Leur personne efface l’œuvre qu’ils représentent. […] Aux œuvres collectives succèdent des œuvres individuelles ; d’abord, l’auteur semble craindre encore de trop paraître. […] Henri Rivière est une œuvre de haute édification. […] Les œuvres d’André Chénier, dit M. […] Il y a de tout dans cette œuvre prodigieuse.
Encouragé par ce regard et par ce suffrage, il se remit activement à l’œuvre, et le tome Ier de son Histoire de France, avec tout l’ensemble d’images et de portraits qui la recommandent, put paraître en 1643, l’année même de la victoire de Rocroi et dans les premiers mois de la régence. […] En parcourant les papiers du fonds Mézeray à la Bibliothèque impériale, j’ai rencontré27 cette première dédicace non employée et mise au rebut, et j’en donnerai quelque chose ici, parce que c’est justice et que l’inspiration de cette grande œuvre historique, qui ne parut que sous la régence, doit se rapporter à l’âge et au règne précédent. […] Tout cela est vrai ; mais, si Mézeray n’avait été que ce satirique et ce cynique que nous montrent certains biographes, il est douteux qu’il eût entrepris une œuvre aussi pénible et d’aussi longue haleine que sa grande Histoire : pour que cette noble ambition le saisît, il fallait que sa jeunesse s’inspirât des grandes choses auxquelles elle assistait, qu’il se sentît fier, comme il le dit, d’être d’une nation si généreusement conduite, si hautement relevée et honorée aux yeux de l’Europe par l’habileté vaillante de ses chefs. […] C’est une œuvre nécessaire et qui ferait la réputation d’un littérateur, puisque aujourd’hui nous en sommes réduits à faire notre inventaire, dernière œuvre des siècles littéraires.
Il est résulté de cette association une biographie complète du poète et même, comme on le dit aujourd’hui, une monographie de sa famille, et une édition qui se compose en partie d’une réimpression d’Œuvres choisies et en partie d’une impression toute nouvelle d’Œuvres posthumes. […] En reconnaissant dans ses œuvres de l’esprit, de la facilité, de l’élégance et quelque agrément, mais en ne trouvant pas dans ses vers, pour le critiquer avec ses propres paroles, Certain je ne sais quoi qui manque à leur beauté, on se fait toutefois une question, on se demande à quoi tient la vie dans les productions de l’esprit et de l’imaginalion, d’où vient ce don et ce souffle qui fait les beaux vers sans vieillesse. […] [NdA] Œuvres choisies et Œuvres posthumes, publiées par MM.
Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. […] Ce qu’il faut dire d’abord, c’est que ce qu’on appelle les Œuvres de Mme Swetchine, ce ne sont pas précisément des œuvres ni des écrits destinés par elle au public. […] Quoi qu’il en soit, chaque ami qui a déchiffré sa série de petits papiers a eu droit à une dédicace d’une partie des œuvres : ce qui fait qu’en avançant dans le second volume, rempli des écrits de Mme Swetchine, on rencontre de temps en temps des dédicaces particulières à des amis intimes (du fait de l’éditeur et non de l’auteur) : on croirait marcher de petite chapelle en petite chapelle ; dans ces moindres arrangements, on sent le goût de l’église et du reposoir. […] Les Lettres dont on vient de publier deux volumes promettaient, à en juger d’après les extraits donnés par M. de Falloux dans la Vie de Mme Swetchine, d’être la partie la plus intéressante de ses œuvres.
