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2277. (1772) Éloge de Racine pp. -

Quant au second reproche, que l’on se souvienne que Louis XIV, qui mettait tant de grace dans ses actions et dans ses paroles, avait le précieux talent de se faire aimer de ceux qu’il obligeait ; que l’on songe qu’il est bien naturel de chérir son bienfaiteur, quoique ce bienfaiteur soit un roi, et l’on sentira que la douleur de lui avoir déplu était d’autant plus louable dans un sujet, que c’était le monarque qui avait tort.

2278. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Songez que ces mêmes paroles que vous venez de prononcer et que nous insérerons dans nos registres, plus vous aurez pris de peine à les peser et à les choisir, plus elles vous condamneraient un jour si vos actions s’y trouvaient contraires, si vous ne preniez à tâche de joindre la pureté des mœurs et de la doctrine, la pureté du cœur et de l’esprit, à la pureté de style et du langage, qui ne sont rien, à bien prendre, sans l’autre. » Voilà le ton de M. de La Chambre parlant à La Fontaine.

2279. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Enfin l’action de recueillir les lettres, et d’en faire comme un faisceau pour former chaque parole, fut appelée legere, lire.

2280. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Il connut, suivant la forte parole de M.  […] Il a maintenant besoin de modifier son front et d’utiliser, au moins en paroles, cet individualisme qu’il répudiait tout à l’heure lorsqu’il combattait les champions du pur qualitatif et de l’irrationnel sans nuances. […] On l’a bien vu dans le Journal des Goncourt, qui ont voulu et cru reproduire sténographiquement telles ou telles paroles d’un Renan ou d’un Taine, mais en ont donné une impression fausse, parce qu’ils n’ont pas compris ni rendu la couleur et l’atmosphère qui en précisaient la signification ou la portée. […] D’autres prendront ou ont déjà pris la parole après Bergson. […] Ce Saint-Phlin pousse l’amour de sa petite patrie jusqu’à de pénibles injustices pour la grande, et l’on trouverait des paroles inquiétantes dans des passages où ce n’est plus Saint-Phlin qui parle, mais Barrès lui-même.

2281. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

4° Mais voici tout d’un coup qu’une parole enflammée se fait entendre : c’est celle de l’auteur du Discours sur l’origine de l’Inégalité parmi les hommes ; et ce Discours est suivi de la Lettre sur les Spectacles, de la Nouvelle Héloïse, de l’Émile, du Contrat social ; autant d’écrits qui peuvent d’ailleurs avoir d’autres qualités, mais dont la première est d’être les modèles d’une éloquence nouvelle. […] C’est que toutes ces figures expriment les rapports secrets de la parole avec la pensée ; c’est que la métaphore est le procédé naturel de fructification ou d’enrichissement du langage ; et c’est enfin qu’une hyperbole ou une litote, qui différencient du tout au tout la nuance d’un même sentiment ou d’une même idée, ne sont pas seulement de la rhétorique : elles sont de la psychologie. […] L’ode, d’un grave pied, plus nombreuse et pressée, Aux dames et seigneurs par toi soit adressée… Si tu veux sur le jeu de nouveau mettre en vue Une personne encor sur la scène inconnue, Telle jusqu’à la fin tu la dois maintenir… Quand vous voudrez les rois à vos chants amuser, De paroles de soie il faut toujours user… La brave tragédie au théâtre attendue, Pour être mieux du peuple en la scène entendue, Ne doit point avoir plus de cinq actes parfaits… Et je vois poindre là ce que je vous disais : la tendance à transformer en lois ou en règles des genres les observations qu’on a faites sur le genre de plaisir dont l’Ode ou la Tragédie pouvait être la cause. […] Rappelez-vous, à ce propos, les paroles de Racine, dans la préface de son Iphigénie. « J’ai reconnu avec plaisir par l’effet qu’a produit sur notre théâtre tout ce que j’ai imité ou d’Homère ou d’Euripide, que le bon sens et la raison étaient les mêmes dans tous les siècles. […] Et, comme les morts eux-mêmes ne laissaient pas de porter ombrage à son amour-propre, c’est ainsi que Voltaire prenant peur de la gloire de Shakespeare, on l’en crut sur sa parole ; et, perdu pour l’art dramatique, le profit qu’on eût pu tirer de la connaissance du théâtre anglais le fut également pour la critique française.

2282. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Là, la vie est plus longue, le soleil plus lent, les journées plus belles, les nuits plus douces, et naturellement, sans effort, la parole écrite s’exhale comme un parfum d’encensoir qui brûle tout seul. […] Tes paroles embaument cette retraite comme les roses de l’Yémen. » Et Yelléda : « As-tu entendu le gémissement d’une fontaine et la plainte d’une brise dans l’herbe qui croît sous ta fenêtre ? […] Dix paroles échangées suffisent à des esprits doués de ce sens mystérieux de l’art pour se comprendre comme s’ils se servaient d’un langage ignoré des autres. » On ne peut aimer Loti que si l’on possède ce don mystérieux dont parle avec tant de justesse l’auteur de Notre-cœur et de la Vie errante. […] L’auteur des Poèmes de Provence a ainsi semé lui-même ses vers comme des germes féconds, en France, en Hollande, en Suisse, appelé par des étudiants ou des sociétés avides de sa parole, chaque fois entouré, applaudi, remercié par d’enthousiastes acclamations. […] Ce n’est pas par des sollicitations pressantes qu’il fit des victimes ; ce qui les a attirées, c’est son talent plus que sa parole et la lecture de ses livres avant la fréquentation de sa personne.

