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47. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

La Savoie, en effet, appartient étroitement et par ses anciennes origines à la culture littéraire française ; laissée de côté et comme oubliée sur la lisière, elle est de même formation. […] J’en reçus bientôt un exemplaire imprimé31, et j’eus la surprise qu’éprouverait un père en revoyant adulte un enfant laissé en nourrice. […] Xavier de Maistre ; son frère, dans sa manière supérieure, s’en permet souvent, et laisse sentir la recherche. […] Je m’étais promis de ne laisser voir dans ce livre que la face riante de mon âme ; mais ce projet m’a échappé comme tant d’autres. » Chez M. de Maistre, en effet, la mélancolie n’est pas en dehors, elle ne fait par moments que se trahir. […] laissez, laissez le lecteur conclure sur la simple histoire ; il tirera la moralité lui-même plus sûrement, si on ne la lui affiche pas ; laissez-le se dire tout seul à demi-voix que ce Lépreux, dans sa résignation si chèrement achetée, est plus réellement heureux peut-être que bien des heureux du monde : mais que tout ceci ressorte par une persuasion insensible ; faites, avec le conteur fidèle, que cet humble infortuné nous émeuve et nous élève par son exemple, sans trop se rendre compte à lui-même ni par-devant nous.

48. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mais Saint-Simon nous a informés là-dessus, comme sur tant d’autres points, de manière à ne laisser rien à désirer. […] Elle fit si bien qu’insensiblement Mme de Caylus, jeune veuve, laissa le directeur en même temps que l’austérité, et reprit ses habitudes mondaines. […] Les anecdotes de Mme de Caylus sont de petites scènes qui, à peine marquées, laissent parfois une impression de comique ineffaçable. […] Mme de Maintenonétait devenue indispensable au roi et à toute la famille royale, qui ne lui laissait pas un seul instant de répit. […] elle se présente sans hypocrisie, mais par son aspect le plus uniforme et le plus rangé : elle ne laisse voir sans doute que la moitié de sa vie.

49. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

C’est un peintre hardi à la fois et discret, qui a voilé une partie de ses personnages et qui s’est dérobé lui-même ; il laisse entrevoir autant de choses qu’il en montre ; on le suivrait volontiers dans sa demi-ombre et dans ses mystères ; on cherche toujours une clef avec lui. […] Mais, bientôt vaincu par la constance du jeune homme et assuré de la solidité de sa vocation, il le laissa libre d’entrer dans une Société, où lui-même autrefois il avait pensé à s’engager dans sa jeunesse. […] Les diverses aptitudes de Bourdaloue laissaient sa principale vocation encore indécise. […] On n’entrevoit, dans cette jeunesse de Bourdaloue, aucun de ces écarts, aucun de ces orages qu’a laissé apercevoir la jeunesse de Massillon ; aucune variation ne s’y fait soupçonner ni sentir : et bientôt son talent d’orateur sacré nous le dira encore mieux dans la droiture continue de sa simplicité éloquente. […] elle en parle comme d’un acteur ; et en maint endroit elle se joue ainsi, selon son habitude et contrairement à l’idée, à la réflexion sévère que devait, ce semble, laisser et imprimer à tous une éloquence que, d’ailleurs, elle sent et décrit si bien.

50. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Cette expédition de Masséna en Portugal, dont le but était de rejeter les Anglais et lord Wellington hors de la péninsule et de ne laisser aucun pied de ce côtél, était la question même de la paix de l’Europe qui allait se décider à ces extrémités lointaines. […] J’avoue cependant que, pour mon compte, j’aimerais mieux qu’il insistât moins sur cette partie critique, et qui laisse toujours des doutes dans l’esprit du lecteur non expert. […] Quand je lui laisse mes meilleures troupes, de quoi peut-il se plaindre ? […] Chacun, s’il se laisse aller, parle bien ou assez bien de ce qu’il sait à fond, de ce qu’il a vu, de ce qu’il a compris en détail ; et s’il, laisse courir sa plume avec naturel, il trouve moyen d’intéresser. […] [1re éd.] et de ne leur laisser aucun pied de ce côté

51. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Alquier qu’il eût fallu laisser la tâche si délicate d’opérer un rapprochement ; cet ambassadeur avait porté dans sa mission trop de violence et de fiel. […] Édouard Lefebvre, ne se faisait point illusion sur le caractère de la reine : il savait combien était profonde son aversion pour la France, quelle témérité elle portait dans la direction de sa politique ; mais elle était mère : il pensait qu’à ce titre elle pourrait se laisser toucher. […] Elle parla avec amertume des Anglais ; elle dit qu’elle avait peu d’estime pour cette nation de marchands, et finit par laisser pressentir qu’elle n’était pas éloignée de changer de système. […] Sa santé altérée et sa fin prochaine l’empêchèrent d’exécuter ce beau dessein ; mais il laissa à son fils des notes nombreuses, des souvenirs vivants, l’esprit même de la tradition. […] Il avait publié, dès avril 1838, dans la Revue des Deux Mondes un grand morceau de son travail, qui comprenait l’histoire politique des Cours de l’Europe, depuis la paix de Vienne (1809) jusqu’à la guerre de Russie (1812) ; il s’était hâté de détacher ce travail pour ne pas se laisser devancer par M. 

52. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

L’habit monacal fut renvoyé à Saint-Germain-des-Prés… Il avoit laissé dans sa cellule trois lettres pour le Père général, le Père prieur, et un religieux de ses amis. » C’est une des deux premières lettres qui a été conservée dans les paquets de dom Grenier, et que nous donnons ici. […] Au reste, Jordan n’est pas en défense contre l’éloquent abbé ; il se laisse gagner à ses manières civiles, au charme abondant de cette parole qu’on voit d’ici se dérouler ; et à quelques pages plus loin, on lit dans le courant du Journal : « J’eus une conversation fort agréable avec M.  […] Qu’ils les déguisent après cela sous toutes sortes de formes, je leur aurai beaucoup d’obligation s’ils peuvent contribuer à augmenter mon repentir. » On ne peut certes rien de plus humble et de plus fait pour désarmer ; cette action criminelle commise à Londres, et qui n’empêchait pas le coupable d’y séjourner, était, je l’espère, quelque délit amoureux, un de ces crimes qui, après tout, laissent subsister l’honnête homme261. […] Les contemporains, surtout les plus gens de poids et les plus appliqués, ne laissent pas d’être sujets à ces petites bévues-là. […] Si les bénédictins avaient laissé de ces vivants souvenirs chez Prevost, il est à croire qu’il en avait laissé aussi dans son passage parmi eux ; mais la trace ne s’en est point conservée.

53. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

On ne gagne rien à isoler toutes les idées particulières : autant vaudrait les laisser agglomérées en une masse confuse. […] Éclairez ces douteuses lueurs dont souvent l’inspiration se laisse charmer, précisez ces formes flottantes ; et sans pitié, rudement, chassez tout ce qui romprait l’harmonie. […] De là vient que souvent un morceau gagne moins par ce qu’on laisse que par ce qu’on retranche. […] Les idées brillantes dont on se laissait enchanter crèvent dès qu’on y touche, et ne laissent rien de solide entre les doigts. […] Un raisonnement reposera tout entier sur un fait reconnu ou sur une proposition admise, qu’il ne faut jamais laisser perdre de vue : là encore on ne craindra pas de se répéter.

54. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Les grands poëtes contemporains, ainsi que les grands politiques et les grands capitaines, se laissent malaisément suivre, juger et admirer par les mêmes hommes dans toute l’étendue de leur carrière. […] Quand la jeunesse est morte, Laissons-nous emporter par le vent qui l’emporte À l’horizon obscur. Rien ne reste de nous : notre œuvre est un problème ; L’homme, fantôme errant, passe sans laisser même Son ombre sur le mur. […] On les croit indestructibles, on les laisse sommeiller en soi comme suffisamment assises, et un matin on se réveille, les cherchant en vain dans son âme : elles s’y sont affaissées comme une île volcanique sous l’Océan. […] Il laisse désormais flotter son âme, et reçoit, comme un bienfait pour la muse, tous les orages, toutes les ténèbres, et aussi tous les rayons, tous les parfums.

55. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

… Ce n’est que des fragments, mais assez finis par un côté pour qu’on devine ce que serait le côté qui n’est pas fini, si la mort de l’auteur ne l’avait pas laissé pendant. […] Cette discipline transformatrice de l’homme, qui solidifie la nature humaine devant le danger et la destruction, et met une âme et une volonté à la place des frémissements et des tressaillements de la chair, tous les génies militaires qui ont paru dans le monde et y ont laissé une trace de leur passage, depuis Xénophon jusqu’à César et depuis César jusqu’à Napoléon, ont voulu la réaliser, l’exalter, la pousser jusqu’au plus haut point de perfection, — quelquefois par des moyens atroces. […] Aussi, même en dehors de ce qui est l’instruction et la discussion, en ces Études où il est plus particulièrement un critique de guerre dans l’antiquité et surtout dans les temps modernes, il a laissé des pages où le penseur a fait équation avec l’écrivain. […] Esprit viril et qui ne se laisse pas empaumer par les billevesées contemporaines, il n’a pas craint d’écrire le mot terrible et haï d’aristocratie, de cette aristocratie qui est, selon lui, la force vraie de toute armée. […] Elle peut recevoir dans ses rangs des officiers plébéiens, mais à condition qu’ils se laissent absorber… Une aristocratie n’est-elle pas essentiellement orgueilleuse ?

56. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

» Sous la paternelle puissance, Veux-tu reprendre un calme essor, Et dans des parfums d’innocence Laisser épanouir ton sort ? […] Voilà le cadre à la fois composé et vrai, où depuis qu’elle a laissé sa première manière d’élégie libre, pour se soucier de plus d’art, Mme Valmore nous semble réussir le mieux. […] Témoin des troubles civils de Lyon en 1834, Mme Valmore a pris part à tous ces malheurs avec le dévouement d’un poëte et d’une femme : Je me laisse entraîner où l’on entend des chaînes ; Je juge avec mes pleurs, j’absous avec mes peines ; J’élève mon cœur veuf au Dieu des malheureux ; C’est mon seul droit au ciel, et j’y frappe pour eux Elle frappa à d’autres portes encore ; et son humble voix, enhardie dès qu’il le fallut, rencontra des cœurs dignes de l’entendre quand elle parla d’amnistie. […] Ainsi, page 281, dans la piece intitulée les Deux Chiens, au lieu de : laissez-leur ce bazar, il faudrait : laissez-leur ce hasard ; et page 321, dans l’Ame en peine, au lieu de : je ne peux m’étendre, il faudrait : je ne peux m’éteindre.

57. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Je ne blâme point, croyez-le bien, ceux qui, ouvriers consciencieux et journaliers de la presse, ont pris le parti plus simple de mettre en volumes le plus tôt possible ce qu’ils distribuent de jugements et d’analyses sur tout sujet, de ramasser et de lier après chaque moisson leurs gerbes : on laisse ensuite au lecteur le soin de choisir entre ces improvisations d’un mérite ou d’un agrément nécessairement inégal, et d’en prendre ou d’en laisser. […] S’il possédait un château dans la campagne, il ordonnerait son parc avec un grand goût, je n’en doute pas, mais il en limiterait les contours ; il ne laisserait pas la verdure de ses gazons se continuer insensiblement et se perdre dans les prairies ou les cultures environnantes, de telle sorte que tout le paysage ne fît qu’un et que ce qui est cultivé, peigné, embelli, ne se distinguât que par une nuance de ce qui est tout à fait champêtre et agreste : il tracerait autour du domaine, comme pour le pourtour des temples antiques, un sillon sacré. […] M. de Saint-Victor fait en littérature de vrais pendants aux Francia, aux Velasquez… Je laisse les noms en blanc, ne haïssant rien tant que les à peu près et ne m’aventurant que le moins possible hors de mon domaine. […] M. de Saint-Victor, en revoyant ses anciens articles, les a dégagés de tout ce qui était de circonstance, de l’attirail bibliographique, de la défroque de librairie que nous traînons plus ou moins après nous : il les purifie, les dépouille de leur première enveloppe, n’en laisse que l’âme comme pour une Françoise de Rimini et les élève au tableau. […] Qu’il me laisse lui dire que ce n’est pas juste.

58. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Delmare, se montrèrent de prime abord comme d’attachantes nouveautés qui réalisaient nos propres réminiscences, et que plus d’un profil entrevu, plus d’une aventure ébauchée, les situations qu’on rêve, celles qu’on regrette ou qu’on déplore, se ranimèrent pour nous et se composèrent à nos yeux dans un émouvant tableau, autour d’une romanesque, mais non pas imaginaire créature, alors on s’est laissé aller à aimer le livre, à en dévorer les pages, à en pardonner les imperfections, même les étranges invraisemblances vers la fin, et à le conseiller aux autres sur la foi de son impérieuse émotion : « Avez-vous lu Indiana ? […] Les deux romans ont en outre cela de commun, d’obéir à une tendance philosophique, de viser à une moralité analogue, plus explicite et tout en dehors chez Mme de Staël, plus sous-entendue et laissée à la sagacité du lecteur dans Indiana ; les divagations métaphysiques à la mode, du temps de Mme de Staël, et dont elle ne s’est pas fait faute dans Delphine, sont remplacées de préférence, dans le roman de 1832, par les hors d’œuvre pittoresques, les descriptions d’intérieur et de boiseries de salon, si à la mode aujourd’hui, et auxquelles l’auteur d’Indiana s’est laissé quelquefois aller un peu complaisamment, mais qui sont après tout assez de mise dans le roman domestique. […] puis sa flamme rapide, son naïf et irrésistible abandon, son attache soudaine et forcenée ; le caractère de Raymon surtout, ce caractère décevant, mis au jour et dévoilé en détail dans son misérable égoïsme, comme jamais homme, fût-il un Raymon, n’eût pu s’en rendre compte et ne l’eût osé dire ; une certaine amertume, une ironie mal déguisée contre la morale sociale et les iniquités de l’opinion, qui laisse entrevoir qu’on n’y a pas échappé ; tout,  selon nous, dans cette production déchirante, justifie le soupçon qui a circulé, et en fait une lecture doublement romanesque, et par l’intérêt du récit en lui-même, et par je ne sais quelle identité mystérieuse et vivante que derrière ce récit le lecteur invinciblement suppose.  […] Bientôt après, Indiana vint habiter la France avec son mari, et sir Ralph, libre de son côté par la mort de ses parents et celle de sa femme (car il s’était laissé marier également par soumission), les avait rejoints. […] Nous consentirions volontiers à cette créature refoulée, contrainte, silencieuse, qui cache les débris d’une âme trop sensible sous un vermillon de santé bienheureuse, la délicatesse des sentiments sous une gaucherie épaisse ; qui a tout fait pour s’égoïser et qui ne l’a pu qu’en apparence ; qui épie, devine, sait tout et n’en laisse rien voir, mais veille à chaque minute sur l’objet de son dévouement avec l’instinct d’un animal domestique.

59. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Si je laisse de côté les premiers vers, balbutiements incertains et légers de l’âme qui sourit à elle-même et salue en chantant son éclosion dans la vie, cette occasion me paraît être, pour plusieurs poètes lyriques de cette époque, le sentiment d’une vision nouvelle des choses. […] Vielé-Griffin, après quelques tâtonnements, écouta des cantilènes victorieuses dire les paroles de sa pensée, laissa toutes ses idées s’épanouir sans contrainte à la pleine joie du soleil. […] Ainsi, par des associations d’idées dont j’ai voulu remplir les lacunes, le pessimisme et la révolte du début se sont transfigurés jusqu’à laisser jaillir une conclusion un peu vague mais certes optimiste que, sans vouloir trop prêter à M.  […] Cela, qui laisse déjà deviner quelque divergence dans la « méthode d’art » de ces poètes, trouve encore son explication dans leur philosophie. […] Au point de vue même de leurs idées philosophiques, ils représentent bien les deux courants principaux où la pensée des poètes récents aime à se laisser dériver.

60. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

VOICI une nouvelle édition des Œuvres de feu Monsieur de Molière, augmentée de sept Comédies et plus correcte que les précédentes, dans lesquelles la négligence des Imprimeurs avait laissé quantité de fautes considérables, jusqu’à omettre ou changer des Vers en beaucoup d’endroits. […] On sait de quelle manière il y a excellé, non seulement comme Acteur, par le grand nombre d’Ouvrages qu’il nous a laissés, et qui ont tous leurs beautés proportionnées aux sujets qu’il a choisis. […] Ses compagnons qu’il avait laissés à Rouen en partirent aussitôt, et le 24 Octobre 1658 cette Troupe commença de paraître devant leurs Majestés et toute la Cour, sur un Théâtre que le Roi avait fait dresser dans la Salle des Gardes du vieux Louvre. […] Il était d’ailleurs d’une très bonne constitution, et sans l’accident qui laissa son mal sans aucun remède, il n’eût pas manqué de forces pour le surmonter. […] La plupart étaient sur les Médecins vengés qu’on prétendait l’avoir laissé mourir sans secours, par ressentiment de ce qu’il les avait trop bien joués dans ses Comédies.

61. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Dans un art qui laisse aussi peu de traces, il est difficile, quand on juge à distance, de faire autre chose que de rapporter les témoignages des contemporains, et l’on n’a presque aucun moyen de les contrôler. […] Soyez, je vous prie, plus raisonnable, et dites à celui que vous chargez de me tourmenter qu’il me permette un peu de respirer : à peine, depuis quatre jours, m’en a-t-il laissé le temps. […] Il peut être utile à sa patrie ; il fera les délices de ses amis ; il vous comblera de satisfaction et de gloire : vous n’avez qu’à guider ses talents et laisser agir ses vertus. […] On me prend telle que je suis, ou bien on me laisse là. […] Ce legs, en réalité, n’était qu’un fidéicommis : Mlle Le Couvreur laissait deux filles à pourvoir.

62. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Étant mort avant que ses enfants fussent en âge de lui succéder, il leur laissa une succession embarrassée, une survivance lointaine et précaire. […] Il retint Arnault pendant deux heures, et ne le laissa partir qu’après l’avoir conquis. […] Je leur laisse le temps de se convaincre que je puis faire sans eux ce que je veux faire avec eux. […] Mais la seconde abdication de 1815 laissa Arnault exposé à toutes les vivacités de la réaction politique. […] Plus je me suis approché de la source en interrogeant ceux qui l’ont connu et aimé, mieux j’ai pu m’assurer des qualités morales et des vertus de famille dont il a laissé en eux le vivant souvenir.

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