Alors toute cette joie, et ce luxe, et ces amours, tout cet esprit mêlé à ces scandales parés à la mode des dernières chevaleries célébrées par Cervantès, s’en vont à la suite du spectre. […] En attendant, rentrons au logis, faisons grand feu et grande chère, et vive la joie ! […] Il est donc facile d’expliquer cette tristesse profonde, immense, irrésistible d’une comédie que Molière avait faite tout exprès pour amuser les folles joies du carnaval ! […] N’avez-vous pas honte de cette ruse de fille de joie (Harlot’s trick ?) […] Vous l’appelez femme-de-chambre, fille de joie, vous voulez la marier, elle, la duchesse de Vaujours, à un fripon.
Il se promène avec joie au milieu de ces drapeaux enlevés sur les barbares de l’Asie et de l’Afrique étonnées de notre audace. […] « Cependant l’apôtre de l’Évangile, couvert d’un simple surplis, assemble ses ouailles devant la grande porte de l’église… « Après l’exhortation, l’assemblée commence à défiler en chantant : Vous sortirez avec plaisir, et vous serez reçu avec joie ; les collines bondiront, et vous entendront avec joie. […] Cependant on mange avec une grande joie, et l’abondance a, bientôt, chassé la faim. […] Toutes les tristesses de la terre et toutes les joies du ciel se peignaient tour à tour sur son front, dans ses regards, dans sa voix, dans ses gestes, dans tous ses mouvements. […] ne les plaignez point dans cet instant, vous qui ne jugez du bonheur que par les joies du monde : leurs traits sont abattus, leur corps chancelle, et la mort observe leurs pas.
Victor Remouchamps En des tournures impulsives, effarantes d’abord, charmeuses ensuite comme une révélation lointaine, il a su exprimer ce qu’il y a, en nous de candeur latente, de joie insoupçonnée ; il a su noter les rêves blancs ; il a fait fleurir, sur les vies les pins stériles, tout un miracle de sensations jeunes ; il a ressuscité, en leur fraîcheur d’aurore, les plus exquis symboles catholiques.
Soyez sûrs que les cendres de Gautier ont frémi de joie, à l’apparition de ce livre, et que, dans le paradis des lettrés, l’ombre de Flaubert hurle, à l’heure qu’il est, des phrases de Pierre Louÿs, les soumet à l’infaillible épreuve de son gueuloir, et qu’elles la subissent victorieusement… Enfin voilà donc un jeune, un vrai jeune — Pierre Louÿs n’a pas vingt-six ans — qui nous donne un beau livre ; un livre écrit dans une langue impeccable, avec les formules classiques et les mots de tout le monde, mais rénovés et rajeunis à force de goût et d’art ; un livre très savant et où se révèle, à chaque page, une connaissance approfondie de l’antiquité et de la littérature grecque, mais sans pédantisme aucun et ne sentant jamais l’huile et l’effort ; un livre dont la table contient sans doute un symbole ingénieux et poétique, mais un symbole parfaitement clair ; un livre, enfin, qui est vraiment issu de notre tradition et animé de notre génie et dans lequel la beauté, la force et la grâce se montrent toujours en plein soleil, et inondées d’éclatante lumière !
Aimez-vous mieux une goutte de fine essence, le philtre de l’ivresse, le breuvage de l’oubli, ou bien un peu de ce poison que distillent les joies d’ici-bas ?
Mais quelle maîtrise de forme en somme, et quelles joies inavouées parfois, à rouvrir ce « livre précieux de haine comme un écrin, aux poisons »… [La Vogue (1899).]
Berthelot 26 novembre 1885 Quelle joie vous m’avez préparée, Messieurs, en pensant à moi pour être l’interprète de vos sentiments envers l’homme illustre que vous fêtez aujourd’hui, vous vous êtes souvenus d’une vieille amitié qui, ces jours-ci justement, atteint à sa quarantième année.
Le Christ interdit-il la joie ? […] Oui, partout dans l’Echange éclate la joie verbale de Claudel, dans Marthe et dans Lechy, chez Thomas Pollock, chez Louis Laine : joie, richesse communes mais, remarquons le bien, le ton de chacun est particulier. […] A leur art aussi, et rien qu’à leur art — à leur art qui est une joie ! […] Quelle joie voulez-vous qu’on goûte en ces vers de toutes les tailles, dont aucun ne fait prévoir l’autre, etc., etc. ? […] Vielé-Griffin dans son livre de Joies ?
