Elle énumère les objets matériels et leurs attributs, elle ne les décrit pas ; pour elle la création n’est rien devant le Créateur. […] Si sa jeunesse révéla des pensées trop libres et peu aristocratiques dans le choix de leurs objets, il faut lui pardonner beaucoup en songeant de quels exemples son berceau fut entouré. […] La science et l’art ont également un objet infini. […] Quand nous parlons de cause, de substance et de fin, nous employons des notions et des principes qui ne sont applicables « qu’aux objets dont l’essence est assimilable à l’essence humaine ». […] Un problème peut bien être l’objet d’une pièce de vers, non le sujet d’un poème.
La réponse à ces diverses questions sera l’objet d’un prochain volume. […] Il touchait avec révérence aux objets du culte. […] Certaine harangue aux étudiants fut particulièrement l’objet des plus fâcheux commentaires. […] Pensées flottantes, songes sans formes, désirs sans objet et sans limites, voilà le domaine et le sortilège de la musique. […] Par ce procédé, les proportions des objets réels sont dérangées ; tout ce qui passe dans le champ de la lanterne paraît énorme.
Il ne considérait point les objets face à face, et de plain-pied, en mortel, mais de haut comme ces archanges de Gœthe492 qui embrassent d’un coup d’œil l’Océan entier heurté contre ses côtes, et la terre qui roule enveloppée dans l’harmonie des astres fraternels. […] L’extase seule rend visibles et croyables les objets de l’extase. […] N’écoutant plus des odes, nous voulons voir des objets et des âmes : nous demandons qu’Ève et Adam agissent et sentent conformément à leur nature primitive, que Dieu, Satan et le Messie agissent et sentent conformément à leur nature surhumaine. […] La force des objets qu’il décrit passe en nous ; nous devenons grands par sympathie pour leur grandeur. […] Dans l’une et dans l’autre, il y atteint par l’entassement des magnificences, par l’ampleur soutenue du chant poétique, par la grandeur des allégories, par la hauteur des sentiments, par la peinture des objets infinis et des émotions héroïques.
Il y a une foi commune sous toutes ces différences de sectes ; quelle que soit la forme du protestantisme, son objet et son effet sont la culture du sens moral ; c’est par là qu’il est ici populaire ; principes et dogmes, tout l’approprie aux instincts de la nation. […] On sort de là l’âme remplie de sentiments énergiques ; on a vu les objets eux-mêmes, tels qu’ils sont, sans déguisement ; on se trouve froissé, mais empoigné par une main vigoureuse. […] Il a fait son livre pour savoir « quels objets sont à notre portée ou au-dessus de notre compréhension. » Ce sont nos limites qu’il cherche ; il les rencontre vite et ne s’en afflige guère. […] Mais quand la chambre des communes anglaises serait si ignominieusement morte à la conscience du poids dont elle doit peser dans la constitution, quand elle aurait si entièrement oublié ses anciennes luttes et ses anciens triomphes dans la grande cause de la liberté et de l’humanité, quand elle serait si indifférente à l’objet et à l’intérêt premier de son institution originelle, j’ai la confiance que le courage caractéristique de cette nation serait encore au niveau de cette épreuve ; j’ai la confiance que le peuple anglais serait aussi jaloux des influences secrètes qu’il est supérieur aux violences ouvertes ; j’ai la confiance qu’il n’est pas plus disposé à défendre son intérêt contre la déprédation et l’insulte étrangère qu’à rencontrer face à face et jeter par terre cette conspiration nocturne contre la constitution867. […] Quelle que soit l’acquisition ou l’héritage, nous respectons chacun dans son acquisition ou dans son héritage, et notre loi n’a qu’un objet, qui est de conserver à chacun son bien et son droit. « Nous regardons les rois avec vénération, les parlements avec affection, les magistrats avec soumission, les prêtres avec respect, les nobles avec déférence878.
Quelques-uns de leurs philosophes jetaient parfois sur les objets de faibles lumières qui n’en éclairaient qu’un côté, et rendaient plus grande l’ombre de l’autre. […] Ainsi, que des pédants étourdis (l’un n’exclut pas l’autre) prétendent que le difforme, le laid, le grotesque, ne doit jamais être un objet d’imitation pour l’art, on leur répond que le grotesque, c’est la comédie, et qu’apparemment la comédie fait partie de l’art. […] le théâtre grec, tout asservi qu’il était à un but national et religieux, est bien autrement libre que le nôtre, dont le seul objet cependant est le plaisir, et, si l’on veut, l’enseignement du spectateur. […] Mais si ce miroir est un miroir ordinaire, une surface plane et unie, il ne renverra des objets qu’une image terne et sans relief, fidèle, mais décolorée ; on sait ce que la couleur et la lumière perdent à la réflexion simple. […] Notre infirmité s’effarouche souvent des hardiesses inspirées du génie, faute de pouvoir s’abattre sur les objets avec une aussi vaste intelligence.
