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2028. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

C’est le cri de l’âme, c’est l’envolée de la conscience, c’est une mélodie extra-humaine, toute de sensation, de raffinement, qui parle aux cœurs ensevelis dans le scepticisme égoïste du siècle, et qui fait, sous sa joie aiguë, jaillir la douleur. […] Ses Névroses sont contagieuses ; elles donnent réellement des névroses à ceux qui parlent d’elles.

2029. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Pour ne parler que de la littérature, c’est un curieux spectacle bien digne de pitié ou de raillerie que celui des conclusions contradictoires où peuvent aboutir des écrivains de talent et de bonne foi traitant de la même époque. […] Mais c’est à condition que les choses parlent d’elles-mêmes, qu’elles imposent sans y tâcher des conclusions démontrables !

2030. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

Nous ne parlerons pas de ses Ecrits polémiques ; ils sont assez connus. […] Ce n’est pas ici le lieu d’en parler ; on en trouvera le détail dans le Recueil qui a pour titre : Lettres, Mémoires & Négociations particulieres du Chevalier d’Eon, en un vol.

2031. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Il touche, il intéresse ; il parle continuellement au cœur, & le gagne. […] Il parle, il écrit tant contre son rival, que celui-ci perd enfin patience, & repousse les injures par des injures.

2032. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Les musiciens, c’est Quintilien qui parle, ayant divisé en cinq échelles dont chacune a plusieurs dégrez, tous les sons qu’on peut tirer de la lyre, ils ont placé entre les cordes qui donnent les premiers tons de chacune de ces échelles, d’autres cordes qui rendent des sons intermediaires, et ces cordes ont été si bien multipliées que pour passer d’une des cinq maîtresses cordes à l’autre, il y a autant de cordes que de degrez. […] Or on voit bien que le chant vitieux dont on vient de parler, ne sçauroit être imputé aux acteurs de l’antiquité.

2033. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Conversationniste éblouissant, qui parle comme il écrit et qui écrit comme il parle (et quand on a dit cela on ne sait pas ce que l’on a vanté le plus de sa conversation ou de son style), cet esprit multicolore a toujours eu la facilité du génie, même les jours où il n’en eut pas la puissance.

2034. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

En décembre 1774, à Fontainebleau, où tous les soirs la reine tient son jeu, « l’appartement, quoique vaste, ne désemplit pas… La presse est telle, qu’on ne peut parler qu’aux deux ou trois personnes avec lesquelles on joue ». […] À parler exactement, c’est le métier d’un acteur qui toute la journée serait en scène. […] Et je ne parle pas ici des Bouret, des Beaujon, des Saint-James, et autres bourreaux d’argent dont l’attirail efface celui des princes. […] La politique qui avait établi la cour prescrivait le faste. « C’était lui plaire, que de s’y jeter en habits, en tables, en équipages, en bâtiments, en jeu ; c’étaient là des occasions pour qu’il parlât aux gens199. […] Au chapitre d’Ottmarsheim en Alsace, « nos huit jours, dit une visiteuse, se passèrent à nous promener, à visiter le tracé des voies romaines, à rire beaucoup, à danser même, car il venait beaucoup de monde à l’abbaye, et surtout à parler de chiffons ».

2035. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

ses directeurs parlent déjà, pour dans dix-huit mois, de Goetterdaemmerung et du Rheingold. […] Elles le connaissaient : elles lui parlèrent. […] Ses personnages parlent peu de leurs affaires, n’y songeant point : ils vivent cependant une intense et délicieuse vie. […] Elle parle avec une lente pitié : elle répond : « Les sagaces exspectations, en vérité ! […] Transporté à la vision constante d’un monde supérieur, il ne parle point, ou prononce des mots qu’on ne peut comprendre.

2036. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Le droit de parler appartient à tous les hommes, et surtout à moi, car c’est à moi qu’appartient par ma naissance l’autorité dans cette maison !  […] Il parle avec une éloquence modeste des maux que les prétendants font souffrir à sa mère, à lui, à son pays. […] Télémaque l’appelle dans le cellier et lui parle en ces mots : « Nourrice ! […] « Né d’un père prudent, dit Ménélas au jeune homme, vous parlez avec prudence. […] Nous avons passé la soirée à parler des exploits d’Ulysse.

2037. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Des hommes qui se croiraient tenus de proportionner le châtiment à l’offense, s’ils avaient affaire à un coupable, vont tout de suite jusqu’à la mise à mort de l’innocent quand la politique a parlé. […] Le citoyen ainsi défini est à la fois « législateur et sujet », pour parler comme Kant. […] Nous parlons d’une forêt où l’on chasse, d’un lac où l’on pêche : il pourra aussi bien être question de terres à cultiver, de femmes à enlever, d’esclaves à emmener. […] On a souvent parlé des alternances de flux et de reflux qui s’observent en histoire. […] Nous parlons au figuré, cela va sans dire.

2038. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

        Parle : es-tu ton propre géant ? […] Mais est-il exact de dire que M. de Lamartine parle des autres ? […] Il a parlé à une génération désabusée et fatiguée un noble langage. […] Parlerai-je du style de M.  […] Parlerai-je du style de ces ouvrages ?