Cette joie et cette ambition, Mlle Rachel ne les a pas connues ou ne les a pas recherchées. […] qui suit la nature est dans la bonne voie : C’est là qu’est la sagesse, et c’est là qu’est la joie ! Mais la sagesse et la joie ne se présentent plus à elle que comme une suprême tentation. […] Dans La Joie fait peur, la même préoccupation n’existe pas. […] Il est vrai que Giboyer emporte une suprême joie : son fils l’a avoué devant M.
Mais quelle joie ! […] Ces pages éclatantes et bruissantes nous mettent en joie. […] Il soigne ses rosiers, il s’amuse avec ses enfants, il se délasse des joies du travail par les joies de la famille. […] Il vit avec les personnages de son livre, on dirait qu’il subit leurs angoisses et qu’il éprouve leurs joies. […] Daniel se laissa, avec joie, écraser par le travail.
viens, je te reçois avec joie ! […] Du travail naît la santé ; de la santé la paix, source de toute joie. […] Mackenzie allait visiter les déserts, sortent avec joie de leurs cavernes. […] N’est-il pas tout naturel alors d’aller visiter ces tombeaux champêtres où, pleines de joie, des âmes chrétiennes ont terminé leur exil ? […] Mais combien de fois ont-ils retrouvé dans les larmes l’hôte qu’ils avaient quitté dans la joie !
Chacun de ces poèmes contient le si peu de choses qu’il faut « pour encourager la beauté dans une âme », et il faut se laisser mener, s’abandonner entièrement pour la joie de comprendre en toute simplicité, et de sentir profondément toute la tranquille beauté, toute la silencieuse activité de l’âme du poète.
Cette tâche leur fixe un but qui, atteint, leur procure de la joie.
Un accident de voiture, où il fut sauvé par miracle, auprès du pont de Neuilly, très certainement aussi l’évolution naturelle de ses idées342, et enfin l’insoluble mystère — psychologique ou théologique — de la grâce amenèrent la crise définitive : cette nuit du 23 novembre 1654, nuit d’extase et de joie, où face à face avec son Dieu, Pascal se donne tout à lui, et pour toujours. […] Il reçut une grande joie quand sa nièce, la petite Marguerite Périer, fut guérie miraculeusement au contact d’une relique conservée à Port-Royal, une épine de la couronne de Jésus-Christ : ce miracle, tombant au cours de ses démêlés avec les jésuites, lui apparut comme une manifeste approbation de Dieu. […] En vivant chrétiennement on risque infiniment peu, quelques années de plaisir mêlé, pour gagner l’infini, la joie éternelle. […] Les élus sont destinés à la joie éternelle.
La Fontaine avait dit : On peut goûter la joie en diverses façons, Au sein de ses amis répandre mille choses, Et, recherchant de tout les effets et les causes, A table, an bord d’un bois, le long d’un clair ruisseau, Raisonner avec eux sur le bon, sur le beau ; et il ajoute : Pourvu que ce dernier se traite à la légère. […] La curiosité de l’aimable interlocutrice, tantôt naïve comme celle d’un enfant, tantôt hardie et compromettante comme celle d’un libre penseur, son impatience, quand les choses ne s’expliquent pas selon ses vues, sa joie, quand elles s’arrangent à son gré, comme si le Créateur avait pensé à lui plaire, les réflexions solides jetées avec la même légèreté que les plus frivoles, la vérité acceptée ou refusée par passion, des coquetteries avec la science pour la mettre de son côté, tout cela est d’une femme de ce temps-là, qui ne sera pas reniée par les femmes du nôtre. […] Il voit avec joie dans Montaigne la raison « invinciblement froissée par ses propres armes10. » C’est dans un transport de cette joie qu’il nous exhorte à nous faire petits, à nous humilier, et, par opposition à Montaigne qui veut nous assagir, à nous abêtir.
On en appelloit à la physique, pour démontrer que ces deux genres ne sçauroient exister ensemble ; que l’effet propre à chacun doit être arrêté, ou du moins affoibli par l’autre ; qu’on est mal disposé à rire quand on a pleuré, & à pleurer quand on a ri ; que notre ame n’étant affectée différemment que par dégrés, doit l’être beaucoup moins à mesure qu’elle passe continuellement des larmes à la joie, & de la joie aux larmes ; que le spectateur, dans l’impossibilité de se livrer longtemps à rien de touchant ou de risible, doit rester suspendu entre deux mouvemens alternatifs & opposés. […] La vie de Scaron n’étoit-elle pas un passage continuel de la douleur la plus vive à la joie la plus folâtre. […] Sa joie, en ce moment, étoit suspecte sans doute ; mais on la prit pour réelle, & l’on s’enhardit à le traiter selon son goût.