Mérimée, parmi nous, dans ses cadres restreints, s’est montré irréprochable sur ce point de la réalité : sa peinture serrée et fidèle, toute confinée à l’objet qu’elle exprime, laisserait percer plutôt une aversion, une méfiance trop contraires à ce qui est un faible chez M. de Vigny. […] — On peut dire encore de la manière et du ton du poëte ce que Reynolds a écrit de certains peintres : « J’ai rencontré une fois N… depuis votre départ ; j’ai bien reconnu cette conversation que vous m’indiquiez, toute fine et pointillée ; tout parle en lui quand il vous décrit quelque objet : son geste, son ongle élégant, sa paupière soyeuse qui se plisse, sa lèvre discrète qui sourit en s’amincissant. […] Gabriel de Chénier dans une brochure qui avait pour objet de rétablir la Vérité sur Marie-Joseph.
tu me souriais de ton sourire immortel, et tu me demandais ce que j’avais, ce que je souffrais, et l’objet de ma douce fureur : tu me disais : Qui donc t’a fait du mal, ô ma Sapho ? […] Habituée qu’elle était à donner à ses sentiments une forme unique, elle s’est senti plus d’une fois le cœur aveuvé ; elle s’est demandé, elle a demandé aux objets muets si c’était bien la loi fatale et dernière ; ainsi, hier encore, en regardant une horloge arrêtée : Horloge, d’où s’élançait l’heure, Vibrante en passant dans l’or pur, Comme un oiseau qui chante ou pleure Dans un arbre où son nid est sûr, Ton haleine égale et sonore Sous le froid cadran ne bat plus : Tout s’éteint-il comme l’aurore Des beaux jours qu’à ton front j’ai lus ? […] Elle finit par être une fièvre qui tend la mémoire, et rend plus douloureuse la fuite des jours qu’on aimait parce qu’on y a beaucoup aimé. — Ne vous ai-je pas dit que souvent je me lève pour aller chercher tel ou tel objet dans telle ou telle chambre où je ne le trouve pas ?
Dans la pièce française on ne voit pas ces objets, et ils ne sont pas nommés ; la nourrice Anna redemande un peu vaguement à Paulet Ces lettres, ces écrits, ces secrets caractères, De ses longs déplaisirs tristes dépositaires. On a récemment blâmé la périphrase ; on n’oublie qu’une chose : en 1820, à la scène, dans une tragédie, le mot propre pour les objets familiers était tout simplement une impossibilité ; il ne devint une difficulté que quelques années plus tard. […] Cette mélancolique communication de l’âme avec les objets extérieurs, et particulièrement avec les nuages, est un trait plutôt moderne et du Nord.
Quel plus bel objet pour s’y appliquer ! […] On en a une de Mme de Schomberg, cette même Mlle d’Hautefort, objet d’un chaste amour de Louis XIII, et dont Marsillac, au temps de sa chevalerie première, avait été l’ami et le serviteur dévoué : « Oh ! […] L’infirmité de l’esprit humain est telle que les impressions reçues des mêmes objets diffèrent selon les personnes, selon les âges et les moments : la forme ou le fond du vase fait la couleur de l’eau.
Cinq ou six fois du moins, Vigny a su inventer, pour les idées les plus profondes et les plus tristes, les plus beaux symboles et les mythes les plus émouvants, et fondre de telle sorte la pensée et l’image que les objets sensibles sont, chez lui, tout imprégnés d’âme, que la forme précise et rare y est suggestive de rêves infinis, et que ses vers, signifiant toujours au-delà de ce qu’ils expriment, retentissent en nous longuement et délicieusement, y parachèvent leur sens et s’y égrènent en échos lents à mourir… Et c’est, comme vous savez, une poésie de cette espèce, plus libre seulement et plus fluide, mais pareillement évocatrice, que poursuivent les derniers venus de nos joueurs de flûte. […] La vision de Bernadette est préparée par ses solitudes de bergère dans un paysage où les objets prennent volontiers des airs d’apparitions. […] À un seul moment, le poète estompe les objets.