Jullien d’un air tout à fait pénétré et plein de commisération à notre égard11, rien n’est assurément plus fâcheux dans la critique littéraire que ce parti pris d’admiration, qui nous fait louer, même contre notre sentiment, les œuvres consacrées par l’enthousiasme ou la vénération des siècles. […] Mauvais goût, faux jugements, faux sens pour justifier leurs préférences, c’est un système entier d’erreurs et de chimères où l’on se précipite tète baissée, et tout cela pour ne pas démordre d’une estime conçue et nourrie sur la parole d’autrui, avant que nous ayons pu nous-mêmes étudier et apprécier ces œuvres si vantées. » Ah ! […] Mais, pour avoir raisonné d’Homère tout au long avec Wolf, l’œuvre homérique n’en demeure pas moins à nos yeux le plus admirable produit de la poésie humaine ; Théocrite, pour avoir eu des précurseurs dans son genre, et pour n’être pas un inventeur et un créateur, absolument parlant, n’en reste pas moins la plus charmante et la plus fraîche des flûtes pastorales. […] Elle s’applique aux Anciens et à tous ceux des grands poètes qui sont déjà, à quelques égards, ou qui seront un jour eux-mêmes des Anciens, à tous ceux qui ne sont plus nos contemporains et vers lesquels on ne revient qu’en remontant à force de rames le courant du passé : « Les œuvres des grands poètes, dit-il, demandent qu’on les approche au début avec une foi entière en leur excellence ; le lecteur doit être convaincu que, s’il ne les admire point pleinement, c’est sa faute et non la leur. […] C’est le propre des plus grandes œuvres du génie en tout genre qu’à la première vue on est généralement désappointé.
Là où un œil superficiel serait tenté de voir des contradictions, des incohérences, des déviations et des écarts, il n’y a que suite, connexion, accord ; tout se tient et correspond dans un tel caractère ; faites-le sentir dans votre œuvre : qu’on le devine dès le principe tel qu’il sera en avançant ; qu’on le voie jusqu’au bout tel qu’il s’était annoncé d’abord : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] La mission des pouvoirs révolutionnaires était une mission de guerre : le traité de Campo-Formio fut, comme tout ce qu’ils créèrent, une œuvre de guerre. […] Il ne se laisse point éblouir par l’alliance de Tilsitt et par ce concert entre les deux colosses « qui n’était nullement une œuvre pacifique, mais bien au contraire la plus formidable combinaison de guerre qui ait jamais été conçue. » Il indique et dénonce dans le duché de Varsovie, formé dès lors (1807) et comme déposé au sein de l’alliance, un germe de dissensions futures. […] Il lui appartient, disions-nous, d’achever, de corroborer l’œuvre de son père, à l’aide des documents nouveaux qui se sont produits depuis et qui se publient chaque jour. Je voudrais voir, par ses soins, la partie historique de 1800 jusqu’en 1808 et au-delà, doublée de quelques notes ou appendices où il serait fait usage de la Correspondance de Napoléon : l’œuvre en sortirait plus forte et comme cuirassée.
Reçu à l’Académie française en novembre 1811, à l’âge de trente-trois ans ; dans l’intime faveur des ministres Bassano et Rovigo ; rédacteur en chef officiel du Journal de l’Empire, remplissant la scène française et celle de l’Opéra-Comique par la variété de ses succès, connu d’ailleurs encore par les joyeux soupers du Caveau et par des habitudes légèrement épicuriennes, on se demandait quel était l’avenir de ce jeune homme brillant, au front reposé, au teint vermeil ; s’il n’était (comme quelques-uns le disaient) que le plus fécond et le plus facile des paresseux, un enfant de Favart ; s’il ne faisait que préluder à des œuvres dramatiques plus mûres, et où il s’arrêterait dans ces routes diverses qu’il semblait parcourir sans effort. […] Dans son insouciance d’homme qui savait la vie et qui n’aspirait pas à la gloire, il n’a pas même pris le soin de recueillir ses Œuvres éparses et de dire : Me voilà, à ceux qui viendront après244. […] Mais sur les autres sujets un peu mixtes et par les autres œuvres qui atteignent les bons esprits dont je parle, dans ces matières qui sont communes à tous ceux qui pensent, et où ces hommes de sens et de goût sont les excellents juges, prouvons-leur aussi que, tout poëtes que nous sommes, nous voyons juste et nous pensons vrai : c’est la meilleure manière, ce me semble, de faire honneur auprès d’eux à la poésie, et de lui concilier des respects ; c’est une manière indirecte et plus sûre que de rester poëtes jusqu’au bout des dents, et de venir à toute extrémité soutenir que nos vers sont fort bons . […] Molé, où rien n’est hors d’œuvre, me rappelle à cette séance de tout à l’heure, qui avait commencé par être des plus belles et qui a fini par être des plus intéressantes. […] Étienne s’est occupée depuis de publier le recueil de ses principales Œuvres.
