Voilà pourquoi la première loi de Lycurgue fut une défense d’écrire les lois. […] La musique, dans ce premier âge, fut une doctrine tout entière ; c’était l’ensemble même des lois sociales. […] Et Porphyre remarque très bien que tant que les hommes furent heureux ils n’eurent pas de lois écrites. […] Il a passé alors pour constant, et il a été constant en effet, que la loi écrite, ou n’était que la loi traditionnelle constatée, ou n’était qu’une explication, un commentaire de cette loi. […] Ainsi donc je crois que les différentes magistratures de la pensée n’ont pas été établies seulement pour la conservation des mœurs ; car, s’il ne se fût agi que des mœurs, on n’aurait eu besoin que de lois répressives et pénales, et non point de lois somptuaires ou préventives.
Elle est vraie de tous les phénomènes mentaux et n’est réductible à aucune autre loi mentale. […] La loi la plus générale qui régisse les phénomènes psychologiques est la loi d’association. Par son caractère compréhensif, elle est comparable à la loi d’attraction dans le monde physique. […] Les faits volontaires sont soumis à la loi universelle de la causalité. […] Son exposition des lois de l’Association est empruntée à Bain.
C’était une loi à la marque de 1789. […] Cette application de la loi de 1901 parut une violation de la loi de 1901 à l’auteur de la loi de 1901. […] La première, c’est que la loi est une loi contre la liberté. […] Elle est faite par la loi de 1905, dite « loi Briand ». […] Combes : « Une loi, une foi ».
Et sans doute, plus elles se rencontrent fréquemment, plus sont diverses les circonstances où elles se rencontrent, et plus aussi il y a de chances pour qu’elles cachent des rapports nécessaires, toutefois, tant qu’elles ne sont pas déduites de lois plus générales, ce sont des lois en instance plutôt que des lois reçues : les lois empiriques sont toujours sujettes à caution, par cela même qu’elles manquent d’explication. […] Bien plus, une des « lois » les plus intéressantes de nos auteurs ne se retourne-t-elle pas contre leur thèse ? […] Le succès de l’égalitarisme reste, après leurs tentatives, un phénomène surprenant, dont elles ne dévoilent pas la loi génératrice. […] Seulement, par cela même qu’elle se présente comme une science abstraite de l’histoire, ce sera moins une science de causes suffisantes et de lois immuables qu’une science de tendances et d’influences. […] Depuis quand d’ailleurs est-il impossible a priori, parce qu’un phénomène se reproduit rarement, de découvrir la loi de sa production ?
. — L’expérience seule prouve la stabilité des lois de la nature. — En quoi consiste une loi. — Par quelles méthodes on découvre les lois. — La méthode des concordances, la méthode des différences, la méthode des résidus, la méthode des variations concomitantes. […] Théorie de la preuve. — La partie probante du raisonnement est une loi abstraite. […] Les lois en dériveraient, et n’en dériveraient que çà et là. […] Les applications contiennent la loi et la preuve, mais elles ne sont ni la loi ni la preuve. […] Ce n’est pas assez d’additionner les cas, il faut en retirer la loi.
Tous les phénomènes affectifs ne peuvent-ils pas se ramener à une loi dernière, comme les phénomènes intellectuels se ramènent à un mode particulier d’association ? […] Deux lois régissent la sympathie. […] Ces deux lois expliquent les émotions contagieuses, la propagation du bâillement ou du rire. […] D’abord une objection se présente tout naturellement : Comment se fait-il que la conscience individuelle se fait souvent une loi particulière, en désaccord avec les lois générales ou du moins en dehors d’elles. […] Les lois promulguées sont donc l’œuvre des consciences individuelles, au lieu d’en être la cause.