2283. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  Pourtant c’est un mensonge1253 ; … mais je n’aime pas ces mensonges qui ressemblent à la vérité. » Dangereuses paroles qui se retournaient contre lui comme un poignard ; mais il aimait le danger, le danger mortel, et ne se trouvait à son aise qu’en voyant se hérisser autour de lui les pointes de toutes les colères. […] C’est depuis trente ans seulement que l’ascendant de la classe moyenne a diminué les priviléges et la corruption des grands ; mais à ce moment on pouvait leur jeter de rudes paroles à la tête. « La pudeur, disait Byron en prenant les mots de Voltaire, s’est enfuie des cœurs et s’est réfugiée sur les lèvres… Plus les mœurs sont dépravées, plus les expressions sont mesurées ; on croit regagner en langage ce que l’on a perdu en vertu… Voilà la vérité, la vérité sur la masse hypocrite et dégradée qui infeste la présente génération anglaise ; c’est la seule réponse qu’ils méritent… Le cant est le péché criant dans ce siècle menteur et double d’égoïstes déprédateurs. » Et là-dessus il écrivit son chef-d’œuvre, Don Juan 1301.

2284. (1886) Le naturalisme

Il faut être ignorant comme un maître d’école Pour se flatter de dire une seule parole Que personne ici-bas n’ait su dire avant vous. […] Le saint voit défiler devant ses yeux éblouis, toutes les séductions de la chair et de l’esprit, tous les pièges que le démon peut tendre aux sens, au cœur et à l’intelligence, et, de la Reine de Saba aux Sphinx et à la Chimère, de la déesse Diane aux hérétiques Nicolaïtes, tous le troublent de leurs paroles ou de leur aspect. […] L’idée éveillée subitement au choc de la sensation, — cela est indubitable, — parle un langage beaucoup moins artificiel que celui que nous employons en la formulant au moyen de la parole.

2285. (1864) Études sur Shakespeare

On se tromperait si l’on mesurait le despotisme d’Élisabeth aux paroles de ses flatteurs ou même aux actes de son gouvernement. […] La reine imposait silence aux Communes qui la pressaient sur le choix d’un successeur ou sur quelque article de liberté religieuse ; mais les Communes s’étaient assemblées ; elles avaient parlé ; et la reine, malgré la hauteur de ses refus, prenait grand soin de ne pas donner sujet à des plaintes qui auraient pu augmenter l’autorité de leurs paroles. […] L’impétueuse préoccupation de Hotspur est plaisante quand elle l’empêche d’écouter toute autre voix que la sienne, quand elle met ses sentiments et ses paroles à la place des choses qu’on veut lui dire, et qu’il a dessein d’apprendre ; elle devient sérieuse et fatale quand elle lui fait adopter, sans examen, un projet dangereux qui le saisit tout à coup de l’idée de la gloire.

2286. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il y adhéra pourtant, en paroles sonores, que certains de ses actes contredisaient. […] » Paroles dont il m’est parfois souvenu, qui s’appliquent à tant de choses, et tout spécialement à tant d’ouvrages des littératures contemporaines ! […] Un par un, hommes et femmes, les voilà tous, dont il sent le souffle monter vers lui, moins détestable que leurs paroles impures, mornes litanies du péché, mots souillés depuis des siècles… passant de la bouche des pères dans celle des fils, pareils aux pages d’un mauvais livre, et que le vice a marquées de son signe — contresignées dans la crasse de milliers de doigts. Elle monte, cette parole, elle recouvre peu à peu le saint de Sambres… Sitôt le souffle revenu, vous les verrez, ces affreux enfants chercher, tâter des lèvres la hideuse mamelle que Satan presse pour eux, gonflée du poison chéri !

2287. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Les paroles de début, à cette séance d’ouverture : « Je suis père de famille et j’habite à la campagne », furent couvertes d’applaudissements subits et provoquèrent un enthousiasme sentimental que le reste de la leçon justifia médiocrement.

2288. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

La même tolérance respectueuse fut garantie par les vainqueurs dans toutes les villes grecques chrétiennes de l’empire ; nul ne fut ni persécuté ni contraint pour cause de religion ; les chrétiens furent seulement obligés de respecter eux-mêmes dans leurs actes et dans leurs paroles le culte mahométan.

2289. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Tel négociant aura pour ses affaires une morale commerciale, une morale religieuse en ce qui concerne le culte, les paroles à prononcer en des circonstances précises, une morale mondaine qu’il emploiera avec ses amis, et bien d’autres encore.

2290. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Mes vieux prêtres, dans leur lourde chape romane, m’apparaissaient comme des mages, ayant les paroles de l’éternité ; maintenant, ce qu’on me présentait, c’était une religion d’indienne et de calicot, une piété musquée, enrubannée, une dévotion de petites bougies et de petits pots de fleurs, une théologie de demoiselles, sans solidité, d’un style indéfinissable, composite comme le frontispice polychrome d’un livre d’Heures de chez Lebel.

2291. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Il avait peu de culture littéraire, mais sa parole était pleine de saillies inattendues.

2292. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

M. de Mayran, autre Savant de ce Cercle qui vivoit alors, prit ensuite la parole : Les ennemis de M. de Voltaire ont beau dire & beau faire, dit-il, ils ne viendront jamais à bout de lui ôter le mérite de l'universalité des talens.

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