Élever l’espèce humaine à ses propres yeux par l’idée que seule elle possède le privilège de n’être exotique nulle part, et que le premier homme a été à un certain moment l’œuvre unique du divin artisan, est un des effets toujours agissants de la vérité trouvée par Buffon. […] Un coin du voile est levé, l’œuvre de Dieu est mieux connue ; de nouvelles idées d’ordre, de beauté, d’harmonie, entrent dans nos esprits charmés, à la suite de ces vérités qui guident désormais les naturalistes, en brillant pour tout le monde. […] L’Histoire naturelle des animaux n’a pas de plus belles pages que celles où Buffon, philosophe du dix-huitième siècle, mais non encyclopédiste, apporte sa part à l’œuvre de réforme. […] Se faire un plan, attendre, avant de prendre la plume, cette plénitude qui est l’inspiration des bons écrivains, rejeter les pensées isolées, les premières vues, se défier des traits, c’est œuvre d’homme ; si le style vient de là, je comprends que pour un style il faille un homme. […] Quand Buffon prescrit à l’écrivain de conduire sa plume sur un premier trait, et de l’y laisser immobile et comme enchaînée, jusqu’à ce que la logique lui ait montré le trait où elle doit se porter ensuite ; puis, ce nouveau pas fait, de l’arrêter encore, et ainsi jusqu’à la fin de l’œuvre, on dirait un mathématicien enseignant l’art de résoudre un problème.
Pour la déterminer, il faudra rechercher patiemment quels sont les traits essentiels qu’on retrouve en tout temps chez les habitants d’un pays et qu’on ne trouve que parmi eux, C’est l’œuvre de l’avenir de construire la science des rapports qui existent entre le monde physique et le monde moral. […] Il peut se produire une catastrophe qui se répercute dans l’œuvre des écrivains. […] Elle a été le refuge des druides et la forteresse inexpugnable des Celtes ; fidèle à elle-même, elle se cramponne aujourd’hui d’une étreinte désespérée au catholicisme qui décline et à la monarchie qui s’en va ; et en même temps vaincue dans sa lutte contre les vagues, perdant chaque mois, presque chaque jour, quelques-uns des siens au milieu des écueils, elle a peur encore des sorciers et des korrigans ; elle est convaincue que tous les ans, à la Toussaint, les noyés remontent à la surface des eaux et pour rien au monde elle ne mettrait une barque à flot ce jour-là ; elle abonde en légendes tristes ; elle est pleine de fantômes vagabonds ; et par cela même elle a gardé une physionomie archaïque, qui, non seulement se reflète dans les œuvres de ses enfants, mais l’a rendue chère aux écrivains et aux artistes de notre siècle. […] Le goût des voyages est alors né presque partout à la fois, et une foule d’œuvres ont surgi pour satisfaire ce goût, qui était chez nos grands-pères une rareté. […] Impressions recueillies à vol d’oiseau, notes, études, enquêtes, réflexions philosophiques, poèmes descriptifs, récits d’ascensions, de chasse, d’excursions, romans de mœurs exotiques ou cosmopolites, fantaisies à la Jules Verne, itinéraires à la Chateaubriand, pérégrinations amoureuses à la Pierre Loti, — comptez, si vous pouvez, l’infinie variété d’œuvres qui démontrent cet élargissement du domaine littéraire, et vous comprendrez sans peine combien il importe de savoir en quels points précis chaque époque fixait les limites du monde connu.
. — Quoique j’eusse choisi dans ses œuvres ce qu’il y a de plus général et ce qui sent le moins son œuvre de circonstance, l’effet a été médiocre. […] La vie des hommes célèbres, de ceux qui ont percé et qui sont fils de leurs œuvres, de ces hommes dont Franklin offre le type, serait une des lectures les plus profitables. […] Les hommes distingués qui se sont dévoués jusqu’ici, par goût et par zèle, à ces fonctions tout à fait gratuites, font certainement une œuvre bien estimable ; mais il y a quelque chose qui l’est encore plus (ils m’excuseront de le penser, et ils l’ont pensé avant moi), c’est de voir, comme cela a lieu au Conservatoire, des ouvriers, leur journée finie, s’en venir de Passy ou de Neuilly pour assister, à huit heures du soir, à une lecture littéraire. […] Il faut aborder franchement l’œuvre nouvelle, pénible, compter dorénavant avec tous, tirer du bon sens de tous ce qu’il renferme de mieux, de plus applicable aux nobles sujets, vulgariser les belles choses, sembler même les rabaisser un peu, pour mieux élever jusqu’à elles le niveau commun.