À la tête de ces pays civilisés, je vois d’abord l’ancienne Égypte, pays de superstition et de sagesse, fameux par ses monuments et par ses lois, et qui a été en même temps le berceau des arts, des sciences et des mystères. […] Les lois, par la nature, n’ont de prise sur l’homme qu’autant qu’il respire ; elles le suivent jusqu’au bord du tombeau : là elles s’arrêtent, et il leur échappe. […] La loi t’interroge, la patrie t’écoute, la vérité te juge. » Alors il comparaissait sans titres et sans pouvoir, réduit à lui seul, et escorté seulement de ses vertus ou de ses vices. […] Le citoyen convaincu de n’avoir point observé les lois, était condamné : la peine était l’infamie ; mais le citoyen vertueux était récompensé d’un éloge public ; l’honneur de le prononcer était réservé aux parents. […] Alors on ne louait pas l’humanité d’un général qui avait été cruel, le désintéressement d’un magistrat qui avait vendu les lois : tout était simple et vrai.
Si nous passons à l’humanité considérée dans son organisme social, nous trouvons de nombreux faits à l’appui de notre loi. […] La première différenciation est celle qui s’opère entre le gouvernant et les gouvernés ; elle grandit, l’autorité devient héréditaire, le roi prend un caractère presque divin ; car la religion et le gouvernement sont à cette époque intimement associés ; et pendant des siècles les lois religieuses et les lois civiles se séparent à peine. […] Concluons donc, sans crainte, de ce rapide examen des faits, que la loi du progrès c’est le passage de l’homogène à l’hétérogène. […] Cette loi universelle n’implique-t-elle pas une cause universelle ? […] Tout comme il a été possible de montrer dans les lois de Keppler les conséquences nécessaires de la loi de gravitation, de même il peut être possible de montrer que la loi du progrès est la conséquence nécessaire de quelque principe également universel.
Le cœur sera rempli de cet amour parfait qui exclut l’égoïsme et la crainte ; la volonté, affranchie du péché, n’aura plus besoin d’une loi qui la gouverne, mais sera à elle-même sa propre loi. […] A prendre le mot loi dans cette acception rigoureuse et scientifique, peut-il y avoir une loi du progrès ? […] On n’a jamais contesté que la liberté n’eût sa loi, et cette loi, c’est la loi morale. […] La loi du progrès est, croyons-nous, de cette sorte. […] Si donc il y a une loi du progrès, elle se confond avec la loi morale, et la condition fondamentale du progrès, c’est la pratique de cette loi.
Arrivée à un certain âge, à un certain degré de complication, la science échappe au poète ; le rythme devient impuissant à enserrer la formule et à appliquer les lois. […] Il est bien vrai qu’au degré de complication et de rigueur où la science est arrivée, la formule de ses lois, qui n’admet plus d’à peu près, échappe au rythme et à la langue poétique. […] Est-il besoin de citer des exemples, la loi d’équivalence et de transformation des forces, l’homogénéité de la matière cosmique révélée par l’analyse spectrale ? Chaque loi nouvelle devient ainsi un élément plus précis et plus délicat de l’ordre. […] Et déjà là commence en même temps l’implacable loi de vivre aux dépens des autres, la concurrence vitale qui conclut à l’immolation des faibles.
À la suite d’une invasion le vaincu subit la loi du vainqueur. […] C’est ainsi qu’en Grèce, la défense de vendre la propriété demeure écrite dans la loi jusqu’à Solon. […] À Rome, lorsque la loi apporte quelque tolérance à sa première rigueur, elle exige du moins que le testateur rende sa décision publique. […] Il ne fallait rien moins qu’une loi pour modifier un ordre de choses que la religion et la loi ; interprètes d’une croyance abolie, avaient décrété. […] C’est en vertu de ce principe que le mariage de l’oncle, avec la nièce était autorisé, et même exigé par la loi.
En réalité, la matière vivante, tout comme la matière morte, est soumise à la grande loi de l’inertie. […] Elle est liée à des forces physiques et chimiques qui agissent dans l’organisation suivant les mêmes lois que dans les corps inorganiques. […] Le fatalisme suppose une force aveugle, capricieuse, indéterminée, agissant au hasard, sans raison, sans règle, sans loi : c’est donc tout l’opposé du déterminisme, qui admet la liaison des phénomènes suivant des lois fixes et rationnelles. […] Comment les lois physiques peuvent-elles se plier sans fléchir aux lois de la liberté ? Comment les lois de la liberté peuvent-elles admettre, sans être détruites, l’action de la nature ?
