Le langage de Balthazar ne suit pas tous les plis de son âme : il est souvent trop déclamatoire, trop tendu. […] Paul Claudel prête son langage à des êtres, et ils existent davantage à mesure qu’ils s’expriment mieux ; leur drame intérieur porte la beauté de la phrase ; jamais la phrase ne les détourne du conflit. […] D’une tendresse qui n’a rien de chrétien, d’une tendresse synonyme de caresse, toute pétrie de sensualité… Caresse du langage, voilà son don premier, personnel et irréductible : il s’affinera sans cesse ; jamais il ne sera vaincu.
Le langage, l’habillement et les manières, tout était plaisant.
Pour qui aurait un traité à écrire sur l’un quelconque de ces sujets, le Mascurat fournirait tout aussitôt la matière d’une petite préface des plus érudites ; c’est une mine à fouiller ; c’est, pour parler le langage du lieu, une marmite immense d’où, en plongeant au hasard, l’on rapporte toujours quelque fin morceau.
L’intervention des idées morales sur la scène efface, avec toute la gaieté du drame comique, toute sa poésie, et je me souviens d’avoir entendu M. de Schlegel dire, avec une familiarité de langage dont le sel n’excuse point l’irrévérence, que grâce à cette parfaite symétrie du mal et du bien, du faux et du vrai, de l’absurde et du raisonnable dans les comédies de Molière, chacune d’elles présentait à son œil édifié cet aspect régulier et satisfaisant qui caractérise une pincette.
Le sévère Critès, moraliste de la pièce, copie leur langage et les perce de leurs armes.
Quelques femmes qui, d’après leur langage et leurs vêtements, paraissaient être des personnes d’un rang élevé, reçurent autour d’un grand feu ce groupe d’officiers français que, par crainte autant que par politesse, on se serait bien gardé de mal accueillir.
Une véritable mascarade épique, où les guerriers des deux races et des deux cultes se confondent dans une galanterie commune, où les femmes elles-mêmes, les femmes cloîtrées et invisibles de l’Orient, Clorinde, Armide, Herminie, travesties tantôt en bergères de pastorales, tantôt en amazones de théâtres, tantôt en sorcières de sabbat, soupirent des amours de bergerie, livrent des combats d’Hercule, opèrent des enchantements et des sortiléges, transforment des héros en bêtes, en poissons, en monstres bizarres, sortent tout à coup de leur tente ou de leur armure de fer, vêtues en nymphes d’opéra ou en princesses de cour, pour parler le langage affecté et langoureux d’héroïnes de roman ou de muses d’académie.
Or, durant quatorze années que j’ai vécu dans l’armée, ce n’est qu’en elle, et surtout dans les rangs dédaignés et pauvres de l’infanterie, que j’ai retrouvé ces hommes de caractère antique, poussant le sentiment du devoir jusqu’à ses dernières conséquences, n’ayant ni remords de l’obéissance ni honte de la pauvreté, simples de mœurs et de langage, fiers de la gloire du pays, et insouciants de la leur propre, s’enfermant avec plaisir dans leur obscurité, et partageant avec les malheureux le pain noir qu’ils payent de leur sang.
Peut-être s’en repentait-il, et croyait-il qu’en changeant de langage et de conduite le philosophe ferait oublier le courtisan.
Aussi il ne sait pas se défendre contre les sottes attaques, précisément du même genre, qui lui ont été faites dans son propre pays ; il aurait dû prendre un langage bien plus énergique. « Ce qui est là m’appartient !
Les mots sanscrits dont le dialecte allemand est étymologiquement composé ne laissent pas de doute à cet égard ; ainsi mœurs, langage, histoire tout concorde pour faire restituer à l’Allemagne féodale et primitive le caractère oriental qu’elle a conservé jusqu’à nos jours.
Si nous en croyons l’honorable Jérôme Paturot, qui tâta de cet exercice, quand il s’en fut à la recherche d’une position sociale, il leur tenait à peu près ce langage, dès qu’il pensait découvrir en eux des signes de vocation et des promesses de savoir-faire : « Thèse générale, pour réussir : il faut être apte à cuisiner une sorte de feuilleton de ménage, qui tienne dans la famille sa place quotidienne et son rôle économique, ni plus ni moins que le pot-au-feu.
Si l’on objecte que le langage fait toute la différence, alors pourquoi le chat et le chien, soumis aux mêmes expériences que leur donne la vie domestique, n’arriveraient-ils pas à un degré égal et à une même espèce d’intelligence ?
La nature restreinte et professionnelle de ces auditoires, et la nature même de la langue qu’il leur fait parler quelquefois pour en être compris, s’opposent fatalement à l’universalité d’intérêt, à la dignité d’images, à l’élévation de sentiments et à la poésie de langage, qui sont le caractère des poètes lyriques universels ; l’artisan, le laboureur, le soldat, sont de grandes et dignes catégories dans la nation, mais elles ne sont pas la nation tout entière.
C’est à ce langage entortillé, impropre et barbare, qu’on prétend reconnaître aujourd’hui les auteurs qui fréquentent ce qu’on appelle la bonne compagnie, mais à qui cette fréquentation, quoi qu’on en dise, est très funeste, et dont la manière d’écrire vaudrait beaucoup mieux, comme l’expérience le prouve, s’ils vivaient dans une société moins brillante.
C’est dans les mœurs, dans les institutions, dans le langage même que se déposent les acquisitions morales ; elles se communiquent ensuite par une éducation de tous les instants ; ainsi passent de génération en génération des habitudes qu’on finit par croire héréditaires.