Notre frivolité latine persiste à voir, aux mains de tout instituteur, une férule de magister et, aux jambes de toute institutrice, une paire de bas bleus. […] Cependant, à Paris, Ronsard se gorgeait de grec et de latin. […] Je n’imiterai pas cet exemple, dussé-je violer toutes les règles que m’apprirent jadis, en rhétorique, mes bons maîtres latins. […] Tandis que les murailles des basiliques obéissent à l’équerre et au fil à plomb des géomètres, un code inconnu des Barbares aligne sa structure selon les règles posées par des législateurs latins. […] Deux fois, la civilisation latine et grecque avait été victorieuse, par miracle, de la brutalité du Nord.
Mais, comme j’ai trempé, au temps de ma jeunesse dans ladite Renaissance, il ne m’a jamais été possible de m’en désintéresser complètement et il me plaît de voir considérer comme de grands artistes et même de grands penseurs catholiques des écrivains auxquels des œuvres d’un moment n’ont pas toujours été inutiles ; j’ai découvert la littérature latine du moyen âge, ou du moins sa valeur esthétique, et j’ai vu en même temps que ce qui fait encore sa beauté, c’est la naïveté de la foi qui y est incluse. […] Pour moi je m’en rapporte au latin et à la symétrie : trois des saisons étant du genre. masculin, il n’y a aucune raison pour conférer le genre féminin à la quatrième. Le latin hésitait entre le masculin et le neutre : tous deux se résolvent en français ‘par le masculin. […] Il n’y a pas en latin de terminaison strictement réservée au masculin ou au féminin. Si tous les noms anciens en a sont féminins, bon nombre de noms en us le sont aussi et, par la suite, le grec fournit au latin beaucoup de noms en a qui furent qualifiés de neutres.
Le grec et le latin seront le partage des savants. […] Le roman n’a point encore mérité l’honneur d’une devise latine. […] Melænis est un poëme romain où se révèle, dès les premiers vers, une familiarité intime avec la vie latine. […] Nourri de l’antiquité grecque et latine, des Essarts la mélange dans les proportions les plus heureuses avec la modernité la plus récente. […] Ouvrière par nécessité, elle a su économiser assez de son temps pour se donner une instruction rare chez une femme ; elle sait l’anglais, l’allemand et même le latin.
La partialité des protestants a une autre cause, et fort juste : c’est que les Jésuites ont préservé le monde latin du fléau de la Réforme. […] Il faut donc rire des sots qui prétendent trouver en des in-folios latins l’origine de la corruption de nos moeurs. […] Elle est si étrangère à l’esprit grec, que pas plus en grec qu’en latin il n’y a de mot pour l’exprimer. […] Or, le mot trembler, c’est le latin tremulare. […] Cela est plus clair et plus beau en latin : LX.
Ajouterons-nous après cela que le Discours de Turgot, écrit et prononcé en latin, par un inconnu, a passé presque inaperçu ? […] Si nous ne nommons ni Locke ni Bacon, c’est que Bacon a surtout écrit en latin, et par conséquent, il y avait cent cinquante ans, en 1750, que le Novum organum, le De augmentis scientiarum, l’Instauratio magna étaient à la portée des lecteurs simplement cultivés ; et il y avait moins de temps, mais il y avait pourtant plus d’un demi-siècle que l’on pouvait lire en français, de la traduction de Coste, l’Essai sur l’entendement humain, 1700. […] Les traductions du grec et du latin abondent, s’opposent à celles de Shakespeare et d’Ossian. […] Au moins pouvons-nous dire que, comme Ronsard, il a été tout latin et tout grec ; et comme Ronsard, mais avec une conscience plus claire des raisons de son choix, c’est aux érotiques latins, c’est aux poètes d’Alexandrie que son industrieuse imitation est allée. […] Les Élégies de Chénier sont d’un plus grand poète que celles du chevalier de Parny, mais elles sont bien de la même famille ; et d’un tour, à la vérité plus latin et plus grec ; — mais cependant marquées aux mêmes signes ; — quand encore on n’y retrouve pas des traits de P.
Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul Or, ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et, parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité, qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa milus.
Croira-t-on que, dans des cérémonies analogues à nos distributions de prix, où les frais d’éloquence sont chez nous de rigueur, les Allemands se bornent à des lectures de dissertations grammaticales du genre le plus sévère et toutes hérissées de mots grecs et latins 63 ?
Selon une tradition, Jésus aurait prononcé cette parole, qui fut dans son cœur, sinon sur ses lèvres : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent ce qu’ils font 1178. » Un écriteau, suivant la coutume romaine, était attaché au haut de la croix, portant en trois langues, en hébreu, en grec et en latin : LE ROI DES JUIFS.
Faguet, Revue latine, février 1905 (NdA)
En grâce, Mesdames, ne vous mêlez pas de convertir. » Mais femme qui fait des livres n’entend à rien, et tous les curés du monde y perdraient leur latin et la sagesse de leurs conseils.
J’oserai dire, fait-il, j’oserai dire que Conrart savait le latin !
Cela n’est pas, comme vous voyez, très saisissant ni très original, mais, en revanche, c’est un peu grossier, non pas dans les mots, mais dans le fond des choses ; car la science, encore plus que le latin, brave l’honnêteté et s’en croit le droit.
Rien n’y suffirait, ni la décadence littéraire de la France, qui n’avait, au commencement du siècle, de l’ancien esprit français (madame de Staël et Chateaubriand exceptés), que les dernières gouttes qui tombent du toit après la pluie, ni le besoin de nouveauté enfantine qui nous emporte vers toute chose nouvelle avec notre délicieuse frivolité séculaire, ni cette espèce de catinisme intellectuel toujours prêt à se donner au premier venu, — qui nous fit Anglais à la fin du xviiie siècle, comme il nous avait faits Latins Grecs, Italiens et Espagnols, dans les siècles précédents, et qui, pour l’heure, nous faisait Allemands, en attendant que quelque autre littérature nous fît autre chose.
Aussi l’a-t-il donné pour le premier journaliste de son temps, où cependant il y avait Camille Desmoulins, latin dans sa prose comme André Chénier était grec dans ses vers, et Rivarol l’éblouissant, qui fut plus qu’un journaliste, puisqu’il a laissé un magnifique livre d’histoire. — Et peut-être le regarde-t-il comme le premier aussi des temps qui ont suivi le temps de Chénier, et qui ont produit, par exemple, des journalistes de la volée de Chateaubriand, de Bonald, de Lamennais, et de celui-là qui s’est tu trop tôt sous la maladie et dont le silence que nous entendons après sa voix fit un silence si grand3… IV Je dis peut-être… car M. de Vallée ne l’a pas écrit expressément dans son livre, et il a même laissé entrevoir la raison qui l’a empêché de l’écrire.
Le latin, le grec, les comparaisons classiques, et toutes ces choses bonnes quand elles font chair et sang avec notre pensée, ne disparaissent pas dans Lawrence en cette assimilation toute-puissante d’où jaillit le talent dans toute sa vierge originalité.
Seulement, nous ne sommes plus au temps Où le bonus, bona, bonum, des Sganarelle, dit aux Géronte, qui ne savaient pas le latin, suffisait.