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618. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’identifier certaines apparences externes avec certains changements internes, identifier l’apparence que nous nommons feu avec certaines sensations que nous voyons se produire, quand nous nous en approchons. […] On s’étonnera peut-être d’apprendre que saint Thomas d’Aquin, Duns Scott, Telesio, Vanini ne sont point nommés ; mais si l’on se rappelle que le but de l’auteur est surtout critique et dogmatique, on en sera moins surpris. […] Il trouverait dans sa conscience l’état nommé eau, qui serait fort différent de son état antérieur ; et il supposerait que cet état, si différent de l’état précédent, est une représentation de ce qui le cause.

619. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Dans un parallèle, assez contestable d’ailleurs, qu’il a établi entre l’œuvre du littérateur et l’action de l’homme d’État, il a rappelé la difficulté qu’il y a quelquefois, pour le meilleur gouvernement, à être le bienfaiteur des peuples qui ressemblent trop aux Athéniens de l’Antiquité ; il a parlé de cet esprit qui était aussi celui de Rome en de certains siècles (Roma dicax), de cet esprit de dénigrement devant lequel rien ne trouve grâce, et il s’est plaint de ce qu’il a nommé notre dissolvante ingratitude.

620. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XII » pp. 47-52

Hugo dit encore en parlant de Lucrèce sans la nommer : « La chose que l’on joue à l’Odéon. » — Thiers, qui est classique et ultra-classique en poésie comme presque tous les historiens de l’École moderne, lesquels ne veulent pas deux choses nouvelles à la fois, a dit à M.

621. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

On se demande même involontairement, quand on le lit, quand on l’a entendu à ses cours d’autrefois, ce qui lui manque pour être plus, pour atteindre à ce qu’on nomme proprement génie.

622. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

C’était une forêt de sapins dont les branches inférieures n’avaient presque pas de feuilles, étant à moitié desséchées, grisâtres, couvertes de poussière, d’où pendaient de ces lichens gris filamenteux qu’on nomme barbes de capucin, et entre lesquelles étaient tendues beaucoup de toiles d’araignée ; j’y marchais, ayant conscience de suivre un guide que je ne voyais pas.

623. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

Les plus légères nuances de la pensée, les plus fugitifs mouvements de la sensibilité peuvent être rendus par le langage : tout ce qui peut être senti, peut être nommé.

624. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

N’oublions pas de nommer mademoiselle de Scudéry, du même âge que Julie d’Angennes, 17 ou 18 ans.

625. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Les transports forcenez d’un ambitieux, au desespoir qu’on lui ait préferé pour remplir un poste éminent et l’objet de ses desirs, celui de ses rivaux qu’il méprisoit davantage, peuvent donc bien interesser vivement ceux qui sçavent par leur propre experience que la passion que le poëte dépeint peut exciter dans le coeur humain ces mouvemens furieux : mais toutes ces agitations, que quelques écrivains nomment la fievre d’ambition, toucheront foiblement les hommes à qui leur tranquillité naturelle a permis de se nourrir l’esprit de reflexions philosophiques, et qui plusieurs fois se sont dit à eux-mêmes que les personnes qui distribuent les emplois se déterminent souvent dans tous les païs et dans tous les tems par des motifs injustes ou frivoles.

626. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Cependant les italiens mêmes tomberont d’accord que Paul Veronése n’est nullement comparable dans la poësie de la peinture au Poussin qu’on a nommé dès son vivant le peintre des gens d’esprit, éloge le plus flatteur qu’un artisan pût recevoir.

627. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

En philosophie, nous avions eu, premier du genre sans doute, un petit Bulletin poétique, créé par Pierre Quillard, lithographié, et qui se nommait on ne sait pourquoi, « le Fou ». […] Quoi qu’il en soit, en 86, et après, ce qui constitue l’essence du « Symbole » pour Mallarmé, c’est : ne point nommer ce qu’on a en vue, mais le suggérer. […] Je me nommai. […] Il ne me nomme d’ailleurs pas  et non plus Gustave Kahn et Francis Viélé-Griffin, alors qu’aux mêmes pages, mêlant les questions, il argumente évidemment contre leur « vers-libre ». […] J’ai nommé M. 

628. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Le ton élevé est ce qu’on appelle accent aigu ; le ton bas ou baissé est ce qu’on nomme accent grave ; enfin, le ton élevé & baissé successivement & presque en même tems sur la même syllabe, est l’accent circonflexe. […] Il y a en effet je ne sai quoi d’opposé à l’ordre naturel, de nommer une chose par son contraire, d’appeller lumineux un objet parce qu’il est obscur. […] ) du Latin appellativus, qui vient d’appellare, appeller, nommer. […] ) la nomment coronam de spinis, une couronne d’épines. […] Je croyois par sentiment & sans autre examen, car alors je n’en étois pas capable, que chien étoit le nom qui servoit à le distinguer des autres objets que j’entendois nommer autrement.

629. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

On faisait alors le chemin dans une sorte de patache, et l’on relayait dans un village nommé Pauvres. […] Comment seront nommés les députés de l’Assemblée future ? […] C’est trop peu de lui faire nommer les huit, dix, vingt ou quarante-trois députés de son département ; qu’il nomme tous ceux de la France, sept cent cinquante. […] Désormais, dans chaque commune, cent électeurs du premier degré nommeront un électeur du second degré. […] C’est parce que les sénateurs sont nommés par les législatures de chaque État, qu’ils sont des personnages éminents.

630. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

De telle sorte que, si nous passons encore sous silence Fénelon, Bourdaloue, Massillon et tous ceux qu’on me dispensera de nommer, il nous reste Boileau, non pas même tout Boileau, car M.  […] Entre ces éditeurs, ce serait un plaisir pour nous, si ce n’était pas un devoir, que de nommer particulièrement M.  […] Et, pour notre part, nous verrions volontiers dans la maladie de Pascal, quel que soit le nom dont on doive la nommer, une des sources amères du pessimisme des Pensées. […] J’ai déjà nommé plus haut Restif de La Bretonne : la vraie suite du Paysan parvenu, c’est le Paysan perverti. […] Mais la Nouvelle Héloïse, mais Delphine sont aussi des romans par lettres, et plusieurs des romans de Restif, qu’on a honte à nommer en pareille compagnie.

631. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

On l’excite en comprimant le globe de l’œil, et nous voyons ces cercles brillants qu’on nomme phosphènes. […] Si le lecteur veut regarder un encéphale préparé ou tout au moins les figures de quelque grand atlas anatomique, il trouvera qu’à sa partie supérieure la moelle épinière se renfle en un bulbe nommé moelle allongée ou bulbe rachidien, par lequel commence l’encéphale. […] Si le lecteur veut regarder de nouveau un encéphale préparé, il verra que, des angles antérieurs de la protubérance annulaire, partent deux grosses colonnes blanches nommées pédoncules cérébraux, dont les fibres se terminent dans de gros renflements appelés couches optiques et corps striés, organes intermédiaires entre les lobes cérébraux et la protubérance. […] D’abord133 « il est facile d’établir par des exemples que, en l’absence pour ainsi dire complète d’un hémisphère cérébral, l’homme peut encore jouir de toutes ses facultés intellectuelles et même de tous ses sens externes… Tel était le cas d’un nommé Vacquerie, en 1821. […] Au plus haut degré, dans les lobes, cette action totale, une seconde fois transmise, est répétée indéfiniment par la série des éléments cérébraux mutuellement excitables, et provoque alors ces sensations consécutives et réviviscentes que nous nommons les images. — On conçoit ainsi, pour l’action des centres nerveux comme pour les événements moraux, trois étages de transmission et d’élaboration successives, et l’on peut alors embrasser par une vue d’ensemble la dépendance réciproque et le développement des deux courants.

632. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Que dans le domaine religieux le peuple ait subi jusqu’à un certain point la langue latine, de l’Église, cela est vraisemblable ; mais il ne faudrait rien exagérer ; les textes nommés ci-dessus prouvent la coexistence d’une poésie romane ; les soins des clercs nous ont conservé ces quelques textes, parce qu’ils sont de nature religieuse ; mais la poésie profane ? […] Le lyrisme domine toute cette période ; timide encore chez Marot, plus vigoureux mais souvent maladroit chez les poètes de l’école de Lyon, chez Marguerite de Navarre, il s’affirme triomphant avec Ronsard, Du Bellay, et, sans nommer ici les poetæ minores, l’Agrippa d’Aubigné des Tragiques (« chef d’œuvre de la satire lyrique », Lanson). […] Après avoir parcouru le domaine des œuvres purement littéraires, il faudrait reprendre, en dehors de la question des genres, quelques-uns de ceux que j’ai nommés les ouvriers de la pensée classique. […] Que, dans une histoire de la langue, on nomme Pascal comme on nomme Calvin, ou, en Allemagne, Luther, soit ; qu’on le prenne, après Descartes, et par opposition à lui en le rapprochant de Montaigne, comme un représentant insigne de la pensée française au xviie  siècle, et qu’on dise à propos de lui toute l’importance du Jansénisme dans la littérature de l’époque, cela est nécessaire ; mais, pour l’essentiel, qu’on le remette dans son domaine, parmi les moralistes ; non dans l’art qui resplendit en œuvres définitives, mais dans la pensée qui cherche la voie, comme un pilote dans la nuit. […] Le premier en date est un prosateur, Chateaubriand ; pour en faire un plagiaire, il faut être cruellement philologue ; l’œuvre de Chénier, posthume, vient à son heure ; et c’est enfin l’éclosion magnifique de Lamartine, Vigny, Hugo, Musset, pour ne nommer que les plus grands.

633. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

L’administration du village ne le regarde pas, il n’en a pas même la surveillance : répartir l’impôt et le contingent de la milice, réparer l’église, rassembler et présider l’assemblée de la paroisse, faire des routes, établir des ateliers de charité, tout cela est l’affaire de l’intendant ou des officiers communaux que l’intendant nomme ou dirige60. […] L’archevêque de Cambray, duc de Cambray, comte de Cambrésis, a la suzeraineté de tous les fiefs dans un pays qui compte soixante-quinze mille habitants ; il choisit la moitié des échevins à Cambray et toute l’administration du Cateau ; il nomme à deux grandes abbayes, il préside les États provinciaux et le bureau permanent qui leur succède ; bref, sous l’intendant et à côté de lui, il garde une prééminence, bien mieux, une influence à peu près semblable à celle que conserve aujourd’hui sur son domaine tel grand-duc incorporé dans le nouvel empire allemand. Près de lui, dans le Hainaut, l’abbé de Saint-Amand possède les sept huitièmes du territoire de la prévôté et perçoit sur le dernier huitième les rentes seigneuriales, des corvées et la dîme ; de plus, il nomme le prévôt et les échevins, en sorte, disent les doléances, « qu’il compose tout l’État, ou plutôt qu’il est lui seul tout l’État71 ». — Je ne finirais pas, si j’énumérais tous ces gros lots. […] Ainsi partout ils ont dépouillé le caractère vénéré de chef pour revêtir le caractère odieux de trafiquant. « Non seulement, dit un contemporain94, ils ne donnent pas de gages à leurs officiers de justice, ou les prennent au rabais ; mais ce qu’il y a de pis, c’est que la plupart aujourd’hui vendent leurs offices. » Malgré l’édit de 1693, les juges ainsi nommés ne se font point recevoir aux justices royales et ne prêtent pas serment. « Qu’arrive-t-il alors ?

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