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1101. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Quand un peu de terre eut couvert la marquise de Rambouillet, le roi ne laissa pas à la duchesse de Montausier le temps de pleurer sa mère : il la fit passer de la place de gouvernante des enfants de France, à celle de dame d’honneur de la reine, la première dignité du palais. […] Cela était vrai ; aussi le roi fut-il détrompé à la suite, et ne laissa-t-il pas sans réparation son injustice involontaire.

1102. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Virgile, dans ses Géorgiques, avoit laissé à d’autres Poëtes le soin de développer cette partie de l’Agriculture ; Verùm hæc ipse equidem spatiis inclusus iniquis, Prætereo, atque aliis post commemoranda relinquo. […] La même plume, qui a si bien tracé le parallele d’Homere & de Virgile, de Démosthene & de Cicéron, de Platon & d’Aristote, de Thucydide & de Tite-Live, nous a laissé un Livre très-estimé sur la Vie des Prédestinés.

1103. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Il faut cependant bien se garder de les adopter toutes, & de se laisser aller sans discernement au jurare in verba Magistri, comme la plupart de nos jeunes gens. […] Nous pensons y être d'autant plus obligés, que la plupart des jeunes gens, & même des Auteurs, faute de réfléchir, se sont laissé séduire, & se sont même servis de ce témoignage imposant, pour appuyer des idées fausses, absurdes, & quelquefois dangereuses.

1104. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

« Ô toi qui, couronné d’une gloire immense, laisses, du haut de ta domination solitaire, tomber tes regards comme le Dieu de ce nouvel univers ; toi, devant qui les étoiles cachent leurs têtes humiliées, j’élève une voix vers toi, mais non pas une voix amie ; je ne prononce ton nom, ô soleil ! […] N’est-il aucune voie laissée au repentir, aucune à la miséricorde, hors l’obéissance ?

1105. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Nous n’y apportons point la prévention avec laquelle celui qui s’est laissé persuader par un magicien qu’il lui fera voir un spectre, entre dans la caverne où le phantôme doit apparoître. […] On raconte un grand nombre d’histoires d’animaux, d’enfans, et même d’hommes faits qui s’en sont laissé imposer par des tableaux, au point de les avoir pris pour les objets dont ils n’étoient qu’une imitation.

1106. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Mais les hommes croïent naturellement que leur goût est le bon goût, et par consequent, ils pensent que les personnes qui ne jugent pas comme eux, ont les organes imparfaits, ou qu’elles se laissent conduire à des préjugez qui les gouvernent sans qu’elles-mêmes s’apperçoivent du pouvoir de la prévention. […] Je dis préferer et aimer mieux, et non pas loüer et blâmer, car en préferant la lecture des tragédies de Racine à celle des fables de La Fontaine, on ne laisse pas de loüer et même d’aimer toûjours ces fables.

1107. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

Mais laissez-le faire ! laissez-le vieillir (hélas !

1108. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Rien n’indique qu’Hésiode qui laissa ses ouvrages écrits ait été appris par cœur, comme Homère, par les rapsodes. […] Il laissa des ouvrages considérables écrits, non en vers, mais en prose, et par conséquent incapables d’être retenus par cœur ; nous le placerons au temps d’Hérodote.

1109. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Et dès lors la richesse croissante de cette perception elle-même ne doit-elle pas symboliser simplement la part croissante d’indétermination laissée au choix de l’être vivant dans sa conduite vis-à-vis des choses ? […] Mais à mesure que la réaction devient plus incertaine, qu’elle laisse plus de place à l’hésitation, à mesure aussi s’accroît la distance à laquelle se fait sentir sur l’animal l’action de l’objet qui l’intéresse. […] Ils se laisseront traverser, en quelque sorte, par celles d’entre les actions extérieures qui leur sont indifférentes ; les autres, isolées, deviendront « perceptions » par leur isolement même. […] Mais laissons de côté ce premier point, et arrivons au second. […] Ce choix s’inspire, sans aucun doute, des expériences passées, et la réaction ne se fait pas sans un appel au souvenir que des situations analogues ont pu laisser derrière elles.

1110. (1925) La fin de l’art

Je m’étais pourtant bien promis de ne pas m’y laisser reprendre. […] » où il se laissera aller dans un moment de colère familière. […] J’en suis un peu honteux et je me promets toujours, mais en vain, de ne plus m’y laisser prendre. […] » Il n’apparaît pas, dois-je dire, qu’on la prenne désormais au sérieux, mais c’est peut-être trop de la laisser revivre, même pour un instant. […] Mais laissons cela.