Œuvres de Mme de Genlis. […] Revenons au sérieux, et en présence de cette multitude d’œuvres, de traités, de romans, qui ne feraient pas moins de cent volumes, tâchons de dégager notre point de vue et de le simplifier. […] Pour rester juste envers Mme de Genlis, il convient de se borner et de ne la prendre que sur ses œuvres principales. […] En repassant les œuvres de Mme de Genlis, il me semble que Louis-Philippe est son côté véritablement historique, le seul par lequel elle continuera de mériter quelque attention sérieusea. Quant à ses œuvres littéraires, j’en dirai quelques mots, bien qu’on ne sache trop aujourd’hui à quoi s’arrêter.
De même, dans Grandeur et servitude militaires, on sent bien qu’il y a là quelque part, sous l’œuvre magnifique et touchante et déchirante, et qui finit par être si divinement résignée, oui ! […] Et voyez ce qui est arrivé de l’homme et de l’œuvre, de ce talent ému, mais non pas ivre de pitié, et de ce livre où l’on boit la force dans de généreuses larmes ! […] V Grandeur et servitude militaires est, dans l’ordre du temps, la grande œuvre dernière de Vigny. […] Œuvres complètes ; Journal d’un poète (Pays, 15 mai 1860 ; Nain Jaune, 24 janvier 1867). […] Les Œuvres et les Hommes.
. — Ses caractères, ses œuvres, sa portée et ses limites. — Comment il a son centre dans Pope. […] En vérité, je voudrais admirer les œuvres d’imagination de Pope ; je ne saurais. […] C’est là de la poésie expirante, mais c’est encore de la poésie ; un bijou de console est une œuvre d’art inférieur, mais pourtant une œuvre d’art. […] C’est là désormais qu’elle règne, et son œuvre finale est le poëme didactique qui est une dissertation mise en vers. […] Trois ou quatre systèmes, déformés et amoindris, se sont amalgamés dans son œuvre.
Étincelant de vérités acquises, ce livre est assurément une œuvre considérable et haute, avec laquelle les partis et les idées vont être obligés de compter. […] Il a fait l’œuvre extrême des conservateurs, les lois de septembre, et il a voulu l’œuvre extrême de l’opposition, la réforme. […] Je me contenterai des conclusions auxquelles l’auteur de ce livre (une œuvre de trente années !) […] Je veux clore ce chapitre sur ses œuvres en parlant du puissant contemporain mort maintenant. […] C’est le journaliste qui fera bomber, sur son fond d’œuvres, le relief de sa médaille historique.
Nous allons voir comment il y a, en effet, identité entre la mission propre à notre pays et l’esprit de cette œuvre littéraire. […] Ou bien n’y a-t-il pour lui dans l’œuvre sanglante, qu’un problème de technique ? […] Étant donnée une œuvre de littérature ou d’art, à la situer d’abord dans son milieu d’origine. […] Ces peintres de génie créaient leur œuvre personnelle en acceptant cette servitude. […] sauvé du désastre l’essentiel de l’œuvre détestable de Bismarck : l’Empire.
Il l’a laissé tomber sur son œuvre comme un reflet de lui-même. […] C’était un prestige dont il eût fallu peut-être se défendre pour juger l’œuvre, et je ne m’étais pas défendu. […] J’ai essayé de prouver qu’il n’y avait ni plagiat ni servilité à modeler son œuvre sur une forme connue. […] sous l’apparence d’une adoration de sa personnalité, qui n’était autre chose que l’enthousiasme de son œuvre. […] Là est son œuvre, là est sa vie véritable, là est sa gloire ; tout le reste n’est rien ou peu de chose.