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1352. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

On dit que l’œil du maître engraisse le cheval ; aussi vous êtes-vous donné les violons de ce qui aurait peut-être embarrassé les autres, pour ne pas dire pire. » Après Lawfeld, dont le résultat n’avait pas été décisif, la position des ennemis derrière Maëstricht rendant ce siège impossible pour le moment, on se résolut à celui de Berg-op-Zoom, afin d’avoir du moins à montrer un fruit de la victoire. […] Laujon, dans cette carrière facile, — pas si facile qu’il semblerait, — se proposait pour maître et pour modèle, il le reconnaît, l’ingénieux Benserade, ce véritable inventeur des ballets modernes et qui, à toutes les critiques dont il se voyait l’objet en son temps de la part du rigide Despréaux, avait pour réponse : « J’ai du moins imaginé un plaisir. » Collé, d’une humeur moins douce que Laujon, et qui sur la fin n’avait de gaieté que dans ses œuvres, fut aussi appelé à Berny.

1353. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Le chancelier ou chef du ministère du prince est au fond moins favorable que son maître. […] Campenon, a pieusement recueilli les Œvres complètes de l’oncle qui fut son premier maître et son ami.

1354. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Un maître éloquent, M.  […] Je trouve les préceptes ridicules sur cette matière, et j’aimerois presque autant qu’on voulût mettre en règle la manière dont les frénétiques doivent extravaguer. » J’ai dit de Mme de Staal qu’elle était comme le premier élève de La Bruyère, mais un élève devenu l’égal du maître ; nul écrivain ne fournirait autant qu’elle de pensées neuves, vraies, irrécusables, à ajouter au chapitre des Femmes, de même qu’elle a passé plus de trente ans de sa vie à pratiquer et à commenter le chapitre des Grands.

1355. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Cette certitude, cette confiance, si douce à la faiblesse, est souvent importune à la force ; la faiblesse se repose, la force s’enchaîne ; et dans la réunion des contrastes dont l’homme veut former son bonheur, plus la nature l’a fait pour régner, plus il aime à trouver d’obstacles : les femmes, au contraire, se défiant d’un empire sans fondement réel, cherchent un maître, et se plaisent à s’abandonner à sa protection ; c’est donc presque une conséquence de cet ordre fatal, que les femmes détachent en se livrant, et perdent par l’excès même de leur dévouement. […] vous vous exposez, avec des cœurs sans défense, à ces combats où les hommes se présentent entourés d’un triple airain ; restez dans la carrière de la vertu, restez sous sa noble garde ; là il est des lois pour vous, là votre destinée a des appuis indestructibles ; mais si vous vous abandonnez au besoin d’être aimée, les hommes sont maîtres de l’opinion ; les hommes ont de l’empire sur eux-mêmes ; les hommes renverseront votre existence pour quelques instants de la leur.

1356. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Nous nous bornerons à citer ce que ce dernier, homme d’esprit en même temps qu’artiste, dit à la scène septième de l’acte II de Colombine avocat pour et contre, où il essaye de donner une idée des talents mimiques de Scaramouche : « Après avoir raccommodé (mis en ordre) tout ce qu’il y a dans la chambre, Scaramouche prend une guitare, s’assied sur un fauteuil, et joue en attendant que son maître arrive. […] En même temps, quatre Indiens font un petit bal à la moresque ; enfin les perroquets s’envolent des mains de leurs maîtres et les laissent désespérés de cette perte ; après quoi s’achève la pièce, et s’en vont tous s’embarquer pour la guerre de Troie. » La Finta Pazza obtint un brillant succès, auquel les cantatrices, « la gentille et jolie Gabrielle Locatelli, qui était une vraie lumière de l’harmonie, Giulia Gabrielli et Marguerite Bertolazzi, dont la voix était si ravissante qu’on ne pouvait les louer dignement », paraissent avoir eu la plus grande part33.

1357. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Mais, au fond du désert le plus solitaire, s’accomplit la seconde métamorphose : ici, l’esprit devient lion, il veut conquérir la liberté et être maître de son propre désert ». […] Ce héros veut nous affranchir non seulement « de tous les maîtres qui ne se moquent pas d’eux-mêmes », mais encore de notre propre passé, de toute continuité personnelle, de la crainte naïve et tyrannique de nous contredire.