Il y est comme une partie dans un tout, à titre de corps physique, à titre de composé chimique, à titre de vivant, à titre d’animal sociable, parmi d’autres corps, d’autres composés, d’autres animaux sociables, tous analogues à lui, et, à tous ces titres, il est comme eux soumis à des lois Car, si nous ignorons le principe de la nature et si nous nous disputons pour savoir ce qu’il est, intérieur ou extérieur, nous constatons avec certitude la manière dont il agit, et il n’agit que selon des lois générales et fixes. […] Transformation de l’histoire Voltaire La critique et les vues d’ensemble Montesquieu Aperçu des lois sociales. […] C’est un des ressorts de la nature qui reprend toujours sa force ; c’est lui qui a formé le code des nations, c’est par lui qu’on révère la loi et les ministres de la loi dans le Tunquin et dans l’île Formose comme à Rome. » Ainsi il y a dans l’homme « un principe de raison », c’est-à-dire un « instinct de mécanique » qui lui suggère les idées utiles343, et un instinct de justice qui lui suggère les idées morales. […] Esprit des Lois, préface : « J’ai d’abord examiné les hommes et j’ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de mœurs, ils n’étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies. J’ai posé les principes et j’ai vu les cas particuliers s’y plier comme d’eux-mêmes, les histoires de toutes les nations n’en être que les suites, et chaque loi particulière liée à une autre loi ou dépendre d’une autre plus générale. » 346.
Par le même procédé, au-delà de ces premiers couples, nous en isolons d’autres, plus simples, qui, semblables à la formule d’une courbe, concentrent en une loi générale une multitude indéfinie de lois particulières. Nous traitons de même ces lois générales, jusqu’à ce qu’enfin la nature, considérée dans son fond subsistant, apparaisse à nos conjectures comme une pure loi abstraite qui, se développant en lois subordonnées, aboutit sur tous les points de l’étendue et de la durée à l’éclosion incessante des individus et au flux inépuisable des événements. […] Si la première n’était pas remplie, la plus haute loi mécanique serait fausse. Si la seconde n’était pas remplie, le branle que cette loi imprime aux choses et que nous constatons en fait serait arrêté aujourd’hui. Or, à ce titre, on peut considérer les deux conditions comme des moyens, et leur commun résultat comme un but, comme le but de la nature exprimé par une loi suprême.
Il serait donc une sorte de républicain aristocrate, républicain c’est-à-dire ne voulant être que sujet de la loi et voulant que la loi soit plus puissante que tous les hommes, aristocrate c’est-à-dire ne voulant pas du commandement de la foule. […] Or que lisons-nous dans l’Esprit des Lois ! […] Les climats font nos mœurs, nos mœurs font les lois ; oui, mais ! aussi nos lois font nos mœurs et nos mœurs peuvent combattre le climat. Mais avec quoi ferons-nous des lois contre nos mœurs et ensuite des mœurs qui, pénétrées de nos lois, combattront le climat ?
C’est le fait de participer à la confection des lois et, ces lois une fois faites, de leur obéir. — Qu’est-ce que la liberté individuelle ? […] La loi, expression de la volonté générale, est tyrannique comme cette volonté elle-même. […] Cela n’empêche pas que la loi soit divinisée dans nos sociétés démocratiques tout comme dans la cité antique. Telle est l’autorité de la loi qu’il est convenu que les lois injustes, vexatoires, tyranniques n’en doivent pas moins être obéies, non seulement avec résignation, mais avec empressement et presque avec enthousiasme. […] Ici la liberté ne consiste plus à mépriser les lois ou à se révolter contre elles, mais à essayer d’influer, chacun pour sa part personnelle et selon ses forces et ses lumières sur la confection des lois.