/ 2598
357. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

Les meilleures couleurs de nos palettes ne sont jamais que le sang qui coula de nos cœurs… Seulement, ce que je lui reproche, c’est de n’avoir pas assez de souvenirs. […] C’est une de ses meilleures plaisanteries que de faire, de ces crânes indomptés de réfractaires, tout bonnement de braves bourgeois de Paris !

358. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Il a fondu en lui le meilleur rayon des deux races. […] Les Voyages en Zig-Zag sont les derniers et les meilleurs de Topffer.

359. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

… Quoi qu’il en fût, ce que j’en connaissais n’était pas le meilleur de Monselet. Le meilleur, le voici.

360. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. […] Ses premiers articles remarqués furent ceux qu’il donna sur Parseval-Grandmaison et sa fastidieuse épopée, sur Luce de Lancival et sa fausse élégance ; il fit apprécier aussitôt les avantages d’un esprit sagement progressif, armé d’une plume excellente, incisive ; dès lors il fut classé et compté parmi les meilleurs sur certains sujets. […] Magnin reste, somme toute, le vrai jugement, la juste et fine vérité sur lui et sur le meilleur de son œuvre ! […] En le louant selon son mérite, il ne le surfait pas du moins ; il nous le montre le meilleur produit du genre, non l’unique. […] Magnin, tel que je l’ai connu avant que la maladie fût venue l’affaiblir et attrister ses dernières années ; j’ai besoin de rassembler en quelques mots les impressions que m’a laissées sa personne en des saisons meilleures, et de fixer aux yeux de tous comme aux miens l’idée de sa vie, de ses mœurs, de son habitude studieuse, réfléchie, une sensible et parlante image qui ne puisse se confondre avec nulle autre.

361. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

On a prétendu prouver qu’Homere s’étoit proposé d’instruire dans ses deux poëmes : que l’iliade ne tendoit qu’à établir que la discorde ruïne les meilleures affaires ; et que l’odissée faisoit voir combien la présence d’un prince est nécessaire dans ses etats. […] Le meilleur reméde à cela est de consulter des oreilles sçavantes, sans trop s’inquiéter pour satisfaire ceux à qui la langue et les idées poëtiques ne sont pas assez familiéres ; car enfin un poëte ne prétend parler qu’aux gens d’esprit ; et à moins que d’en dire trop pour eux, il n’en dira jamais assez pour les autres. […] Il avoit sur l’avenir les mêmes principes qu’Anacréon, qu’il a peut-être un peu trop rebattus dans ses odes : mais il avoit en même tems un naturel heureux, soutenu de la meilleure éducation ; et à la réserve de certains penchans qui à la honte de son pays et de son siécle n’y étoient pas aussi odieux qu’ils auroient dû l’être, on peut regarder Horace comme un des plus honnêtes hommes de l’antiquité. […] Une bonne chose ne le paroît presque pas après une meilleure : au lieu qu’en changeant d’ordre, elles font l’une et l’autre leur impression ; et l’esprit parvenu ainsi par degrés à un sens complet et digne de son attention, se repose naturellement, avant que de passer à un autre. […] C’est la meilleure excuse que je puisse donner à des personnes que j’honore et qui m’ont fait des critiques judicieuses, dont je n’ai pû profiter.

362. (1902) Propos littéraires. Première série

Volland ajouta : “Meilleure qu’on aurait cru.” […] C’est une des meilleures œuvres du célèbre polygraphe. […] C’est incomparablement la meilleure partie du roman de M.  […] C’est un de nos meilleurs défauts. […] … Eh bié, l’est encore meilleure qu’alle n’est chouette ! 

363. (1908) Après le naturalisme

On se gardera bien de l’affirmer et de dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. […] Ils entrevoient une ère meilleure. […] À l’époque où elles auront achevé leur part de collaboration à l’humanité, celle-ci en sera meilleure, plus proche de la félicité. […] La condition de l’humanité n’est pas rendue meilleure. […] Le génie français, c’est l’exercice du meilleur cerveau.

364. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Après Mathilde, les Mémoires d’une Jeune Mariée, les Mystères de Paris, etc… Si ce que nous racontons là arrivait dans un temps stérile en productions meilleures, nous ne serions point étonnés. […] Comment se fait-il donc que notre poésie s’en éloigne si fort et que même la meilleure manque souvent de limpidité. […] Elle chantait l’amour, le sacrifice, l’espérance d’un monde meilleur, le ciel (force nous est de répéter quelques-unes des hardiesses de l’auteur), elle chantait le ciel et le paradis, mots doucereux dont on perce le peuple, ce grand poupon, lorsqu’il se plaint. […] Hambourg, le lieu de naissance du poète, devait occuper la meilleure place dans le Conte d’hiver. […] Hambourg, assure le poète, n’a jamais été en tant que république un État aussi considérable que Venise ou que Florence ; cependant Hambourg a sur ces glorieuses villes un avantage, c’est de posséder de meilleures huîtres.

365. (1902) Le critique mort jeune

Voyez nos meilleurs écrivains et tout ce qu’il y a, au fond de leur œuvre, de connaissances générales et d’études préalables. […] Ce scepticisme, qui a d’illustres patrons, appartient à la meilleure tradition française : je ne crois pas que M. de Gourmont repousse aujourd’hui cet éloge. […] Faguet en a gardé le meilleur : l’art de distribuer son savoir à autrui. […] Emile Faguet, dans les dix meilleurs écrivains du siècle. […] Mais la lutte des avoués, animés par la chicane, est du meilleur style héroï-comique, le style, presque, du Lutrin.

366. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Même chez les meilleurs, l’esprit ne peut être toujours tendu à croire. […] Il m’a paru que le meilleur moyen d’entrer, si je pouvais, dans les idées de J. […] Les meilleurs manuels ne m’éclairaient que pour une minute. […] du meilleur ! […] Il a perdu une vache et plusieurs moutons, et sa meilleure jument est blessée à la jambe.

367. (1898) Essai sur Goethe

est-il vraiment ce qu’il voudrait être, un des meilleurs parmi les hommes ? […] Mais le bon chevalier ne la leva pas toujours pour les meilleures causes. […] Nous croyons écrire d’une façon meilleure, plus moderne, plus vivante. […] Meyer fût la meilleure. […] Et il faudrait un miracle pour que je perdisse en toi seule l’amie la meilleure et la plus intime.

368. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Marcel Prévost, tel qu’il le donne, est l’un de ses meilleurs ouvrages. […] Le stratagème le meilleur de sa polémique, ce n’est pas lui qui l’a fabriqué. […] Une sorte d’instinct secret la guide : le meilleur instinct, la volonté d’obéir à sa destinée. […] Il le tue, pour ainsi parler, dans les meilleures conditions de secret, de sécurité. […] » une sagesse attentive le prit de bonne heure et le conduisit par les meilleurs chemins.

369. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Déjà renommé à Paris pour sa traduction des Lettres de Coxe, accueilli par le meilleur monde, devenu le guide de toute cette belle société qui se prenait d’amour pour la nature de Suisse et pour les glaciers, il attira nécessairement l’attention du cardinal prince de Rohan, évêque de Strasbourg, qui fut flatté de trouver dans un jeune Alsacien de si grands talents, et qui se fit un honneur de l’attacher à sa personne. […] Quoi qu’il en soit, la marque de confiance a de quoi frapper : être employé ainsi par Jefferson, c’était la meilleure preuve qu’on n’avait été qu’effleuré et non atteint par Cagliostro85. […] Mais en même temps et en attendant que cette épopée encore à naître fut venue, Ramond, vers 1807, savait fort bien déterminer le caractère littéraire d’un siècle qui était le sien et qui a aussi sa force et son originalité : On le dépréciera tant qu’on voudra ce siècle, disait-il, mais il faut le suivre ; et, après tout, il a bien aussi ses titres de gloire : il présentera moins souvent peut-être l’application des bonnes études à des ouvrages de pure imagination, mais on verra plus souvent des travaux importants, enrichis du mérite littéraire… Nos plus savants hommes marchent au rang de nos meilleurs écrivains, et si le caractère de ce siècle tant calomnié est d’avoir consacré plus particulièrement aux sciences d’observation la force et l’agrément que l’expression de la pensée reçoit d’un bon style, on conviendra sans peine qu’une alliance aussi heureuse de l’agréable et de l’utile nous assure une place assez distinguée dans les fastes de la bonne littérature.

370. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il les harangue en son meilleur italien, et, dans cette occasion comme dans toute autre, il montre assez quelle importance il attache à savoir bien parler la langue des divers pays où il sert, et à joindre une certaine éloquence aux autres moyens solides : « Je crois que c’est une très belle partie à un capitaine que de bien dire. » Il remonte donc par ses paroles le moral ébranlé des Siennois, leur rend toute confiance, et l’on se promet, citoyens d’une part, colonels et capitaines de l’autre, de ne point séparer sa cause et de combattre jusqu’à la mort pour sauver la souveraineté, l’honneur et la liberté. […] Elles avaient fait un chant à l’honneur de la France lorsqu’elles allaient à leur fortification : je voudrais avoir donné le meilleur cheval que j’aie, et l’avoir pour le mettre ici. Or, sachez que ce meilleur cheval de Montluc, qu’il eût donné de tout son cœur pour avoir l’hymne des dames siennoises en l’honneur de la France, était un cheval turc dont il a dit « qu’il l’aimait, après ses enfants, plus que chose du monde, car il lui avait sauvé la vie ou la prison trois fois. » Je n’ai pas à entrer dans le détail du siège ; il me suffit d’en avoir signalé le caractère et de donner envie aux curieux de rechercher les pages qui y sont consacrées14.

371. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Ayant entendu le 8 décembre 1700, jour de la Conception, le sermon du père Maure de l’Oratoire prêché aux Récollets de Versailles, « notre prélat en a loué, dit Le Dieu, la pureté du style, la netteté, les tours insinuants et pleins d’esprit ; mais il n’y a trouvé ni sublimité ni force ; il le tient même au-dessous de son confrère le père Massillon. » Mais ce n’est pas un jugement définitif, et l’on voit que, le vendredi 4 mars 1701, « il entendit à Versailles le sermon de la samaritaine prêché par le père Massillon, dont il fut très content. » Toutefois, il reste vrai pour nous que Bossuet et Massillon ne sont pas tout à fait de la même école d’éloquence sacrée, Bossuet étant de ceux qui y veulent à chaque instant la parole vive, et Massillon au contraire disant, quand on lui demandait quel était son meilleur sermon : « Mon meilleur sermon est celui que je sais le mieux. » Les jugements de Bossuet sur Fénelon sont encore plus sévères, et ils sont décidément injustes. […] Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur.

372. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

« J’espère bien, disait un jour Sancho à son maître, en voyant les histoires d’Hélène et de Paris, d’Énée et de Didon, représentées sur de mauvaises tapisseries d’auberge, j’espère bien et je parierais qu’avant peu de temps d’ici il n’y aura pas de cabaret, d’hôtellerie, de boutique de barbier, où l’on ne trouve en peinture l’histoire de nos prouesses ; mais je voudrais qu’elles fussent dessinées de meilleure main… » Si Sancho, dans son prosaïsme, pensait ainsi, que dirait Don Quichotte ? […] Il paraît y être entré avec tout le feu et l’enthousiasme de la jeunesse et il s’est plu à remarquer dans son tout dernier ouvrage, non sans un retour évident sur lui-même, « qu’il n’est pas de meilleurs soldats que ceux qui sont transportés de la culture des lettres sur les champs de bataille, et qu’aucun homme d’étude n’est devenu homme de guerre sans être un brave et un vaillant2. » Pendant quatre années (1571-1575), Cervantes fit un rude apprentissage de la vie militaire ; il eut sa part glorieuse dans la bataille navale de Lépante (7 octobre 1571) ; la galère sur laquelle il servait, Marquesa, fut engagée au plus épais de la mêlée ; chargée d’attaquer la Capitane d’Alexandrie, elle y tua des centaines de Turcs et prit l’étendard royal d’Égypte. […] Il dut visiter à ce titre bien des points du pays et entrer dans la familiarité de bien des classes ; son expérience de la vie s’accroissait ainsi sans qu’il y songeât et de la façon la meilleure, de celle qui ne sent en rien l’étude.

/ 2598