1358. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Car de dire qu’il lui a manqué, au milieu de cette éducation si solide et si diverse, un bon maître de rhétorique qui réprimât en lui toute velléité de fausse rhétorique, ce n’est pas toucher le point juste. […] Un critique érudit et délicat, qui est maître sur Horace, M. 

1359. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Puis le grand maître de l’hôtel, en ayant reçu l’ordre, apporta un pain d’une blancheur parfaite, que l’enfant prit et mangea. […] Anselme, devenu bientôt le premier disciple de ce maître, passait les jours et les nuits à s’instruire et à instruire les autres sur toutes les questions qui lui étaient faites.

1360. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Ces chefs-d’œuvre qui firent les délices de la nation, le réconcilièrent avec elle & avec Despréaux : car cet excellent maître, en matière de goût ; fut toujours le premier à revenir de ses idées quand il s’apperçut qu’elles n’étoient pas justes. […] Bouhours, étant un jour à Auteuil, dit en riant : N’est-il pas vrai, maître Antoine, que l’Epître que votre maître vous a adressée est la plus belle de toutes ses pièces ?

1361. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Indépendamment des examens, le candidat est obligé de soutenir publiquement des thèses, sous la ’ présidence d’un professeur, contre les attaques des autres, et ce n’est qu’après avoir subi toutes ces épreuves qu’il reçoit le bonnet de docteur en théologie, ou en droit, ou en médecine, ou de maître ès arts en philosophie. […] Le tribunal, qui consulte ainsi la faculté (ou même les facultés de plusieurs universités sur le même procès), n’est pas obligé de suivre leur décision, il reste le maître de prononcer suivant ses principes et ses lumières ; mais dans les villes impériales, par exemple, où le magistrat est intéressé à convaincre ses sujets de la plus grande intégrité et impartialité dans l’administration de la justice, il s’en tient volontiers, et surtout dans les cas criminels, à la décision d’une faculté.

1362. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Cousin était alors entraîné si loin, qu’il oubliait sa chère méthode psychologique, seule différence qui le séparât encore « de ses amis, de ses maîtres, des chefs de la philosophie, du siècle. » Il établissait a priori la philosophie de l’histoire et l’histoire de la philosophie38. […] L’art ainsi défini deviendra un auxiliaire de l’éloquence, et l’artiste devra se considérer comme un maître de vertu.

1363. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Notre illustre maître, le juge austère et vénéré de nos intentions et de nos travaux, M.  […] Mais leurs meilleurs fruits ont été ces excellents élèves devenus à leur tour des maîtres dignes de continuer leurs devanciers. […] Je tâcherai de ne lui pas être un maître infidèle. […] J’ai fait ce qu’ont fait avant moi mes maîtres, Platon, Aristote, Descartes, Leibnitz, Kant. […] Le disciple professe, comme le maître, une indépendance sans limites.

1364. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Les autres maîtres qu’il fréquentait n’étaient assurément pas pour le remettre dans le bon chemin. […] Car, pour le dire au passage, on l’ignore, mais Bossuet est un maître dans le maniement de l’ironie grave. […] Nous y frappâmes… Le maître me vint ouvrir la porte, qui fut refermée à l’instant. Le maître n’était autre que l’époux, qui m’ayant prise par la main, me mena dans le bois. […] Il ne s’établit pas d’abord, comme Bossuet et Bourdaloue, d’un coup de maître, au cœur de son sujet.

1365. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Mérimée est un maître.

1366. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

En effet, selon que l’annonçait le journal le Globe du 24 novembre, la Presse, par une spéculation audacieuse, vient d’acheter tout ce qu’il y avait d’écrivains sur le marché ; elle les a achetés à tout prix et comme à perpétuité ; elle a fait comme ces riches capitalistes qui, pour être maîtres de la situation, achètent tout ce qu’il y a d’huiles ou de blés et accaparent, sauf à revendre ensuite en détail aux petits marchands.

1367. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Il a publié assez récemment, chez Hetzel, deux petits volumes sur la Rhétorique même et sur la Mythologie, et en rajeunissant par la forme des sujets dont le fond semble épuisé, il s’y montre plus dégagé de ton et plus alerte qu’on ne l’est volontiers dans l’Université, il n’a pas prétendu creuser, il s’est joué sans pédanterie à la surface : on sent un auteur maître de sa matière et qui en dispose à son gré.

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