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1179. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Même les plus courts mystères ceux qui ne demandent qu’un jour, usent du temps et du lieu avec une extrême liberté. […] La forme pareillement sera variable, d’autant que nulle idée d’art ne restreint la liberté de l’imitation.

1180. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Et il me paraît bien, à moi, que ce dernier recueil n’est pas plus un assemblage d’« épreuves ratées » que la seconde Légende des siècles, le Pape, l’Ane, Religions et Religion, Pitié suprême, le Théâtre en liberté ou la Fin de Satan. […] J’en prends une poignée, au hasard :                                            (…) Il écrit ; Le vent d’orage emporte et sème son esprit, Une feuille, de fange et d’amour inondée… Il dénonce, il délivre ; il console, il maudit ; De la liberté sainte il est l’âpre bandit.

1181. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Sans marché passé voire tacitement, en toute liberté. […]   Tout à coup se clôt par la liberté, en dedans, de l’alexandrin, césure à volonté y compris l’hémistiche, la visée, où resta le Parnasse, si décrié : il instaura le vers énoncé seul sans participation d’un souffle préalable chez le lecteur ou mû par la vertu de la place et de la dimension des mots.

1182. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Jugez combien je souffre, moi surtout qui avais donné à mon esprit une si franche liberté pour suivre sa ligne de développement. […] Je ne l’applique qu’à ma liberté.

1183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Est-ce dans le pouvoir de se nuire à soi-même & de se donner la mort, qu’on doit placer la liberté de l’Homme ? […] Puisque les Philosophes les plus habiles sont convenus de l’imperfection de notre raison, ne vaut-il pas mieux en faire l’aveu aux pieds du Sanctuaire de la lumiere éternelle, que de goûter une liberté coupable en s’égarant avec les esprits vains & orgueilleux, qui n’enseignent que des erreurs ?

1184. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Ils s’ouvrirent avec liberté sur M. de Saint-Mauris : « Vous me le dépeignîtes, disait dans la suite Mirabeau à Sophie en lui rappelant cette journée, tel que je le pressentais alors et que je l’ai connu depuis. […] La meilleure preuve en est que je fus peu piquée de son silence ; je recouvrai donc ma liberté avant de l’avoir absolument aliénée. » Il n’en est pas ainsi d’un troisième personnage que la marquise ne peut se dispenser de nommer, car le public le nommait déjà, et d’ailleurs elle est franche et sincère : du moment qu’on se confesse, il faut tout dire, et les demi-confidences lui paraissent ridicules autant que malhonnêtes.

1185. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Tableaux de famille, attendrissement de la nature, libertés d’un conte plaisant et en tout le même ton ému et polissonnant. […] Dans un caprice, dans une liaison, notre pensée escompte d’avance les sommes d’argent, de liberté, etc., etc., qu’il sera nécessaire de débourser.

1186. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Mais dans sa seconde édition il se permit beaucoup moins de liberté, & son ouvrage acquit un mérite plus solide avec de nouvelles graces. […] Son pouvoir suprême ne nuit point à la liberté de l’homme.

1187. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Nous avons un Prométhée délivré 121, de la main du poëte anglais Shelley, composition bizarrement mélangée, symbolique et violente, mystique et matérialiste, effusion de colère contre l’ordre établi dans le monde, et sombre prophétie d’une liberté sans mesure et sans frein. […] Malgré le ton moins élevé de la comédie d’Athènes, l’accent lyrique ne pouvait lui manquer, surtout dans son premier âge de liberté sans borne.

1188. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Le poète dramatique, s’il est vraiment tel qu’il s’en est vu aux glorieuses époques et qu’on a le droit d’en espérer toujours, ce poète, dans la liberté et le premier feu de ses conceptions, ne songe point à faire directement un ouvrage moral ; il pense à faire un ouvrage vrai puisé dans la nature, dans la vie ou dans l’histoire, et qui sache en exprimer avec puissance les grandeurs, les malheurs, les crimes, les catastrophes et les passions.

1189. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Pas de liberté de presse de nos jours, cela est surtout vrai de toute rigueur pour la littérature ; il y a coalition entre les journalistes.

1190. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie  siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.

1191. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier jette des vues élevées sur la religion, la science et la liberté dans l’avenir.

1192. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Fions-nous à toutes les impressions du beau et du laid, du sublime, du comique, du tragique, etc. sur notre esprit et sur notre âme, en priant notre bon ange de nous garder des théories et des définitions, qui ôtent au sens littéraire sa candeur naïve, et de la logique, qui lue la liberté.

1193. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

On écrivit des choses utiles sur l’agriculture : tout le monde les lut, excepté les laboureurs. » Et en même temps qu’un élan rapide entraînait la France d’alors vers la liberté et l’égalité, naissait un mouvement parallèle qui, au nom de la nature, allait renouveler la littérature française.

1194. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Il en fut de la langue comme il en serait de la monnaie, si tout le monde avait la liberté d’en frapper : d’abord on en mettrait beaucoup de mauvaise en circulation, avec une certaine quantité de bonne : mais bientôt celle-ci aurait la préférence.

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