Cependant quelques Grammairiens ont mieux aimé épuiser la Métaphysique la plus recherchée, & si je l’ose dire, la plus inutile & la plus vaine, que d’abandonner le Lecteur au discernement que lui donne la connoissance & l’usage de sa propre Langue. […] ensorte que nous habitons, à la vérité, un pays réel & physique : mais nous y parlons, si j’ose le dire, le langage du pays des abstractions, & nous disons, j’ai faim, j’ai envie, j’ai pitié, j’ai peur, j’ai dessein, &c. comme nous disons j’ai une montre. […] Les Philosophes, les Métaphysiciens, & si je l’ose dire, les Géometres même ont été séduits par des abstractions ; les uns par des formes substantielles, par des vertus occultes ; les autres par des privations, ou par des attractions. […] Mais avant que de passer à un plus grand détail touchant l’emploi & l’usage de ces adjectifs, je crois qu’il ne sera pas inutile de nous arrêter un moment aux réflexions suivantes : elles paroîtront d’abord étrangeres à notre sujet ; mais j’ose me flatter, qu’on reconnoîtra dans la suite qu’elles étoient necessaires.
Que la fraction soit la deuxième ou la première, il n’importe pas ; ce caractère qui fait leur différence n’a pas eu d’influence sur le mouvement : par rapport au mouvement, ce caractère a été indifférent et, si j’ose ainsi parler, nul. — Mais, parmi les fractions semblables de l’espace ultérieur et de la durée consécutive, on peut en concevoir une qui suive immédiatement notre deuxième fraction, après le deuxième demi-millième de millimètre de l’espace parcouru, un troisième, après le deuxième demi-millionième de la durée employée, un troisième.
Son père supportait impatiemment ses habitudes de citadin ; ses habits, ses jabots, ses livres, sa flûte, sa propreté, lui paraissaient avec assez de justesse, une délicatesse exagérée ; il ne faisait que se plaindre de son fils, et le grondait sans cesse. « Rien ne lui convient ici, disait-il souvent ; à table, il fait le dégoûté, ne mange de rien, ne peut supporter l’odeur des domestiques, ni la chaleur de la chambre ; la vue des gens ivres le dérange ; on n’ose pas seulement batailler devant lui ; il ne veut pas servir, il n’a pas pour un liard de santé, cette femmelette !
C’est très supérieur le silence hautain, dont on me fait compliment, mais je trouverais encore plus triomphante la réplique à la critique, et telle qu’aucun écrivain de l’heure présente, n’ose la faire, la réplique sans merci ni miséricorde.
Je n’ose dire le chiffre de peur de me tromper.
On ose enfin disputer au poète la « souveraineté » qu’il réclamait. […] Nous, au contraire, la socialisation de la littérature, si j’ose hasarder ce barbarisme expressif, c’est ce qui nous a permis dans le passé, non seulement, comme on l’a vu, de résister à l’influence étrangère, et de n’en retenir que ce que nous pouvions approprier aux fins de notre génie, mais encore d’exercer dans le monde la domination intellectuelle que nous y avons exercée plus souvent qu’aucun peuple.
Ceux qui répudiaient le positivisme d’un Comte ou l’agnosticisme d’un Spencer n’osaient aller jusqu’à contester la conception kantienne de la relativité de la connaissance. […] Personne n’oserait plus l’appliquer à la critique des théories physiques ou astronomiques. […] Ravaisson, n’a osé la renouveler.
Pour l’écrire, Verhaeren s’est créé une langue originale par la variété de son vocabulaire qui ne proscrit ni le néologisme ni le terme technique, par les hardiesses de sa syntaxe qui ose des virtuosités singulièrement expressives.
En matière de peinture et de statuaire, le Credo actuel des gens du monde, surtout en France (et je ne crois pas que qui que ce soit ose affirmer le contraire), est celui-ci : « Je crois à la nature et je ne crois qu’à la nature (il y a de bonnes raisons pour cela).
Tandis que d’autres écrivains de la chaire, par des traits trop timides ou des couleurs trop sombres, ont l’air de n’oser nous les montrer, ou de vouloir nous en faire des peurs d’enfant, Bossuet ne craint pas de se servir contre nos passions de l’intérêt même que nous prenons à les voir représentées au vrai.
De cet effet on osera à peine dire, d’ailleurs, que ce soit un phénomène d’« adaptation » : comment parler d’adaptation, comment faire appel à la pression des circonstances extérieures, alors que l’utilité même de la génération sexuée n’est pas apparente, qu’on a pu l’interpréter dans les sens les plus divers, et que d’excellents esprits voient dans la sexualité de la plante, tout au moins, un luxe dont la nature aurait pu se passer 22 ?
Le salut du peuple n’était pas seulement la loi suprême, comme il l’est d’ailleurs resté ; il était en outre proclamé tel, alors que nous n’oserions plus aujourd’hui ériger en principe qu’il justifie l’injustice, même si nous acceptons de ce principe telle ou telle conséquence.
« Mais, dit Signoret, je suis toujours prêt : j’attends qu’on me commande quelque chose. » Il est vrai que Signoret ne pouvait fournir qu’un article, à savoir certains beaux vers d’un certain modèle, tandis que la pensée de Valéry se meut dans le plan où coexistent les schèmes des créations, et où il lui est loisible de rêver, je n’ose dire de tenter, une création quelconque.
A. Notions préliminaires Leçon 1 Objet et méthode de la philosophie Qu’est ce que la philosophie ? Le mot est fréquemment employé. Par cela même, il donne une idée grossière, mais simple de ce qu’il signifie. Philosopher, c’est réfléchir sur un ensemble de faits pour en tirer des généralités.
Si on la livre au public, c’est afin que les petits-fils ne se demandent pas avec inquiétude pourquoi elle n’a pas osé affronter le grand jour, et qu’ils ne soient pas même effleurés d’un sentiment, coupable de défiance. […] Peut-être notre imagination fût-elle allée plus loin que ne va votre pinceau et eût-elle vu plus de choses que vous n’en osez montrer, après tout, quelque plaisir que vous auriez à le faire.
« Personne ne sait vouloir, écrit Beyle ; notre éducation nous désapprend cette grande science… » Et ailleurs : « L’éducation couleur de rose et si remplie de douceur que les Français donnent à leurs enfants ôte à ceux-ci l’occasion d’oser et de souffrir. […] Pour savoir si la peinture littéraire du crime d’amour est fidèle, il n’est donc pas inutile de rapprocher les assassins amoureux que nous montre le théâtre des assassins amoureux que juge la cour d’assises… Après tous les commentaires qui ont été donnés sur le théâtre de Corneille et de Racine, j’ose espérer que ce commentaire par la cour d’assises ne manquera pas d’intérêt. » Ce que peut avoir de déplaisant et de pénible ce « commentaire par la cour d’assises », on le devine aisément.