Il établit bien d’abord qu’il n’aspire point à améliorer la condition de l’homme ou la morale de la vie ; il estime que chacun a en soi, c’est-à-dire dans son tempérament, les principes du bien et du mal qu’il fait, et que les conseils de la philosophie servent de peu : « Celui-là seul est capable d’en profiter, dit-il, dont les dispositions se trouvent heureusement conformes à ces préceptes ; et l’homme qui a des dispositions contraires agit contre la raison avec plus de plaisir que l’autre n’en a de lui obéir. » Ce qu’il veut faire, c’est donc de présenter un tableau de la vie telle qu’elle est, telle qu’il l’a vue et observée : « Tous les livres ne sont que trop pleins d’idées ; il est question de présenter des objets réels, où chacun puisse se reconnaître et reconnaître les autres. » Les premiers chapitres des Mémoires de La Fare, et qui semblent ne s’y rattacher qu’à peine, tant il prend les choses de loin et dans leurs principes, sont toute sa philosophie et sa théorie physique et morale. […] Le comble du bonheur serait de réunir l’une à l’autre dans cette vie ; et c’était l’objet de l’unique prière que les Spartiates adressaient aux dieux : « Ut pulchra bonis adderent !
Ce n’était pas assez : une parente et une amie qu’il avait à Soleure, et qui avait toujours souffert de l’injustice dont il avait été l’objet, travailla si bien en sa faveur que, sur un léger prétexte, et pour avoir obtenu du roi qu’on augmentât la quantité de sel qu’on donnait annuellement au canton, Besenval apprit tout d’un coup qu’il était populaire parmi les siens ; les esprits s’émurent en sens inverse de la vieille querelle qu’on lui avait faite quatorze ans auparavant. […] Le comte de Frise (Friesen), jeune seigneur allemand et neveu du maréchal de Saxe, très fat, très spirituel, se met en tête, un matin, de jouer au naturel le rôle de Lovelace ; il choisit son objet, il choisit aussi son confident : Pour rendre le roman complet dit Besenval, il fallait encore un Belfort, et j’en remplis le rôle sans en avoir le dessein.
L’attitude de Mme de Choiseul était d’accord avec la vérité : elle resta bien sincèrement, bien tendrement éprise de l’homme dont elle était glorieuse, dont elle disait que ce n’était pas seulement le meilleur des hommes, que « c’était le plus grand que le siècle eût produit », et de qui elle écrivait un jour avec une ingénuité charmante : « Il me semble qu’il commence à n’être plus honteux de moi, et c’est déjà un grand point de ne plus blesser l’amour-propre des gens dont on veut être aimé. » Elle eut fort à s’applaudir de l’exil de Chanteloup et fut seule peut-être à en savourer pleinement les brillantes douceurs ; elle y voyait surtout le moyen de garder plus près d’elle l’objet de son culte, et, sinon de le reconquérir tout entier, du moins de le posséder, de le tenir sous sa main, de ne le plus perdre de vue un seul jour. […] Je tâcherai au moins de faire accroire au grand-papa que je suis l’une et l’autre, et comme il aura peu d’objets de comparaison, je l’attraperai plus facilement.
Car voilà que, dans le temps même où je me livre à ces pensées, je suis l’objet d’un nouveau don du Père très clément. […] Casaubon, à la veille de cette séance et quand il en sut l’objet, était dans les transes, et il nous a laissé un tableau fidèle de ses fluctuations douloureuses : Mon esprit est en proie à une incroyable inquiétude, ne sachant que faire, ne voulant point offenser Dieu, ni, sans de graves raisons, paraître refuser obéissance au roi.
L’histoire de Charles-Quint tout entière, dont Robertson semblait avoir élevé le monument définitif, a été renouvelée de nos jours par la connaissance directe des sources et des papiers d’État contenus dans les archives des divers pays, régis et gouvernés par ce puissant monarque ; l’étude des diverses branches dont se compose, en si grand nombre, ce règne étendu et complexe est devenue l’objet d’une savante émulation, et en Espagne, et à Vienne, et en Belgique surtout par les exactes et si essentielles publications de M. […] On trouva, dans l’inventaire des meubles et objets a son usage, une cassette renfermant « un Crucifix sculpté et deux disciplines ».
Au moment le plus beau et le moins endommagé encore de son règne, Louis XVI, pénétré de la lecture des Voyages de Cook et jaloux pour la France de cette gloire des conquêtes géographiques, voulut donner lui-même à Laperouse, en le chargeant d’une expédition lointaine, des instructions en quelque sorte morales, et, dans sa sollicitude de philanthrope, il les rédigeait ainsi : « Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir, obligeaient jamais le sieur de La Peyrouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, telles que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres. […] En ce temps de jeunesse, lorsqu’elle voulait quelque chose, elle le voulait avec vivacité, ardeur, exigence même ; elle se piquait et s’irritait des contradictions, des résistances ; elle y mettait aussi de la séduction et de l’adresse, l’art de la femme ; et l’objet qu’elle avait en vue une fois atteint, elle revenait à ses jeux, à ses distractions de chaque heure, aux surprises aimables où elle excellait et dont elle animait ses journées, aux habitudes délicieuses de l’amitié la plus charmante.