. […] C’est la loge de Madeleine Brohan, rappelant la chambre bourgeoise d’une femme de 1840, avec son élégance vieillotte, sa perse pauvre, ses photographies encadrées. […] Une pauvre rue se cotisant pour qu’un vieux de cette rue, un vieux que tout le monde aime, ait une consultation de Charcot et faisant cent francs, que le mieux habillé de la rue va porter à l’illustre médecin.