1111. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Seulement les romantiques ont cela de bon qu’ils ne négligent point le côté généreux de l’homme, lequel n’est pas le moins réel ni le moins puissant ; telle œuvre romantique qui, à la lecture, a pu nous paraître un tissu d’exagérations et d’invraisemblances, le livre fermé, nous laisse malgré tout un type dans l’esprit. […] Seulement, au lieu d’éliminer le concret laid, comme les idéalistes classiques, on élimine le concret beau, ou simplement d’ordre intellectuel et psychique, pour ne laisser que le bestial et le matériel. […] Parmi nous, il n’en est pas comme dans les comédies, spécialement chargés de rire et d’être peureux, d’autres de souffrir ; la balance penche seulement pour quelques-uns un peu plus d’un côté que de l’autre ; ou tout simplement, peut-être, il en est qui se laissent affecter davantage par les tristesses inhérentes à l’existence. […] Tout l’art du romancier et du poète consiste donc à faire jaillir cette sympathie déjà existante ; et pour cela, le plus sûr pourrait bien être encore de ne pas se piquer d’une froideur, d’une impassibilité d’ailleurs impossible à obtenir d’une façon absolue : ne me laissez pas le soin de découvrir, montrez-moi les choses ; soyez ému le premier et je le serai aussi. […] On a souvent blâmé Gœthe d’avoir fait se tuer son héros, au lieu de le laisser arriver à une vue plus nette, à un sentiment plus calme et à une existence tranquille après ses chagrins.

1112. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Le monde avoit disparu dans un clin-d’œil, & sans nous laisser le moment de nous en appercevoir. […] Je vais vous le laisser à deviner….. […] Eh comment ne pas se laisser prendre à des symptômes tels que la rougeur, la défaillance, la pâleur, qu’elles ont à volonté. […] … C’est-à-dire qu’on se laisse mourir par complaisance. […] nous étions deux, il soutenoit une mauvaise these, & nous ne lui aurions pas laissé prendre l’octave.

1113. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Or, la difficulté est là ; mais il l’a laissée aux métaphysiciens. […] Et il laissait à chacun de choisir. […] Laissons cela. […] Plutôt, il laisse le drame venir. […] Le poète n’insista point et laissa dans le vague ses prédictions.

1114. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

On sait quelle trace lumineuse, et non effacée encore, il a laissée dans cette marche rapide à travers les diverses phases de cette grande et terrible époque. […] Là encore, on l’a pu croire quelquefois entraîné, fasciné, tant il pénétrait avec satisfaction et avec plénitude dans toutes les branches de son sujet, tant il se laissait porter avec la pensée de son héros à toutes les conséquences, et jusqu’aux extrêmes splendeurs, jusqu’aux éblouissements de l’Empire. […] L’impression que me laisse aujourd’hui le volume de M. 

1115. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Charles Morice Henri de Régnier reflète en des grâces lyriques, en des gestes de jeunesse puissante et qui, parfois, se veut laisser croire lasse, tous les désirs d’art de ce temps, les reflète sans tous expressément les réaliser. […] mon soir en pleurs retourne à son matin… Ils le laissent, car, au milieu des débris de son moi d’autrefois, il retrouvera le solitaire bonheur que la fuite hors du rêve lui avait fait perdre. […] que le vers acquit une plus totale fermeté, qu’un labeur patient achevât ce que les dons innés commencèrent, que l’artiste arrachât les quelques négligences laissées par le poète. — Que ce fût, par exemple, la trame élastique et indéchirable des vers de Stéphane Mallarmé ou l’infrangible et sonore métal trappé du sceau de Heredia ; que ce fût aussi l’impeccable et classique syntaxe des Trophées, ou cette autre syntaxe d’une intellectuelle logique, souple, fuyante mais impressive, étroitement serrée et pourtant impalpable, qui étonne et séduit dans l’Après-Midi d’un faune ou dans Hérodiade.

1116. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

On note si l’ouvrage est disposé en chapitres ; longs ou courts, à peu près de même longueur ou fort inégaux ; si la pensée offre une continuité visible et avance à pas réguliers, suivant les habitudes classiques, ou si elle marche d’une allure capricieuse et vagabonde, sans autre souci que de laisser une unité d’impression, comme il arrive en plus d’un écrit romantique. […] Quels faits met-il en vedette, quels autres laisse-t-il dans l’ombre ? […] Ce serait peu d’avoir amoncelé une multitude de faits, si on les laissait épars ; après avoir décomposé, il faut recomposer ; on ne décompose même que pour cela.

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