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630. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

Deux lignes épuisent cette plénitude qui semblait vouloir s’épancher en interminables effusions.

631. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

Lisez-le… Ce que ces trente pages abondantes en redites finiront — peut-être — par évoquer dans votre esprit, c’est tout bonnement la vision de la vieille forêt vierge classique, celle que Chateaubriand décrit en cent lignes et Lamartine en deux cents vers (dans la Chute d’un Ange) ; mais combien moins nette chez le journaliste yankee que chez nos deux compatriotes !

632. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Ne vous sentez-vous pas passer de la dalle où le fidèle se prosterne jusqu’au faite vertigineux des hautes voûtes et à l’éclat des verrières, puis retomber à l’humble posture de l’oraison, dans ces quelques lignes d’une ballade : « Tout taré que je suis, me voici donc ce simple, devant ta majesté qui me courbe !

633. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Le champ a été ouvert à toutes les médiocrités novatrices, qui, n’ayant pas la faculté de suivre les progrès faits, se sont placées sur des lignes abandonnées.

634. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

J’interromprai ici par quelques lignes la suite de mon discours, pour expliquer en quel sens j’ai dit que les theatres avoient été fermez dans Rome, suivant toutes les apparences, quand cette ville fut saccagée par Totila.

635. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

En général, on voit un homme d’un grand talent, qui, à chaque ligne, lutte contre son sujet et contre son siècle ; mais trop souvent son siècle le gâte, et son sujet l’endort.

636. (1883) Le roman naturaliste

Flaubert nous peint en quelques lignes la douleur de la pauvre tante, mais pourquoi faut-il que le paysage où s’encadre le désespoir de Félicité nous soit si familier ? […] dans ces quelques lignes, de peur que nous ne soyons émus de son émotion, M.  […] Si bien que, pour caractériser ce qui fait la force et la faiblesse à la fois du naturalisme en littérature, et certain de ne pouvoir trouver mieux, je ne voudrais pas changer un mot, ni seulement déplacer une virgule des six lignes que je viens de transcrire. […] En tant que procédé pur et simple, le procédé vient en droite ligne de Chateaubriand. […] Quand il appelait cette casquette « une de ces pauvres choses dont la laideur muette a des profondeurs d’expression, comme le visage d’un imbécile », vous pouviez affirmer que l’homme qui avait trouvé ces deux lignes entendait le langage des choses et qu’il savait le rendre.

637. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Il y a, dès la seconde scène de Rédemption, deux lignes qui nous livrent M.  […] madame Denis ; et elle s’en acquitte si bien, qu’elle triomphe sur toute la ligne. […] Que penser surtout lorsqu’on vit ce disciple de Tite-Live, de Corneille et de Racine, de la ligne sobre et pure, prendre pour guide, en ce périlleux sujet, un poëte dont je ne conteste assurément pas la gloire et le génie, mais qui recherche peu, ce me semble, la pureté des lignes et la sobriété des couleurs ! […] Guizot déroulait devant nous, de sa parole austère et magistrale, les grandes lignes de l’Histoire, nous applaudissions parce que nous comprenions. […] Mignet la continue, avec moins de souplesse, d’abandon et de grâce familière, mais avec une irréprochable pureté de lignes et de contours.

638. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Je ne connaissais de cet homme soupçonneux, soupçonné, que ses captivités, ses rébellions envers tous, l’éloignement que les siens avaient pris de sa ligne politique. […] » J’arrête là mes citations en témoignant le regret de voir que ces lignes soient les seules de ce livre curieux dont l’auteur anonyme ait permis la publication. […] Je n’entreprendrai pas dans les quelques lignes que je puis consacrer à cet ouvrage qui intéresse tous les légistes et les économistes, de discuter les opinions de M.  […] Telles sont, sommairement indiquées, les grandes lignes de ce roman, dont le charme des détails double l’intérêt. […] C’est de l’amour, c’est de l’adoration que Paulin professe pour l’Empereur, ne permettant pas qu’on le discute seulement — même à propos de la campagne de Russie ; quelques lignes à l’adresse du comte de Ségur le prouvent du reste.

639. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

La beauté d’une femme est autant dans le parfum et le rayonnement de sa chair que dans la ligne de son corps. […] Je n’ai fait qu’effleurer l’œuvre de Renée Vivien, qui se compose d’une douzaine de volumes, mais pourtant j’ai cité assez de ses vers pour qu’on apprenne à en aimer le parfum sobre et la ligne pure. […] Amoureuse de sa chair, de sa ligne et de sa grâce, Renée Vivien ne voulait pas survivre à sa beauté. […] La Guirlande des jours est une série de petits poèmes verlainiens : le vers toujours précis, et d’une ligne très pure, très calme, tremble un peu parfois et s’alourdit d’une larme. […] Une éternité géométriquement humaine, basée sur ce paradoxe invérifiable : une ligne droite prolongée à l’infini est une circonférence.

640. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Si l’on prenait l’expression de résultante à la rigueur, cette définition de la conscience n’aurait pas de sens, car, en mécanique, la résultante est une ligne idéale, que l’esprit conçoit comme une moyenne entre deux directions données ; mais cette ligne idéale n’existe pas. […] La question est de savoir si dans ce développement il n’y a point des hiatus, des solutions de continuité, si la nature, en se développant, suit une ligne continue, ou si à certains degrés elle ne franchit pas certains intervalles pour entrer dans un ordre supérieur. […] Il est pourtant un phénomène où il semble que la diversité puisse se concilier avec la continuité, c’est le mouvement : car l’objet en mouvement ne cesse pas de se mouvoir, qu’il se meuve en ligne droite, en cercle, ou en spirale, qu’il se meuve lentement ou rapidement. […] Vacherot consent si peu à être confondu avec les athées, qu’il conserve la théodicée au rang des sciences philosophiques, et la place même en première ligne. […] Vacherot répond en demandant à son tour si l’objet de la géométrie existe réellement, s’il y a quelque part dans l’univers de pures surfaces, de pures lignes, de purs points, s’il y a des cercles parfaits, des triangles inscrits ou circonscrits, si ce ne sont pas là de purs idéaux.

641. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Citons-en au moins les lignes suivantes : « Ce soir, dans le silence de la nuit, j’entends une petite voix qui sort des rideaux blancs du berceau. […] Avant de condamner les récentes nouveautés introduites dans la poétique, je me suis efforcé de tracer la ligne de démarcation qui sépare ces deux modes du verbe humain. […] La seule différence qui existe entre eux, c’est que, pour traduire le Divin qu’ils conçoivent, ils doivent se servir de symboles différents : le musicien de sons, le poète de strophes, d’images et de mots, le peintre de couleurs, le sculpteur de mouvements imprimés à l’argile, l’architecte de lignes. […] Charles Baudelaire, avec son intelligence pénétrante de voyant douloureux, l’avait admirablement compris, lui qui composa ses exquis Petits Poèmes en prose, et qui écrivit les lignes suivantes : « Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale, sans rythme10 et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?  […] Un grand intuitif qui devina quelques-uns des plus profonds problèmes dont les solutions sont aujourd’hui encore à peine entrevues, Edgar Quinet, a écrit, sur ce point, dans l’Esprit Nouveau quelques lignes d’une vérité pénétrante.

642. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Plus tard ces lignes simples se chargeront un peu ; sans imiter les autres, on se répétera soi-même ; on retombera dans les situations déjà exprimées, dans les sentiments d’abord produits : c’est inévitable. […] J’ai d’elle, en ce moment, sous les yeux, de véritables trésors épistolaires, des lettres intimes adressées à son frère, à sa sœur, à sa nièce, à d’autres personnes amies, et dans lesquelles se révèlent à chaque ligne la délicatesse morale, la piété, la charité naturelle de cette belle âme condamnée à un travail incessant et à des inquiétudes sans fin pour la subsistance des siens et pour la nourriture de sa chère couvée. […] Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand’mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre,) ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie flandre.

643. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

« Aux ordinaires et mille visions (pour elles-mêmes à négliger) où l’Immortelle se dissémine, le logique et méditant poète les lignes saintes ravisse, desquelles il composera la vision seule digne : le réel et suggestif symbole d’où, palpitants pour le rêve, en son intégrité nue se lèvera l’Idée première et dernière ou vérité. […] Dans les vingt vers qui servent de préface, je lis que les hommes nés sous le signe de Saturne doivent être malheureux, Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne Par la logique d’une influence maligne.

644. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Ta chère voix a des physionomies aussi mobiles que ton visage, et, quand elle est dans ses bons jours, je sais qu’il y en a peu d’aussi pénétrantes, car ta prononciation est aussi distinguée que celle de Mlle Mars. » Marceline avait cinquante-six ans quand elle envoyait ces lignes à son mari. — Elle lui écrit, le 3 juillet 1846 : « Tu n’es plus là le matin pour me laisser dormir… Dès sept heures, je tends les bras à la Providence et à toi. » Et, le 7 décembre de la même année : « Je t’aime ! […] (J’ai reçu d’un « vieux lecteur des Débats » ce renseignement : « L’acteur Valmore a créé le rôle du geôlier dans Marie Tudor en 1832 ou 1833 ; il disait d’une voix pâteuse, exécrable, les quelques lignes de ce rôle ; il était très mauvais artiste. ») Elle perd sa première fille, Junie. […] Chaque ligne de Mme de Staël est une lumière qui pénètre mon ignorance d’admiration et toujours d’attendrissement.

645. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

En vérité, monsieur, quand j’envisage cet inextricable filet où Dieu m’a enlacé durant le sommeil de ma raison et de ma liberté, alors que je suivais docilement la ligne que lui-même traçait devant moi, de désolantes pensées s’élèvent dans mon âme. […] Un résultat qui me semble maintenant acquis avec certitude, c’est que je ne reviendrai plus à l’orthodoxie en continuant à suivre la ligne que j’ai suivie, je veux dire l’examen rationnel et critique. jusqu’ici, j’espérais qu’après avoir parcouru le cercle du doute, je reviendrais au point de départ ; j’ai totalement perdu cette espérance ; le retour au catholicisme ne me semble plus possible que par un recul, en rompant net la ligne où je me suis engagé, en stigmatisant ma raison, en la déclarant une fois pour toutes nulle et sans valeur, en la condamnant au silence respectueux.

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