2039. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Nous parlerions de lui et de tant de personnes que nous avons connues, et de tant d’événements auxquels nous avons été mêlés. […] Nous parlerions aussi des jugements auxquels je dois m’attendre de la part des générations qui suivront la nôtre. […] Enfin nos conversations rouleraient sur vous, sur votre famille, le nombre de vos enfants, leur établissement, toutes choses auxquelles je prends un intérêt sincère, et dont je suis réduit à ne vous parler que de très loin, puisque vous habitez sur les bords du Mein, et moi les bords de la Loire, et que de plus je suis né en 1754. […] « Dominé par l’honneur et l’intérêt du prince, par l’amour de la liberté fondée sur l’ordre et sur les droits de tous, un ministre des affaires étrangères, quand il sait l’être, se trouve ainsi placé dans la plus belle situation à laquelle un esprit élevé puisse prétendre… » L’idéal est magnifique, et à la façon dont il en parlait, on était tenté de croire qu’il l’avait autrefois rempli de tout point dans la pratique. […] Lorsqu’on crut qu’il n’y avait plus à différer, la petite-nièce du mourant, celle dont il parlait avec tant de prédilection dans une de ses lettres, et qui était « l’idole de sa vieillesse », s’approcha de l’abbé Dupanloup présent, lui demanda sa bénédiction, et forte de ce secours, prenant (comme on dit) son courage à deux mains, elle entra dans la chambre du malade.

2040. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Car tout lui parle ; si l’unique et brillante pensée ne tient plus son cœur, il n’est non plus indifférent à rien. […] Et pourtant l’art est quelque chose ; la gloire a ses droits ; elle parle aussi à son heure, même aux plus négligentes de ces divines natures. […] … Mais la société reprend ses droits, le devoir parle, l’idylle n’a eu qu’un jour. […] Cette lutte et ce contraste ont un grand charme ; et le petit nombre de Poëmes méditatifs dont je parle n’ont pas été assez distingués et loués comme des exemples excellents, selon moi, d’un genre si précieux de poésie. […] Or, Wordsworth nous parle ainsi de la cabane du Highlander : Elle est bâtie en terre, et la sauvage fleur  Orne un faîte croulant ; toiture mal fermée, Il en sort, le matin, une lente fumée, (Voyez) belle au soleil, blanche, et torse en vapeur !

2041. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

» Je vais mettre en scène ce dialogue du mort avec les vivants, et faire parler cet oracle du fond de son sépulcre, autant du moins que ma faible intelligence et ma sagesse bornée peuvent interpréter les pensées présumées de cette forte tête et de cette grande vue sur les affaires humaines. […] Cette volonté diplomatique du roi Louis-Philippe était sans cesse contrariée et contrainte par les cabales parlementaires, qui reprochaient à ce gouvernement sa seule vertu, et qui lui remettaient sans cesse sous les yeux, comme un contraste, les grandeurs de Napoléon, sans parler jamais des catastrophes et des expiations de ce génie qui avait dépensé deux fois la France pour payer sa gloire personnelle. […] N’en parlons pas. […] Nous voulons parler de son traité secret et séparé, pendant une négociation commune, en faveur de la Saxe ; traité téméraire divulgué par l’indiscrétion des contractants, et propre à donner défiance et jalousie à la Russie contre nous. […] Il y a beaucoup de morts, beaucoup de cadavres de puissances dans tout cela ; nous vous en parlerons bientôt à leur place, mais nous vous parlons d’abord des vivants.

2042. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Parler plus longuement à nos derniers moments serait un signe de lâcheté. […] Othon était un criminel, mais il était Romain ; il parle comme Socrate, il meurt comme un martyr. […] « Le jour, dit-il, où Domitien entra au sénat, il parla en peu de mots de l’absence de son père et de son frère, et de sa propre jeunesse. […] Quand elle parlait de s’éloigner pour aller se retirer dans ses jardins de Tusculum ou dans ses champs d’Antium, il l’encourageait à chercher ces loisirs. […] Voyez le plus habile des deux, Sénèque, sommant son collègue de parler le premier.

2043. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Le style étant ce qu’on appelle le talent, et le talent étant la partie d’un livre où se réfugie l’amour-propre de l’auteur, il serait malséant et immodeste à moi d’en parler ; j’aurais voulu en avoir davantage pour populariser et immortaliser les récits, les leçons et les moralités de ces mémorables événements. […] On comprend alors, dès qu’il apparaît, dès qu’il parle, dès qu’il agit, ses premiers mots et ses moindres actes ; on a le pressentiment de sa présence et de son importance dans le drame, on le regarde, on le reconnaît, on s’incorpore, pour ainsi dire, d’avance avec lui. […] Quand la nature a jeté ainsi le site et l’homme dans les yeux du spectateur, et que ces yeux ont eu le temps de bien regarder et de bien se figurer le personnage qui doit parler ou agir, elle le fait se mouvoir, elle le fait parler ou agir, elle le fait commettre des actes de vertu, de politique, ou des forfaits d’ambition à travers l’événement qui se déroule. […] Il ne veut plus d’elles le jour où sa cause n’en a plus besoin ; il ne parle plus aux hommes qu’au nom de son génie. […] Parlerais-je aujourd’hui plus sévèrement ?

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